300 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE courbé sous la verge d’un pontife, ils trembloient au pied des autels, ou rampoient sur les marches du trône; cependant malgré le voile dont leurs yeux étoient obscurcis, la vertu ne leur fut pas étrangère, mais sombre, incertaine et farouche, elle s’égaroit à la voix du mensonge, et la justice seule sçut distinguer entre eux les ministres de l’erreur d’avec ses victimes. Donnons des regrets à leurs mémoires, pleurons sur leurs chaînes, et que le mépris flétrisse à jamais les noms odieux de ceux qui les trompoient pour les opprimer. Le crime et la nuit ont trop longtemps obscurcis la terre; ils luttent encore contre le jour qui les chasse... O Dieu source de lumière, aide nous à les vaincre; vois les enfans de la nature assemblés sous tes auspices : nous marchons d’un pas ferme à la clarté de ce flambeau que tu alluma dans nos âmes, et nous bravons la rage des tyrans, qui font en vain couler des flots de sang pour l’éteindre, nous avons entendu ta voix, elle nous dit que nos vœux n’ont pos besoin d’interprête pour arriver à toi. Tu fis naître les républiques des crimes de la tirannie; les rois et leurs complices aveugles dans leur haine contre la liberté, sont devenus dans tes mains, les instruments de son triomphe; ils l’ont servi par leurs injustices, et l’orgueil du despotisme a rétably l’égalité; tu permis dans ta sagesse ces fléaux passagers pour l’instruction de l’homme, tu laissas usurper par des brigands les droits de la nature, pour les rendre plus chers au peuple qui les a conquis; rend nous dignes de ce dépôt sacré, armes nos bras pour le défendre, que nos enfans nous bénissent en le recevant de nous, qu’il soit l’héritage des générations à venir. Dieu de la liberté sois notre guide, sois l’âme de nos actions, sois toujours présent à notre pensée; l’homme de bien n’en a point d’aussi douce, le méchant seul l’écarte, le coupable qui se repent, n’en a point d’aussi consolante; affermis par nous la République, en l’appuyant sur des mœurs et des vertus républicaines; montres par notre exemple à l’univers, qu’un vrai républicain toujours juste et sensible, pardonne et plaint l’erreur, n’est inflexible que pour le crime, inexorable que pour les ennemis de la liberté publique, ne se venge des siens que par des bienfaits, fuit le méchant sans le haïr, n’a de passion qu’une bienveillance universelle, et de crainte que celle de n’être jamais assez vertueux. Nous ne te demandons ni les richesses, ni le repos de l’oisiveté, réserves les pour la punition de celui qui les préfère au travail et à l’innocence; ne prolonges nos jours que pour le bonheur de nos semblables. Si notre vie fut utile et pure, elle aura toujours assés duré, accorde nous la vertu seule, qu’elle soit le but, la récompense de nos travaux et qu’au moment où elle pourroit nous abandonner, la mort nous plonge dans ton sein, et réunisse notre âme à l’âme universelle, aussi pure qu’elle en est émanée. » 23 La société populaire de Riez(l), district de Digne, département des Basses-Alpes, félicite (1) Et non Niez. la Convention nationale sur le décret du 18 floréal (1), et l’invite à resetr à son poste. Mention honorable, insertion au bulletin (2). [Riez, s.d.] (3). « Citoyens représentais, La plus belle de toutes les victoires est celle qu’on remporte sur ses passions, et vous venez de les dompter toutes à la fois; l’idée d’un Etre Suprême, en assupetissant l’homme à sa raison, donne à la vertu les plus douces espérances et livre le crime aux remords les plus affreux. Mère tendre ! ton fils qui vient de succomber à la prise de [mot illisible] n’est point mort; il vit encore; console-toi, il vit dans le cœur de tous les français; il vivra par la récompense que l’Etre Suprême lui avait préparée. O Etre des êtres ! l’hommage le plus pur est celui que te rend un peuple libre, un peuple qui préfère la médiocrité aux richesses, l’amitié, la fraternité aux titres pompeux de duc, de prince, de roi, et qui fait de l'égalité et de la justice les bases de son gouvernement. Que je me transporte volontiers dans ces temples élevés dans toutes les communes à la raison universelle; là, le juif confondu avec le protestant, le protestant avec le catholique abjurent la haine qu’avait enfantée parmi eux la diversité de ce que l’on appelait dogmes ou doctrine; reconnaissent qu’ils avaient été trompés par leurs prêtres, adorent le même dieu et s’embrassent comme frères. La commune de Riez, Citoyens législateurs, n’est qu’un point dans la vaste étendue de la République, mais ce point n’a jamais dévié de la ligne droite de la révolution. Ses habitans, presque tous agricoles, ont mêlé leurs premiers élans avec ceux de la liberté naissante. Ils ont reçu avec transports la suppression de la dîme, de la gabelle et des droits féodaux qui les accablent; ils n’ont vu dans la mort du tyran que la chute d’un monstre, l’établissement de la République une et indivisible les a remplis de joie et d’admiration. Souliers, bas, et chemises, ils ont presque tout donné pour habiller nos braves défenseurs. L’argenterie de leur église a été augmenter cette masse qui croît tous les jours à la monnaie et qui va montrer aux tyrans coalisés que les français sont plus grands et plus riches dans leurs dépouilles que les hordes de leurs esclaves dans leur fausse gloire. Les républicains de cette commune vous demandent, dignes représentans, de rester à votre poste jusqu’à ce que nos ennemis vaincus reconnaissent que le peuple français est le peuple le plus juste et le plus vertueux de la terre. » Mille ( prêsid .), Gaide fils (secret.) . 24 L’agent national envoie le tableau des biens d’émigrés, vendus dans ce district dans le cours de 8 mois, dont l’adjudication se monte à (1) Et non 16 floréal. (2) P.V., XXXIX, 10. B1**, 25 prair. (2e suppl1), (fait mention des dons et de l’argenterie de l’église). (3) C 306, pl. 1160, p. 26. 300 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE courbé sous la verge d’un pontife, ils trembloient au pied des autels, ou rampoient sur les marches du trône; cependant malgré le voile dont leurs yeux étoient obscurcis, la vertu ne leur fut pas étrangère, mais sombre, incertaine et farouche, elle s’égaroit à la voix du mensonge, et la justice seule sçut distinguer entre eux les ministres de l’erreur d’avec ses victimes. Donnons des regrets à leurs mémoires, pleurons sur leurs chaînes, et que le mépris flétrisse à jamais les noms odieux de ceux qui les trompoient pour les opprimer. Le crime et la nuit ont trop longtemps obscurcis la terre; ils luttent encore contre le jour qui les chasse... O Dieu source de lumière, aide nous à les vaincre; vois les enfans de la nature assemblés sous tes auspices : nous marchons d’un pas ferme à la clarté de ce flambeau que tu alluma dans nos âmes, et nous bravons la rage des tyrans, qui font en vain couler des flots de sang pour l’éteindre, nous avons entendu ta voix, elle nous dit que nos vœux n’ont pos besoin d’interprête pour arriver à toi. Tu fis naître les républiques des crimes de la tirannie; les rois et leurs complices aveugles dans leur haine contre la liberté, sont devenus dans tes mains, les instruments de son triomphe; ils l’ont servi par leurs injustices, et l’orgueil du despotisme a rétably l’égalité; tu permis dans ta sagesse ces fléaux passagers pour l’instruction de l’homme, tu laissas usurper par des brigands les droits de la nature, pour les rendre plus chers au peuple qui les a conquis; rend nous dignes de ce dépôt sacré, armes nos bras pour le défendre, que nos enfans nous bénissent en le recevant de nous, qu’il soit l’héritage des générations à venir. Dieu de la liberté sois notre guide, sois l’âme de nos actions, sois toujours présent à notre pensée; l’homme de bien n’en a point d’aussi douce, le méchant seul l’écarte, le coupable qui se repent, n’en a point d’aussi consolante; affermis par nous la République, en l’appuyant sur des mœurs et des vertus républicaines; montres par notre exemple à l’univers, qu’un vrai républicain toujours juste et sensible, pardonne et plaint l’erreur, n’est inflexible que pour le crime, inexorable que pour les ennemis de la liberté publique, ne se venge des siens que par des bienfaits, fuit le méchant sans le haïr, n’a de passion qu’une bienveillance universelle, et de crainte que celle de n’être jamais assez vertueux. Nous ne te demandons ni les richesses, ni le repos de l’oisiveté, réserves les pour la punition de celui qui les préfère au travail et à l’innocence; ne prolonges nos jours que pour le bonheur de nos semblables. Si notre vie fut utile et pure, elle aura toujours assés duré, accorde nous la vertu seule, qu’elle soit le but, la récompense de nos travaux et qu’au moment où elle pourroit nous abandonner, la mort nous plonge dans ton sein, et réunisse notre âme à l’âme universelle, aussi pure qu’elle en est émanée. » 23 La société populaire de Riez(l), district de Digne, département des Basses-Alpes, félicite (1) Et non Niez. la Convention nationale sur le décret du 18 floréal (1), et l’invite à resetr à son poste. Mention honorable, insertion au bulletin (2). [Riez, s.d.] (3). « Citoyens représentais, La plus belle de toutes les victoires est celle qu’on remporte sur ses passions, et vous venez de les dompter toutes à la fois; l’idée d’un Etre Suprême, en assupetissant l’homme à sa raison, donne à la vertu les plus douces espérances et livre le crime aux remords les plus affreux. Mère tendre ! ton fils qui vient de succomber à la prise de [mot illisible] n’est point mort; il vit encore; console-toi, il vit dans le cœur de tous les français; il vivra par la récompense que l’Etre Suprême lui avait préparée. O Etre des êtres ! l’hommage le plus pur est celui que te rend un peuple libre, un peuple qui préfère la médiocrité aux richesses, l’amitié, la fraternité aux titres pompeux de duc, de prince, de roi, et qui fait de l'égalité et de la justice les bases de son gouvernement. Que je me transporte volontiers dans ces temples élevés dans toutes les communes à la raison universelle; là, le juif confondu avec le protestant, le protestant avec le catholique abjurent la haine qu’avait enfantée parmi eux la diversité de ce que l’on appelait dogmes ou doctrine; reconnaissent qu’ils avaient été trompés par leurs prêtres, adorent le même dieu et s’embrassent comme frères. La commune de Riez, Citoyens législateurs, n’est qu’un point dans la vaste étendue de la République, mais ce point n’a jamais dévié de la ligne droite de la révolution. Ses habitans, presque tous agricoles, ont mêlé leurs premiers élans avec ceux de la liberté naissante. Ils ont reçu avec transports la suppression de la dîme, de la gabelle et des droits féodaux qui les accablent; ils n’ont vu dans la mort du tyran que la chute d’un monstre, l’établissement de la République une et indivisible les a remplis de joie et d’admiration. Souliers, bas, et chemises, ils ont presque tout donné pour habiller nos braves défenseurs. L’argenterie de leur église a été augmenter cette masse qui croît tous les jours à la monnaie et qui va montrer aux tyrans coalisés que les français sont plus grands et plus riches dans leurs dépouilles que les hordes de leurs esclaves dans leur fausse gloire. Les républicains de cette commune vous demandent, dignes représentans, de rester à votre poste jusqu’à ce que nos ennemis vaincus reconnaissent que le peuple français est le peuple le plus juste et le plus vertueux de la terre. » Mille ( prêsid .), Gaide fils (secret.) . 24 L’agent national envoie le tableau des biens d’émigrés, vendus dans ce district dans le cours de 8 mois, dont l’adjudication se monte à (1) Et non 16 floréal. (2) P.V., XXXIX, 10. B1**, 25 prair. (2e suppl1), (fait mention des dons et de l’argenterie de l’église). (3) C 306, pl. 1160, p. 26.