590 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j f dans l’âme de nos jeunes républicains la sainte flamme de la liberté que les vierges de Vesta avaient de soin à entretenir le feu sacré sur l’au¬ tel de l’antique déesse. Tandis que les mains vi¬ riles s’occupent aux travaux robustes, on voit nos intéressantes républicaines employer leurs mains délicates aux tâches qui leur conviennent. On voit des jeunes filles préparer la charpie qui doit arrêter un sang précieux, mais qui appartient spécialement à la patrie, avec autant de calme qu’elles auront de joie à tresser des couronnes civiques destinées à des vainqueurs chéris. Oh ! que la liberté est forte, quand elle est secondée par les mobiles les plus puissants sur le cœur humain. « Je t’aurais encore parié de Granville, citoyen Président, si les circonstances m’eussent permis d’exécuter le projet que j’avais conçu d’une fête funéraire en l’honneur des mânes des dé¬ fenseurs de la patrie qui ont péri au siège de cette place. Mais je n’y ai pas été plutôt de re¬ tour, après avoir visité d’autres parties de ce département, que j’ai reçu une lettre du comité de Salut public qui m’appelle à Saint-Malo. Ainsi l’hommage funèbre destiné aux glorieuses vic¬ times que j’ai vu tomber à mes côtés est sus¬ pendu, mais il n’en aura pas moins lieu. Il faut élever un monument durable sur les ruines d’une partie de cette cité fidèle; il faut jeter des fleurs sur les cendres des héros; il faut répandre un baume sur le cœur saignant de leurs familles. La République a déjà accordé son assistance à cette partie d’elle-même, mais ce n’est qu’à la patrie qu’il appartient de consoler la nature par l’appareil de la gloire et de la sensibilité. « Je vais me rendre à ma nouvelle destination. Les Anglais ne souilleront point un sol d’où la Vendée est à jamais bannie. « Le Carpentier. » Le citoyen Jean-Bon-Saint-André, représen¬ tant du peuple dans les départements maritimes, mande de Cherbourg, par sa lettre du 23 fri¬ maire, que la Convention verra avec plaisir l’ex¬ trait de la lettre du citoyen Allemand, capitaine de la frégate la Carmagnole. Par cet extrait le citoyen Allemand rend compte, qu’étant parti de Brest le 28 brumaire, il est arrivé à la baie de Cancale le 20 frimaire avec une contrariété de vents constants; que chemin faisant il a pris cinq bâtiments, dont trois neutres char¬ gés de blé, allant en pays ennemis, qu’il a ex¬ pédiés pour Morlaix et Isle-de-Bas ; qu’il en a envoyé un autre chargé de goudron à Brest et une corvette anglaise de 22 canons, armée en guerre et marchandises, doublée en cuivre, devant aller à la côte de Guinée, qu’il a amenée avec lui à Cancale. Insertion au « Bulletin » (1). Suit la lettre de Jean-Bon-Saint-André (2). Le représentant du peuple dans les départements maritimes, au Président de la Convention na¬ tionale. « Citoyen Président, « La Convention verra avec plaisir par l’ex¬ trait ci-joint de la lettre du citoyen Allemand, (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 2-7, p. 285. (2) Archives nationales, carton C 283, dossier 801. capitaine de la frégate la Carmagnole , que lu marine de la République en poursuit avec vi¬ gueur les ennemis. Cette frégate, réunie à la Calathée et à Y Engageante, vient d’envoyer, dans divers ports, cinq prises ennemies, parmi les¬ quelles se trouve une corvette de 22 canons que je vais faire visiter, et si elle convient à la Na¬ tion, elle sera bientôt en mesure de servir eontre ses ennemis, k Jean-Bon-Saint-André. « A Cherbourg, le 23 frimaire an II de la Ré¬ publique, une et indivisible. » Extrait de la lettre du citoyen Allemand, capitaine de la frégate de la Bépublique La Carmagnole, datée de la baie de Cancale le 21 frimaire, Van II de la Bépublique, une et indivisible (1), Je suis parti de Brest le 28 brumaire çfc ne suis arrivé que le 20 frimaire à la baie de Can¬ cale, ayant été constamment contrarié jusqu’à mon arrivée par les vents d’Est et d’Est-Sud-Est. J’ai pris chemin faisant cinq bâtiments, dont trois neutres chargés de blé allant en pays en¬ nemi. Je les ai expédiés pour Morlaix et île de Batz avec ordre d’attendre que je les envoie cher¬ cher sous escorte pour Saint-Malo, cette partie de la côte manquant plus particulièrement de vivres. J’en ai envoyé un autre chargé de gou¬ dron à Brest, et une corvette anglaise de 22 ca¬ nons armée en guerre et marchandises, doublée en cuivre, devant aller à la côte de Guinée, que j’ai menée avec moi à Cancale, ne pouvant l’expédier pour Saint-Malo, tout desuite, n’ayant pas de pratique de la côte, lors de mon arrivée, à lui donner. Vous voyez, citoyen représentant, qu’ayant été très malheureux par la contrariété des vents, j’en ai été en quelque sorte dédommagé par la prise de ces cinq navires, surtout par les trois premiers qui nous sont bien nécessaires, en ce que nous ne serons plus, d’ici à quelque temps, obligés d’avoir recours à Brest pour avoir des vivres (2). Pour copie conforme «• Jban-Bon-Saint-André. La Société républicaine de Couvin, départe¬ ment des Ardennes j instruit la Convention natio¬ nale d’un trait civique et généreux des citoyens soldats du 6e bataillon de la Marne, en détache¬ ment en cette commune, qui, ayant reçu 10 livres du citoyen Poulet pour s’être portés à éteindre le feu pris à sa cheminée, ont offert cette somme à la société pour organiser les jeunes gens de la première levée, en y ajoutant encore 69 livres 10 s. ; cette Société a aussi, de son coté, procuré à ces jeunes gens 372 liv. 9 s. en argent, 49 che-Bullelin de la Convenlion du 7e jour de la 3* décade du 3? mois, de l’an II (mardi 17 décembre 1793). (I) Archives nationales , qarton Q 2i3, dossier 801. Bulletin de la Convention du 7* jour de la 3e décade du 3e mois de l’an II (mardi 17 décembre 17931; Moniteur universel [n° 89 du 29 frimaire an II (jeud 19 décembre 1793), p. 358, col. 3]. (2) Applaudissements, d’après les Annales patrio¬ tiques et littéraires [n° 351 du 28 frimaire an II (mer¬ credi 18 décembre 1793,)' p. 1587,tcol. 1), j [Convention nationale!] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j « Sf/mbre 1793 591 mines, 2 vestes, 2 culottes, du drap pour faire 6 habits, une paire de bas, X50 liv. de plomb eu lingots et une carabine; le citoyen Harmand s'est obligé d’habiller son fils pour partir. Cette Société prévient qu’elle a en dépôt, pour la République, trois couverts d’argent et 400 livres de plomb en lingots. Elle adhère aux travaux de la Montagne et l’invite à ne pas descendre avant d’avoir vaincu les despotes, et elle de¬ mande le reculement des barrières. Mention honorable, insertion au « Bulletin » et renvoi à la Commission des dépêches (1). Compte rendu du Bulletin de la Convention (2). La Société républicaine de Couvin écrit qu’un détachement du 6 e bataillon de la Marne, en cantonnement dans cette commune, ayant reçu 10 livres du citoyen Poulet, pour s’être porté à éteindre le feu qui se manifestait dans une che¬ minée de ce citoyen, il (le détachement) a offert cette somme à la société. Plusieurs citoyens de ce détachement ont encore offert individuelle¬ ment suivant leurs moyens, ce qui a produit dans la même séance une somme de 69 livres 10 sols, pour être partagée entre les citoyens de première levée. Cette société offre, pour les jeunes citoyens de la première réquisition, 372 livres, 9 sols, 49 che¬ mises, 2 vestes, 2 culottes, du drap pour six ha¬ bits, une paire de bas, 150 livres de plomb en lingots et une carabine Le citoyen Harmand habille son fils pour partir avec le bataillon de cette commune. Mention honorable. La commune et la Société populaire d’Indre-ville demandent à être autorisées à faire démolir l’église dite de Saint-André et la maison ci-de-vant curiale, afin de donner plus d’étendue à la place du marché aux blés, qui se trouve trop resserrée. Renvoyé au comité des domaines et aliéna¬ tions (3). Les administrateurs du district de Rethel font passer l’état de l’argenterie qu’ils ont adres¬ sée à l’hôtel des Monnaies à Paris, montant à 1,348 marcs 7 onces 3 gros et demi renfermés dans 3 caisses. Bïention honorable, insertion au « Bulletin » et renvoi an bureau des domaines (4). Compte rendu du Bulletin de la Convention (5). Les administrateurs du directoire du district de Rethel informent la Convention qu’ils ont adressé à l’ Hôtel des Monnaies de Paris, trois caisses d’argenterie, contenant 855 marcs 7 on¬ ces 3 gros et demi. Hs observent qu’ils ont déjà (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 28G. (2) Second supplément au Bulletin de la Convention de la séance du 28 frimaire an il (mercredi 18 dé¬ cembre 1793). (3) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 286. (4) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 286. . (&} Bulletin 4e |« Coni�nlian du 7$ jour de la dé¬ cade du 3e mois de Pan II (mardi 17 décembre 1793). fait parvenir, en deux différentes fois, au même hôtel, 493 marcs; ce qui fait un total de 1,348 marcs, 7 onces, trois quarts, Les officiers municipaux de la commune d’Étaples, district de Boulogne, département du Pas-de-Calais, écrivent à la Convention nationale que la Société populaire et les habi¬ tants de cette commune, instruits du dénûmeut où se trouvaient 12,000 de nos frères, campés sous les murs d’Arras, se sont empressés d’acquit* ter une dette sacrée de la patrie, en leur procu¬ rant en douze heures 888 chemises, 53 draps, 9 habits, 1 capote, 43 gilets, 36 culottes, 11 paires de bas, 17 paires de souliers, 1 chapeau et une somme de 15 liv. 10 s. ; la classe la plus indi¬ gente s’est dépouillée d’une partie du strict néces¬ saire pour en aider les braves défenseurs de U patrie. Ils informent aussi que dans cette com¬ mune la nation a triomphé du fanatisme, que les idoles sont brûlées et que le peuple n’y veut d’autre culte que la liberté et la raison. Mention honorable, insertion au « Bulletin » et renvoi aux comités de la guerre et des mar¬ chés (1). Le citoyen Pierre Quatre-Sols [(Quatresolry-vart (2)] envoie un assignat de 200 livres en acompte pour la solde qu’il s’est engagé de payer. Il y joint une lettre de son fils, âgé de 22 ans, soldat depuis 18 mois dans le 1er bataillon de Seine-et-Marne, dans laquelle ce jeune homme rend compte de sa situation à l’armée et de ses sentiments républicains. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (3). Suit la lettre du citoyen Quatvesolryvart (4). « Aumale, département de la Seine-Infé¬ rieure, district de Neufchatel, le 2 fri¬ maire, an II. « Républicain Président, « Mon fils, âgé de 22 ans, est depuis dix -huit mois soldat dans les armées de la République, au 1er bataillon de Seine-ef-Marne, compagnie dite Ta veau; il a fait toute la campagne Belgi-quoise et a été depuis toujours eu présence des vils satellites des despotes. Depuis son départ je n’ai cessé d’avoir avec lui une correspondance de paterni-fraternité (sic) et dans les mêmes principes de sa lettre du 21 brumaire, reçue le 29; il n’est que l’écho de ceux que je lui ai don¬ nés. Je te la remets avec l’incluse, prends -en lec¬ ture, et si après tu la juges digne d’être lue à la Convention, je m’en réfère à ton seul juge¬ ment. « Quel que soit son sort, oblige-moi de me la faire repasser. « Oblige -moi aussi de mettre sur le bureau l’assignat de 200 livres pour sa solde que je me suis engagé dé payer, et ce à compte. « Salut et fraternité. «c Pierre Q u atres olr y vart (aie), a (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 286. (2) D’après le document original. (3) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 287. (4) Archives-nationales, carton G 284, dossier 816.