SÉANCE DU 6 PRAIRIAL AN II (25 MAI 1794) - N° 6 613 tandis que nos braves frères d’armes poursuivent sous les drapeaux de la victoire et la bayonnette aux reins, le traître anglais, le vil espagnol et le barbare autrichien, jaloux de concourir au salut de la patrie par tous les moyens qui sont en notre pouvoir et que nous offre notre localité, nous hâtons l’extraction du salpêtre de toutes nos forces, nous nous livrons tout entiers à faire des cendres qui doivent faciliter sa fabrication et grossir la foudre républicaine; ainsi chaque homme jaloux de sa liberté, trouve toujours des ressources pour servir utilement sa patrie. Voisins limitrophes de la forêt nationale dite de Lyons, les membres composant la Société ont promis de se réunir un jour de chaque décade aux lieux les plus abondants en arbustes, bruyères, fougères et herbes inutiles pour les ramasser, en former des meules qui, réduites ensuite par des flammes, nous procurent des cendres excellentes et en abondance. Déjà ce travail nous en a produit plusieurs quintaux et nous promettons de ne l’abandonner que lorsqu’il n’y aura plus une seule tige de fougère. Un repas civique succède au labeur, la gaieté et la frugalité y président, on se sépare en chantant et chacun de nous emporte avec lui sous sa chaumière l’impatience de recommencer. Les principes que nous professons nous ont imposé le devoir de ménager les préjugés; nous avons vu dans l’homme faible ou ignorant un homme qui pour être semblable à nous avait seulement besoin d’être éclairé. Les dupants (sic) seuls ont encouru notre haine, et de là, guerre éternelle aux fanatiques pervers. L’athée n’eut jamais de place parmi nous, ses principes sont d’un désorganisateur, nous avons cédé sans ré-sistence au penchant naturel qui nous fait trouver et reconnaître un être parfait, divin moteur de toutes choses. Recevez donc, Citoyens Représentai, nos hommages et nos remerciements pour la profession de foi que vous avez rendue publique à l’univers par votre sublime décret du 18 floréal. Qu’ils tremblent, les fourbes et les pervers qui ont osé peindre aux yeux des nations étrangères le peuple français, comme un peuple d’athées et de matériellistes (sic) qu’ils tremblent, le nuage de l’erreur se dissipe, la vérité perce et bientôt une juste fureur animant l’homme qu’ils abusent va leur faire trouver un trépas qui avec lui entraînera un opprobre éternel. Restez à votre poste, restez y vertueux, et jusqu’à ce que tous les tyrans de la terre soient ensevelis sous les débris sanglants de leurs trônes; nous vaincrons, et qui pourrait en douter quand toutes les vertus commandent nos armées et dirigent la foudre contre l’iniquité. Vive la République, une, indivisible, vive la Montagne et périssent les tyrans. S. et F. ». Levasseur (secret.). 6 La Société populaire de Val-d’Eynan (1), département de l’Isère, demande que les hommes (1) Et non Valdainau, Isère. sans mœurs, sans vertu et sans probité soient exclus des fonctions publiques, qu’une guerre éternelle soit faite aux conspirateurs et aux tyrans; elle annonce un envoi de chemises, de bas et de souliers à l’armée des Alpes. Mention honorable, insertion au bulletin (1). [VaZ d’Eynau, 25 germ. II] (2). « Citoyens Législateurs, Votre gloire est immortelle (vos travaux ne finiront qu’avec le temps). La postérité la plus reculée admirera votre zèle infatigable à déjouer et à punir les conspirateurs. Courage ! guerre ! guerre éternelle aux tyrans ! C’est là le cri terrible qui se fait entendre de tous les points de la République; il a frappé les oreilles des despotes de Naples, de Madrid, de Londres, de Vienne, de Berlin et de tous les tyrans. Ces vils despotes en ont été épouvantés. Encore un effort, et leurs trônes chancellants vont être à jamais renversés et réduits en poudre : l’heure fatale est sonnée pour ces monstres ! Tout s’apprête dans la République pour en purger la terre qu’ils souillent de leur présence. Que les hommes sans mœurs, sans vertus et sans probité soient exclus des fonctions publiques. Travaillons à former des Brutus et la patrie défendue par ces hommes forts et incorruptibles s’élèvera au point de force et de gloire, auquel elle doit se promettre d’atteindre. Le despotisme, l’intrigue, le fanatisme et tous les vices vont disparaître. Vous venez encore de sauver la patrie, affermissez notre gouvernement républicain sur le tombeau des conspirateurs; sans ces mesures révolutionnaires, les vertueux patriotes seraient bientôt conduits à l’échaffaud, par tous les scélérats qui n’ont d’autre but que de déchirer leur patrie, et d’autre jouissance que celle de voir couler le sang des républicains. Restez donc à votre poste, consommez le bonheur de la République, nous y contribuerons par les élans du plus pur civisme. Nous envoyons des chemises, des bas, des souliers à nos braves frères d’armes de l’armée des Alpes, qui gravissent déjà les montagnes escarpées du Piémont pour aller détrôner le roi des marmottes : nous continuerons nos dons civiques tant que la guerre durera; nous venons encore de monter et équiper un cavalier qui ne rentrera dans ses foyers qu’avec les lauriers de la victoire. Nous vous jurons fidélité et force; périsse avec les traites quinconque regrette l’esclavage, quinconque ne défend pas la liberté et quinconque ne sait pas mourir pour elle; continuez à braver tous les dangers; le peuple est debout; il serre l’égide contre lequel, les poignards des scélérats vendus à Pitt, à Cobourg, et à tous les tyrans couronnés, iront s’émousser et se briser. Frappez sans crainte et sans distinction tous les malveillants; que le graive de la loi en fasse justice; les sans-culottes de Val d’Eynan se feront toujours un devoir de s’unir aux défenseurs de la liberté et aux amis du peuple. S. et F. ». Allégret, Vial, Dode. (1) P.V., XXXVIII, 108. Bin, 10 prair. (1er suppl1) et 11 prair (2e suppl1). (2) C 304, pl. 1134, p. 7. SÉANCE DU 6 PRAIRIAL AN II (25 MAI 1794) - N° 6 613 tandis que nos braves frères d’armes poursuivent sous les drapeaux de la victoire et la bayonnette aux reins, le traître anglais, le vil espagnol et le barbare autrichien, jaloux de concourir au salut de la patrie par tous les moyens qui sont en notre pouvoir et que nous offre notre localité, nous hâtons l’extraction du salpêtre de toutes nos forces, nous nous livrons tout entiers à faire des cendres qui doivent faciliter sa fabrication et grossir la foudre républicaine; ainsi chaque homme jaloux de sa liberté, trouve toujours des ressources pour servir utilement sa patrie. Voisins limitrophes de la forêt nationale dite de Lyons, les membres composant la Société ont promis de se réunir un jour de chaque décade aux lieux les plus abondants en arbustes, bruyères, fougères et herbes inutiles pour les ramasser, en former des meules qui, réduites ensuite par des flammes, nous procurent des cendres excellentes et en abondance. Déjà ce travail nous en a produit plusieurs quintaux et nous promettons de ne l’abandonner que lorsqu’il n’y aura plus une seule tige de fougère. Un repas civique succède au labeur, la gaieté et la frugalité y président, on se sépare en chantant et chacun de nous emporte avec lui sous sa chaumière l’impatience de recommencer. Les principes que nous professons nous ont imposé le devoir de ménager les préjugés; nous avons vu dans l’homme faible ou ignorant un homme qui pour être semblable à nous avait seulement besoin d’être éclairé. Les dupants (sic) seuls ont encouru notre haine, et de là, guerre éternelle aux fanatiques pervers. L’athée n’eut jamais de place parmi nous, ses principes sont d’un désorganisateur, nous avons cédé sans ré-sistence au penchant naturel qui nous fait trouver et reconnaître un être parfait, divin moteur de toutes choses. Recevez donc, Citoyens Représentai, nos hommages et nos remerciements pour la profession de foi que vous avez rendue publique à l’univers par votre sublime décret du 18 floréal. Qu’ils tremblent, les fourbes et les pervers qui ont osé peindre aux yeux des nations étrangères le peuple français, comme un peuple d’athées et de matériellistes (sic) qu’ils tremblent, le nuage de l’erreur se dissipe, la vérité perce et bientôt une juste fureur animant l’homme qu’ils abusent va leur faire trouver un trépas qui avec lui entraînera un opprobre éternel. Restez à votre poste, restez y vertueux, et jusqu’à ce que tous les tyrans de la terre soient ensevelis sous les débris sanglants de leurs trônes; nous vaincrons, et qui pourrait en douter quand toutes les vertus commandent nos armées et dirigent la foudre contre l’iniquité. Vive la République, une, indivisible, vive la Montagne et périssent les tyrans. S. et F. ». Levasseur (secret.). 6 La Société populaire de Val-d’Eynan (1), département de l’Isère, demande que les hommes (1) Et non Valdainau, Isère. sans mœurs, sans vertu et sans probité soient exclus des fonctions publiques, qu’une guerre éternelle soit faite aux conspirateurs et aux tyrans; elle annonce un envoi de chemises, de bas et de souliers à l’armée des Alpes. Mention honorable, insertion au bulletin (1). [VaZ d’Eynau, 25 germ. II] (2). « Citoyens Législateurs, Votre gloire est immortelle (vos travaux ne finiront qu’avec le temps). La postérité la plus reculée admirera votre zèle infatigable à déjouer et à punir les conspirateurs. Courage ! guerre ! guerre éternelle aux tyrans ! C’est là le cri terrible qui se fait entendre de tous les points de la République; il a frappé les oreilles des despotes de Naples, de Madrid, de Londres, de Vienne, de Berlin et de tous les tyrans. Ces vils despotes en ont été épouvantés. Encore un effort, et leurs trônes chancellants vont être à jamais renversés et réduits en poudre : l’heure fatale est sonnée pour ces monstres ! Tout s’apprête dans la République pour en purger la terre qu’ils souillent de leur présence. Que les hommes sans mœurs, sans vertus et sans probité soient exclus des fonctions publiques. Travaillons à former des Brutus et la patrie défendue par ces hommes forts et incorruptibles s’élèvera au point de force et de gloire, auquel elle doit se promettre d’atteindre. Le despotisme, l’intrigue, le fanatisme et tous les vices vont disparaître. Vous venez encore de sauver la patrie, affermissez notre gouvernement républicain sur le tombeau des conspirateurs; sans ces mesures révolutionnaires, les vertueux patriotes seraient bientôt conduits à l’échaffaud, par tous les scélérats qui n’ont d’autre but que de déchirer leur patrie, et d’autre jouissance que celle de voir couler le sang des républicains. Restez donc à votre poste, consommez le bonheur de la République, nous y contribuerons par les élans du plus pur civisme. Nous envoyons des chemises, des bas, des souliers à nos braves frères d’armes de l’armée des Alpes, qui gravissent déjà les montagnes escarpées du Piémont pour aller détrôner le roi des marmottes : nous continuerons nos dons civiques tant que la guerre durera; nous venons encore de monter et équiper un cavalier qui ne rentrera dans ses foyers qu’avec les lauriers de la victoire. Nous vous jurons fidélité et force; périsse avec les traites quinconque regrette l’esclavage, quinconque ne défend pas la liberté et quinconque ne sait pas mourir pour elle; continuez à braver tous les dangers; le peuple est debout; il serre l’égide contre lequel, les poignards des scélérats vendus à Pitt, à Cobourg, et à tous les tyrans couronnés, iront s’émousser et se briser. Frappez sans crainte et sans distinction tous les malveillants; que le graive de la loi en fasse justice; les sans-culottes de Val d’Eynan se feront toujours un devoir de s’unir aux défenseurs de la liberté et aux amis du peuple. S. et F. ». Allégret, Vial, Dode. (1) P.V., XXXVIII, 108. Bin, 10 prair. (1er suppl1) et 11 prair (2e suppl1). (2) C 304, pl. 1134, p. 7.