SÉANCE DU 28 THERMIDOR AN II (15 AOÛT 1794) - N08 21-23 99 Continuez, législateurs infatiguables, et ne quittez votre poste que lorsque la nouvelle Carthage et ses complices seront dans l’heureuse impuissance de porter ombrage à la liberté des Français. Veuille la providence continuer à préserver de toute atteinte funeste les précieux jours des plus intrépides deffen-seurs du peuple qui sont en butte aux poignards des assassins soudoyés par Pitt et Cobourg. Malgré leurs machinations infernales, la victoire, en permanence dans nos armées, assure l’immortalité de vos travaux. S. et F. ! P. -S. La société, qui n’est riche qu’en patriotisme, vient d’armer, de monter et d’équiper un cavalier jacobin qu’elle a présenté au citoyen Le Carpentier, représentant du peuple dans le département de la Manche. C. Bois ( secrét .), F. G. Fauriel ( Présid .), Aubril {secrét.). 21 La société populaire de Baraston, département du Var, annonce la célébration d’une fête pour les triomphes des armées de la République, et en mémoire de la destruction de la Bastille. Mention honorable, insertion au bulletin (1). [Les c™ composant la sté des amis de la liberté et de l’égalité séant à Barraston, à la Conv.; Barraston, 25 mess. II] (2) Citoyens représentans, C’est dans le même tems que les prises d’Ypres, Charleroi, la victoire de Fleurus re-tentissoient de toutes parts, et l’évacuation de Mons, Orchies, Saint-Amand, le débloquement de Maubeuge et l’investissement de Landrecies étoient proclamés avec l’enthousiasme de la joye la mieux sentie, lorsque le paisible et laborieux habitant des campagnes suspendoit un moment les travaux précieux de la récolte pour fêter les triomphe des armées républicaine et le mémorable anniversaire de la destruction de la Bastille, c’est à l’instant où les membres de la société populaire de Barraston faisaient éclater par les démonstration sensible d’un civisme éprouvé l’attachement le plus fidèle au grand caractère de la représentation nationale et au gouvernement qui frappe de mort les ennemis intérieurs, tandis que nos frères d’armes, dirigés par lui, portent la terreur et l’épouvante dans l’âme des tirans coalisés, en exterminant leurs vils satellites, que nous avons reçu la réponse dont vous nous avés honorés par votre lettre du 16 courant. Cette marque d’attention et d’estime a été acceuillie avec transport. Si elle n’a pas augmenté le patriotisme qui nous anima toujour, ç’a été une satisfaction nouvelle et nous rappel-lant de plus en plus notre dévouement à la (1) P.V., XLIII, 232. (2) C 316, pl. 1267, p. 15. République. Ici le fédéralisme impur n’eut jamais prise, et le sistème sectionaire fut toujour écarté par la force des principes. Dignes législateurs, continués de répandre les bienfaits de la nation puissante que vous représentés; ne souffrés pas surtout qu’aucun homme de bien soit opprimé; que l’aristocrate, le méchant et le fripon seuls tremblent; que la foudre populaire les atteigne tour à tour et les pulvérise, comme la cruelle, la forbante Albion et ses perfides consorts. Qu’à force de vertu le crime disparoisse du sol de la liberté et que le nom françois, partout chéri et respecté, annonce aux peuples de l’univers notre bonheur et notre gloire ! Vive la Convention nationale ! Vive la comité de salut public ! Vivent les Jacobins ! Vivent les braves armées républicaines ! Périssent les Anglois ! Tel est le vœu le plus ardent des patriotes de Barraston. S. et F. ! Villy (secrét.), Doze (présid.), Denevache (secrét.). 22 Le citoyen Claude Fumet [sic pour Fu-mey], grenadier au 2eme bataillon de la 91e demi brigade, fait hommage d’une décoration militaire arrachée par lui à un officier prussien. Mention honorable, insertion au bulletin (1). [Le c" Claude -Pierre Fumey, grenadier, au présid. de la Conv.; Armée du Rhin, 2e bon de la 91e demi brigade, s.d. ] (2) Citoyen président, Dans l’affaire qui a eu lieu le 25 mésidor sur le Platsberg dans les montagnes, plus heureux et non plus brave que mes frèrres d’armes qui ont emporté les redoute, j’ai arraché à un esclave prussien le crachat vile dont il faisoit parade au milieu des satelite qu’il commandoit. Un signe aussi méprisable n’est bon que pour le creuset national. J’en ai fait don à la Convention national et, prenant pour moi la devise qu’on a prostitué dans cette distinction avilissante, je jure à la République de la servire sincèrement et constamment jusqu’à la dernière goutte de mon sang. Je suis avec estime Claude-Pierre Fumey, âgé de 19 ans, natif d’Ardon, district de Poligny, du département du Jura, grenadier au second bataillon de la 91e demi brigade. S. et F. ! 23 Les officiers municipaux de la commune de l’Orguen [sic pour Lorgues], département du Var, annoncent l’envoi qu’ils ont fait à l’administration de leur district de 58 marcs une once d’argenterie. (1) P.V., XLIII, 232. (2) C 311, pl. 1235, p. 11. Gazette frçse , n° 958; Bm, 2 fruct. (suppl l). 100 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE Insertion au bulletin (1). [Les off. mun. de la comm. de Lorgues, à la Conv.; Lorgues, 4 therm. II] (2) Citoyens représentans, La commune de Lorgues avait déjà envoyé dans son temps 47 marcs 2 onces 1/2 d’argenterie provenant du culte. Elle en avait instruit la Convention. Les cy-devant prêtres, par une suite du fanatisme dont ils étoient pétris, avaient voulu qu’il leur en fût laissé une quantité suffisante et nécessaire pour exercer des fonctions que tous ont ensuite abdiqués. Maintenant que le fanatisme est détruit, qu’il n’en existe plus en cette commune aucune trace, nous n’avons rien eu de plus empressé que de faire passer au district le restant de l’argenterie du culte s’élevant à 58 marcs 1 once, de manière que notre commune a fourni à la République 105 marcs 3 onces 1/2 d’argenterie et une once 2 gros et quelques deniers d’or. Cabasson (off. mun.), Maille (off. mun.), Mou-nier (off. mun.), Arnaud (off. mun.), Gras (off. mun.). 24 Les administrateurs du district de Crécy [sic pour Crépy (3)] rendent compte du dévouement d’une commune de leur arrondissement, qui, requise par erreur de fournir 20 quintaux de grains, pauvre, et n’en possédant que 21, s’en dépouille et les livre. Mention honorable, insertion au bulletin (4). [Les administrateurs du distr. révolutionnaire de Crépy, aux représentants du peuple français composant le c. de salut public; Crépy, 10 mess. II] (5) Les habitans de ce district chérissent la liberté, l’égalité et sçavent fraterniser. En voici un exemple, citoyens représentans, qui mérite de vous être raconté. Une commune pauvre est requise, par erreur, d’apporter 20 quintaux de grains sur le marché de la commune de Crépy. Quoiqu’elle n’en aye que 21, elle s’en dépouille, obéit au réquisitoire et vient demander à ses administrateurs la permission d’en acheter sur le marché. Vous (1) P.V., XLHI, 232. (2) C 311, pl. 1235, p. 10. Bm, 2 fruct. (suppl1); C. Eg. , n° 733. . (3) Oise. P.V., XLIII, 232. Mention finale datée par erreur du 28 'i�eàsidor. (€>1 V 313, pl. 1251, p. 28. B"1, 1er fruct. et 2 fruct. Moniteur IfF-éimpr.), XXI, 538; Débats, n° 698, 14; Rép. , n° 244. applaudirez sans doute, ainsi que nous l’avons fait, à ce trait de générosité. S. et F. ! Thirria, Gatté, Prebours, Roussel (1). [Applaudissements ] 25 Le représentant du peuple Le Carpentier, en mission, envoie une copie de la proclamation par lui faite sur la conspiration de Robespierre. Insertion au bulletin (2). [Le Carpentier, repr., au prêsid. de la Conv.; Port-Malo (3), 1 7 therm. II] (4) Citoyen président, Tu peux assurer la Convention nationale que, selon ma dernière lettre, le calme, la joie et la confiance régnent ici plus que jamais depuis le grand événement qui a soustrait la représentation nationale au poignard des conjurés et la République au joug du triumvirat. Le camp de Paramé et la rade de Port-Malo où j’ai publié la proclamation de la Convention avec une autre à la suite, ont offert le spectacle de soldats et de marins les plus dévoués au maintien de la liberté, qui venait d’être si grandement menacée. Le peuple et les autorités constituées sont de plus ensérées (sic) autour de la patrie. Ainsi et toujours les complots dirigés contre le peuple français n’ont servi qu’à mieux développer la grandeur et la fermeté de son caractère. Cependant comme il est partout des trem-bleurs, des allarmistes, et qu’il reste encore des aristocrates déguisés au milieu de patriotes, ces ennemis de la Montagne et du gouvernment révolutionnaire n’ont pas manqué d’employer en secret des suggestions perfides pour provoquer la défiance et le discrédit sur l’un et sur l’autre. Quoique ces nouvelles manœuvres ne pussent être aussi dangereuses que mal intentionnées, j’ay cru devoir les déjouer et, à cet effet, j’ai publié à la suite de ma proclamation les instructions que je joins ici. Vive le gouvernement révolutionnaire jusqu’à l’anéantissement du dernier ennemi du peuple ! S. et F. ! Le Carpentier. Réflexions du représentant Le Carpentier, faisant suite à la proclamation sur la conspiration de Robespierre et de ses complices. Une conspiration aussi monstrueuse dans son principe qu’extraordinaire dans ses moyens, (1) On lit au dessus du texte : renvoi au comité des procès-verbaux le 3 thermidor an second de la République une et indivisible. (2) P. U, XLIII, 232-233. (3) Ille-et-Vilaine. (4) C 311, pl. 1231, p. 29, 30. J. Sablier, n° 1501; Bin , 1 er fruct.;Arm. R. F. , n° 256; J. Fr. , n° 690. Moniteur (réimpr.), XXI, 537.