62 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE Fait au directoire du département des Cô-tes-du-Nord. A Port-Brieuc, le 5 thermidor, l’an second de la République française, une et indivisible. Signés : T. Prigent, M. Le Mee, Hello, P. Saul-nier Hautiere, Goueffic, Ledissez (1). 11 Le substitut de l’agent national du district de Bourg, département de l’Ain, annonce à la Convention que les biens des émigrés dans ce district se vendent à un prix très avantageux : des fonds estimés 7 900 liv. ont été vendus 35 000 [sic] liv., ce qui donne un excédent de 27 400 liv. D’autres fonds estimés 14 160 liv. ont été vendus 45 100 liv., ce qui produit une différence de 31 060 liv. [sic] Insertion au bulletin et renvoi au comité des domaines nationaux (2). [Le substitut de l’agent nat. du distr. de Bourg, au présid. de la Conv.; Bourg, 5 therm. II] (3). J’ai la satisfaction de t’annoncer, citoyen président, que les biens des émigrés se vendent dans ce district à un prix excessif; des fonds estimés 7 900 liv. ont été vendus 35 300 liv., ce qui donne un excédent de 27 400 liv. D’autres fonds estimés 14 160 liv. ont été vendus 45 100 liv., ce qui produit une différence de 31 060 (sic) liv. C’est ainsi que les citoyens du district de Bourg donnent de jour en jour de nouvelles preuves de leur amour pour la République. S. et F.! Battier ( substitut de l’agent nat.). 12 L’agent national près le district de No-garo, département du Gers, fait part à la Convention nationale que les biens des émigrés se vendent dans ce district avec un pareil avantage. Insertion au bulletin, et renvoi au comité des domaines nationaux (4). [L’agent nat. près le distr. de Nogaro, aux membres de la commission des dépêches; Nogaro, 30 mess. II] (5) Citoyens, Les biens des émigrés et condamnés continuent à se vendre avec avantage; ils s’afferment de même. Pendant le mois de messidor, des biens estimés 82 801 liv. ont été vendus 373 900 liv. (1) A Port-Brieuc, chez J.M. Beauchemin, imprimeur du département des Côtes-du-Nord. (2 )P.V., XLIII, 217. Bk, 1er fruct. (3)C 313, pl. 1250, p. 54. (4) P.V., XLIII, 217. Bk, 1er fruct. (5) C 313, pl. 1250, p. 53. Des biens de pères et mères d’émigrés ont été affermés pour un an 83 805 liv. Des biens d’émigrés, condamnés ou prêtres déportés ont été affermés pour un an 49 168 liv. S. et F.! Russoll. 13 Les administrateurs du district de Ville-franche (1) et la société populaire de Bou-chain (2) félicitent la Convention nationale du succès de nos armées, auquel elle a si bien concouru par ses soins, son activité et sa sollicitude pour les braves défenseurs de la patrie; ils l’invitent à rester à son poste jusqu’à la paix. Mention honorable, insertion au bulletin (3) [Les administrateurs du distr. de Ville franche, à la Conu.; Villefranche, 2 therm. II] (4) Pères de la patrie, Les succès inombrables de nos armées, les projets de nos ennemis déjoués, sont le fruit de vos mesures sages et vigoureuses; ils sont la preuve certaine de votre sollicitude et de votre ardent amour pour la patrie que vous avés sauvée. Représentans du peuple, chaque courrier nous apporte les nouvelles les plus satisfaisantes; aussi nous empressons-nous de les transmettre à nos concitoyens. Le plaisir que nous en éprouvons tous est inexprimable; les cris de vive la République, vive la Convention nationale! Qu’elle reste à son poste! sont, citoyens, les expressions de joie et de reconnoissance d’un peuple qui vous chérit bien justement. Le maire de la commune de Gleizé, en faisant quelques recherches dans la maison de Bottu Labarmondiere, puni de mort, y a trouvé, sous une poutre, pour 125 000 liv. de bonnes obligations, dont le recouvrement va se faitre au profit de la nation. Vive la République! Vive la montagne! S. et F.! Béraud, Denoevit, Boutot ( présid . en l’absence), Teilliard, Teillard ( agent nat.), Bres-soudurieux, Buvoy ( secrét .) (5). [La sté popul. et révol. de Bouchain, à la Conv.; s.d. ] (6) Citoyens représentans, La commune de Bouchain fut longtems environnée d’une foule d’esclaves ramassés par (1) Rhône. (2) Nord. (3) P.V. , XLIII, 217. Bk , 2 fruct. (suppl1) et mentionné par Bm, 4 fruct. (1er suppl1). (4) C 313, pl. 1250, p. 52. (5) La mention marginale porte, en outre : mention honorable, insertion au bulletin, renvoi à la commission des revenus nationaux. (6) C 316, pl. 1266, p. 73. SÉANCE DU 27 THERMIDOR AN II (14 AOÛT 1794) - Nos 13-14 63 les tirans européens. C’étoit une vedette qui veilloit à la sûreté commune. La société populaire a cru que son énergie devoit augmenter avec le danger. Elle fortifia et maintint l’esprit public par des fêtes et des discours patriotiques. Les esclaves l’ont presque vu extraire, du terrain marécageux qu’elle habite, ce salpêtre qui aide à leur destruction. Ils ont presqu’entendu la citoyenne Douteur, blanchisseuse, dire : J’ai perdu mon époux et l’un de mes fils au service; l’enfant qui me reste combat les esclaves; je donne le seul fagot que je possède afin d’aider à la fabrication du salpêtre; je ferai ma lessive plus tard. Vive la République! Ils ont presqu’assisté à la délibération prise par la société d’équipper, armer et monter un cavalier jacobin qui est entré dans le 10e régiment de dragons. Après s’être livrés à des horreurs de tout genre, ils ont disparu, ces vils esclaves, avec toute la promptitude que la peur inspire. La société parcoure aussitôt les campagnes nouvellement libres; ses commissaires en visitent une partie; ils engagent les municipalités populaires à reprendre leurs fonctions; ils élèvent avec les habitants des communes des arbres à la liberté; ils réveillent le patriotisme et cette énergie si nécessaires à des républicains : elle n’étoit pas éteinte partout. Un esclave dit à un vieillard de Solesmes : donne-moi ton argent, sinon je te tue! Je vais le chercher, répond le vieillard. Il va chercher la mort : il revient et casse la tête à l’esclave avec une hache qu’il avait cachée sous son habit. Que fera-t-il ? L’ennemi est dans sa commune; ses voisins sont de vils aristocrates; il traîne ce cadavre impur dans sa cave et l’y enterre. La société voit avec plaisir que 15 mois d’horreurs n’ont point altéré les sentimens des vétérans de la révolution, mais lui ont acquis des partisans. Il est cependant nécessaire, citoyens représentans, de purifier ces campagnes. Des patriotes ont été cruellement vexés, des arbres plantés à la liberté ont été abattus par des scélérats que l’on appelloit françois. Montagnards, restez au poste où la confiance publique vous a appellés, et que vous occupez si dignement. Restez-y jusqu’au moment où la foudre populaire aura fait justice de tous nos ennemis. Le sol de la France est purgé de la présence des satellites des despotes. Ceux qui le souillent encore redoutent nos armes victorieuses et tremblent dans leurs repaires. Leurs places-frontières sont à nous. Nos armées volent de succès en succès. Nieuport, Anvers sont à nous. Grâces immortels vous soient rendus. Vive la République! Vive la Convention montagnarde! Monmaire ( secrét .), Darbours ( présid .), Poulin (?), (secret.). 14 L’agent national du district de Nyons, département de la Drôme, annonce à la Convention que la vente des biens provenant des émigrés se fait dans ce district avec beaucoup de succès. Il vient d’y être prononcé 497 adjudications définitives : le total de l’estimation étoit de 428 300 liv. Les prix se sont portés en total à 1 066 185 liv. Insertion au bulletin et renvoi au comité des domaines nationaux (1). [Le substitut de l’agent nat. près le distr. de Nyons, à la Conv.; Nyons, 7 therm. II] (2) Représentants, Je vous annonce que la vente des biens nationaux provenants des émigrés se continue dans ce district avec un succès infiniment satisfaisant. Fins au 1er thermidor il a été prononcé 497 adjudications définitives; le total de l’estimation était de 428 303 liv.; les prix d’adjudications se sont portés en total à 1 066 185 liv. Vive la République! S. et F. Auzias. 15 L’agent national de la commune d’Emile, département de Seine-et-Oise, instruit la Convention que les citoyens de ce canton se sont portés dans les communes avoisinantes pour venir au secours de ceux qui n’avoient pas assez de bras pour recueillir les récoltes. Mention honorable, insertion au bulletin (3). [L’agent nat. de la comm. d’Emile (4), à la Conv.; Emile, 18 therm. II] (5) Législateurs, Tandis que nos frères moissone les lauriers aux frontières, nous moissonnons le bled. Le directoire de district nous ayant fait part qu’il manquoit de bras pour rentrer la plus belle des récoltes, avec une invittation à tous les bons citoyens de se réunir aux moissonneurs ordinaire; comme notre commune et celles de notre canton ne contiennent que des vignes, des arbres fruitiers, des bois et très peu de grain, tous les citoyens réunis, connoissant l’urgence, ont arretté, d’un voix unanime, qu’ils partiroient dès le lendemain matin pour moissonner dans les autres cantons de notre district, si précieux par l’abondance des bleds qu’il y a. Ont également tous demandé que tous les attelliers de bâtiment fusse suspendus jusqu’après la récolte (je vous observe que la majeur partie de ces citoyens sont ouvriers de bâtiment). Le lendemain matin, que c’étoit un beau spectacle sur la principal place de la commune, de voir l’artisan, le marchand, le rentier, munis (1) P.V., XLIII, 217. 5", 1er fruct. (Noyons). (2) C 313, pl. 1250, p. 51. (3) P.V., XLIII, 218. B", 1er fruct. (4) Ci-devant Montmorency. (5) C 313, pl. 1250, p. 66.