SÉANCE DU 4 PRAIRIAL AN II (23 MAI 1794) - Nüs 34 A 38 567 devise que nous avons adoptée à votre exemple Puisse-t-elle être bientôt la base de la conduite de tous les Français. S. et F. » Royer cadet, Cropet, Lafarge (présid.). 34 La Société populaire de Cosme, département du Gard, écrit à la Convention nationale qu’elle se réunit à toutes les Sociétés du département, pour la prier de leur accorder la prolongation du séjour du représentant du peuple Borie. Insertion au bulletin, et renvoi au Comité de salut public (1). 35 Les administrateurs du directoire du district de Wissembourg transmettent à la Convention nationale les procès-verbaux de 5 communes palatines, dans lesquels elles demandent leur réunion à la République française. « Accom-» plissez notre vœu le plus cher, disent les » habitans de ces communes, celui de devenir » Français; nous vous promettons que nous » tâcherons d’être dignes de vous : nos biens, » nos corps, nos enfans, en un mot tout ce que » nous avons est à vous; disposez-en pour l’af-» fermissement de la République, et pour l’ex-» tirpation du dernier tyran; nous bénirons le » jour où vous direz : Allez combattre avec les » Français, leurs barbares ennemis; pour votre » récompense, il vous est accordé le titre glo-» rieux de citoyens français, de républicains ». Insertion au bulletin, renvoi au Comité de salut public '(2) . [Wissembourg, 22 flor. Il] (3). Nous vous transmettons, Citoyens représentants du peuple, les procès-verbaux et la pétition de cinq communes palatines qu’elles nous ont remis pour les envoyer. Elles nous ont prié d’intercéder auprès de vous pour les réunir à la République française et nous nous acquittons de cette commission avec d’autant plus de plaisir qu’elle nous procure l’occasion de vous montrer par des effets, que l’amour pour la liberté fait toujours plus de progrès, et qu’il existe un feu que les despotes, en vain s’efforcent d’éteindre dans le cœur de l’homme. Oui, bientôt ce feu divin même embrasé par les forfaits des tyrans, consumera ces monstres et en délivrera le genre humain. Barthold (présid.), Etienne Heydeneck, Jeynel (agent nat. provisoire), Avolay (secret.), Hoepffner. [Suivent, en langue allemande, les pétitions de Zupfligen, Gonklingen, Frankwiller, et 2 noms illisibles.] (1) P.V., XXXVIII, 76. Bin, 8 prair. (suppb); Saint-Côme-de-Marvej ois. (2) P.V., XXXVIII, 76. Bln, 8 prair. (suppb) ; J. Matin, n° 702; J. Lois, n° 603; Mess, soir, n° 644; M.U., XL, 71; Rép. n° 155; J. Sablier, n° 1336; Audit, nat., n° 608; J. Paris, n° 509; C. Eg., n° 644. (3) D ry™8 88 (Bas-Rhin). 36 La Société populaire de Melun envoie les procès-verbaux des séances qui ont été consacrées à l’épuration de ses membres. Renvoyé au Comité de sûreté générale (1). 37 La commission des transports et convois militaires envoie l’exposé des motifs qui l’ont déterminée à suspendre provisoirement le citoyen Leroy, directeur des postes à Lyon-la-Forêt. Renvoi au Comité de salut public (2). 38 Une députation de la Société populaire de Senlis est admise à la barre : elle félicite la Convention nationale sur ses travaux notamment sur le décret du 18 floréal : elle présente deux cavaliers jacobins armés et équipés. Mention honorable, insertion au bulletin (3) . L’ORATEUR de la députation : Le génie martial et belliqueux de la liberté plane sur toute la surface de la République française, c’est lui qui enflâme tous les cœurs des sans-culottes, c’est lui qui électrise leur âme, et leur fait donner journellement des preuves multipliées de leur patriotisme et de leurs vertus républicaines. La Société populaire et régénérée de Senlis, ainsi que plusieurs bons citoyens de la commune, Législateurs, pénétrés de cet entier dé-voument au bien public et général, se sont cotisés pour monter et équiper deux cavaliers jacobins que nous vous présentons; un troisième les accompagneroit si nous n’avions pas cru mieux servir la patrie en montant un gendarme, en fournissant l’équipement à un autre, tous deux résidants en cette commune appelés aux frontières et retenus par l’impuissance de faire aucune dépense. Tous ces braves frères ne laisse-roient rien à faire à notre reconnoissance si l’un d’eux n’avoit une mère, et les trois autres des femmes et des enfans à secourir; y pourvoir amplement fut un devoir doux à remplir pour nous; c’est ainsi que les bonnes actions ne restent pas sans récompense, et qu’elles deviennent la source inépuisable de la félicité publique, et de toutes les vertus. Recevez le serment de ces intrépides défenseurs de la liberté; ils les tiendront et le nôtre est de vivre ou de mourir pour la République. Pour vous Législateurs de la sainte Montagne, vous qui par un décret aussi juste que véridique, (1) P.V. XXXVIII, 77. (2) P.V. xxxvm, 77. (3) P.V., XXXVIII, 77. (Minute du p.v. C 306, pl. 1135, p. 35); Bin, 10 prair. (1er suppl*) ; Débats, n° 611, p. 41; Mon., XX, 539; J. Sablier, n° 1326. SÉANCE DU 4 PRAIRIAL AN II (23 MAI 1794) - Nüs 34 A 38 567 devise que nous avons adoptée à votre exemple Puisse-t-elle être bientôt la base de la conduite de tous les Français. S. et F. » Royer cadet, Cropet, Lafarge (présid.). 34 La Société populaire de Cosme, département du Gard, écrit à la Convention nationale qu’elle se réunit à toutes les Sociétés du département, pour la prier de leur accorder la prolongation du séjour du représentant du peuple Borie. Insertion au bulletin, et renvoi au Comité de salut public (1). 35 Les administrateurs du directoire du district de Wissembourg transmettent à la Convention nationale les procès-verbaux de 5 communes palatines, dans lesquels elles demandent leur réunion à la République française. « Accom-» plissez notre vœu le plus cher, disent les » habitans de ces communes, celui de devenir » Français; nous vous promettons que nous » tâcherons d’être dignes de vous : nos biens, » nos corps, nos enfans, en un mot tout ce que » nous avons est à vous; disposez-en pour l’af-» fermissement de la République, et pour l’ex-» tirpation du dernier tyran; nous bénirons le » jour où vous direz : Allez combattre avec les » Français, leurs barbares ennemis; pour votre » récompense, il vous est accordé le titre glo-» rieux de citoyens français, de républicains ». Insertion au bulletin, renvoi au Comité de salut public '(2) . [Wissembourg, 22 flor. Il] (3). Nous vous transmettons, Citoyens représentants du peuple, les procès-verbaux et la pétition de cinq communes palatines qu’elles nous ont remis pour les envoyer. Elles nous ont prié d’intercéder auprès de vous pour les réunir à la République française et nous nous acquittons de cette commission avec d’autant plus de plaisir qu’elle nous procure l’occasion de vous montrer par des effets, que l’amour pour la liberté fait toujours plus de progrès, et qu’il existe un feu que les despotes, en vain s’efforcent d’éteindre dans le cœur de l’homme. Oui, bientôt ce feu divin même embrasé par les forfaits des tyrans, consumera ces monstres et en délivrera le genre humain. Barthold (présid.), Etienne Heydeneck, Jeynel (agent nat. provisoire), Avolay (secret.), Hoepffner. [Suivent, en langue allemande, les pétitions de Zupfligen, Gonklingen, Frankwiller, et 2 noms illisibles.] (1) P.V., XXXVIII, 76. Bin, 8 prair. (suppb); Saint-Côme-de-Marvej ois. (2) P.V., XXXVIII, 76. Bln, 8 prair. (suppb) ; J. Matin, n° 702; J. Lois, n° 603; Mess, soir, n° 644; M.U., XL, 71; Rép. n° 155; J. Sablier, n° 1336; Audit, nat., n° 608; J. Paris, n° 509; C. Eg., n° 644. (3) D ry™8 88 (Bas-Rhin). 36 La Société populaire de Melun envoie les procès-verbaux des séances qui ont été consacrées à l’épuration de ses membres. Renvoyé au Comité de sûreté générale (1). 37 La commission des transports et convois militaires envoie l’exposé des motifs qui l’ont déterminée à suspendre provisoirement le citoyen Leroy, directeur des postes à Lyon-la-Forêt. Renvoi au Comité de salut public (2). 38 Une députation de la Société populaire de Senlis est admise à la barre : elle félicite la Convention nationale sur ses travaux notamment sur le décret du 18 floréal : elle présente deux cavaliers jacobins armés et équipés. Mention honorable, insertion au bulletin (3) . L’ORATEUR de la députation : Le génie martial et belliqueux de la liberté plane sur toute la surface de la République française, c’est lui qui enflâme tous les cœurs des sans-culottes, c’est lui qui électrise leur âme, et leur fait donner journellement des preuves multipliées de leur patriotisme et de leurs vertus républicaines. La Société populaire et régénérée de Senlis, ainsi que plusieurs bons citoyens de la commune, Législateurs, pénétrés de cet entier dé-voument au bien public et général, se sont cotisés pour monter et équiper deux cavaliers jacobins que nous vous présentons; un troisième les accompagneroit si nous n’avions pas cru mieux servir la patrie en montant un gendarme, en fournissant l’équipement à un autre, tous deux résidants en cette commune appelés aux frontières et retenus par l’impuissance de faire aucune dépense. Tous ces braves frères ne laisse-roient rien à faire à notre reconnoissance si l’un d’eux n’avoit une mère, et les trois autres des femmes et des enfans à secourir; y pourvoir amplement fut un devoir doux à remplir pour nous; c’est ainsi que les bonnes actions ne restent pas sans récompense, et qu’elles deviennent la source inépuisable de la félicité publique, et de toutes les vertus. Recevez le serment de ces intrépides défenseurs de la liberté; ils les tiendront et le nôtre est de vivre ou de mourir pour la République. Pour vous Législateurs de la sainte Montagne, vous qui par un décret aussi juste que véridique, (1) P.V. XXXVIII, 77. (2) P.V. xxxvm, 77. (3) P.V., XXXVIII, 77. (Minute du p.v. C 306, pl. 1135, p. 35); Bin, 10 prair. (1er suppl*) ; Débats, n° 611, p. 41; Mon., XX, 539; J. Sablier, n° 1326. 568 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE venez de déclarer que le peuple français recon-noit l’Etre Suprême, et l’immortalité de l’âme, agréés les témoignages de reconnoissance et les remerciements d’un peuple immense qui sait aprécier ses vertus civiques; lancés la foudre sur tous les tyrans coalisés contre nous; restez à votre poste ainsi que nos cœurs vous resteront dans tous les tems et dans toutes les circonstances (1) . 39 Une députation des communes du canton de Chantilly et de la Société populaire de cette commune se présente à la barre et offre un cavalier jacobin, armé et équipé; elle félicite la Convention nationale d’avoir terrassé le monstre de l’athéisme (2). L’ORATEUR de la députation : Citoyens représentants, Les communes et la Société populaire des sans-culottes de fait et d’opinion du canton de Chantilly, vous prient d’agréer l’hommage qu’ils font à la nation d’un cavalier jacobin, monté armé et équipé à leurs frais et 54 paires de souliers dont ils garantissent la solidité, car ils les ont faits eux-mêmes; 11 chemises et boucle d’argent, 86 onces de bas et charpie. Si leurs facultés répondaient à l’étendue de leurs dispositions républicaines et à la latitude de leur reconnaissance pour vos sublimes travaux, que ne feraient-ils pas pour en multiplier les témoignages de cette manière ! Ils seraient d’autant plus empressés de s’acquitter de ce devoir sacré pour eux, que c’est à vos décrets salutaires qu’ils doivent et que leurs enfants devront les précieux avantages qui naîtront de la révolution dont vous maintenez la marche bienfaisante avec tant de sollicitude et de succès. Oui, Législateurs, ils se livreraient avec d’autant plus de zèle à ces témoignages de leur gratitude que c’est aussi par vos soins paternels qu’une religion pure va s’élever sur les ruines du fanatisme et que les fêtes décadaires qui appellent tous les citoyens à la pratique des vertus vont être établies. Qu’il est beau ce décret qui consacre la réalité de l’existence d’un Etre Suprême et l’immortalité de l’âme ! Grâce à cette loi auguste et à votre activité surveillante, les projets de l’athéisme sont déjoués et la probité et la justice sont à l’ordre du jour. En faut-il davantage pour buriner dans le cœur de tous les français ce refrain chéri Vive la République, vive la Montagne » (3) . Mention honorable, insertion au bulletin. (1) C 306, pl. 1154, p. 8. Signé Watrin (présid), Desprez (secrét.), Lange, Beauduin (secrétaires). (2) P.V., XXXVIII, 77. Btm, 10 prair (1er supph) et 14 prair. (suppl4) ; Mess, soir, n° 644; J. Sablier, n° 1336; J. Matin, n° 702; Rép., n° 155; M.U., XL, 72; Audit, nat., n° 608; J. Fr., n° 607; J. Paris, n° 509. (3) C 304, pl. 1133, p. 17, s.d., signé Levasseur, Moreau fils, Brulon, Hautin. 40 Des citoyens de Melun (1) viennent protester, au nom de la Société populaire de cette commune, de leur attachement inviolable à la Convention nationale, et la féliciter d’avoir déclaré solemnellement que le peuple français reconnoît l’Etre suprême et l’immortalité de l’âme (2). L’ORATEUR : Législateurs, Lors qu’en présence de l’Etre suprême, le peuple français proclama par votre organe la déclaration des droits de l’homme et du citoyen; lors qu’il jura de maintenir les principes qui doivent assurer son indépendance, il crut poser, sur des bases inébranlables, l’édifice du bonheur commun. Dès cet instant, la tirannie, et le fanatisme auraient été sans ressources, si ces monstres n’eussent conçu le criminel dessein de faire descendre de son trône éternel, celui qui punit les infracteurs des sermens. C’est en renonçant à l’espoir de nous subjuguer par la force, que nos astucieux ennemis cherchèrent à réaliser les anciennes fables des anges rebelles. C’est en prêchant la doctrine de l’athéisme, destructive de toute morale, qu’ils prétendirent anéantir la République qui ne peut exister sans vertus. Nous avons plus d’une fois frémi en leur entendant prononcer des blasphèmes, et plus d’une fois nous avons manifesté l’indignation que nous inspiraient ces être immoraux qui voulaient étouffer le cri des consciences. Nous vous remercions, fidèles interprètes de nos sentimens, d’avoir déclaré d’une manière solennelle que le peuple français reconnaît l’Etre Suprême, et l’immortalité de l’âme. Votre décret en foudroyant la calomnie va rassurer la nature entière qui réclamait son créateur. La doctrine sublime et consolante de l’immortalité de l’âme est faitte aussi pour désespérer les méchans. Qu’ils temblent, ceux là qui se sont fait un jeu de la misère du peuple ! La justice éternelle leur a fermé les portes du néant, l’éternité est ouverte devant eux, et pour leur malheur, leur âme est immortelle. La vôtre l’est aussi, illustres fondateurs de la République, vous qui avez eu le courage de confondre l’imposture en punissant de grands coupables. L’imortalité de l’âme fera votre bonheur et votre gloire, car vous ne quitterez votre poste, qu’après avoir consolidé les vertus que vous avez mises à l’ordre du jour. Déjà votre décret sur la bienfaisance nationale vous mérite la reconnaissance des Français. Bientôt la liberté volant d’un pôle à l’autre, va vous mériter l’admiration de l’univers, et ce n’est que couverts des bénédictions du genre humain, que vous serez jugés par l’Etre Suprême dont vous avez hautement publié l’existence. (1) Seine-et-Marne. (2) P.V., XXXVin, 77. M.U. XL, 72; J. Fr. n° 607; Rép., n° 155. 568 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE venez de déclarer que le peuple français recon-noit l’Etre Suprême, et l’immortalité de l’âme, agréés les témoignages de reconnoissance et les remerciements d’un peuple immense qui sait aprécier ses vertus civiques; lancés la foudre sur tous les tyrans coalisés contre nous; restez à votre poste ainsi que nos cœurs vous resteront dans tous les tems et dans toutes les circonstances (1) . 39 Une députation des communes du canton de Chantilly et de la Société populaire de cette commune se présente à la barre et offre un cavalier jacobin, armé et équipé; elle félicite la Convention nationale d’avoir terrassé le monstre de l’athéisme (2). L’ORATEUR de la députation : Citoyens représentants, Les communes et la Société populaire des sans-culottes de fait et d’opinion du canton de Chantilly, vous prient d’agréer l’hommage qu’ils font à la nation d’un cavalier jacobin, monté armé et équipé à leurs frais et 54 paires de souliers dont ils garantissent la solidité, car ils les ont faits eux-mêmes; 11 chemises et boucle d’argent, 86 onces de bas et charpie. Si leurs facultés répondaient à l’étendue de leurs dispositions républicaines et à la latitude de leur reconnaissance pour vos sublimes travaux, que ne feraient-ils pas pour en multiplier les témoignages de cette manière ! Ils seraient d’autant plus empressés de s’acquitter de ce devoir sacré pour eux, que c’est à vos décrets salutaires qu’ils doivent et que leurs enfants devront les précieux avantages qui naîtront de la révolution dont vous maintenez la marche bienfaisante avec tant de sollicitude et de succès. Oui, Législateurs, ils se livreraient avec d’autant plus de zèle à ces témoignages de leur gratitude que c’est aussi par vos soins paternels qu’une religion pure va s’élever sur les ruines du fanatisme et que les fêtes décadaires qui appellent tous les citoyens à la pratique des vertus vont être établies. Qu’il est beau ce décret qui consacre la réalité de l’existence d’un Etre Suprême et l’immortalité de l’âme ! Grâce à cette loi auguste et à votre activité surveillante, les projets de l’athéisme sont déjoués et la probité et la justice sont à l’ordre du jour. En faut-il davantage pour buriner dans le cœur de tous les français ce refrain chéri Vive la République, vive la Montagne » (3) . Mention honorable, insertion au bulletin. (1) C 306, pl. 1154, p. 8. Signé Watrin (présid), Desprez (secrét.), Lange, Beauduin (secrétaires). (2) P.V., XXXVIII, 77. Btm, 10 prair (1er supph) et 14 prair. (suppl4) ; Mess, soir, n° 644; J. Sablier, n° 1336; J. Matin, n° 702; Rép., n° 155; M.U., XL, 72; Audit, nat., n° 608; J. Fr., n° 607; J. Paris, n° 509. (3) C 304, pl. 1133, p. 17, s.d., signé Levasseur, Moreau fils, Brulon, Hautin. 40 Des citoyens de Melun (1) viennent protester, au nom de la Société populaire de cette commune, de leur attachement inviolable à la Convention nationale, et la féliciter d’avoir déclaré solemnellement que le peuple français reconnoît l’Etre suprême et l’immortalité de l’âme (2). L’ORATEUR : Législateurs, Lors qu’en présence de l’Etre suprême, le peuple français proclama par votre organe la déclaration des droits de l’homme et du citoyen; lors qu’il jura de maintenir les principes qui doivent assurer son indépendance, il crut poser, sur des bases inébranlables, l’édifice du bonheur commun. Dès cet instant, la tirannie, et le fanatisme auraient été sans ressources, si ces monstres n’eussent conçu le criminel dessein de faire descendre de son trône éternel, celui qui punit les infracteurs des sermens. C’est en renonçant à l’espoir de nous subjuguer par la force, que nos astucieux ennemis cherchèrent à réaliser les anciennes fables des anges rebelles. C’est en prêchant la doctrine de l’athéisme, destructive de toute morale, qu’ils prétendirent anéantir la République qui ne peut exister sans vertus. Nous avons plus d’une fois frémi en leur entendant prononcer des blasphèmes, et plus d’une fois nous avons manifesté l’indignation que nous inspiraient ces être immoraux qui voulaient étouffer le cri des consciences. Nous vous remercions, fidèles interprètes de nos sentimens, d’avoir déclaré d’une manière solennelle que le peuple français reconnaît l’Etre Suprême, et l’immortalité de l’âme. Votre décret en foudroyant la calomnie va rassurer la nature entière qui réclamait son créateur. La doctrine sublime et consolante de l’immortalité de l’âme est faitte aussi pour désespérer les méchans. Qu’ils temblent, ceux là qui se sont fait un jeu de la misère du peuple ! La justice éternelle leur a fermé les portes du néant, l’éternité est ouverte devant eux, et pour leur malheur, leur âme est immortelle. La vôtre l’est aussi, illustres fondateurs de la République, vous qui avez eu le courage de confondre l’imposture en punissant de grands coupables. L’imortalité de l’âme fera votre bonheur et votre gloire, car vous ne quitterez votre poste, qu’après avoir consolidé les vertus que vous avez mises à l’ordre du jour. Déjà votre décret sur la bienfaisance nationale vous mérite la reconnaissance des Français. Bientôt la liberté volant d’un pôle à l’autre, va vous mériter l’admiration de l’univers, et ce n’est que couverts des bénédictions du genre humain, que vous serez jugés par l’Etre Suprême dont vous avez hautement publié l’existence. (1) Seine-et-Marne. (2) P.V., XXXVin, 77. M.U. XL, 72; J. Fr. n° 607; Rép., n° 155.