[Convention nationale.} ARCHIVES PARLEMENTAIRES. { J| ��nJL 573 seule personne comme si elle était un peuple entier; Considérant que si vous convenait à Monsieur, toi convient à un républicain; Considérant qu’on se sert du pronom tu dans le commerce intime, dans les douces expansions de la franche amitié et qu’en général l’orgueil et la dureté se sont emparés de l’autre manière de parler ; Considérant que si la familiarité engendrait quelquefois le mépris, c’était lorsqu’il existait des distinctions parce qu’alors celui qui se fami¬ liarisait laissait voir une sorte de dégradation dans la familiarité, mais que sous le règne heu¬ reux de l’égalité, la familiarité n’est que l’image des vertus philanthropiques que l’on porte dans l’âme; Considérant que le tutoiement n’exclut point le respect que les enfants doivent à leurs pères et mères et les égards que les journaliers et autres citoyens de cette classe doivent à ceux à qui ils ont loué leurs services ; Considérant que le tutoiement est la manière de parler la plus correcte ; Considérant enfin que les Sociétés populaires doivent mettre tout en œuvre pour que le lan¬ gage républicain succède au langage adulateur et aristocratique; A arrêté ce qui suit : Art. 1er. « L’usage antique et abusif de dire vous en parlant à une seule personne est aboli; en con¬ séquence, tous les membres de la Société sont tenus, soit dans leurs conversations, soit dans leurs écrits, de se servir du pronom tu lorsqu’ils adresseront la parole ou écriront à un seul indi¬ vidu. Art. 2. « Ils sont pareillement tenus, si on ne leur répond pas de la même manière, d’avertir ceux ou celles avec qui ils seront en conversation de parler le langage républicain, et si on s’obstine à dire vous au lieu de tu, ils les dénonceront à la Société qui les notera et les regardera comme des personnes qui ne sont pas et ne veulent pas se placer à la hauteur de la Révolution. Art. 3. « Les père et mère prescriront d’une manière impérieuse à leurs enfants de les tutoyer. Art. 4. « Tous les citoyens en feront autant à l’égard de leurs journaliers et autres personnes à leurs gages. Art. 5. « Les jours de repos, ohacun rendra compte à la Société des efforts qu’il aura faits pour que le tutoiement s’étende et se propage et des succès dont ses efforts auront été suivis. Art. 6. « Il sera fait mention civique dans le procès-verbal de ceux et celles qui montreront le plus de zèle afin d’amener les citoyens à se défaire du langage servile et adulateur pour y substi¬ tuer le langage vrai et fier du parfait républi¬ cain. » Le présent arrêté sera envoyé à la Conven¬ tion, à la Société des Jacobins et à toutes les Sociétés affiliées. Fasse, ex-président. Par la Société : Beau val, secrétaire. III. PÉTITION DES SANS-CULOTTES DU CREUSOT POUR DEMANDER LA SUPPRESSION DU DISTRICT de Bellevue-les-Bains, DÉPARTEMENT DE Saone-et-Loire (1). Suit le texte de la pétition de la commune du Creusot, d’après un document des Archives na¬ tionales (2). Les sans-culottes du Creusot, aux citoyens repré¬ sentants du peuple à la Convention nationale. « Au Creusot, le 1er frimaire an II de la République française, une et indivi¬ sible. « Citoyens représentants, « Il existe dans le département de Saône-et-Loire un district coupable de beaucoup de tié¬ deur, un district qui n’ose ou qui n’a pas la force de faire exécuter les lois, c’est le petit district de Bellevue-les-Bains; cette commune a souf¬ fert longtemps dans son sein des prêtres fana¬ tiques, et des hommes ennemis prononcés de la Montagne. Le moment de l’épurement est venu et nous vous invitons, citoyens représentants, à prononcer sa suppression et à réunir les 28 communes dont il est composé, aux districts qui les entourent : cette réunion opérera l’effet le plus salutaire : « 1° L’économie de tous les frais d’administra¬ tion et de justice, ils sont immenses, puisque (1) Cette pétition n’est pas mentionnée expressé¬ ment au procès-verbal de la séance du 13 frimaire an II. Peut-être est-elle comprise sous la rubrique générale de la page 336 de ce procès-verbal. On lit d’ailleurs en marge de la minute qui existe aux Ar¬ chives nationales, l’indication suivante : « Renvoyé au comité de Salut public, le 13 frimaire an II. » (2) Archives nationcües, carton Divô 89, dossier Saône-et-Loire.