705 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j 23�” e�bre 1793 PIECES ET DOCUMENTS NON MENTIONNÉS AU PROCES-VERBAL, MAIS QUI SE RAP¬ PORTENT OU QUI PARAISSENT SE RAP¬ PORTER A LA SEANCE DU 3 FRIMAIRE AN n (SAMEDI 23 NOVEMBRE 1793). I. Délibération de la Société populaire de la COMMUNE DE MONTGERON, DÉPARTEMENT DE Seine-et-Oise, PAR LAQUELLE IL EST ORDONNÉ A TOUT CITOYEN DE RESPECTER LES FORÊTS NATIONALES ET LES PROPRIÉTÉS PARTICULIÈRES (1). Suit la teneur de cette délibération d'après un document des Archives nationales (2). D’un procès-verbal dressé en la Société populaire de la commune de Montgeron, canton de Villeneuve-la-Montagne, district de Corbeil, département de Seine-et-Oise : Primidi de frimaire, deuxième année de la République une et indivisible, Il appert que pour éviter les spoliations et dilapidations dans les forêts nationales et propriétés particulières, tout citoyen qui y sera convaincu d’avoir violé toute espèce de pro¬ priété, sera expulsé du sein de la Société popu¬ laire. Comme aussi tout citoyen enjoindra à sa femme et à ses enfants, ce même respect pour les propriétés, et si l’un ou l’autre de ces femmes et enfants est convaincu d’avoir violé les propriétés, le mari ou le père de ces femme ou enfants sera privé pendant trois mois de l’en¬ trée en la Société populaire. Pour extrait conforme à V original : Deteure, maire et président; Michelin, vice-secrétaire. Compte rendu des Annales patriotiques et littéraires (3). Un membre de la Société populaire de Mont¬ geron annonce que cette Société ne reçoit per¬ sonne dans son sein qu’il n’ait juré de respecter les propriétés et les personnes. (Applaudi.) Les pétitionnaires sont admis aux honneurs de la séance. (1) La délibération de la commune de Montgeron n’est pas mentionnée au procès-verbal de la séance du 3 frimaire an II, mais elle est jointe aux autres pièces de la commune de Montgeron, que nous avons insérées au cours de cette séance. En outre, il y est fait allusion dans le compte rendu de la séance du 3 frimaire publié par les Annales patriotiques et littéraires. (2) Archives nationales, carton C 285, dossier 827. (3) Annales patriotiques et littéraires [n° 327 du 4 frimaire an II (dimanche 24 novembre 1793), p. 1514, col. 1]. lre SÉRIE, T. LXXIX. II. Lettre du citoyen Delcambe au repré¬ sentant DU PEUPLE MlLHAUD (1). Compte rendu du Bulletin de la Convention (2). Lettre du citoyen Delcambe, représentant du peuple (3), datée de Strasbourg le 29 brumaire, au citoyen MilJiaud (4), représentant du peuple. « Je t’ai promis des nouvelles; je vais t’en donner de bonnes. « Hier 28, nous avons attaqué l’ennemi sur tous les points à la fois. La canonnade a été vive de part et d’autre depuis quatre heures du matin jusqu’à cinq heures du soir. Notre armée s’est emparée de la redoute et du moulin d’Avantz-neau, et nous sommes à ce dernier endroit que nous laisserons bientôt, j’espère, derrière nous. Je présume que demain, si Pichegru va son train, nous serons à Wissembourg. Notre vic¬ toire sera complète si nous pouvons aller secou¬ rir et débarrasser Landau des vils esclaves qui rampent encore sous ses murs. Mais tu n’y étais pas cependant; et je l’ai dit hier hautement : c’est toi et tes collègues qui ont préparé les lau¬ riers que nous venons de cueillir par la vigueur de vos mesures révolutionnaires. « L’ennemi est tenu de près, il est presque cerné; il ne lui reste que le Rhin à boire ou à sauter. « Yoilà sa position. &J0 ri © © B Armée de Bitche Ennemi Armée de Saverne « Tu vois que nous ne pouvons le manquer et pour cette fois il dansera la Carmagnole. « La guillotine va toujours son train ici. Une vingtaine de bons Jacobins de différents départe¬ ments sont arrivés à Strasbourg pour achever de (1) La lettre du citoyen Delcambe n’est pas men¬ tionnée au procès-verbal; mais elle est insérée en entier dans le Bulletin de la séance du 3 frimaire an II et d’autre part il y est fait allusion dans les comptes rendus de cette séance publiés par les divers journaux de l’époque. (2) Bulletin de la Convention du 3e jour de la lre décade du 3e mois de l’an II (samedi 23 no¬ vembre 1793); Moniteur universel [n° 65 du 5 fri¬ maire an II (lundi 25 novembre 1793), p. 262, col. 2]; Journal des Débats et des Décrets (frimaire an II, n° 431, p. 38); Journal de la Montagne [n° 11 du 4e jour du 3e mois de l’an II (dimanche 24 no¬ vembre 1793), p. 85, col. 1]. (3) Le citoyen Delcambe était secrétaire des repré¬ sentants du peuple, commissaires à l’armée du Rhin. (4) D’apres les divers journaux de l’époque, c’est le représentant Milhaud qui a donné lecture de cette lettre à la Convention, 45 706 détruire les vieux préjugés des Strasbourgeois; déjà ils ont remplacé l’autel des prêtres de la cathédrale par l’autel de la patrie; ils vont aussi démuscadiner la Société populaire, et bien¬ tôt on dira : Strasbourg fut aristocrate. L’esprit public y change journellement (1). « Delcambe. » III. Adresse de la commune d’Orgeville, DÉPARTEMENT DE l’EüRE (2). Compte rendu du Bulletin de la Convention (3). La commune d’Orgeville, canton de Pacy, district d’Evreux, département de VEure, à la Conven¬ tion nationale. « Justice, nos bons législateurs, vous nous l’avez déjà rendue; j’ venons de voir dans le Bul-tin comme vous avez reçu not’pétition (4) des vérités que j’vous avons dites sur le compte d’not hipocrite d’curai Flichi; c’est trop d’hon¬ neur pour nous que d’faire mention honorable de c’que nous vous demandons; mais ça prouve qu’vous aimais la véritai toute crue et toute franche : eh ben ! j’ allons encore vous la dire. Vous ne croyais pas que cte vilaine bête dont j’vous avons parlé, trouve des protecteurs; et dans qui? dans un président du comité d’E-vreux. Y’ià-t-il pas que le président s’donne des airs d’écrire à not comité mai dam ! sur un ton... Vraiment, c’monsieur-là prend des petits airs de despote; j’avons, ma foy, cru d’a¬ bord que le roy Buzot étoit ressuscitai, car il nous parle comm’ les roys parloient à leux escla¬ ves. Il est bon de vou dire qu’j 'avons itott un comitai d’ surveillance qui va remouver les aris¬ tocrates, les fédéralistes, et tous les animaux de ce poil la, dam faut voir. Vla-t-il pas que ct’animal de Flichi a eu peur que juli serrions les pouces; il a été trouvai et Haltot qui é’dit président du comité du département de 'Eure; il y a assurément fait cent menteries sur not commune, et pis monseigneur Hultot nous écrit que j’sommes ben ardis d’avoir fait un comité sans sa permission, et que j’ne nous avisions pas de faire arrêter personne sans y en demander avis. Nota, que not commune est à trois lieues et demie d’Evreux:et que j’navons rien à deme-ler avec celle d’Evreux; es que ça s’rait encore comme par le passai, que les gros mangions les petits ? et que j’avons pas les mêmes droits tretous? es que j’avons contrôlai M. Hultot dans;;ses opérations? le bon guieu sai comment. Et pourquoi ce(M. Hultot s’donne les airs d’nous menacer comme si nous étions de la canaille? Ah ! mais dam, j’vous disons franchement que la moutarde nous monte au nez, et qu’il faut (1) D’après le Journal de Perlet [n° 428 du 4 fri-_ maire an II (dimanche 24 novembre 1793), p. 434), la lecture de cette lettre fut accueillie par de vifs applaudissements. (2) L’adresse de la commune d’Orgeville n’est pas mentionnée au procès-verbal de la séance du 3 fri¬ maire 'an II; mais elle est insérée en entier dans le Bulletin de cette séance. (3) Second supplément au Bulletin de la Conven¬ tion du 3 frimaire an II (samedi 23 novembre 1793). (4) Voy. ci-dessus, séance du 23 brumaire an II, p. 127, la pétition de la commune d’Orgeviile. ( 3 frimaire an 11 ( 23 novembre 1793 que ça finisse : j’somme d’bons San-culottes campagnards, mais, entendai-vous, j’avons nos comité suivant la loi, j’en voulons jouir, et n’entendons pas qu’ Hultot met son nai dans nos affaires. On dit com’ ça qu’c’Flichy, not ei-de-vant curai, est son parent; eh ben ! il est diable¬ ment encanayai; j’fi en faisons not compliment; mais in’faut pas moins qu’il déloge de cheux nous, ou on h ficheroit le tour. Quand il sera sorti d’sa tannière, j’somme ben d’avis, pour la purifier, d’an faire not maison commune, comité d’ surveillance et assemblée populaire; j’I’avons bâtie d’nos degniers, c’est ben juste que j’en jouissions; j’croyons ben que vous n’nous refu¬ serais pas ça. C’est-pourquoi qu’j’vous l’deman-dons. Aguieu, bons législateurs ; Guieu confonde vos ainnemis, qui sont les nôtres. Dites, j’vous prions, à M. Hultot, président du comité d’E¬ vreux, qu’il ait la bontai d’nous laisser les maîtres cheux nous et de n’pas s’déclarer l’pro-tecteur dais coquins et dais hypocrites. J’vous demandons VBultin, com’vous l’en¬ voyez aux autres assemblées populaires : adressé au comité d’ surveillance d’là commeune d’Orgeville, par Pacy-sur-Eure. » IV. Le citoyen Cazalis, ancien curé, sollicite UN EMPLOI DADS UN DES BUREAUX DE LA CON¬ VENTION (1). Suit le texte de la pétition du citoyen Cazalis» d’après u/n document des Archives nationales (2). « Citoyens représentants, « Rester tranquille et tout à fait passif avec un traitement ou pension alimentaire, cela n’est guère possible à un homme qui a été élevé au travail, et à qui il faut une vie active. La Convention a accueilli mon offrande (lorsque j’ai remis mes lettres de prêtrise le 15 de bru¬ maire) j’ai été le premier, seul et de mon propre mouvement, sans autre motif que le dégoût d’un état devenu si odieux, et l’envie de me rendre utile. « Je sais passablement écrire, et j’aime le travail, si vous trouvez bon de m’employer dans quelqu’un de vos bureaux, je tâcherai de ne pas démériter de votre bienveillance. « Curé depuis vingt ans, je n’ai point fait le métier de prêtre; philosophe ami de l’huma¬ nité, j’aimais mon état, parce qu’il m’attachait au sort du malheureux, et je me plaisais à prêcher les bonnes mœurs. « Je n’ai point vicarié ni traîné dans la crasse des séminaires, j’ai eu une éducation un peu plus fibre parmi les Génovéfains, et, après avoir professé la rhétorique, la philosophie et la théo¬ logie pendant dix ans, j’ai été fait supérieur d’une maison où je me suis trouvé en même temps curé. « J’ai embrassé la Révolution avec enthou¬ siasme, aussi ai-je été persécuté, La munici-(I) La pétition du citoyen Cazalis n’est pas men¬ tionnée au procès-verbal de la séance du 3 frimaire an II; mais en marge de l’original, qui existe aux Archives nationales, on lit l’indication suivante r « Renvoyé au comité de législation, le 3 frimaire, l’an II de la République française. Roger Ducos, secrétaire. » (2) Archives nationales , carton Dm 243, dossier C. -s [Convention nationale.] AHCIJIVES PARLEMENTAIRES-