[Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. ™ frimaire an il 405 L 1 - « 3 0 novemhrp. HÇ& ne le cèdent à personne en républicanisme. Une démarche civique que nous ayons faite à notre section nous a obtenu d’elle l’honneur de vous être présentés par six de ses membres et deux du conseil général, à l’effet d’exprimer en votre présence les sentiments patriotiques qui nous animent. Il est impossible de vous peindre la joie de nos camarades lorsqu’ils ont su qu’ils pouvaient prétendre à jouir de la satisfaction de paraître en votre présence. Pour faire tour¬ ner à notre avancement l’enthousiasme que nous causait le plaisir de pouvoir être députés vers vous, l’assemblée de notre classe, com¬ posée de vingt -cinq des plus vertueux d’entre nous, a arrêté qu’aucun élève ne serait admis à aucune députation qu’il ne sût parfaitement la Déclaration des Droits de l’homme. « En moins de trois jours, toute l’école a satisfait aux conditions de l’arrêté. Plusieurs ont même appris la Constitution tout entière. Nous avons été obligés de tirer au sort ceux qui devaient être admis, pour ne pas vous sur¬ charger par un trop grand nombre. « Législateurs, nos camarades, avant de nous quitter, nous ont recommandé à plusieurs re¬ prises de ne pas manquer de vous inviter à mettre, pour l’ordre du jour le plus prochain, le travail de vos comités sur l’éducation natio¬ nale. Nous en sentons tout le prix, et nous ne croirons vraiment jouir des fruits de la liberté que lorsque nous verrons nos deux classes, composées de 260 enfants, entièrement orga¬ nisées d’une manière républicaine. Compte rendu du Journal des Débats et des Décrets (1). Les élèves de la section des Arcis sont admis A la barre. Deux membres du conseil général de la commune de Paris les accompagnent. Ils annoncent les succès des élèves des-Arcis ; mais quatre d’entre eux en offrent des preuves aux-rr ( 1) Journal des Débats el des Décrets (frimaire an II, n° 438, p. 137). D’autre part, le Journal de Perlel ,|n° 435 du 11 frimaire an II (dimanche 1er décembre 1793), p.4 ], le Mercure universel [11 frimaire an II (dimanche 1er décembre 1793), p. 175, col. 2] et les Annales patriotiques el littéraires [n° 334 du 11 fri¬ maire an II (dimanche 1er décembre 1793), p. 1514, col. 1] rendent compte de l’admission à la barre des élèves de la section des Arcis dans les termes suivants : I. Compte rendu du Journal de Perlel. Des jeunes citoyens de la Section des Arcis vien¬ nent annoncer à la Convention nationale qu’ils ne re¬ connaissent d’autre culte que celui de la raison; que leur évangile sera désormais la Déclaration des Droits; leur catéchisme, la Constitution républi¬ caine, et leurs confessionnaux, les guérites des corps de garde i « Là, ajoutent-ils, au lieu d’accuser nos fautes, nous veillerons sur celles des autres. » Ils demandent la prompte organisation de l’éducation nationale. L’un d’eux, âgé seulement de cinq ans, récite la Déclaration des Droits. Il est vivement ap¬ plaudi. Lb Président leur donne à tous le baiser frater¬ nel. Leurs discours seront insérés au procès-verbal et quelles la Convention donne souvent de3 applaudissements. L’un d’eux prononce le discours suivant : ( Suit le texte de l'adresse des élèves de la section des Arcis que nous avons insérée ci-dessus d'après le Bulletin de la Convention.) Un second élève, Claude Lamy, âgé de douze ans, prononce le discours qu’il fit le jour de la fête civique de l’inauguration des bustes de Lepeletier et Marat, célébrée dans la sec¬ tion des Arcis, le 30 brumaire. ( Suit le texte du discours du jeune Claude Lamy que nous avons inséré ci-dessus d'après un document des Archives nationales.) Un troisième élève, Jean Poinsard, prononce le discours qu’il fit à l’occasion d’un drapeau neuf que la section des Arcis a donné aux écoles. (Suit le texte du discours du jeune Jean Poin¬ sard que nous avons inséré ci-dessus d'après un document des Archives nationales. ) Un quatrième élève enfin, âgé seulement de cinq ans, récite la Déclaration des Droits avec une facilité très heureuse. Le Président leur fait part de la satisfac¬ tion de l’Assemblée. Il les admet aux honneurs de la séance et leur donne l’accolade fraternelle. au Bulletin avec mention honorable et désignation de leur âge. II. Compte rendu du Mercure universel . Les jeunes élèves de la section des Arcis se présen¬ tent en masse pour réclamer l’organisation de l’é¬ ducation publique. « Elle seule, disent-ils, fera de nous des hommes libres, de vrais citoyens. Nous irons ensuite combattre les ennemis de la liberté. Ah ! si nos trop faibles bras nous permettaient d’al¬ ler à l’ennemi; mais il ne perdra point pour atten¬ dre. Notre culte est maintenant celui de la vérité, de la raison, de la patrie. Nous n’avons d’autres confessionnaux que les guérites de nos corps de garde. Nous vous présentons un drapeau; donnez-lui la bénédiction civique. Ces jeunes républicains reçoivent du Président l’accolade et le drapeau obtient le baptême civique. III. - Compte rendu des Annales patriotiques el littéraires. Les jeunes républicains de la Section des Arcis réclament l’établissement de l’instruction civique Ils regrettent que leurs bras trop faibles ne leur permettent pas d’aller combattre les ennemis de la République; « mais, ajoutent-ils, ces lâches ne per¬ dront rien pour attendre. Nous avons adopté pour divinité la patrie et pour culte la raison; nous n’a¬ vons d’autres confessionnaux que les guérites de nos corps de garde; nous savons l’exercice, et s’il le faut, un jour, nous saurons périr. Nous vous apportons un drapeau pour que vous lui donniez votre bénédic¬ tion patriotique et vivent la République et la rai¬ son 1 (Applaudissements.) Un enfant de cinq ans récite les Droits de l’Homme tandis que, placés sous le drapeau, ces jeunes répu¬ blicains reçoivent l’accolade et le baptême civique. 06 - [Convention nationale.] AKCHIVES PARLEMENTAIRES. g tamurean « Ils entrent au milieu des plus vifs applaudis-, sements. Leurs discours seront insérés en entier au Bulletin. Les habitants de la commune de Lattes, dis¬ trict et canton de Montpellier, adhèrent à tous les décrets de la Convention nationale, et l’invi¬ tent à rester à son poste; ils annoncent qu’ils ont rempli leur contingent, que tous leurs jeunes gens sont aux frontières et ont eu le bonheur de repousser les Espagnols. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (1). - Suit l'adresse des habitants de la commune de Lattes (2). Aux citoyens représentants du peuple français formant la Convention nationale, à Paris. « Citoyens représentants, « Les habitants de la commune de Lattes, district etj’canton de Montpellier, ont adhéré avec reconnaissance, dans le courant du mois de juillet dernier, à tous vos décrets. « Leur amour pour la patrie et le cri de leur conscience leur prescrivent aujourd’hui un de¬ voir non moins important. « Citoyens représentants, le conseil général de la commune de Lattes exprimant son vœu et celui de la plupart de ses concitoyens (ne sa¬ chant signer), vous invite avec instance de rester à votre poste jusqu’à la paix. Ij « Accoutumés à la vie des champs, nous ignorons l’art de bien dire, mais nous possédons autant que personne le mérite de la fran¬ chise. Notre langage est simple comme celui de la vérité; dix de nos concitoyens sont à l’armée des Alpes, quarante ont déjà participé aux avantages remportés sur les Espagnols; nous avons fourni notre contingent de blé, vingt charretées de fourrage sont parties de la com¬ mune pour l’armée ; nos contributions sont payées. Nous voulons la République une et indi¬ visible ou la mort : voilà notre éloquence. (Suivent 11 signatures.) « Au bureau municipal de la commune de Lattes, le 6e jour du second mois de l’an II de la République française, une et indivisible. » H a été remis sur le bureau plusieurs brevets de ci-devant chevaliers de Saint-Louis (3). La municipalité du canton des Bouches, dépar¬ tement de Lot-et-Garonne, remet sur l’autel de la patrie toute l’argenterie de son église. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (4). (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 26, p. 266. (2) Archives nationales, carton G 284, dossier 821. (3) Procès-verbaux de la Convention , t. 26, n. 266 (4) Ibid. ’ 1 La commune du Mans remet sur le bureau une boîte où sont renfermées 20 décorations de croix de Saint-Louis, et une caisse d’argenterie, pour échanger contre des assignats républicains. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (1). Suit l'adresse de la commune du Mans (2). « 10 frimaire, an II de la République, une et indivisible. « Citoyens, « Lorsque le canon de Granville tonnait sur les remparts et dispersait la horde fanatique de la Vendée, l’air en apportait le son jusque dans nos murs. L’aristocratie commençait à sourire, incertaine du succès; le fanatisme s’agi¬ tait, mais la masse pure des sans-culottes se réunit pour faire rentrer l’une et l’autre dans la nullité où l’élévation subite de l’esprit public les avait déjà plongés. « Une foule de citoyens se rendit dans la ci-devant église de Saint -Julien. Garnier de Saintes et Thirion leur parlèrent le langage simple et sublime de la raison ; chacun de nous, frappé des grandes vérités qu’ils développèrent à nos yeux se disait à lui-même et répétait à son voisin : Quoi, nous avons jusqu’à présent vécu sous la croûte des préjugés, et ce n’est que d’aujourd’hui que nous achevons de la briser ! Quel était donc le stupide enchantement qui nous fermait les yeux sur les formes hideuses du despotisme et les mensonges absurdes et dégoûtants des prêtres? Malheur à qui essayera de le prolonger ou de le reproduire ! Nous ne connaîtrons désormais d’autre dieu que la liberté, d’autre temple que celui de la vérité, d’autres fêtes que celles consacrées par la loi au repos du peuple, d’autre enfer que le remords du méchant et d’autre paradis que la conscience de l’homme de bien. Plus de prêtres, plus de charlatans, puisqu’il n’y aura plus de dupes. Les religions furent inventées par les oppres¬ seurs du genre humain, et il nous suffit des principes puisés dans la nature et la saine mo¬ rale pour nous rendre dignes de la liberté. « Citoyens, tel a été le rapide progrès de la raison dans une cité où le fanatisme et l’aris¬ tocratie furent en majorité pendant les trois premières années de la Révolution. La com¬ mune du Mans vous a déjà envoyé les premières de la spoliation (sic) de ses églises, et nous, nous vous apportons le résultat des dons qui furent faits dans le temple de la vérité. Nous osons vous assurer, citoyens, que de tous les sans-culottes qui y étaient entrés, pas un n’en est sorti chrétien. « Nous apportons en outre une caisse d’argen¬ terie que le département a remise, et vingt dé¬ corations militaires, déposées sur le bureau de la municipalité du Mans. « Guesdon; Timoléon Bazin. » (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 26, p. 266. D’autre part, voy. ci-dessus même séance, p. 381. une adresse de la commune du Mans pour annoncer l’envoi d’une caisse d’argenterie et de vingt décora¬ tions de l’ordre de Saint-Louis. (2) Archives nationales, carton G 285, dossier 830