(Assemblée nationale.] ARCHIVÉS PARLEMENTAIRES. 17 septembre 1790.] 639 diez que l’administrateur et le magistrat, sortis du porps pleptoral, y rentreront pour les nouvelles élections, en y partant, en pouvant du moins y porter la plus redoutable influence. Je n’ignore pas que le moyen que j’indiqup ne fera pas cesser toutes les brigues : je sais que l’on cabalera pour autrui lorsqu’on ne pourra plus intriguer pour sqi-même, et la permanence du corps électoral fournira un moyen de plus aux cabaleurs, en leur permettant de connaître parfaitement le clavier sur lequel ils pourront s’exercer pendant deux années. Mais parce qu’il n’est pas au pouvoir du législateur de prévenir entièrement de coupables manœuvres, s’ensuit-il qu’il pe doive pas en diminuer le nombre? La cabale aura bien moins d’activité; elle sera bien moins scandaleuse lorsqu’elle n’aura plus ppur objet un des membres dé rassemblée électorale, c’est-à-dire ud citoyen prêt à, combattre ou à composer avec son parti, prêt à se venger s’il échoue, ou à se donner, lui et les siens, si l’on veut le seconder à ce prix. Je trouverais un inconvénient à appliquer l’exclusion que je propose aux électeurs qui sont déjà nommés. Il est possible que le peuple, qui croyait les électeurs susçeptioles de toutes les places, ait délégué le droit de choisir en son nom à tout ce qu’U connaissait de plus pur parmi les citoyens ; et il serait injuste autant que dangereux de nous priver de pareils auxiliaires; mais, pour l’avenir, l’incompatibilité qui résult erait des fonctions permanentes des électeurs n’aurait aucun inconvénient : c’est à la vertu modeste que les fonctions électorales seront confiées. Ce premier choix, n’exigeant pas le concours des talents et des vertus, n’épuiserq pas la confiance : ce premier choix, n’exigeant qu’une probité incorruptible, rendra par cela même le corps électoral plus inaccessible aux cabales. Les factieux, les ambitieux ne chercheront point à s’élancer dans cette première carrière, parce qu’ils n’aqraieqt rien de plus à obtepir : d'après ces motifs je propose de décréter qu’à compter de la prochaine nomination d’électeurs dans chaque çantop, les fonctions d’électeup seront iqcompatibles, pendant deux années, ayec toute autre fonction publique. {On applaudit.) (On demande le renvoi au comité de Gqnstitu-tion.) M. de Mirabeau. Je ne m’opposerai jarpais à un renvoi au comité de Constitution : ce n’est pas à ce renvoi qu’il peut y avoir quelque inconvénient, mais à adopter lin grtjüle constitutiqnqel sans discussion. (L’Assemblée ordonne le renvoi de la motion de M. de Mirabeau au comité de Constitution.) M. Augler, député d'Angoi�lême, demande et obtient un congé d’uq mqisi. M. le Présideut. Voqs avpz ajourné à deux heures, le rapport du comité des recherches , relatif au camp fédératif de J allez, dans le département de V Ardèche. Je dpnpp la parole au rapporteur-M. Charles Brûlart dp j�IUery, rapporteur (1). Messieurs, au milieu qps désordres qui ont été excités de toute part par les ennemis de notre beu-(1) Le rapport de 51. de Sillery est incomplet au Moniteur. reuse Révolution, vous avez senti la uéçesàité de la fédération générale de tous fes citoyens du royaqme, pour opposer une barrière jpsqrmour table aux projets des malveillants. Les différents départements, après avoir fait le serment d’être fidèles à la nation, à |a Iqj et au roi, sont fous venus le renouveler en prpsenpo de l’Assemblée nationale et du roi daqs la cérémonie auguste du 14 juillet dernier. C’est sur l’untel de la patrie que les citoyens français ont juré d’ohéir aux lois, et dé regarder mutuellement comme un peuple de frères; pourquoi faut-jl que votre comité ait aujourd’hui un rapport à vous faire, dans lequel yous apercevrez aisément que les ennemis du bieq pupjic, cherchant à abuser les citoyeqs., se servent de leur patriotisme même pour les égarer et les plonger dans les plus fatales erreurs? Il est, Messieurs, je crois, de notre devoir d’éclairer les bons citoyens des manœuvres que l’qn ne cesse d’employer pour les abuser, de leur apprendre que si les désordres momentanés qui ont affligé les provinces, sont une suite inévitable des obstacles que nous avons trouvés à l’établissement de la nouvelle Constitution. Cette Constitution qui rétablit le citoyen français dan§ la dignité d’homme, libre dont il était dégradé, qe peut se consolider que par le rétablissement de l’ordre et de l’obéissance. Je ne crains point de dire, Messieurs, si nos frères qui n’ont pas désiré la Révolution put cherché à s’opposer à son établissemeqt, nous devons les plaindre çi’avoir préféré leur jouissance passagère au bonheur et à la félicité de la nation entière; mais nous devons oublier leurs erreurs,, puisque nous n’avons rien à craindre de leur malveillance. Daqs les premiers moments de la Révolution, ils ont mis de la loyauté eq cherchant à s’opposer à nos projets, puisqu’ils combattaient ouvertement tous nos plans. Nous avons triomphé dans celte guerre d'opinion; plusieurs citoyens se sont rallies sous les drapeaux du civisme, et nous n’avons plus à combattre que cette classe de gens qui, outrés de la perte de quelques privilèges, ont te cœur assez flétri pour consentir à des humiliations, afin d’avoir eqeore ie droit d’avoir aut opr d’eux des esclaves. C’est cqntre cette espèce d’hommes (car je ne peux lui donner le nom de citoyens) que vous devez montrer toute l’énergie dont vous êtes capables. Le rapport que je vais avoir l’honneur de vous faire vous démoqtrera évidemment le, danger que les meilleurs citoyens courent d’être abusés par jes insinuations *de ceux qui, sous le masque du civisme, les entraînent par degré dans les démarches les plus contraires à leur patriotisme et à leur opinion particulière. Depuis environ quinze jours les papiers publics, dont 'les principes sont connus pour être opposés à la Révolution, publient avec profusion des détails du camp fédératif qui vient d’avoir lieu à Jatlez, dans le départemept de l’Ardèche ; ils disent hautement que les résolutions qui ont été prises, et qui ne sont que l’expression des sentiments de l’armée entière, vont fixer l’opinion du midi de la France sur la Révolution actuelle. Les gardes nationales du département de l’Ardèche et de la Lozère, qui jusqu’à présent n’ont été connus que par ie patriotisme le plus pur, seront sans doute indignés quand ils verront qu’ils ont été abusés, et que les ennemis du bien public se sont servi de leur rassemblement et qu’ils ont sollicité sous le prétexte spécieux de renouveler ensemble le serment civique prêté à la confédération générale,