{(Jonvetitkm nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. \ ?‘-ÏM™m*ïe-"L!î 31 ’ ? il novembre 1/93 prêtres se riaient impunément de là crédulité du peuple, dont ils savaient profiter pour le dépouiller : il n’est que trop juste que chacun ait son tour, d’ailleurs le peuple ne fait que reprendre aujourd’hui ce qu7on lui avait enlevé par l’effet de l’erreur la plus criminelle dans laquelle on l’avait jeté. Cètte opération civique s’est faite pendant une très grande partie de la nuit avec la plus grande gaîté. Des cris de : Vive la République ! Au diable les prêtres ! l’hymne sacré de la liberté, et autres airs patrio¬ tiques, sans cesse répétés, accompagnaient cette opération. Toutes nos ouvrières ont voulu pous¬ ser leur impiété civique jusqu’à boire à la santé de la République, de ce que les sans-culottes de notre commune appellent le maximum, dans les ciboires et calices, où les prêtres nous ont fait trop longtemps avaler jusqu’à la lie, le fiel de la superstition. « Kous vous apportons aussi le prétendu bras de saint Cézaire, soi-disant auteur du fameux Liber miserabilis si cher aux aristocrates et aux royalistes, parce qu’ils y disent que la Répu¬ blique française ne subsisterai que dix -huit mois. Hélas ! si c’était le bras d’un défenseur de la patrie, nous l’eussions conservé précieusement. « Telle est l’exacte vérité de ce qui s’est passé au sujet de cet envoi, qui a d’autant plus de mérite de la part de notre commune, qu’elle a préféré l’intérêt public au sien particulier, car elle n’a d’autres ressources, pour frayer aux dépenses nécessitées par la Révolution, que les sols additionnels. Elle n’a ni biens communaux, ni d’émigrés. Les propriétés nationales com¬ posent la majeure partie de son sol; les habi¬ tants sont, pour la plupart, des manouvriers et des journaliers; aussi sommes-nous chargés de vous demander, en leur faveur, l’application aux biens de la ci-devant liste civile, de la loi que vous avez rendue relativement aux biens des émigrés, et par laquelle vous donnez aux non propriétaires la faculté d’en acheter jusqu’à concurrençe de 500 livres payables en vingt ans. « En multipliant les propriétaires dans notre commune, ce dont nous vous présentons le moyen facile, vous la dédommagerez à son gré de la perte qu’elle a éprouvée par la suppres¬ sion de la liste civile* perte qu’elle est bien éloi¬ gnée de regretter, mais qui est réelle. « Tout parle en faveur de notre commune pour la ranger dans la classe des plus fidèles et des plus ardentes de la République. Sa con¬ tribution patriotique de 38,000 livres, le paye¬ ment exact et non arriéré de ses contributions publiques, le service très actif et non interrompu de sa garde nationale, le nombre presque ex¬ traordinaire, à raison de sa population qui n’est que de 3,100 et quelques âmes, des défen¬ seurs qu’elle a fournis à la République, qui se monte à près de 500, parmi lesquels on compte beaucoup de pères �de famille; sa générosité à en habiller, armer et équiper près de 120 qui sont partis dans le mois de septembre 1792 (vieux style), une contribution volontaire de plus de 3,000 livres pendant la durée de la guerre, destinée aux parents infortunés de ces mêmes défenseurs; la réception amicale et fra¬ ternelle qu’elle a toujours faite aux défenseurs de la patrie qui sont1 passés dans son sein au nombre de peut-être 100,000. « Elle a tout fait pour encourir les disgrâces des traîtres que l’on voulait lui faire recon¬ naître, particulièrement pour son maître; et elle? y a réussi. « Elle désire couronner tous ces traits ci¬ viques par celui de la mutation de son nom entaché de féodalité, qui a été porté par des ci-devant marquis et ducs, en un autre nom plus digne de son énergie républicaine et de son sin¬ cère amour pour les fondateurs du bonheur du peuple. En conséquence, elle émet son vœu pour: s’appeler désormais la commune Le Pelletier , et demande votre approbation. « Comptez avec confiance, citoyens représen¬ tants, que cette commune se rendra de plus en plus digne des avantages qu’elle pourra rece¬ voir de la bienfaisance nationale, et que sa posi¬ tion locale lui donne lieu d’espérer d’une nom velle division dont les considérations indivi¬ duelles et particulières seront sans doute écar¬ tées pour ne consulter que l’intérêt public qui se trouvera servi avec plus d’économie et de célérité dans notre commune que dans quelque* autre. « C’est un objet que nous croyons avoir dé¬ montré à votre comité de division. « La patrie a besoin de vos lumières, de vos talents et surtout de votre énergie; restez donc à votre poste jusqu’à ce que le gouvernement républicain soit inébranlablement affermi, et vous comblerez tous ses vœux et particulière¬ ment ceux de notre commune. « Dufoub, maire ; Tbotte, procureur de la commune. » Etat des effets mobiliers provenant de la ci-devant fabrique de Rambouillet, et servant au culte, dont la municipalité dudit lieu fait hommage à la Convention nationale aux termes de l'ar¬ rêté du conseil général de ladite commune, en date du 15 brumaire de la 2 e année de la Répu¬ blique, une et indivisible (1). Lesdits effets présentés à la Convention natio¬ nale par le citoyen Dufour, maire de ladite com¬ mune, et son commissaire à cet effet. marcs onces gros 27 » en or, argent et vermeil, com¬ posés de calices, ciboires, soleils, patènes, etc. 97 5 2 en galons et dentelles d’or. 15 » » idem en argent. 139 5 2 Plus le bras d’un saint, dit Cézaire. Pour expédition conforme : Pour V empêchement du maire, Sanson l’aîné, officier municipal ; Maclak, secrétaire-greffier. Extrait du registre des délibérations du conseil général permanent de la commune et chef-lieu de canton de Rambouillet, district de Pour dan, département de Seine-et-Oise (2). Béance publique du 15 brumaire de la 2e année de la République, une et indi¬ visible. Un membre observe à l’assemblée que la commune de Rambouillet n’ayant plus de prêtre (1) Archives nationales, carton C 279, dossier 752. (2) Ibid. 32 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j bru.n�® pour faire l’office, il est inutile de conserver les ornements qui y étaient nécessaires; que déjà plusieurs communes des environs de Paris se sont distinguées en envoyant à la Convention nationale leurs saints, châsses et autres objets servant au culte; qu’à la vérité la commune de Rambouillet a fait deux sacrifices considérables de l’argenterie de son église, mais qu’il serait encore digne d’elle de donner un nouveau témoignage de son dévouement civique, surtout dans ce moment de crise, en faisant à la Con¬ vention nationale un nouveau don de tout ce qui lui reste des marques de la superstition. En conséquence, le même membre propose de nommer des commissaires à l’effet : premiè¬ rement de procéder, en présence du gardien des effets mobiliers de l’église, à l’inventaire, des¬ cription et (enlèvement de tous les ustensiles d’or et d’argent de la ci-devant fabrique tels que ciboires, patènes, calices, soleils, croix et autres objets de même nature. Deuxièmement, que ces mêmes commissaires fussent chargés de faire enlever les broderies et galons des chasubles et autres ornements d’église, qu’ils réuniraient aux objets massifs, comme aussi que ces mêmes commissaires fus¬ sent autorisés à faire vendre à l’encan et au profit de la commune, attendu leur peu de valeur, les étoffes provenant desdits ornements, dont du lout ils dresseraient procès-verbal qui serait déposé aux archives. Troisièmement qu’il soit nommé un membre du conseil à l’effet de se transporter auprès des citoyens Robin et Besson, représentants du peuple, de leur communiquer la lettre du ci¬ toyen Larue à la municipalité de Rambouillet, leur faire les observations nécessaires à ce sujet et leur faire part des intentions de rassemblée sur l’hommage et le don qu’elle fait à la Con¬ vention. L’assemblée consultée, ouï le procureur de la commune, adopte les trois propositions. Pour l’exécution des deux premières, nomme les citoyens Horeau, jeune officier municipal et Lesieur, membre du conseil. Et pour l’exécution de la troisième, nomme le citoyen Dufour,4 maire, qu’elle invite à rédi¬ ger l’acte d’offrande et la pétition relative aux moyens d’améliorer le sort de la commune. Tour expédition conforme : Tour Vabsence du maire, Sanson l’aîné, officier municipal ; Macdar, secrétaire-greffier. Les administrateurs de l’hospice rue de Marat apportent l’argenterie de la chapelle de cette maison. Mention honorable est décrétée (1). Un grand nombre de prêtres abjurent ce mé¬ tier (2). Compte rendu de V Auditeur national (3). Un membre annonce que les prêtres du dépar¬ tement de l’Eure et plusieurs de celui des Deux-(1) Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p. 156. (2) Ibid. (3) Auditeur national [n® 416 du 22 brumaire Sèvres, ont fait des autodafés de leurs lettres de prêtrise. La Convention nationale décrète, sur la pro¬ position d’un membre [Thuriot (1)1 que le co¬ mité des finances fera, sous huit jours, son rap¬ port sur le traitement à accorder aux prêtres qui ont renoncé à leurs paroisses, ou auxquels les paroisses ont renoncé (2). Compte rendu du Moniteur universel (3). Thuriot. Assez et trop longtemps la Répu¬ blique a soldé l’armée du fanatisme et de Ter¬ reur. Si l’homme philosophe était vindicatif, il pourrait dire au prêtre : « Nous t’assurons les richesses que .tu nous a promises après la mort dans le Paradis. » (On rit et on applaudit. ) Mais l’humanité est la vertu du philosophe; le prêtre est un homme, il est donc son frère : aidons-le à s’éclairer, et n’empêchons pas, en le réduisant an II (mardi 12 novembre 1793), p. 4.) D’autre part, le Journal de Perlel [n» 416 du 22 brumaire an II (mardi 12 novembre 1793), p. 339] rend compte de l’abjuration de ces prêtres dans les termes suivants : « Quelques prêtres viennent successivement à la barre se dépouiller de leur caractère et demander le baptême civique. « Ce n’est pas à Paris seulement ou dans les envi¬ rons que les principes de la philosophie triomphent. « Plusieurs membres annoncent que dans les dépar¬ tements voisins de ceux qu’on a si cruellement fana¬ tisés, entre autres dans celui des Deux-Sèvres, les prêtres abdiquent journellement leurs fonctions et rendent hommage solennel à la raison. ( Vifs applau¬ dissements.) » (1) D’après les divers journaux de l’époque. Thuriot présenta sa motion aussitôt après que Chabot eut demandé l’insertion au Bulletin, avec mention honorable, de la pétition des 56 Sociétés populaires de Paris relative à la suppression du trai¬ tement des prêtres (voy. ci-dessus, p. 21). Le dé¬ cret, auquel cette motion donna lieu, aurait donc dû figurer, dans le tome 25 du procès-verbal, à la page 151, c’est-à-dire immédiatement après le para¬ graphe qui vise l’admission à la barre de la péti¬ tion des 56 Sociétés populaires. Or, le rédacteur du procès-verbal, nous ignorons pour quelle raison, a inséré ce décret beaucoup plus loin, à la page 157, si bien que nous nous sommes trouvés dans l’obli¬ gation de scinder en deux une discussion qui, d’après les comptes rendus de tous les journaux, aurait dû former un bloc. Le lecteur s’en rendra aisément compte en juxtaposant le compte rendu publié par le Moniteur : 1° de l’admission à la barre des 56 So¬ ciétés populaires; 2° de la motion de Thuriot. (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p. 156. (3) Moniteur universel [n° 53 du 23 brumaire an II (mercredi 13 novembre 1793), p. 216, col. 1]. D’autre part, le Journal des Débats et des Décrets (brumaire an II, n° 419, p. 285), le Journal de Perlet [n° 416 du 22 brumaire an II (mardi 12 no¬ vembre 1793), p. 339] et le Journal de la Montagne [n° 163 du 22e jour du 2e mois de l’an II (mardi 12 novembre 1793), p. 1199, col. 2] rendent compte de la motion de Thuriot dnas les termes suivants : I. Compte rendu du Journal des Débals et des Décrets. Thuriot. Assez et trop longtemps la nation fran¬ çaise a salarié l’armée contre-révolutionnaire du fanatisme. Si l’homme philosophe était vindicatif, il pourrait dire aux prêtres : « Nous vous abandon¬ nons les biens que vous nous aviez promis dans l’autre vie. » Mais l’humanité n’aura pas à murmu¬ rer des succès de la raison. Si l’on se hâtait de sup¬ primer le traitement des hommes que la République