184 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE l’exclusion du système de terreur, qui doit être remplacé par la justice et les vertus, tels sont les objets qui ont porté le calme dans nos âmes. Vous êtes invités à rester à votre poste. Nous jurons de nous rallier toujours à la Convention, pour travailler d’accord avec elle, au maintien de la République française, une, indivisible et à jamais impérissable. Gravois, maire, Montardier, agent nat. et une demi-page de signatures. b Une députation de la commune de Mont-Marat, ci-devant Montmartre, à la barre. L’orateur : [Les citoyens de la commune de Mont-Marat, ci-devant Montmartre, département de Paris, à la Convention nationale, du 24 vendémiaire an III] (27) Législateurs, La municipalité, la société populaire, tous les citoyens de la commune de Mont-Marat se sont pénétrés des principes sacrés, des vérités éternelles que vous nous indiquez pour point de ralliement. Vous avez fait luire à nos yeux une lumière et plus pure et plus belle : grâce à votre adresse au Peuple françois, nous sommes enfin, et pour toujours, éclairés sur nos droits et nos devoirs, nous venons vous en témoigner notre reconnoissance. Mais, citoyens représentans, nous avons été surpris que vous eussiez eu besoin de rappeler à quelques françois qu’en vous seuls résidoit la puissance nationale. Attachés aux travaux de la terre, nous nous bornons à bénir les vôtres, sans nous occuper de ces discussions politiques que les dangers de la patrie et le gouvernement révolutionnaire ont interdites à tous les bons citoyens. Cependant votre adresse nous apprend que des audacieux, que des traîtres ont osé attenter encore à la souveraineté du peuple. Ce n’est sans doute pas dans les sociétés populaires qu’ils ont élevé leurs voix criminelles. Et nous aussi, nous avons formé une société populaire ; mais le but de nos séances est la lecture et l’étude de vos bienfaisants décrets. Jamais nous n’y déchirons la réputation d’un représentant du peuple : nous surveillons les méchants, et nous ne faisons point la guerre aux bons. Nous nous souvenons toujours que les sociétés populaires sont le piédestal des statues de bronze que vous avez érigées à la Liberté, à l’Égalité ; mais nous nous souvenons aussi que (27) C 321, pi. 1347, p. 18. Bull., 25 vend. ; Moniteur, XXII, 266; Débats, n" 754, 375; Ann. Patr., n” 654; Gazette Fr., n" 1019; J. Fr., n° 751; J. Mont., n” 5 ; J. Perlet, n” 753. le salut public vous commanderoit de le briser, de le réduire en poudre, s’il receloit des conspirateurs dont la main perfide eût tenté d’ébranler ces statues sacrées. Pères de la patrie! notre confiance en vous est sans bornes ! vous seuls êtes revêtus du pouvoir du peuple. Eh! qui pourroit ne pas le re-connoitre à présent? Vous prêchés l’humanité, la justice, toutes les vertus sociales... tandis que vos ennemis et les nôtres ne prêchent que la cruauté, le carnage, la dissolution de la république ! Restés, restés à votre poste : vous vous montrés si dignes de remplir les glorieuses destinées que vous avez préparées à la France. Quand nos héros républicains auront fait dis-paroitre de dessus ce globe jusqu’au dernier satellite des tyrans, alors donnés la paix au monde; faites le bonheur de l’univers. Jusques là, tenés dans vos mains puissantes les rênes du gouvernement révolutionnaire, démasqués l’aristocratie, de quelque voile qu’elle se couvre, faites passer sous le glaive de la loi les dénonciateurs à gages, les assassins publics, et surtout les faux patriotes. Notre sort est entre vos mains, nous vous répondons du vôtre ; la Convention nationale est environnée de nos coeurs, avec un tel rempart quel ennemi pour-roit-elle craindre? Vive la république, une et indivisible ! Vivent la liberté et l’égalité! Vivent nos sages représentants ! Lecture faitte de cette adresse la société populaire de Mont-Marat ayant dans son sein le conseil général de la commune, arrête à l’una-nimité qu’elle sera signée du maire, du président, des secrétaires de la société et des autres citoyens des tribunes pour être présentée demain quintidi à la Convention par une députation des citoyens de la commune, arrête en outre que le double de cette adresse restera déposé aux archives de la société. Guirtelle, maire, Gaillard, président, Desporte, Robineau, secrétaires et une demi-page de signatures. c [La société populaire de Villejuif, département de Paris, à la Convention nationale, s. d.] (28) Citoyens représentans, Et nous aussi ! nous venons offrir nos voeux et nos bras à nos meilleurs amis, à nos intrépides déffenseurs, aux législateurs de la République; et nous aussi! nous venons faire le serment de soutenir la probité et la vertu; et nous aussi ! nous excécrons la tirannie de quelque voile imposteur dont elle cherche à se couvrir. (28) C 322, pl. 1354, p. 23. Bull., 29 vend.; mention Moniteur, XXII, 268. SÉANCE DU 25 VENDÉMIAIRE AN III (16 OCTOBRE 1794) - N° 13 185 Qu’elle est basse l’intrigue ; auprès de la probité; qu’elle est vile l’ambition auprès de la vertu ! qu’elles sont méprisables les passions auprès de l’amour de la Patrie, auprès du bonheur de tout un peuple de frères! Armés vous, citoyens représentans, de la massue nationale. Portés partout les redoutables effets de sa volonté suprême, frappés sur tout les vices et les crimes ! Proclamés patriotes tous ceux qui chérissent avec ardeur la liberté, l’égalité, l’humanité, les moeurs et toutes les vertus qu’a enfantés la République. Que ce soit les seuls signes distinctifs auxquels on doive les reconnoitre ! Ils ne le sont pas patriotes ceux qui ne se respectent pas assés eux-mêmes pour refuser d’honorer la représentation nationale ; ils ne le sont pas ceux qui tâchent d’ébranler cette colonne sur laquelle la félicité publique est assise. Combien de fois l’hypocrisie ne prit-elle pas autrefois le masque de la religion, qu’on pratiquoit alors pour se faire honorer comme elle? ne souffrés pas que marchant sur ces traces effacées, le faux patriotisme étouffe la sublime morale de la raison et de la nature. Faittes rentrer dans la poussière ces êtres dangereux qui ont l’audace de penser et de publier, que la révolution ne s’est faite que par eux et pour eux. Montrés que c’est par le peuple et pour le peuple que ce sont opérés ces grands et admirables changemens qu’il a voulus et qu’il veut toujours établir sur les bases inébranlables de la justice et de la fraternité. Tels sont les voeux que viennent déposer dans votre sein les citoyens composans la société populaire de Villejuif. Vive à jamais la République une et indivisible et la représentation nationale. Vivent les amis de la liberté, des vertus et de l’humanité. Breton, Vissec, président, Cillandiere , secrétaire. d [La société des Amis de la Liberté et de l’Egalité de Passy-les-Paris, département de Paris, à la Convention nationale, du 24 vendémiaire an HT] (29) Citoyens représentans, Après avoir triomphé de nos ennemis, vous assurez notre bonheur par votre dernière adresse aux Français. Nous étions assaillis de toutes les tempêtes accumulées ou successives ; quels orages ne nous ont pas désolés? Quels malheurs n’avons nous pas ressentis ou redoutés ? Quelles passions ne se sont pas décharnées autour et au milieu de nous ? Quels crimes n’ont pas été tentés ou commis? Eh bien! vous avez conjuré les passions, et dissipé les douleurs et les crimes; vous nous avez rendu le calme et la sérénité; vous faites luire sur nous l’astre (29) C 322, pl. 1354, p. 30. Bull., 26 vend. bienfaisant du bonheur. Vous avez développé un courage précieux et rare, lorsqu’au milieu de tant d’erreurs et d’intentions perverses, vous avez osé proclamer les principes qui caractérisent votre adresse. Nous jurons que nous aurons un courage égal pour les suivre et les défendre. Pleins d’admiration et de reconnoissance, nous venons publier au milieu de vous, que si notre dévouement est tout entier à la Patrie, notre confiance est toute en vous, et que nous n’aurons jamais d’autre point de ralliement, que le corps de nos législateurs ; nous venons répéter le cri si cher à nos coeurs et si mérité, vive la Convention nationale. Mais comment avez vous mis la victoire en permanence dans toutes nos armées, et comment ensuite associez-vous le bonheur des français à la gloire? Vous avez mis la victoire en permanence en portant dans nos armées au plus haut point l’énergie, le genre de courage qui convient le mieux à des républicains et à des Français, celui qu’inspirent la nature, la liberté et la vertu. Vous avez dit à nos défenseurs : « Vous êtes les enfans de la Patrie, vengez votre mère » ; et ils ont saisi l’arme redoutable; ils se sont élancés sur nos ennemis; ils en ont purgé le sol de la France ; ils les ont poursuivis jusques dans leurs repaires les plus éloignés ; ils ont été invincibles et infatigables. Vous associez le bonheur des Français à leur gloire; en rappellant au sein de la Patrie, les deux principes de toutes les vertus civiques, la justice et la fraternité. Vous avez créé dans nos camps l’esprit public qui seul pouvoit nous convenir : vous créez dans nos villes et dans nos hameaux l’esprit public qui seul peut consolider la République au sein de l’égalité et de la vérité. Vous avez créé un nouvel art de la guerre, de nouvelles armes, une nouvelle tactique, un nouveau genre de bravoure; et ce même génie inventeur, qui sert si admirablement nos armées, et qui du haut des airs, éclaire, épouvante, et dissipe nos ennemis coalisés, vous le reportez également dans les arts paisibles et jusques dans l’exercice des premiers éléments de l’ordre public. Vous avez compris que jamais le bonheur n’existeroit pour un peuple, si tout ce peuple n’étoit dirigé par le même principe, et n’avoit une même âme. C’est cette âme que vous donnez à la France par votre dernière adresse ; âme pleine d’activité et de force, âme féconde en grandes vertus, qui produit et perpétue le bonheur; âme qui consiste dans l’esprit public épuré. Une nation dont l’esprit public n’existe pas, est apathique et nulle; elle someille au sein de l’indifférence et de la foiblesse : une nation dont l’esprit public n’a que des éléments discordans, se déchire elle-même, et n’a pas besoin d’ennemis étrangers. Ne donnez des loix ni à l’une ni à l’autre : vos loix ne seroient ni applicables, ni entendues, ni suivies ; donnez à celle là un esprit public; concentrez en celle-ci l’esprit public sur un seul point ; et alors toutes les vertus se développeront ; les moeurs auront un caractère déterminé, et les loix une force invincible. Ce n’est qu’alors que l’on verra la bon-