SÉANCE DU 18 THERMIDOR AN II (5 AOÛT 1794) - Nos 53-54 225 plices; il n’avoit qu’une tête pour expier ses forfaits; nous avons des milliers de cœurs pour vous aimer. Nous sommes transportés en pensant au salut de la Patrie; nous frémissons en nous pénétrant du danger que vous avez couru... le crime avoit frappé l’airain; l’erreur pour un instant avoit fait obéir aux crimes; vous étiez à la bouche des canons; le sort de la France vassilloit (sic) entre vos vertus et la scélératesse de nos ennemis... Des tyrans ou des frères, des amis ou des bourreaux... Telle étoit notre alternative, et la providence a lancé sa foudre sur les tyrans et les bourreaux... Oh ! nous sentons bien vivement que c’est vous qui nous restez; la crainte de l’injustice nous rongeoit; la confiance de la fraternité nous fait jouir de notre propre existance. La probité redoutoit Robespierre; le crime vous craint, tout ce qui est pur vous chérit. Citoyens représentans, vous avez été en péril, mais vous avez un azile dans tous les cœurs. Vous avez un ami, un défenseur dans chaque canton, et vous avez obtenu ce beau triomphe qui ne fut jamais celui de la terreur, mais qui est le prix de la vertu. La République entière vous offrira de toute part des félicitations sincères, et toujours vous pourrez compter sur le dévouement, le courage et le républicanisme de tous les Français qui vous doivent la victoire et la liberté. Vive la République une et indivisible ! Vive la Convention nationale. Gambey (administrateur du distr.), Hébert (secret.), Fleury (ve -secrét.), Lasseret (agent nat. près le distr.), Le. Jeune (administrateur du distr.), L. François (commre des guerres) [et plus de 170 signatures]. Mention honorable, insertion au bulletin (1). 53 [La sté républicaine et révolutionnaire de Joi-gny (2) à la Conv.; Joigny, 14 therm. 77] (3) Représentans du peuple, La liberté publique, attaquée par d’infâmes conspirateurs, vient d’échapper au nouveau danger qui la menaçait. Votre courageuse énergie a anéanti les traîtres, d’autant plus coupables qu’ils avaient été longtems la terreur des ennemis de la Révolution, qu’ils avaient su captiver la confiance des amis de la patrie. Nous avons frémi d’indignation en apprenant les projets des ambitieux triumvirs qui voulaient asseoir leur tyrannie sur la ruine du gouvernement révolutionnaire. Mais le peuple français n’a pas conquis sa liberté pour se laisser dominer par un nouveau tyran. (1) Mention marginale du 18 therm. II, signée LE VASSEUR de la Meurthe. Autre mention : DU BOIS DU BAIS recommande cette adresse pour la faire insérer au bulletin. (2) Yonne. (3) C 315, pl. 1 261, p. 12. Mentionné par Bm, 26 therm. (2e suppl1); J. Fr., n° 680. Périsse tout ambitieux qui voudra dominer sa patrie ! Heureuses les sections de Paris d’avoir pu les premières donner l’exemple de la réunion à la Convention nationale et au centre du gouvernement : elles ont bien mérité de la République entière, en prévenant nos vœux les plus chers. Représentans, vous allez vous occuper de réparer les injustices que la faction avait fait commettre pour parvenir à son but. Quelques patriotes gémissent dans les fers; vous ne souffrirez pas qu’ils soient plus longtems confondus avec les ennemis de la révolution : justice doit leur être rendue. C’est dans le sein des sociétés populaires que vous pourrez obtenir les renseignemens qui vous feront connaître le patriotisme opprimé. Nous savons que dans ce moment l’aristocratie relève ses coupables espérances, mais son espoir ne sera pas de longue durée. Pour assurer le triomphe de la République, pour fixer la victoire au milieu de nos armées, il faut que le gouvernement révolutionnaire, sévère mais juste, soit maintenu dans toute son énergie, que les ennemis de la révolution continuent de trembler, que la justice préside à leur jugement, qu’ils soient punis suivant la loi. Nous jurons de nouveau de nous rallier sans cesse autour de la représentation nationale, de ne jamais nous passionner pour aucun individu, mais bien pour la chose publique, de ne nous laisser subjuguer par l’ascendant d’aucune réputation, mais de veiller sans cesse sur les intérêts de la patrie. S. et F. Montagne (présid.), Aliaud (secrét.). Mention honorable, insertion au bulletin (1). 54 [La sté popul. de la comm. de La Charité (2) et toutes les autorités constituées de laditte comm. y réunies, à la Conv.; s.d] (3) Représentans du peuple, Nous ne pouvons vous exprimer les mouvements confus d’admiration, d’étonnement, de douleur et de joye, qui, tour à tour, nous agitent en cet instant. On conspiroit encore dans l’ombre, on méditoit votre destruction et la ruine de la liberté, et où étoient les conspirateurs ? Au milieu de vous. Qui étoient-ils ? Des hommes qui, depuis 5 ans attachés au char de la révolution, en avoient paru les plus fermes soutiens. Jamais complot ne fut plus vaste. Jamais conspiration ne fut plus dangereuse, mais votre courage et l’amour du peuple ont détruit tous les efforts de la scélératesse, et le nouveau tyran n’est plus. Infâme Robespierre, tu croyois donc, en usurpant par la plus astucieuse hypocrisie l’opinion publique, en séduisant les patriotes et trompant le peuple, avoir comprimé le génie de (1) Mention marginale du 18 thermidor. (2) Nièvre. (3) C 315, pl. 1 261, p. 21; Bm, 26 therm. (2e suppl1); J. Sablier, n° 1 482. 15