[Assemblés nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. [7 août 1790. ] rendu au sujet deM. de Lautrec est constitutionnel ; tout annonce, au contraire, qu’il est de circonstance. 11 porte que le comité présentera incessamment un projet de loi sur la grande question de l’inviolabilité des représentants de la nation; il n’est pas un membre de cette Assemblée qui, gémissant sur un de ses collègues, victime d’une accusation évidemment injuste, ait pensé s’autoriser du décret auquel il a concouru avec empressement, pour soustraire aux lois les auteurs et les complices d’un attentat déplorable, qui a souillé la Révolution, qui pèse sur la nation française, qui sera son éternel déshonneur. (Il s'élève de grands murmures dans la partie gauche de V Assemblée, la partie droite applaudit.) Oui, je le répète, qui pèse sur la nation tout entière, qui sera à jamais son éternel déshonneur ! Si les auteurs d’un forfait abominable, dont il n’est pas au pouvoir des hommes d’accorder le pardon, ne sont découverts et punis, que dira la France, que dira l’Europe entière? L’asile des rois a été violé, les marches du trône ensanglantées, ses défenseurs égorgés, d’infâmes assassins ont mis en péril les joiirs de la fille de Marie-Thérèse (il s'élève des murmures ), de la reine des Français (les murmures augmentent ), de la fille de Marie-Thérèse, de cette femme dont le nom célèbre surnagera sur l’oubli auquel vous avez dévoué les noms obscurs des victimes et des agents de la Révolution. Ils étaient députés, ils étaient Français, ils étaient hommes, et ils se sont souillés de ces attentats odieux. Si vous adoptiez la motion qu’on vous propose, si vous déballiez publiquement la procédure, vous verriez disparaître les coupables ou les preuves; le crime seul resterait; il resterait toujours p!us odieux, car il serait sans vengeance. Quel étrange privilège s’arrogeraient donc les représentants de la nation? La loi frapperait sur toutes les têtes, et ils s’élèveraient au-dessus de la loi, le seul point par lequel l’égalité rapproche insensiblement tous les membres d’une société. C’est donc au nom de la justice, votre premier devoir, de l’honneur, votre premier intérêt, de la liberté qui ne peut exister si un seul citoyen n’est pas soumis à la loi, que je vous engage, que je vous presse, que je vous conjure de décréter la motion deM. l’abbé Maury, de déclarer que les membres de cette Assemblée n’ont aucun privilège devant la justice; que le crime, quel que soit le criminel, doit être jugé et puni; que le coupable ne sera pas dérobé à l’équité, à la sévérité d’un tribunal qui a mérité votre contiance, qui est votre ouvrage, que vous avez créé pour les crimes de cette nature. Je demande donc le renvoi de cette procédure au Châtelet; je demande qu’il lui soit enjoint de la poursuivre, en lui prescrivant d’y mettre ce courage, cette activité qui doivent l’honorer et le rendre à jamais célèbre daus l’histoire. M. l