438 [Assemblée nationale.] Que la liberté soit notre général , La licence notre ennemi, Le bien public notre devise (1) et notre récompense. « C’est dans ces sentiments que nous avons prêté le serment que nous devions à la Patrie, que nous devions à vos décrets : « Hommes, nous les chérissons ; « Citoyens, nous y obéirons ; « Soldais, nous les maintiendrons. « Les commissaires à la rédaction ; « Signé : Aubry, Defer, Lire, Mesnil, Bray, Bertin, Tarlin, Sergent, Co-debec, Collet, P. Leclerc, Nayel. » Argenleuil, département de Seine-et-Oise, le 18 juillet 1791. M. Chevalier. On ne saurait donner trop d’éloges au patriotisme des habitants d’Argenteuil. La garde nationale de cette commune, craignant que la garde nationale de Paris soit fatiguée dans les circonstances présentes, 300 hommes s’offrent à venir à Paris pour soulager leurs frères d’armes. ( Applaudissements .) Les habitants de la campagne commencent à se ressentir des bienfaits de la Constitution. Rien n’est plus ardent que leur patriotisme. A Argenteuil la municipalité a été obligée d’arrêter l’effervescence de la jeunesse. Il n’aurait pas resté de bras pour les récoltes; tous voulaient pariir pour la frontière. Hier on a commencé des prières publiques dans tous les cantons pour l’achèvement de la Constitution, pour la tranquillité publique et la conservation des bons citoyens. Les femmes vont dans l’Eglise, les hommes vont dans les champs, et les jeunes gens montent la garde. (Vifs applaudissements.) (L’Assemblée ordonne l’insertion de l’adresse de la commune d’Argenteuil dans le procès-verbal.) Un membre fait lecture d’une adresse des administrateurs composant le directoire du département de la Seine-Inférieure : « Le décret que l’Assamblée nationale vient de rendre sur l’importante question de savoir si le roi devait être mis en cause, vous acquiert des droits éternels à l’admiration de l’Europe entière et à la reconnaissance de la nation ; votre courage a sauvé la nation, votre courage a sauvé la France. « Un décret contraire eût fait triompher les ennemis de la patrie, parce qu’il eût ébranlé les bases de la Constitution, parce qu’il eût mis l’Assemblée nationale en contradiction avec elle-même, parce qu’il eût entraîné à sa suite les mouvements de l’Europe entière, toutes les horreurs d’une guerre intestine, et la plus affreuse anarchie. « Que le roi ait eu des torts réels et graves fallait-il que la nation les rachetât de ses larmes et de son sang? C’est la nation que vous représentez ; c’est son intéiêt, son seul intérêt que vous avez dû fixer; c’est pour elle que l’inviolabilité a été établie, tant que le roi n’est pas tombé dans la déchéance, et ta déchéance n’était pas encourue par le fait, puisqu’il eût fallu créer une loi pour la prononcer. (1) La devise du drapeau d’Argenteuil porte un œil rayonnant d’argent, avec celte légende : Ouvert au bien public. Il9 juillet 1791.] « Vous avez su faire la Constitution et il faut qu’elle soit immortelle comme votre gloire. Vous venez de la consolider pour jamais. Malgré les factieux, malgré leurs funestes desseins, votre sagesse a su planer sur leurs têtes exaltées, et elle a prouvé que ce ne sera jamais que dans le sein de l’Assemblée nationale que les Français trouveront leurs véritables amis. » « Nous sommes, etc. « Signé : Les administrateurs composant le directoire du département de la Seine-Inférieure. » (L’Assemblée décrète l’impression de cette adresse.) M. Drouhin, citoyen de la section du Théâtre-Français , offre à l’Assemblée une gravure du portrait de Voltaire, qu’elle accueille avec grand intérêt. M. llillin fait hommage de la 8e livraison des antiquités nationales, que l’Assemblée reçoit avec satisfaction. Une députation de la commune de Château-Thierry est admise à la barre. L'orateur de la députation s’exprime ainsi : « Messieurs, « La construction d’un pont et le changement du lit de la rivière de Marne ont laissé dans le sein de. la ville de Château-Thierry trois mares pestilentielles. « Il y a 20 ans et plus qu’elle en sollicite le comblement. « Pendant l’année entière, et surtout dans les grandes chaleurs, un air putride et méphitique s’exhale sans cesse du foyer de ces mares ; et de là, les effets de cet agent destructeur se font sentir fort loin à la ronde; ce qui entretient au milieu des habitants un germe de contagion et de mort. <; Dès 1781, le ministre (M. Amelot) envoya à Château-Thierry deux députés de la société royale de médecine, pour constater le danger de ces mares. « Il fut démontré, par leur rapport imprimé et lu dans la séance tenue au Louvre le 31 août 1782, qu’il était important, très important pour la santé des habitants, de combler incessamment ces mares. « Alors le ministre promit tout; ceux qui lui succédèrent promirent davantage encore; et cependant la ville de Château-Thierry réclama toujours et n’obtint jamais rien. « Deux particuliers avaient acheté ces mares à vil prix de seigneurs qui n’avaient pas le droit de les vendre, puisque, provenant du lit d’une rivière navigable, elles appartenaient au roi, suivant la jurisprudence d’alors. Ces particuliers étaient riches ; eux et les vendeurs avaient trouvé le secret d’étouffer les plaintes de la ville. « Vint enfin la Révolution, et, avec elle, la Constitution, sur laquelle va reposer désormais le bonheur de cet Empire. « Représentants d’un peuple libre, cette Constitution est votre ouvrage : pressez-vous de l’achever, de le perfectionner, et voyez vos noms immortels passer à la postérité. <« La ville de Château-Thierry profita de la loi du 5 janvier 1791, relative au dessèchement des marais, pour renouveler ses démarches; elle fut ARCHIVES PARLEMENTAIRES.