44 f Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. ) Un membre a observé que le nom de votre ville de Montreuil, en latin Monasteriolum, rappelait encore le souvenir de la superstition; qu’il se trouvait d’ailleurs plusieurs autres villes du même nom et qu’il en résultait tous les jours de grands inconvénients, qu’il convenait de proposer au comité de division de la Con¬ vention de changer le nom de Montreuil en celui de la Montagne, que cette dénomination con¬ vient d’autant plus à cette ville qu’elle se trouve sur une éminence. Sur quoi la matière mise en délibération, ouï le procureur -de la commune, l’assemblée a agréé unanimement avec transport la dénomi¬ nation proposée par l’un de ses membres; en conséquence elle a arrêté que le nom de Mon¬ treuil serait changé en celui de la Montagne et que la présente délibération pour recevoir son exécution serait adressée sur-le-champ par l’in¬ termédiaire du district au comité de division de la Convention. Fait et arrêté en la maison commune de Mon-treuil-sur-Mer lesdits jour et an et avons signé. Pour copie conforme : Bell art, secrétaire greffier. Extrait des registres aux arrêtés du conseil d'administration du district révolutionnaire de Montreuil. Séance publique permanente du 1er jour du 2e mois de l’an II de la République une et indi¬ visible. Est entré en séance, le maire de la ville de Montreuil, accompagné de plusieurs officiers municipaux, lequel a dit qu’ils viennent demander l’approbation de l’administration, pour une délibération du conseil général de la commune, tendante à obtenir de la Convention nationale que la ville de Montreuil fût désor¬ mais appelée la ville de la Montagne. Le conseil général du district de Montreuil-sur-Mer, considérant que quand un peuple se régénère, les noms mêmes des villes qu’il habite, doivent présenter à l’esprit l’idée des généreux sentiments dont il est pénétré; considérant que rien n’est pur comme l’air qu’on respire sur les montagnes; considérant que le terme de Mon¬ treuil est tiré de la farouche superstition que nous détestons tous; considérant que la ville de Montreuil, par sa position même, est une vraie montagne, et que d’ailleurs ses habitants ne jurent plus que par la Montagne, et sont décidés à combattre sans relâche quiconque n’adoptera pas ces vérités protectrices du peuple, ces principes régénérateurs qui ont toujours dirigé la Montagne et qui peuvent seuls nous faire détester les rois et chérir l’unité de la République ; Déclare qu’il partage les vœux patriotiques que le conseil général de la commune de Mon¬ treuil vient de manifester dans sa délibération et qu’il s’honorera toujours d’appuyer des demandes aussi dignes de lui et de la liberté. Certifié conforme au registre, par nous vice-président et secrétaire soussignés. Bordin; Prioux, secrétaire. Dumont, représentant du peuple dans les dé¬ partements de la Somme, du Pas-de-Calais et de l’Oise, informe la Convention nationale d’une fête civique célébrée dans la commune de Bre-teuil, où les sentiments d’égalité, et du patrio¬ tisme le plus ardent, se sont signalés entre tous les citoyens; on y a vu s’élever l’arbre de la fraternité aux acclamations de : « Vive la Con¬ vention nationale! » Le brûlement des restes de féodalité, la céré¬ monie de la présentation du drapeau au bataillon, sans le concours d’aucune vermine ecclésias¬ tique, ont terminé cette journée, marquée par les élans du républicanisme le plus pur et de l’allégresse publique. Insertion au « Bulletin » (1). Suit la lettre d'André Dumont (2). André Dumont, représentant du peuple dans les départements de la Somme, du Pas-de-Calais et de l'Oise, à la Convention nationale. Le 7e jour de la lre décade du 2e mois de l’an II de la République fran¬ çaise, une et indivisible, impéris¬ sable. Citoyens collègues, Autant j’ai lieu de me plaindre de l’esprit public à Beauvais, autant j’ai lieu de me féliciter du feu sacré du républicanisme que j’ai laissé à Breteuil, où j’ai destitué et remplacé des offi¬ ciers municipaux et des administrateurs du district; j’y ai harangué le peuple deux fois, je ne l’ai pas caressé, je ne l’ai pas flagorné et il a mieux senti et profité de ce que j’ai dit; je ne peux pas assez vous en faire l’éloge. Voici le détail d’une fête qui y a été célé¬ brée à mon retour : ' Les autorités constituées, un bataillon de vo¬ lontaires, la société populaire, les citoyens et citoyennes de Breteuil et des environs célé¬ brèrent cette fête civique dans les épanche¬ ments de la plus douce fraternité et aux cris mille fois répétés de Vive la Montagne. 1er groupe. Un peloton de garde nationale portait à sa tête une bannière sur laquelle on lisait : Le peuple français debout! 2e groupe. Des femmes ornées de rubans tricolores et vêtues en blanc portaient cette inscription : Nous élevons nos enfants dans la haine des rois. 3e groupe . D’autres citoyennes fort jeunes et vêtues comme les premières, portaient une bannière où était écrit : S'ils reviennent vainqueurs, nous les récompenserons. (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 24, p. 202. (2) Archives nationales, carton G 277, dossier 734. — Aulard, Recueil des Actes et de la Correspondance du comité de Salutîpublic, t. 8, p. 80.