SÉANCE DU 18 THERMIDOR AN II (5 AOÛT 1794) - Nos 25-26 203 25 Douzième décret La Convention nationale confirme la promotion faite par Cavaignac, Garrau, Pinet aîné, représentans du peuple près l’armée des Pyrénées-Occidentales, du citoyen Renaud, capitaine, actuellement aide-de-camp du général Fregeville, au grade d’adjudant général, chef de bataillon; et du citoyen Cardenot, lieutenant dans la 148e demi-brigade, au grade d’adjudant-général, chef de bataillon (1). La séance est levée à 4 heures (2). AFFAIRES NON MENTIONNÉES AU PROCÈS-VERBAL 26 BARERE, au nom du comité de salut public : Citoyens, de la mer aux Pyrénées la victoire vient d’applaudir à la révolution heureuse que vous venez de faire pour le salut de la République et pour la dignité de la représentation nationale; les signes de la liberté sont arborés sur une partie du territoire espagnol. (On applaudit). L’armée des Pyrénées-Occidentales compte une bataille honorable et signalée. (Nouveaux applaudissements). Elle avait des défilés à passer, des montagnes à gravir, des rivières à traverser, des précipices à franchir et des redoutes inexpugnables à emporter; tout ce que j’ai dit, elle l’a fait le 6 thermidor. (Vifs applaudissements). Imaginez une montagne très élevée et escarpée, hérissée de redoutes, couverte' de retranchements, et défendue par huit cents Espagnols; les républicains l’ont attaquée au pas de charge, et l’ont emporté après trois heures de combat. Pas un Espagnol n’est échappé. (On applaudit). Des fers ou la mort ont été leur partage. Il en a été de même des autres redoutes. Nous avons fait trois cent vingt prisonniers; nous avons pris des forts très importants, la vallée de Bastan, le camp de Bera, et bombardé Fontarabie. Ainsi, tandis que les troupes républicaines poursuivent les Espagnols du côté des Pyrénées-Occidentales, elles obtiennent encore des succès du côté de l’Océan, et forceront bientôt cette nation superstitieuse et ce gouvernement capétien à respecter le territoire français et à laisser en paix la République. [Ce rapport est très vivement applaudi]. (1) P.-V., XLIII, 63. B m, 22 therm. Décret n° 10 253. Rapporteur : Barère. (2) Signé [a posteriori] Derazey, Mollevaut, Poisson, Delecloy, Delaunay. Voir Arch. pari, t. XCIII, fin de la séance du 2 thermidor, p. 372. Voici les lettres officielles. Le général commandant en chef l’armée des Pyrénées-Occidentales aux citoyens représentants, membres du comité de salut public. [A Lesaca, vallée de Lerin, ci-devant Espagne, le 11 therm. II, ] Nous venons d’acquitter, citoyens représentants, une partie de la lettre de change que l’armée des Pyrénées-Orientales a tirée sur nous. Dix mille républicains, commandés par le général de division Moncey, se sont portés dans la vallée de Bastan, le 9 thermidor. A leur approche, les esclaves espagnols ont fui comme un troupeau de moutons, et un seul jour nous a rendus maîtres de cette belle vallée et de sa riche récolte. Le lendemain, les baïonnettes républicaines ont joué avec leur succès ordinaire. Six mille hommes conduits par le général de division Delaborde, ont emporté en un instant des redoutes pour la construction desquelles il a fallu aux esclaves une année entière. Ces redoutes, placées sur la cime des hautes montagnes qui bordent la rive droite de la Bidassoa, étaient imprenables pour tous autres que des hommes libres; mais rien n’a résisté à leur valeur, et les esclaves ont tous mordu la poussière ou été faits prisonniers. Leur artillerie est entre les mains des républicains, et dirigée sur ceux mêmes qui, par un travail incroyable, l’avaient portée jusqu’aux nues. Pendant que le général Delaborde escaladait les redoutes espagnoles avec les braves troupes à ses ordres, le général de division Frégeville chauffait les esclaves d’une autre manière; Fontarabie est presque entièrement détruite, et ce qui en reste deviendra dans peu également la proie des flammes. Outre la vallée de Bastan, les succès nous ont rendus maîtres de Bera, Lesaca, Jancy, Echalar; en un mot, de la vallée de Lerin presque tout entière. Occupé à combiner les moyens de profiter avec rapidité de nos premières victoires pour porter nos troupes sur Irun, et, de là, plus en avant, je n’entrerai aujourd’hui dans aucun détail de nos opérations, me réservant de le faire quand nous aurons complété nos victoires; d’ailleurs les représentants du peuple près cette armée doivent vous transmettre les détails qu’ils ont recueillis par eux-mêmes, ayant partout marché à la tête des colonnes, ce qui n’a pas peu contribué à nos succès. Salut et fraternité. Muller. Les représentants du peuple près l’armée des Pyrénées-Occidentales aux représentants du peuple composant le comité de salut public. A Lesaca, en Espagne, ce 11 thermidor, l’an 2e de la République française, une et indivisible. Citoyens collègues, le drapeau tricolore flotte enfin sur une vaste partie du territoire espagnol. La fertile vallée de Bastan est envahie; le fort Maya est pris; les lignes formidables, les redoutes terribles, les retranchements, en SÉANCE DU 18 THERMIDOR AN II (5 AOÛT 1794) - Nos 25-26 203 25 Douzième décret La Convention nationale confirme la promotion faite par Cavaignac, Garrau, Pinet aîné, représentans du peuple près l’armée des Pyrénées-Occidentales, du citoyen Renaud, capitaine, actuellement aide-de-camp du général Fregeville, au grade d’adjudant général, chef de bataillon; et du citoyen Cardenot, lieutenant dans la 148e demi-brigade, au grade d’adjudant-général, chef de bataillon (1). La séance est levée à 4 heures (2). AFFAIRES NON MENTIONNÉES AU PROCÈS-VERBAL 26 BARERE, au nom du comité de salut public : Citoyens, de la mer aux Pyrénées la victoire vient d’applaudir à la révolution heureuse que vous venez de faire pour le salut de la République et pour la dignité de la représentation nationale; les signes de la liberté sont arborés sur une partie du territoire espagnol. (On applaudit). L’armée des Pyrénées-Occidentales compte une bataille honorable et signalée. (Nouveaux applaudissements). Elle avait des défilés à passer, des montagnes à gravir, des rivières à traverser, des précipices à franchir et des redoutes inexpugnables à emporter; tout ce que j’ai dit, elle l’a fait le 6 thermidor. (Vifs applaudissements). Imaginez une montagne très élevée et escarpée, hérissée de redoutes, couverte' de retranchements, et défendue par huit cents Espagnols; les républicains l’ont attaquée au pas de charge, et l’ont emporté après trois heures de combat. Pas un Espagnol n’est échappé. (On applaudit). Des fers ou la mort ont été leur partage. Il en a été de même des autres redoutes. Nous avons fait trois cent vingt prisonniers; nous avons pris des forts très importants, la vallée de Bastan, le camp de Bera, et bombardé Fontarabie. Ainsi, tandis que les troupes républicaines poursuivent les Espagnols du côté des Pyrénées-Occidentales, elles obtiennent encore des succès du côté de l’Océan, et forceront bientôt cette nation superstitieuse et ce gouvernement capétien à respecter le territoire français et à laisser en paix la République. [Ce rapport est très vivement applaudi]. (1) P.-V., XLIII, 63. B m, 22 therm. Décret n° 10 253. Rapporteur : Barère. (2) Signé [a posteriori] Derazey, Mollevaut, Poisson, Delecloy, Delaunay. Voir Arch. pari, t. XCIII, fin de la séance du 2 thermidor, p. 372. Voici les lettres officielles. Le général commandant en chef l’armée des Pyrénées-Occidentales aux citoyens représentants, membres du comité de salut public. [A Lesaca, vallée de Lerin, ci-devant Espagne, le 11 therm. II, ] Nous venons d’acquitter, citoyens représentants, une partie de la lettre de change que l’armée des Pyrénées-Orientales a tirée sur nous. Dix mille républicains, commandés par le général de division Moncey, se sont portés dans la vallée de Bastan, le 9 thermidor. A leur approche, les esclaves espagnols ont fui comme un troupeau de moutons, et un seul jour nous a rendus maîtres de cette belle vallée et de sa riche récolte. Le lendemain, les baïonnettes républicaines ont joué avec leur succès ordinaire. Six mille hommes conduits par le général de division Delaborde, ont emporté en un instant des redoutes pour la construction desquelles il a fallu aux esclaves une année entière. Ces redoutes, placées sur la cime des hautes montagnes qui bordent la rive droite de la Bidassoa, étaient imprenables pour tous autres que des hommes libres; mais rien n’a résisté à leur valeur, et les esclaves ont tous mordu la poussière ou été faits prisonniers. Leur artillerie est entre les mains des républicains, et dirigée sur ceux mêmes qui, par un travail incroyable, l’avaient portée jusqu’aux nues. Pendant que le général Delaborde escaladait les redoutes espagnoles avec les braves troupes à ses ordres, le général de division Frégeville chauffait les esclaves d’une autre manière; Fontarabie est presque entièrement détruite, et ce qui en reste deviendra dans peu également la proie des flammes. Outre la vallée de Bastan, les succès nous ont rendus maîtres de Bera, Lesaca, Jancy, Echalar; en un mot, de la vallée de Lerin presque tout entière. Occupé à combiner les moyens de profiter avec rapidité de nos premières victoires pour porter nos troupes sur Irun, et, de là, plus en avant, je n’entrerai aujourd’hui dans aucun détail de nos opérations, me réservant de le faire quand nous aurons complété nos victoires; d’ailleurs les représentants du peuple près cette armée doivent vous transmettre les détails qu’ils ont recueillis par eux-mêmes, ayant partout marché à la tête des colonnes, ce qui n’a pas peu contribué à nos succès. Salut et fraternité. Muller. Les représentants du peuple près l’armée des Pyrénées-Occidentales aux représentants du peuple composant le comité de salut public. A Lesaca, en Espagne, ce 11 thermidor, l’an 2e de la République française, une et indivisible. Citoyens collègues, le drapeau tricolore flotte enfin sur une vaste partie du territoire espagnol. La fertile vallée de Bastan est envahie; le fort Maya est pris; les lignes formidables, les redoutes terribles, les retranchements, en