662 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j ro" „ du peuple composant le comité de Salut public (1). PÉTITION DE L’EXÉCUTEUR DES JUGEMENTS criminels du Calvados (1). Compte rendu des Annales patriotiques et littéraires (2). L’exécuteur des jugements criminels du� Cal¬ vados expose que son traitement de 2.400 livres ne peut lui suffire, attendu qu’il est obligé d’en¬ tretenir trois chevaux pour le transport de l’ins¬ trument de supplice dans les diverses villes du département. Il demande, en outre, que son nom d’exécuteur soit changé en celui d’ officier minis¬ tériel du tribunal. Renvoyé au comité des finances. XI. Adresse de la commune de Bordeaux (3). Compte rendu du Journal de la Montagne (4). La commune de Bordeaux annonce que la présence des représentants a doublé, triplé les forces du petit nombre de vertueux républicains que la perfidie et les mensonges des millionnaires n’avaient pu séduire. Ils ont comprimé l’audace effrénée des factieux. Le glaive de la loi a déjà frappé la tête de plusieurs coupables; d’autres sont allés porter chez les nations étrangères leur opprobre et leurs remords. La jeunesse bordelaise, qui fut un instant égarée, s’est formée en nombreux bataillons et s’élance sur les frontières. ainexe m° t A la séance de la Convention nationale du fl 9 brumaire an II. (Samedi O novembre 1999). Lettres adressées à la Convention par les Commissaires à l’année du Rhin au sujet de la prise des lignes de Wissem-bonrg par l’ennemi (5). A. Milhaud et Guyardin, représentants du peuple près Varmée du Èhin, aux représentants (1) La pétition de l’exécuteur des jugements cri¬ minels du Calvados n’est pas mentionnée au procès-verbal de la séance du 19 brumaire an II. L’extrait que nous en donnons est emprunté au compte rendu des Annales patriotiques et littéraires. (2) Annales patriotiques et littéraires [n° 313 du 20 brumaire an II (dimanche 10 novembre 1795) p. 1453, col. 2]. (3) L’adresse de la commune de Bordeaux n’est pas mentionnée au procès-verbal de la séance du 19 brumaire an II; l’extrait que nous en donnons est emprunté au compte rendu de cette séance publié par le Journal de la Montagne. (4) Journal de la Montagne (jn° 162 du 21e jour du 2® mois de l’an II (lundi 11 novembre 1793), p. 1195, col. 1]. " (5) Voy. ci-dessus, même séance, p. 627, la lettre de Milhaud et Guyardin. « Strasbourg le 5e jour de la 3e décade du 1er mois de l’an II de la République française une et indivisible. « Le modérantisme, le feuillantisme et l’aris¬ tocratie ont corrompu l’esprit public à Stras¬ bourg comme dans les autres grandes villes. L’égoïsme et la cupidité y ont établi un agiotage honteux et révoltant En vain vous avions voulu y faire exécuter les lois répressives, nos arrêtés les plus vigoureux et les plus salutaires étaient toujours entravés; l’avarice et l’aristocratie triomphaient, parce que dans les autorités cons¬ tituées un trop grand nombre d’ennemis de la Révolution rendaient nuis les efforts des patrio¬ tes. Nous nous sommes fait donner la liste de ces malveillants, nous les avons destitués et rem¬ placés. Nous' avons établi un comité de sur¬ veillance générale chargé de l’ exécution des lois contre les gens suspects. Vous trouverez ci-joints des exemplaires de nos arrêtés à ce sujet. Nous les avons proclamés nous-mêmes avec solennité dans une séance publique de toutes les autorités. Cet acte de justice a couvert de con¬ fusion et a frappé de terreur les mauvais citoyens, mais les amis de la liberté y ont applaudi, et cette séance a été une fête civique ou triomphe du patriotisme sur l’aristocratie. « Nous avions demandé de nouvelles listes d’autres fonctionnaires que les patriotes accu¬ sent également d’incivisme; nous voulions pur¬ ger ainsi successivement la ville et le départe¬ ment de ces hommes qui, après avoir trompé le peuple par hypocrisie, sacrifient ses intérêts à leurs passions, mais des circonstances plus pres¬ santes nous ont fait prendre des mesures plus vigoureuses. « Les lignes de Wissembourg ont été forcées, l’ennemi cherche à pénétrer, et Strasbourg doit lui opposer une barrière insurmontable. « Aussitôt que nous avons été certains de l’échec que l’armée venait d’éprouver, nous avons réuni les autorités constituées avec les¬ quelles nous avons pris les moyens d’assurer le plus promptement la défense de cette place. « Les subsistances sont le premier besoin ; on a nommé un comité chargé d’augmenter les moyens de versement de celles qui ont été re¬ quises des départements, et de faire enlever tou¬ tes celles qui existent en superflu de consom¬ mation personnelle dans les environs. Déjà les grains et fourrages arrivent, et nous sommes assurés que toutes les routes sont couvertes des envois, et pourvu que l’ennemi, qui est déjà dans la forêt d’Haguenau, ne repousse pas trop précipitamment notre armée, et nous donne le temps de faire rentrer toutes les den¬ rées qui sont autour de Strasbourg, nous es¬ pérons que l’approvisionnement de siège sera complet. « Des commissaires ont été chargés de faire des visites chez tous les citoyens de la ville, afin de constater les comestibles qu’ils ont chez (1) Archives nationales, carton AFn 150, pla¬ quette 1211, pièce 46. Aulard i Recueil des actes et de la correspondance du comité de Salut public, t. 7, p. 454. [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. «brumaire an il 663 J 19 novembre 1793 eux. Ce recensement avance et promet un ré¬ sultat avantageux. « Les mêmes mesures s’exécutent pour faire amener tout le bois façonné qui se trouve dans les forêts et chantiers voisins, et 1,200 ouvriers sont requis pour abattre un bois qui facilite¬ rait à l’ennemi l’approche de la place. « Après avoir pourvu à l’approvisionnement, nous nous sommes occupés de diminuer le nom¬ bre des consommateurs : il a été arrêté que l’on ferait sortir de la ville le plus grand nombre possible de bouches inutiles, en commen¬ çant par les personnes dont la présence pourrait être dangereuse. Déjà les gens suspects qui étaient en état d’arrestation sont en route pour Besançon, quelques centaines d’autres de la même classe vont être également transférés, et ceux dont les opinions sont au moins équivo¬ ques ont ordre de partir dans les vingt -quatre heures. « Nous avons engagé les bons citoyens à ren¬ voyer dans l’intérieur leurs femmes, leurs en¬ fants et les vieillards, quelques-uns ont déjà donné l’exemple, nous comptons qu’il sera imité. Nous avons promis des secours provisoires pour le voyage des familles pauvres qui s’éloigneront, et outre les soins que les frères de l’intérieur leur prodigueront sans doute, nous avons assuré que la Convention chargerait le ministre de l’intérieur de pourvoir à tous leurs besoins. Si l’on ne se prête pas volontiers à ces mesures et que l’ennemi approche, nous emploierons la force pour les exécuter contre les gens qui s’opiniâtreraient à surcharger la ville d’une pré¬ sence inutile et parasite. Nous ne voulons garder que les hommes résolus de s’ensevelir dans la place plutôt que de jamais se rendre aux tigres de la Germanie. « Nous nous occupons des approvisionne¬ ments et munitions de guerre, et malgré nos efforts nous n’obtenons rien. Il y a trois se¬ maines que nous avons demandé à nos collègues, à Besançon, de nous envoyer toutes celles qu’ils pourraient tirer de cette ville de la pou¬ drière d’Arcier et d’Auxonne, et quelques mil¬ liers d’obus de 8 pouces. Nous avons réitéré cette demande, et nous sommes sans réponse. Nous vous en avons écrit, Mallarmé et Lacoste ont dû vous faire connaître nos besoins, et Hérault nous a indiqué seulement de tâcher d’en acheter dans le voisinage du Rhin. Nous avons envoyé une personne de confiance traiter cette affaire, mais qu’ obtiendra -t - elle ? Et pour quelle époque? « Le commandant de la place a écrit plusieurs fois au ministre à cet égard, et seulement depuis 4 jours il y a réponse qui porte que l’on en en¬ verra, qu’elle ne manquera pas. Cela ne remplit nullement le magasin, et le temps est très pressant. « Enfin, il y a deux jours, nous avons requis le directeur de la manufacture de Colmar et le garde magasin de Belfort de nous faire verser ce qu’ils auraient, nous avons envoyé des com¬ missaires pour presser le versement par tous les moyens possibles. D’autres sont allés à Be¬ sançon pour le même objet, mais nous ignorons quel sera le résultat de ces mesures. « Faites donc, chers collègues, tout ce qui dé¬ pendra de vous pour venir à notre secours, car sans poudre nous ne pourrons faire jouer les bouches à feu dont la place est garnie, et nous n’aurions bientôt que la force de l’inertie et de la constance à opposer aux batteries ennemies. « Maintenant, nous devons attirer vos regards sur l’état de l’armée ‘qui est en présence de l’ennemi. Elle s’est retirée en désordre et ce n’est qu’avec peine qu’on a rallié plusieurs batail¬ lons. Cependant elle a pris une position aux lignes de La Motre, en avant d’Haguenau. Nous nous y sommes transportés hier pour conférer avec nos collègues et le général en chef. « Ces lignes ne sont pas en état et il est très douteux qu’on puisse les garder. On a avisé à celles que l’on prendra plus avantageusement, si l’on est obligé de rétrograder; mais l’armée est faible, et il faudra en détacher au moins dix bataillons pour les jeter dans Strasbourg. L’ar¬ mée de la Moselle en a fait passer six dans les gorges qui y seront utilement emplacés. A la faiblesse de l’armée, se joint un esprit de mé¬ fiance qui a beaucoup contribué au désastre du 13. Nous sommes en disette de généraux et les partisans de ceux qui ont été destitués ont cherché à dénigrer ceux qui les remplacent. La malveillance a travaillé plusieurs corps, et lorsque nous sommes arrivés hier à Haguenau, on venait d’avoir une fausse alarme donnée par un chasseur qui, en rentrant à toute bride dans la; ville, criait que l’ennemi le suivait et était à la porte. Il a été arrêté, on doit l’avoir jugé et exécuté aujourd’hui. « Nos collègues doivent vous avoir exposé cet état en vous demandant des renforts. Nous nous joignons à eux et vous prions instamment d’envoyer des forces; nous pensons qu’il peut en venir de l’armée qui a réduit les rebelles de Lyon ; faites donner des ordres par le ministre et qu’il ne perde pas une minute. Envoyez -nous une armée révolutionnaire. La levée des deux classes des départements qui nous environnent ne produirait pas assez, il faut que le torrent parte de l’intérieur, que le noyau s’élance de Paris, il se grossira dans sa course et entraînera tous les bons citoyens et un grand nombre de ceux qui sont bien disposés, mais qui ont besoin d’être mis en mouvement. Nous pressons l’arrivée des bataillons qui nous sont promis de Besançon; mais nous ignorons s’ils sont armés. Nous avons aussi chargé de faire les achats de fusils que vous nous avez indiqués comme pos¬ sibles, nous espérons que l’on pourra se les procurer. « Nous vous instruirons chaque jour de ce qu’il y aura de nouveau, nous comptons que vous ne négligerez rien pour la défense impor¬ tante de la place dans laquelle nous périrons plutôt que de la remettre entre les mains des tyrans. Des généraux, de la poudre à Strasbourg et des fusils aux troupes et des cavaliers bien mon¬ tés, armés et équipés, et la République est sau¬ vée. « Salut et fraternité. « GrTJYARDIN; J. -B. MlLHAUD. « Nous vous envoyons l’imprimé des procès-verbaux des séances extraordinaires que nous tenons tous les jours avec toutes les nouvelles autorités constituées et en présence du peu¬ ple (1). » (1) Cette pièce n’était pas jointe à cette lettre,