SÉANCE DU 4 THERMIDOR AN II (22 JUILLET 1794) - N° 14 415 14 Les sans-culottes, manouvriers, vignerons et autres cultivateurs, habitant les chaumières de Matha, Virelade, Arbanats et Portets(l) écrivent à la Convention nationale qu’ils ont frémi d’horreur en apprenant les derniers attentats dirigés contre les plus fidèles représentai du peuple, lui font hommage de leur dévouement à la chose publique, et lui dénoncent un nouveau genre de vexation qu’emploient les malveillans en cherchant, disent-ils, à détruire tout le bien que la Convention a voulu faire à la classe indigente par une fausse application de principes établis par la loi sur le partage des communaux. Mention honorable, insertion au bulletin, renvoi au comité des domaines nationaux (2). [Les Sans-culottes manouvriers, vignerons et autres cultivateurs habitant les chaumières de Matha, Virelade, Arbanats et Portets, réunis sous les auspices de la Loi pour célébrer la mémorable journée du 10 juin 1793, à la Conv.; s.d.] { 3). Représentants Et nous aussi, nous avons frémy d’horeur en apprenant les derniers attantats commis sur les plus intrépides deffenseurs de nos droits. Et comment cette dernière ressource de pit et de Cobourg n’auroit-elle pas consterné les habitants des chaumières ! ne sont-ils pas les amis les plus sincères des hommes de bien ? Oh, si le poignard d’un assasin stipendié eût peu fraper la Représentation Nationale ! Oh, si une main invisible, si la Providence n’eût donné à la République cette nouvelle preuve de sa prédilection particulière, oui, le jour qui eût éclairé cette atrossité auroit été un jour de deuil et des larmes pour tous nos villages Ainsi, que tous les méchants se rapprochent pour conspirer contre la vertu ; les âmes innocentes et pures se ré[u]niront pour s’insurger contre le vice; que les conspirateurs, que les tirans, qui ne combattent qu’à l’aide de la lâcheté et du crime redoublent d’efforts : chacun de leurs nouveaux forfaits diminuera leur Puissance et accroîtra notre force, et notre énergie. Pour vous, qui avez jusques-icy si constament propagé et défendu les droits du peuple, n’abandonnés pas les rênes du gouvernement, que des mains sacrilèges ont inutillement tenté de briser en vos mains. Rappellés-vous que la portion du souverain qui vous feut toujours la plus chère, rappelés-vous que l’humble, timide et paisible cultivateur ne vous abandonnera jamais, que, sans cesse il vous entourera de ses vœux; que, toujours disposé à partager vos dangers, il ne cessera de segonder vos travaux et d’assurer vos succès Epoque du 31 mai, époque mémorable pour tous les vrais Républicains. Il) Distr. de Cadillac, Départ1 du Bec d’Ambès. 2 P.V., XLII, 112. 3) C 314, pl. 1253, p. 7. Epoque du 10 juin, époque à jamais sacrée pour tous les villageois Oh pères de la patrie, ce feut le 10 juin que vous nous fites tout le bien qui dépendoit de vous Ce feut le 10 juin que vous livrâtes à nos mains laborieuses ces vaquants immences qui couvrent la presque totalité de notre territoire Ce feut le 10 juin que vous dégageâtes nos communaux d’une stérilité meurtrière, à laquelle la puissance féodalle les avoit comme condamnés Jour du 10 juin ! Jour de gloire et de prospérité pour les campagnes; jour qui ne s’effacera jamais du souvenir de ceux qui possèdent peu,... avec quels transports de joye et d’allégresse nous en avons célébré l’anniversaire Oh vous qui avois réalisé en ce jour ce que, avant vous, d’autres avoient innutillement promis. Reçe-vois dans cet instant le juste tribut des louanges et d’admiration, de touts ceux dont vous avez voulu faire le bonheur. Oui, vous avois voulu faire notre bonheur; toutes vos démarches ont tendu vers ce but... Chaque jour nous nous plaisons à le répéter à nos enfants. C’est cette idée consolante qui nous a soutenu dans la crise qui vient de se passer, c’est elle qui a doublé notre énergie, notre courage et notre persé-vérence :... et bien cette consolation, on veut nous la ravir, des hommes pervers ont trouvé dans votre propre ouvrage le moyen de détruire tout le bien que vous avois voulu nous faire... Permetés que nous vous en dénonçions ce nouveau genre d’oppression, cette nouvelle calamité, voicy le fait Il y a aujourd’hui un an que vous décrétâtes le mode du partage des biens communaux. Mais, dans presque toute l’étendue de la République, les Communaux étoient entre les mains de nos tirans à girouette, ou entre les mains de leurs valets et créatures à quil [sic) ils en avoit fait cadeau ou à qui ils les avoient vendus Vous ne pouviez décréter le partage d’un bien qui étoit encore au pouvoir de ses Enciens usurpateurs... d’un autre cauté, vous ne pouviez vous résoudre à troubler des possesseurs paisibles, dont la propriété remontoit à un temps presque immémorial Votre sagesse suppléa à tous les inconvénients, et les savantes dispositions établies dans la Section 4.me, notament par les articles 8, 9, 10 et 11, tran-quilisèrent touts les esprits et n’allarmèrent que les Cy-devant seigneurs qui avoient le plus impunné-ment volé et usurpé Par ces dispositions, ceux qui n’avoient pas une pocession de 40 ans, ceux qui étoient constitués possesseurs de mauvaise foy, ceux qui n’avoient pas déffriché de leurs propres mains, dévoient être dépouillés, quelque feut leur titre, sauf leur recours contre leurs vendeurs Qui avoit-il de plus sage, et de mieux combiné ? Par là, la puissance féodalle étoit seulle réprimée; par là, les seuls sans-cullottes, les petits propriétaires étoient seuls maintenus, parce que eux seuls avoient déffriché de leurs propres mains Nous ne pouvions contenir ni modérer notre allégresse ; nous allions jouir dans l’année du bien dont nous avions été privés pendent des siècles. ...Rien n’étoit mieux établi que nos droits... Notre titre de propriété datoit de 1300 et il y avait cela de remarquable que chaqu’un de nous payoit un[e] rente SÉANCE DU 4 THERMIDOR AN II (22 JUILLET 1794) - N° 14 415 14 Les sans-culottes, manouvriers, vignerons et autres cultivateurs, habitant les chaumières de Matha, Virelade, Arbanats et Portets(l) écrivent à la Convention nationale qu’ils ont frémi d’horreur en apprenant les derniers attentats dirigés contre les plus fidèles représentai du peuple, lui font hommage de leur dévouement à la chose publique, et lui dénoncent un nouveau genre de vexation qu’emploient les malveillans en cherchant, disent-ils, à détruire tout le bien que la Convention a voulu faire à la classe indigente par une fausse application de principes établis par la loi sur le partage des communaux. Mention honorable, insertion au bulletin, renvoi au comité des domaines nationaux (2). [Les Sans-culottes manouvriers, vignerons et autres cultivateurs habitant les chaumières de Matha, Virelade, Arbanats et Portets, réunis sous les auspices de la Loi pour célébrer la mémorable journée du 10 juin 1793, à la Conv.; s.d.] { 3). Représentants Et nous aussi, nous avons frémy d’horeur en apprenant les derniers attantats commis sur les plus intrépides deffenseurs de nos droits. Et comment cette dernière ressource de pit et de Cobourg n’auroit-elle pas consterné les habitants des chaumières ! ne sont-ils pas les amis les plus sincères des hommes de bien ? Oh, si le poignard d’un assasin stipendié eût peu fraper la Représentation Nationale ! Oh, si une main invisible, si la Providence n’eût donné à la République cette nouvelle preuve de sa prédilection particulière, oui, le jour qui eût éclairé cette atrossité auroit été un jour de deuil et des larmes pour tous nos villages Ainsi, que tous les méchants se rapprochent pour conspirer contre la vertu ; les âmes innocentes et pures se ré[u]niront pour s’insurger contre le vice; que les conspirateurs, que les tirans, qui ne combattent qu’à l’aide de la lâcheté et du crime redoublent d’efforts : chacun de leurs nouveaux forfaits diminuera leur Puissance et accroîtra notre force, et notre énergie. Pour vous, qui avez jusques-icy si constament propagé et défendu les droits du peuple, n’abandonnés pas les rênes du gouvernement, que des mains sacrilèges ont inutillement tenté de briser en vos mains. Rappellés-vous que la portion du souverain qui vous feut toujours la plus chère, rappelés-vous que l’humble, timide et paisible cultivateur ne vous abandonnera jamais, que, sans cesse il vous entourera de ses vœux; que, toujours disposé à partager vos dangers, il ne cessera de segonder vos travaux et d’assurer vos succès Epoque du 31 mai, époque mémorable pour tous les vrais Républicains. Il) Distr. de Cadillac, Départ1 du Bec d’Ambès. 2 P.V., XLII, 112. 3) C 314, pl. 1253, p. 7. Epoque du 10 juin, époque à jamais sacrée pour tous les villageois Oh pères de la patrie, ce feut le 10 juin que vous nous fites tout le bien qui dépendoit de vous Ce feut le 10 juin que vous livrâtes à nos mains laborieuses ces vaquants immences qui couvrent la presque totalité de notre territoire Ce feut le 10 juin que vous dégageâtes nos communaux d’une stérilité meurtrière, à laquelle la puissance féodalle les avoit comme condamnés Jour du 10 juin ! Jour de gloire et de prospérité pour les campagnes; jour qui ne s’effacera jamais du souvenir de ceux qui possèdent peu,... avec quels transports de joye et d’allégresse nous en avons célébré l’anniversaire Oh vous qui avois réalisé en ce jour ce que, avant vous, d’autres avoient innutillement promis. Reçe-vois dans cet instant le juste tribut des louanges et d’admiration, de touts ceux dont vous avez voulu faire le bonheur. Oui, vous avois voulu faire notre bonheur; toutes vos démarches ont tendu vers ce but... Chaque jour nous nous plaisons à le répéter à nos enfants. C’est cette idée consolante qui nous a soutenu dans la crise qui vient de se passer, c’est elle qui a doublé notre énergie, notre courage et notre persé-vérence :... et bien cette consolation, on veut nous la ravir, des hommes pervers ont trouvé dans votre propre ouvrage le moyen de détruire tout le bien que vous avois voulu nous faire... Permetés que nous vous en dénonçions ce nouveau genre d’oppression, cette nouvelle calamité, voicy le fait Il y a aujourd’hui un an que vous décrétâtes le mode du partage des biens communaux. Mais, dans presque toute l’étendue de la République, les Communaux étoient entre les mains de nos tirans à girouette, ou entre les mains de leurs valets et créatures à quil [sic) ils en avoit fait cadeau ou à qui ils les avoient vendus Vous ne pouviez décréter le partage d’un bien qui étoit encore au pouvoir de ses Enciens usurpateurs... d’un autre cauté, vous ne pouviez vous résoudre à troubler des possesseurs paisibles, dont la propriété remontoit à un temps presque immémorial Votre sagesse suppléa à tous les inconvénients, et les savantes dispositions établies dans la Section 4.me, notament par les articles 8, 9, 10 et 11, tran-quilisèrent touts les esprits et n’allarmèrent que les Cy-devant seigneurs qui avoient le plus impunné-ment volé et usurpé Par ces dispositions, ceux qui n’avoient pas une pocession de 40 ans, ceux qui étoient constitués possesseurs de mauvaise foy, ceux qui n’avoient pas déffriché de leurs propres mains, dévoient être dépouillés, quelque feut leur titre, sauf leur recours contre leurs vendeurs Qui avoit-il de plus sage, et de mieux combiné ? Par là, la puissance féodalle étoit seulle réprimée; par là, les seuls sans-cullottes, les petits propriétaires étoient seuls maintenus, parce que eux seuls avoient déffriché de leurs propres mains Nous ne pouvions contenir ni modérer notre allégresse ; nous allions jouir dans l’année du bien dont nous avions été privés pendent des siècles. ...Rien n’étoit mieux établi que nos droits... Notre titre de propriété datoit de 1300 et il y avait cela de remarquable que chaqu’un de nous payoit un[e] rente