[Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j *5 Smbreai793 661 Eh bien ! les femmes caramanaises sont éner¬ giques aussi dans leur patriotisme. « Pères du peuple, les mères de famille attendent avec la plus vive impatience vos derniers travaux sur l’instruction publique. Elles s’empressent de faire bégayer à leurs tendres nourrissons, les mots sublimes de patrie, de vertu, de courage, de sagesse, leur devoir le plus sacré sera de graver dans l’âme neuve et vierge de leurs enfants les principes du plus pur républicanisme et de nourrir dans leurs jeunes coeurs l’ardent amour de la patrie, le respect aux lois et la haine irascible contre les tyrans. « Elles vous invitent, au nom de ce qu’elles ont de plus sacré, au nom de la patrie, de rester fermes et constants aux postes auxquels le peuple français vous a placés, jusqu’à la paix, et si vous déférez à leurs vœux, elles seront assurées de la prospérité de la République. « Elles renouvellent le serment sacré qu’elles ont fait de vivre libres ou mourir, et le cri qu’elles ont si souvent répété, Vive la Montagne, vive la République une et indivisible ou la mort. (Suivent 35 signatures.) « Plus 160 femmes qui ont voté l’adresse et qui n’ont pas su signer. » Les officiers municipaux de la commune de Champrond, district de Nogent-le-Rotrou, font part à la Convention nationale qu’on vient de célébrer une fête dans cette commune, où un feu a dévoré les titres et les images de l’exécrable féodalité et de l’odieux fanatisme, ces deux monstres qui n’avaient pris naissance que pour le tourment des humains. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (1). Suit la lettre des officiers municipaux de la commune de Champrond (2). « Champrond-en-Grâtine, district de No-gent-le-Rotrou, département d’Eure-et-Loir, 2 frimaire, 2e année répu¬ blicaine. « Citoyens représentants, « Nous nous hâtons de vous faire part d’une cérémonie qui a été, pour notre commune, un vrai jour d’allégresse et l’acheminement à la destruction totale du fanatisme qui a trop longtemps régné sur notre horizon. « L’époque pour le brûlement de nos titres féodaux avait été fixé au dernier décadi. Le jour arrivé, chacun s’est empressé de concourir à l’élèvement d’un grand bûcher au milieu duquel était l’arbre planté en l’honneur de la constitution royaliste. « Non contents de réduire en cendres l’in¬ fernale féodalité, nous avons voulu essayer si une multitude de petits saints (de bois, comme de raison) ne pourraient pas jouer un rôle dans ce feu de joie. Nous les avons fait descendre de leurs niches. Sans miséricorde, ils ont été placés sur le lieu le plus éminent du bûcher, ainsi qu’ils devaient l’être d’après le rang honorable qu’ils avaient occupé dans le monde chrétien. Enfin un feu bien attisé a dévoré l’exécrable féodalité et l’odieux fanatisme, ces deux mons¬ tres qui semblaient n’avoir pris naissance que pour le tourment des humains. « Gette cérémonie avait attiré un grand con¬ cours de monde; les chants d’allégresse patrio¬ tique ont retenti dans les airs. On a crié mille fois : Vive la République, vive la Montagne, au diable les saints. Ensuite on s’est retiré au lieu des séances de la Société populaire, où il a été rendu grâces à la Montagne des bons et sages principes qui découlent d’elle. Mais il ne suf¬ fisait pas de s’être réjoui autour du bûcher, un repas qui attendait les sans-culottes a terminé cette agréable journée et la gaîté, la cordialité et cette liberté qui semblent particulièrement leur apanage nous ont fait passer les plus doux moments. « Et nous aussi, citoyens représentants, nous disons : restez à votre poste, continuez à chérir les sans-culottes, point do quartier pour les conspirateurs. Quant à nous, nous respectons et exécutons vos décrets . » ' � , � lâ-r (Suivent 15 signatures.) La municipalité, la Société populaire et le co¬ mité de surveillance de la commune de Vailly, district de Soissons, font part à la Convention nationale qu’ils ont envoyé au district tous les hochets du fanatisme qui étaient dans leurs églises, et qu’ils y ont célébré la fête de la liberté et de la raison, à la suite de laquelle on a brûlé les titres de la féodalité et quelques meubles d’église; que les dons faits à cette occasion, pour les défenseurs de la patrie, consistent en 621 livres en assignats, 35 paires de bas drapés, 96 che¬ mises, 12 paires de draps, 10 serviettes, 12 paires de souliers, 3 vestes, 4 paires de guêtres, 3 cou¬ verts d’argent, et une renonciation à une pen¬ sion de 1,000 livres par le citoyen Georges Sero-court, prêtre de la commune d’Erizy. Les citoyens de la commune de Vailly deman¬ dent le ci-devant presbytère pour maison com¬ mune. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (1). Les administrateurs composant le directoire du département de la Creuse font part à la Conven¬ tion nationale que le bien appartenant au ci-de¬ vant Lassaigne, émigré, estimé 61,649 livres, vient d’être vendu 165,770 livres. Insertion au « Bulletin » (2). (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 26, p. 382. (2) Archives nationales, carton G 284, dossier 822. (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 26, p. 382 (2) Ibid. 662 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES j “ fé‘"S.ean17a3 Suit la lettre des administrateurs composant le directoire du département de la Creuse ( 1 ). Les administrateurs composant le directoire du département de la Creuse, à la Convention nationale. « Citoyens représentants, « Tandis que le républicanisme le plus pur anime notre jeunesse valeureuse, qui repousse les tyrans coalisés et leurs vils satellites, les Habitants de l’intérieur, occupés à fertiliser leurs champs, reçoivent avec transport vos lois bien¬ faisantes. Loin de croire à la résurrection de la féodalité, au retour de la ci-devant noblesse, ils ne conservent le souvenir amer de l’existence des scélérats qui ont osé porter un fer criminel contre leur patrie, que pour cimenter sans ressource ( sic) leur bannissement du sol précieux de la liberté. « En vain les amis de la royauté ont -ils sour¬ dement tenté de faire manquer la vente des biens des émigrés, en annonçant la contre-révo¬ lution, en annonçant le retour des monstres par¬ ricides. Le règne de la superstition est passé, les habitants des campagnes ne croient plus aux revenants. « Citoyens représentants, vous connaîtrez l’esprit public de ce département lorsque vous saurez que le bien appartenant ci-devant à Lassaigne, émigré, estimé 61,649 livres, vient d’être vendu 165,770 livres; cette différence en plus de 104,123 livres flattera -sans doute la Convention nationale, surtout lorsqu’elle ap¬ prendra que les nombreux adjudicataires du bien de Lassaigne étaient tous ses ci-devant sujets, et que par la chaleur des mises ils ont prouvé combien ils abhorraient le joug de la servitude qui avait pesé sur leurs têtes, et la haute confiance qu’ils ont dans la stabilité de la République.' « Représentante, nous ne cesserons de vous eu conjurer, continuez, achevez votre oqvrage et ne quittez votre poste que lorsque vous aurez mis les despotes coalisés et les ennemis de l’inté¬ rieur hors d’état de nous nuire, et que nous pourrons jouir en paix des bienfaits qui nous sont assurés par la Constitution (2). » (Suivent 8 signatures.) Le citoyen Paret, juge du tribunal du district de Boussac, se restreint à la moitié de son traite¬ ment et offre l’autre moitié pour les frais de la guerre; il a fait remise de la somme de 254 livres qu’il avait déboursée en 1792, comme commis¬ saire à la levée des volontaires... il a donné son habit d’uniforme pour habiller un volontaire, et il a déposé à la Société populaire de Boussac la somme de 70 liv. 4 s. en pièces d’argent à l’effigie du tyran, pour recevoir à la Monnaie les em¬ blèmes de la liberté et de l’égalité. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (3). (1) Archives nationales, carton C 284, dossier 822. (2) Applaudissements, d’après le Mercure uni¬ versel [16 frimaire an II (vendredi 6 décembre 1793b p. 267, col. 1], h (3) Procès-verbaux de la Convention, t. 26, p. 383. Suit la lettre du citoyen Paret (1). « Boussac-la-Montagne, département de la Creuse, le 10 frimaire de l’an II de la République française, une et indivisible. « Citoyens représentants, « Après avoir fait un don à la nation de mon habit d’uniforme pour en vêtir un brave volon¬ taire qui est allé combattre les rebelles de la Vendée, j’ai adressé au Président de la Conven¬ tion nationale, le 24 brumaire dernier, un extrait de la déclaration que j’ai faite à la municipa¬ lité de cette commune, par laquelle j’ai renoncé au remboursement de la somme de 254 livres qui m’était due pour frais du recrutement de 14 braves volontaires que j’ai enrôlés dans dif¬ férentes communes du district, au mois d’avril 1792, comme commissaire nommé en exécution de la loi du 24 février précédent, et qui sont partis pour l’armée, étant suffisamment indem¬ nisé de cette dépense par la satisfaction que j’ai d’avoir fourni des défenseurs à ma patrie. J’ignore si cette lettre est parvenue à sa destina¬ tion, mais voulant donner de nouvelles preuves de mon attachement à la Constitution, je dé¬ clare que je me restreins à la moitié de mon traitement de juge de ce tribunal et que je fais don du surplus à la Convention pour être employé au payement des sans-culotes qui com¬ battent contre les tyrans. « Je viens aussi de déposer à la Société popu¬ laire de cette commune, pour être envoyés à la Convention et employés aux mêmes fins, 70 li¬ vres 4 sols en numéraire à l’effigie dû tyran Capet. Je pense que de pareilles espèces ne peuvent rester plus longtemps dans la poche d’un vrai républicain ; que la face de ce monstre qui est gravée dessus doit être en horreur à tous les bons citoyens et que toutes pièces de cette espèce doivent être envoyées à la Monnaie pour être purifiées et y faire substituer les emblèmes de la liberté et de l’égalité. « Restez à votre poste, citoyens représen¬ tants, la patrie est sauvée. « Paret, juge du tribunal de Boussac-la-Montagne, quoique non homme de loi, et vrai sans-culotte. » Les membres de la municipalité d’Egmet (d’Ey-met), réunis en conseil général, envoient à la Convention nationale le tribut d’éloge bien mérité par le représentant du peuple Lakanal, et disent qu’elle applaudit avec empressement aux glo¬ rieux travaux de cet énergique montagnard. « Le peuple levé en masse, disent-ils, vous en¬ toure de toute sa confiance et de toute sa force; quels autres connaîtraient et stipuleraient mieux ses intérêts que vous, qui l’avez servi et servez encore si utilement? Nous nous joignons à lui, et vous invitons à rester à votre poste. » Insertion au « Bulletin » (2). (1) Archives nationales, carton C 283, dossier 811. (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 26, p. 383.