686 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j ig décemtoe�l"� Le citoyen Manéhaud, secrétaire du district •de Clermont, département de la Meuse, envoie ses lettres de baccalauréat et de licence. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (1). Suit la lettre du citoyen Manéhaud (2). Manéhaud, secrétaire du district de Clermont, département de la Meuse, à la Convention nationale. « Législateurs, « Lorsqu’un régime impie asservissait la France, je me destinais à la profession qui paraissait conserver encore une ombre de liberté, je me dévouai à l’étude de ce qu’on nommait alors lois. Le motif qui me faisait préférer cet emploi à tout autre était trop pur pour que j’en rougisse aujourd’hui. L’heureuse révolution qui donne aux Français le code de la morale et de la nature, qui fait disparaître les oppresseurs, rend inutile le dangereux talent de défendre les opprimés. La confiance de mes concitoyens m’a appelé, jeune encore, au secrétariat de l’Administration. L’antre de fia chicane n’a jamais retenti de ma voix, mais il me reste des papiers par lesquels, dans un style chrétiennement latin, et pour quelque argent, la ci-devant université de Reims, me fait bachelier et licencié in utroque jure. Je les voue au feu qui doit consumer et la prêtrise, et la noblesse, et la féodalité sous la République une et indivisible. A bas les prêtres, à bas les nobles, à bas les hommes de loi, à bas tous les oppresseurs et les sangsues du peuple. « Le secrétaire du district de Clermont, dépar¬ tement de la Meuse. « J.-B.-C. Manéhaud. « Clermont, quintidi 5 frimaire l’an II de la République, une et indivisible. » La Société républicaine de la commune d’Ax, département de l’Ariège, écrit à la Convention nationale que les sacrifices les plus pénibles à la chose publique ne coûtent rien à ses habitants; que tous sont animés du plus brûlant patrio¬ tisme. Elle donne la description d’une fête civique, célébrée en reconnaissance des avantages rem¬ portés devant Maubeuge et dans divers points de nos frontières. Toutes les citoyennes îselsignalent à l’envi par des offrandes multipliées en charpie, bandes artistement rangées et vieux linge, qu’elles destinent au soulagement de nos frères d’armes, et qu’elles déposent dans notre hôpital militaire. Notre Société, citoyens, la première du dépar¬ tement, a juré de ne reconnaître d’autre culte que celui de la raison; et bientôt tous les colifi¬ chets d’or et d’argent prendront le chemin de la Monnaie. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (3) . (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, ,p. 315. (2) Archives nationales, carton C 286, dossier 842. 3) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 315. Suit la lettre de là Société républicaine d’Ax (1). La Société républicaine d-Ax, département de VAriège, à la Convention nationale. « Ax, le 9 frimaire de l’an II de la Répu¬ blique, une et indivisible. « Citoyens représentants, « La régénération de l’esprit public n’est plus un problème dans notre ville. Les sacrifices les plus pénibles à la chose publique ne coûtent plus à ses habitants, et désormais vous ne verre z en eux que des hommes animés du patriotisme le plus brûlant. « Nous n’avons pas vu d’un œil froid et indif¬ férent le succès de nos armées devant Maubeuge et dans divers points de nos �frontières. Péné¬ trés de reconnaissance pour ce décret salutaire et terrible qui termine la guerre que les passions les plus exécrables et les vampires les plus odieux avaient déclarée dans le sein même de notre patrie au peuple et à la Constitution républicaine. Les sans-culottes d’Ax ont manifesté leur allé¬ gresse par une fête civique qui, malgré sa sim¬ plicité, portait le caractère brûlant de l’enthou ¬ siasme. « Qu’il était beau, citoyens représentants, de voir les habitants de cette commune réunis aux autorités constituées et à la Société popu¬ laire, goûter les douceurs de l’égalité, et ne for¬ mer qu’une seule famille autour de l’autel de la patrie. « Vos moments sont trop précieux, citoyens représentants, pour vous faire une longue des¬ cription d’une fêta dont il nous serait impossible de vous peindre la majestueuse simplicité. Les portes des maisons étaient ornées de branches de chêne et surmontées de drapeaux tricolores; leur faîte était couronné par des emblèmes pa¬ triotiques et des inscriptions propres à graver dans tous les cœurs la haine des tyrans et l’amour de la liberté. Les citoyens et citoyennes faisaient retentir au loin nos montagnes des cris sacrés de Vive la République ! Vive la Montagne ! L’hymne marseillais, la chanson des sans-culot¬ tes et la Carmagnole furent chantés avec l’en¬ thousiasme le plus pur et accompagnés, non de ces danses symétriques dont la lubricité n’est propre qu’à corrompre des mœurs républicaines, mais de ces farandoles riantes qui peignent la sérénité dans nos âmes et la gaieté dans nos esprits. Réuni autour de l’autel de la patrie, le peuple y prononce le serment sacré de vivre libre ou de mourir, et rentre dans le même ordre dans la salle de la société. « Là, un orateur, touché du spectacle de cette cérémonie auguste, fait entendre les cris per¬ çants de la patrie qui appelle de nouveaux dé¬ fenseurs sur nos frontières. Il cite au peuple assemblé le dévouement généreux de la com¬ mune de Franciade; il propose d’offrir à la Convention un cavaüer équipé et monté aux frais de tous les citoyens. Sa proposition est saisie avec vivacité et les secrétaires ne peuvent répondre au zèle empressé des souscripteurs. Enfin, 1,000 livres sont à l’instant déposées sur le bureau avec une grande partie de l’équipe¬ ment. Ra société, au milieu des applaudisse¬ ments, offre à la Convention nationale un cava-(1) Archivés nationales, carton C 286, dossier 842.