632 [Assemblée nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. [23 décembre 1790.] fédération a paru ici depuis quelques jours : c’est une rosette bleue et noire, attachée à la boutonnière de la veste: on la dit l’emblème de deux hautes protections dont on se flatte. Je ne sais quelle foi donner à un autre bruit, que deux ou trois bâtiments chargés de munitions de guerre étaient prêts à faire voile d’un port d’Italie pour Antibes, aussitôt que la nouvelle du succès de l’entreprise projetée serait parvenue au premier port... » « Dans une seconde lettre, du 8 de ce mois, la même personne nous dit encore que celui que la voix publique accuse d’être l’auteur du complot contre Antibes est parti pour Turin, accompagné d’un personnage principal du parti de la contre-révolution ; qu’ellea appris que des têtes exaltées se vantent de pénétrer dans le corps du royaume; qu’il est à craindre que l’on n’ait quelques vues, peut-être quelque espoir, sur Lyon; qu’il est sûr que l’on a des correspondances avec cette ville ; qu’il est venu à Nice, il y a quelques semaines, quelqu’un du chapitre duLyon, quia eu des rela-tions intimes avec le parti; qu’on nommeenfmla ville de Lyon comme un objet à surveiller... MM. les administrateurs du département des Basses-Alpes nous mandent, de leur côté, qu’il est à craindre que les ennemis de la Constitution ne viennent s emparer de la ville d’Ëntrevaux, place fortifiée et bien pourvue d’armes et de munitions, frontière du comté de Nice et la clé de notre département et du leur ; que les ennemis peuvent y arriver dans un jour; qu’ils ont des avis certains d’après lesquels on peut, ajuste titre, douter delà fidélité de cette ville. Ils nous invitent, en conséquence, à concourir avec eux aux mesures à prendre pour parer aux dangers qui nous menacent de toutes parts... C’est d’après cet avis, et sur notre demande, que M. de Comcy va envoyer à Digne un détachement de deux cents hommes du régiment de Monsieur, qui étaient venus à Toulon pour s’embarquer... « Ces détails vous disent, Messieurs, qu’il y a quelque trame secrète qui doit exciter méfiance et vigilance. Nous avons appris d’autre part, et d’une pa-t très sûre, qu’un corps de troupes avait paru sur les bords du Var, du côté de Nice, mais qu’il s’était retiré, sans doute quand il a vu que i’aulrerrve était gardée... Nous avons pris toutes les mesurée qui étaient dans nos moyens. La garnison d’Antibes est renforcée de trois cents hommes ue garde nationale, pris dans les districts de Grasse et deSaint-Paul; pareil nombre d’hommes du même est campé en observation sur les bords du Var. C’est à vous, Messieurs, à nous aideretà suppléer à ce que nous ne pouvons pas, « Nous vous avons demandé, nous vous demandons encore, avec une nouvelle instance, un renfort de troupes dans le département : vous en voyez la nécessité ; il est le plus exposé ; c’est là que seront portés les premiers efforts et les premiers coups. Les corps de garde nationale que nous avons mis en activité ne pourront pas y être toujours. Nous avons droit de compter' sur leur zèle et leur patriotisme par la manière dont ces braves citoyens se sont portés partout; mais ils ont quitte leurs foyers, leurs affaires, et il est de nécessité urgente de nous mettre dans un état plus imposant de défense et de résistance... Nous vous exposons avec confiance notre position et nos alarmes pour la chose publique. Si les ennemis, et il n’en est que trop, pouvaient s’apercevoir d’un ménagement qu’ils méritent si peu, jugez combien ils s’enhardiraient et combien leur audace s’en accroîtrait. « Au nom de la patrie, Messieurs, sauvons-la des dangers qui l’environnent : c’est de vous qu’elle attend les secours dont elle a besoin ; ces secours ne sauraient être trop prompts. Instruisez l’Assemblée nationale de ce que nous avons fait, des renseignements que nous croyons devoir vous transmettre. Instruisez-nous de ce qui nous reste à faire, et croyez que la publicité donnée aux projets de nos ennemis et l’indignation qu’elle produira dans le royaume sont peut-être les moyens les plus capables de les déjouer .. Permettez qu’en terminant cette lettre nous vous demandions pour les corps de garde nationale, l’un en garnison à Antibes, l’autre campé sur le Var, un témoignage de satisfaction qui les anime, qui les encourage et les soutienne dans les heureuses dispositions où ils sont. Une lettre de l’Assemblée nationale à chacun de ces corps, qui leur serait transmise par le département, produirait cet effet salutaire. L’honneur vit dans te cœur des bons Français, et quel mobile plus efficace I « Les administrateurs composant le directoire du département du Var. » J’ajouterai, d’ailleurs, que les ci-devant gentilshommes de l’Auvergne qui étaient partis pour Lyon et qui non seulement étaient montés, mais qui conduisaient encore des chevaux en laisse, ont rétrogadé dès qu’ils ont su que trois des chefs de la contre-révolution avaient été arrêtés dans cette ville. Us se sont retirés avec tant de précipitation que plus de 300 chevaux ont été abandonnés et conduits à Lyon. Je demande donc que l’Assemblée décrète que le roi sera prié d’envoyer le nombre de troupes nécessaires pour assurer celte frontière et que les gardes nationales qui se sont portées à Entrevaux seraient remerciées de leur zèle et de leur patriotisme. Le projet de décret suivant est adopté : « L’Assemblée nationale, après le rapport de son comité des recherches, charge son président de se retirer, dans le jour, vers le roi, pour le prier de donner des ordres afin qu’il soit envoyé à Entrevaux une garnison suffisante pour garder ce poste. « Elle le charge également d’écrire aux gardes nationales qui se sont rendues à Antibes, et a celles qui sont postées sur les bords du Var, pour leur exprimer la vive satisfaction qu’e-prouve l’Assemblée de leur zèle patriotique. » L’Assemblée décrète ensuite la proposition faite par un membre, au nom du comité de vérification, d’accepter la démission de M. lies Fosse*, député du ci-devant bailliage de Ver-mandois, et d’admettre, pour le remplacer, M. Duroycr, député suppléant dudit ci-devant bailliage. M. Duport, au nom du comité de Constitution et de jurisprudence criminelle , présente et l’Assemblée adopte le projet de décret suivant : « L’Assemblée nationale, attendu le trop grand nombre d’accusés existants dans les prisons de la ville de Saintes, décrète : « Que les procédures relatives, tant aux délits commis dans ia paroisse de Saint-Thomas-de-Cosnac, et autres circonvoisines, qu’au vol fait chez le sieur Messier de Jonzac, seront renvoyées au tribunal de district de Pons, pour y être continuées et jugées, sauf l’appel, et que les accusés