126 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE trouvé l’art de la subjuguer par l’astuce la plus machiavélique, l’opprimait par tous les moyens qu’ont jamais pu inventer la férocité et la scélératesse réunies. Le courage énergique, l’ensemble majestueux avec lesquels vous avez attaqué et terrassé au même instant ce tigre et ses impies sectateurs, dont l’existence deshonorait les annales de la Révolution, ont annoncé à la France que ce n’étoit pas une nouvelle faction qui succédait à l’ancienne. Mais la vertu qui triomphait du crime, et votre immortelle adresse au peuple français, commentaire le plus pur et le plus sublime de la Déclaration des Droits, comme un rayon éclatant de lumière, a percé les ombres épaisses que la tyrannie avait amoncelées autour d’elle, purifié l’atmosphère sanglant de la République, et rendu à la vie tout un peuple, qui, respirant à peine sous le joug de l’oppression et de la terreur, ne connoissoit bientôt plus de la liberté que le nom. Les sages leçons qui y sont développées doivent être la règle de tous les vrais amis de la patrie : les principes éternels de justice et de raison qui y sont solennellement proclamés ne pourront plus être attaqués ni méconnus, ils ont reçu une sanction universelle (25) : ils seront l’égide sacrée contre laquelle viendront s’immoler tous les traits de la licence et de l’intrigue, et dont le seul aspect pétrifiera tous les ennemis de la liberté et de l’égalité sous quelques masques qu’ils se couvrent. Combien de maux ont affligé les contrées méridionales ! Nous n’entreprendrons pas de les retracer; ils vous sont connus. Il suffit de dire que toutes les passions, portées au plus haut point d’exaltation sous un climat ardent, y ont régné tout-à-tour sans frein et sans pudeur. Le pauvre cultivateur même sous le chanvre n’a pas été exempt de coups: il a été arraché à son humble asile, qui a été violé et détruit. Vos sages décrets y vont reporter la consolation et la vie, et déjà les représentans du peuple, vos dignes délégués dans ces départements ont ranimé au fond des cœurs l’espérance qui étoit sur le point de s’y éteindre. Poursuivez, législateurs, votre glorieuse carrière; le peuple a reçu votre serment de ne la quitter que lorsque vous l’aurez entièrement parcourue. D’une main ferme vous en ayez tracé les limites et posé les bornes : qu’elles soient immuables. Punissez quiconque oseroit tenter de les déplacer. Vous êtes les seuls interprètes et les organes de la volonté générale : ne souffrez pas qu’aucun individu, aucun parti ni corporation aient l’audace d’y opposer le moindre obstacle. Vous avez retrouvé la vraie route qui doit conduire rapidement au but le char révolutionnaire ; ne permettez pas que les rênes flottantes soient jamais fléchies au gré de l’injustice et de la cupidité. Le conseil général de la commune de Pemes, toujours fermement attaché au dogme sacré de l’unité et de l’indivisibihté de la République, n’a jamais reconnu d’autres loix que celles émanées (25) Cette dernière partie de phrase a été ajoutée en bas de page. de la représentation nationale, et son seul cri de ralliement sera jusqu’à la mort, vive la République, vive la Convention. Les maire, officiers municipaux et notables composant le conseil général de la commune de Pemes, ce onze brumaire, 3ème année républicaine. Proal, maire, Brun, Brussy, Chiron, Roux, Michel, Teissier, officiers municipaux, ESCLANGON, secrétaire greffier et 4 signatures de notables. g [Le conseil général de la commune de Villers-Cot-terêts aux citoyens représentants du peuple à la Convention nationale, Villers-Cotterêts, le 20 brumaire an III] (26) Si la chute du tyran et de ses complices a commencé à écarter l’orage effroyable qui mena-çoit d’écraser notre horizon politique, votre Adresse énergique puisée dans les vrais principes de bienfaisance, de justice et d’humanité a achevé de nous ramener un ciel pur et serein dépouillé de tous les miasmes pestilentiels qui l’environnoient depuis longtemps ; aussi a-t-elle été reçue avec ce vif enthousiasme qu’excite dans toutes les âmes sensibles le désir de tranquillité et de raffermissement de la République. Dévouement total et réunion entière à la Convention, ont été le seul cri de tous nos concitoyens, et notamment à la nouvelle lecture de cette adresse faite le jour de la fête de la victoire. Continuez sages législateurs a appesantir la massue sur les tetes toujours renaissantes de cet hydre qui guidé soit par un esprit de faction, soit par une ambition démesurée, soit enfin par d’autres principes antirévolutionnaires, cherchent a anéantir l’indivisibilité de la République. Qu’elle atteigne aussi ces vils détracteurs de l’esprit public qui sous le masque du patriotisme induisant dans l’erreur des êtres futiles et souvent de bonne foi. Fait à la maison commune, à Villers-Cotterêts, le vingt brumaire, 3ème année de la République françoise, une et indivisible. BERROU, maire, et 13 autres signatures dont celle illisible de l’agent national. h [Le conseil général de la commune de Port-Brieuc à la Convention nationale, Port-Brieuc, le 15 brumaire an III] (27) Législateurs, Nous avons reçu et notre paisible commune a entendu, avec les transports de la plus vive allégresse, la sublime Adresse de la Convention au (26) C 328 (1), pl. 1446, p. 46. (27) C 328 (1), pl. 1446, p. 44. SÉANCE DU 4 FRIMAIRE AN III (24 NOVEMBRE 1794) - N° 7 127 peuple français; nous y avons tous remarqué, avec le plus vif intérêt, le langage d’une mère tendre et généreuse qui ouvre les bras à ses vrais enfants, et proscrit avec une mâle énergie ses infâmes assassins. Représentants, la morale publique avilie et corrompue a été la source des maux qui ont déchiré le sein de la France. De perfides désorganisateurs, sous le masque le plus trompeur du patriotisme, à l’aide de la terreur, avaient comprimé toutes les âmes justes et honnestes ; un morne et lâche silence arraché aux Français, sans doute par la force des circonstances, avaient enhardi les scélérats. Mais l’appel de la Convention fait aujourd’hui à la probité, réveille les Français, les somme de sortir, avec etonnement, de leur letargie politique, pour distinguer avec courage les véritables amis de leur patrie, et vouer à l’éxcecration des races futures, tous ces buveurs de sang, tous ces continuateurs de Roberspierre, qui méditaient avec une criminelle audace l’anneantissement de la représentation nationale. Vive la République. Vive la Convention. Lorin, maire, Pavalois, Dubois, Sevrin, Gauthier, Grimard, Deschamps, Beauherois, Demeuil, Jouven, Cadiou, officiers municipaux, CARTEL aîné, agent national, et 5 autres signatures. i [Le conseil général de la commune de Charol-les à la Convention nationale, Charolles, le 14 brumaire l’an III\ (28) Citoyens représentans, Votre adresse au peuple français est une mâne envoiée a un peuple qui avoit faim; elle est une fontaine ou les mêmes Français vont boire a longue traite le bonheur qui découle de sa source, continués vos grandes opérations, protégés la vertu et l’innocence, punisssés le contre-révolutionnaire et le méchan, nous serons aussy infatigables à vous soutenir, que vous etes zélés pour le bonheur de tous. Salut et fraternité. Les membres du conseil général de la commune de Charolles. Brunaud, Bauderont, Yort, officiers municipaux, LAMBORIE, agent national et 7 signatures de notables. j [Le directoire du district de Montflanquin aux citoyens représentans de la Convention nationale, Montflanquin, le 9 brumaire an III\ (29) (28) C 328 (1), pl. 1446, p. 39. (29) C 328 (1), pl. 1446, p. 20. Citoyens Représentans, Nous ne sommes pas de ceux qui parlent longuement ; mais nous sommes de ceux qui sentent et apprécient vos travaux. Le 18 vendémiaire, vous avez proclamé les principes de la liberté et de la justice devant un peuple qui veut la première et qui ne peut la conserver que par l’autre. Par qu’elle fatalité était-on parvenu à effacer ces principes dans l’ouvrage du gouvernement révolutionnaire. Les monstres, ils voulaient la Révolution; mais toute au profit de l’intrigue, du crime, de la scélératesse. Avec vous, dignes représentants d’un grand peuple qui vous chérit et vous honore, nous voulons l’égalité de la vertu, elle est la compagne de la liberté, parce qu’elle abhorre l’oppression. Elle fait les délices de l’homme juste, parce qu’elle soutient le citoyen intègre. Loin de nous à jamais tous ces hommes qui n’eurent que l’éloquence de la terreur et que l’esprit des forfaits. Que la patrie réunisse ses enfans pour les consoler des plaies qui ont déchiré son sein et leurs cœurs vertueux ; mais qu’elle repousse avec sévérité ces patriotes exclusifs, ces intrigans avides, ces perturbateurs audacieux, qui croient que le patriotisme consiste dans les forces des puissans, dans l’oppression des faibles, dans la renonciation aux droits de l’humanité. En un mot, citoyens représentans, maintenez la ligne de la démocratie que vous venez de tracer entre les bons et les méchans. Vous aurez sûrement établi la liberté et avec l’accent de la joie la mieux sentie, nous nous écrierons toujours : Vive la République, vive la Convention nationale qui l’a purgée de ses plus grands ennemis. Suivent 7 signatures. k [Les administrateurs du district de Faulquemont à la Convention nationale, Faulquemont, le 9 brumaire an III] (30) Citoyens Législateurs, Après l’éxécrable règne de terreur et de tiran-nie, succède enfin celui de la justice, de la liberté et de l’égalité ; forts de ce principe et de ceux qui vous avez manifestés dans votre Adresse au peuple français auxquels nous rendons hommage, nous vous déclarons et à la Nation entière, que nous ne souffrirons parmi nous, ni traître, ni dominateur, ni continuateur du règne odieux de ce Catilina que votre énergie a anéanti et conduit à l’échafaud. Tenez d’une main assurée le gouvernail du vaisseau de la République, et ne l’abbandonnéz que lorsqu’il sera entré au port. Nous jurons sur l’autel de la patrie, que nous n’aurons jamais d’autre base de justice que les principes de sagesse et d’humanité que vous avez rappelléz à tous les amis de la liberté et de l’éga-(30) C 328 (1), pl. 1446, p. 18.