304 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE glorieux travaux et la conjurent de rester à son poste jusqu’à ce qu’elle ait fait dispa-roître tous les ennemis de la République, et consolidé la souveraineté et le bonheur du peuple français. La Convention nationale décrète la mention honorable et l’insertion au bulletin de toutes ces adresses (1). a [L’adminn du distr. de Pons (2) à la Conv.; Pons, 23 therm. II] (3) Liberté, égalité, ou la mort ! Citoyens représentans, Il n’est plus, le monstre qui voulait, sur les débris de la République, exercer sa tirannie; celui qui, pour assouvir sa criminelle ambition, se serait fait un escalier des cadavres sanglans de tous les patriotes pour monter sur le trône qu’il s’était préparé. Vous étiés les premières victimes qu’il voulait sacrifier; mais, forts de la puissance du peuple, vous avés précipité ce nouveau tiran dans le néant, ainsi que ses acolytes. Continuez, dignes représentans, votre honorable et pénible carrière; n’abandonnés le gouvernement que lorsque vous aurés détruit les factions et les ambitieux, que vous aurés fait disparaître de la surface du globe tous les despotes et assuré le bonheur de l’univers. Geoffroy, Drouet, Pelligneau fils ( présid .), F. Bascle, Barthélémy ( agent nat.), P.L. Ja-GAULT (pour le secrét. gaI). b [Les membres du tribunal du distr. de Saint-Mihiel (4), à la Conv.; s.d. ] (5) Citoyens représentans, Les ténébreux efforts des conjurés n’ont pu échapper à votre œil perçant et toujours inquiet. Leurs cruautés, leurs menaces n’ont pu comprimer plus longtemps dans l’âme des Français le sentiment de la liberté : ils ont porté sur l’échaffaud leur tête coupable. Il nous reste donc encor une patrie. Vous qui l’avez sauvée du plus grand danger qu’elle ait peut-être courru, comptez sur tous les Français lorsqu’il s’agira d’abbatre un jaloux cruel, un ambitieux hipocrite, enfin un tyran. Les membres du tribunal : Vallée, Mouru, Marquis, Lescan. (1) P.V., XLIV, 23-24. (2) Charente-Inférieure. (3) C 319, pl. 1300, p. 14. Mentionné par Bm, 4 fruct. (Ier suppr). (4) Meuse. (51 C 319, pl. 1300, p. 15. Mentionné par 5”, 4 fruct. (Ier suppl k). C [Le conseil gal de la comm. de Saint-Mihiel à la Conv.; Saint-Mihiel, 23 therm. II] (1) Citoyens représentans, Le conseil général de la commune de Saint-Mihiel a frémi d’horreur et d’indignation en apprenant la conjuration que vous venez de découvrir et de punir, plus horrible mille fois qu’aucune de celles qui jusqu’à présent ait mis la liberté en danger. Que nous avons regrété de n’avoir pu, comme les bons citoyens des sections de Paris, vous faire un rempart de nos corps ! Quoi, tous nos sacrifices n’auroient abouti qu’à nous enchener aux pieds de trois abominables scélérats ! Ah ! Qu’ils connoissoient mal le peuple français, qu’ils connoissoient mal ses fidels et courageux mendataires, pour avoir conçu le fol espoir de nous donner de nouvelles chaînes ! Non, nous serons libres, vous nous avez garanti la République comme nous la voulons, populaire, une et indivisible, et la Convention sera toujours notre seul et unique point de raliment. Les membres composant le conseil général : Brioux (maire), Dufour (agent nat.), Petitjean (off. municipal) et 26 autres signatures. d [Le c. révol. de surv. du distr. de Tarbes (2), à la Conv.; Tarbes, 21 therm. II] (3) Héros représentants, Vous avés vengé et sauvé le peuple dans la nuit du 9 au 10 thermidor; vous l’avés vengé en purgeant la terre des trois monstres qui assas-sinoient la patrie, sapoient lees plus solides appuys de l’égalité et de la liberté, vouloient monter sur un thrône d’une nouvelle espèce dont les cadavres sanglants des patriotes dévoient servir de marchepied. Vous avés sauvé le peuple, car, un jour plus tard, les monstres triumvirs assouvissoient leur soif de la tiranie dans le sang de 60 000 patriotes, organisoient ainsi la terreur dont eux et leurs complices secouoient depuis longtems les torches funèbres dans touttes les parties de la République, principalement dans celles où les patriottes énergiques étoient plus forts et en plus grand nombre. Oui, législateurs, depuis longtems le cri funéraire de l’oiseau de la mort retentissoit à nos oreilles; on ne parloit autour de nous, en nous les appliquant, que de Conciergerie, de tribunal révolutionnaire, de guillotine, comme si ces mots et ces choses, inventées pour la destruction des ennemis du peuple, dévoient être tournés contre des hommes impassibles dans l’exécution des lois, désintéressés dans l’exercice de leurs fonctions, ne respirant et n’agissant pour le peuple que pour lui-même, et (1) C 319, pl. 1300, p. 16. Mentionné par B 4 fruct. (Ief suppl1). (2) Hautes-Pyrénées. (3) C 319, pl. 1300, p. 17. Mentionné par Bin, 4 fruct. (Ief suppl k). SÉANCE DU 3 FRUCTIDOR AN II (20 AOÛT 1794) - N° 1 305 non pour servir tel ou tel personnage, telle ou telle passion, ou tel ou tel parti. Grâces vous soit rendu, héros représentants, car les amis sincères de la cause sacrée du peuple ne craignent plus en s’abandonnant au sommeil de se voir arracher au milieu des ténèbres de la nuit, des bras de leurs femmes et de leurs enfans, par quelque ordre arbitraire vomi par la vengeance ou par la sombre inquiétude de quelqu’un de ces triumvirs qui souil-loient le temple des loix où ils avilissoient la vertu dont les expressions touchantes étoient sur leurs lèvres impures tandis que le crime rongeoit leur cœurs. Héros représentants, une trame si profonde ourdie depuis longtems qui a fait périr tant d’innocents peut-être, dont le sang a été mellé avec celui des ennemis du peuple; d’un projet qui, non exécuté encore, faisoit déjà frémir par ses approches les plus purs patriotes sur leurs destinées, il est impossible que cette trame n’ayt jetté des racines étendues dont vous découvrirés la trace. Votre sagesse, votre énergie, votre patience, le génie de l’Etre suprême qui veille sur le peuple et qui dirige vos actions, l’amour de ce même peuple dont vos cœurs sont embrasés vous feront découvrir des grands complices des tirans. Frappés, législateurs, frappés ! Le moindre rejetton de la tirannie suffit pour faire renaître des nouvelles allarmes et exciter des nouveaux troubles. Frappés avec assurance ! Les valeureux Parisiens sont là, qui veille sur vous. Nous sommes tranquilles ainsi qu’eux. Nous jurons de périr jusqu’au dernier pour l’égalité, pour la liberté, ainsi que nos frères de Paris. Nos cœurs seront déchirés en lambeaux avant qu’il soit porté atteinte à la Convention nationalle qui a toujours eu notre confiance, dont l’idée seule nous soutenoit dans l’exercice de nos fonctions au milieu des allarmes dont on nous environoient. Gloire à l’Etre suprême ! Gloire au peuple ! Vive la Convention nationalle, vive la Montagne ! Périssent tous les tirans et tous les traîtres ! Robert ( présid .), L. Bordes père, Chaussade fils ( secrét .), Bruno, Cardeilhac, Gabarra, Coriandre Bernard. e [Les adminn du directoire du district du Coiron, séant à Aubenas (1), à la Conv.; s.d. ] (2) Citoyens représentans, Jamais votre sublime et énergique courage ne vous a suggéré des mesures plus promptes, plus vigoureuses, plus sages pour abbattre un tyran, au moment où il rassembloit ses infâmes satellites pour égorger la Convention nationale et perdre la patrie. Notre reconnoissance n’a pas d’expressions pour se démontrer, celle des vrais citoyens de ce district est sans bornes. Fidelles à nos sermens, nous seconderons vos (1) Ardèche. (2) C 319, pl. 1300, p. 18. Mentionné par B™, 4 fruct. (Ier suppl ). efforts pour déblayer cette partie de la République des souillures que la tyrannie nouvelle y a laissées. Le voile du patriotisme et de la vertu sous lequel s’étoient cachés un tyran et ses horribles créatures est tombé; leur spectre odieux est repoussé de toutes parts. Qu’ils aillent rejoindre le tyran, tous ces vils individus, ces intriguants, ces hommes immoraux, ces sangsues du peuple, masques changeants suivant les circonstances, coalisés avec le tyran et désignant déjà leurs victimes. Les représentans du peuple envoyés dans le département de l’Ardèche qui ont mis à l’ordre du jour la justice et la vertu dans ce district connoissent leur immoralité profonde et leur scélératesse qui les rendoient les dignes suppôts du tyran. Vive la République ! Vive la Convention nationale, périssent les tyrans ! Tremole, Embry, Flaugergues J., Cornuscle (présid.), Mestre (secrét.). f [La société populaire de Séverac, département de l’Aveyron, félicite la Convention nationale sur ses glorieux travaux, l’assure de son dévouement, l’invite à rester à son poste jusqu’à l’entière destruction des tyrans et de leurs satellites, et lui annonce qu’elle a monté un jeune cavalier patriote qui s’est offert de lui-même pour la défense de la patrie, et qui, à l’exemple des soldats romains, a juré de revenir vainqueur; qu’elle a en outre fait don de 9 chemises, 23 paires de bas, 9 paires de souliers qui ont été remis à son district; que les métaux de cloches, argenterie, cuivre et plomb des églises sont déjà parvenus à leur destination (1)]. g [La sté montagnarde dAramon (2), à la Conu.; quintidi mess. II] (3) Représentants d’un peuple libre, Que vos opérations sont sublimes ! Elles sont dignes d’admiration et de la reconnaissance la plus entière. Votre décret sur la notion de l’Etre suprême et l’immortalité de l’âme a terrassé les aristocrates, détruit les égoïstes, fait pâlir les tyrans coalisés et leurs vils satellites. Soyés donc à jamais loués, inébranlables Montagnards; soyés loués à jamais, infatigables membres du comité de salut public ! Que l’Etre suprême qui a arrêté le fer assassin sur vos personnes, veille sans cesse sur votre conservation, et alors la République n’aura plus d’ennemis à combattre dans son sein; alors que ces infâmes qui ont osé ourdir jusques sous vos yeux leur abominable complot en se préparant avec les poignards d’une nouvelle Corday et d’un autre Pâris pour détruire Robespierre et Collot d’Herbois, verront leur conspiration anéantie. (1) B‘n, 7 fruct. (suppl1). (2) District de Beaucaire, Gard. (3) C 318, pl. 1291, p. 12. B‘n, 6 fruct. (suppl l). 20