SÉANCE DU 1er FLORÉAL AN II (20 AVRIL 1794) - N0' 28 A 30 89 f [La Mun. et le juge de paix de S*-Jean-du-Bruel, à la Conv.; 22 vent. II] (1). «Mandataires d’un peuple libre, La municipalité et le juge de paix de la commune de St-Jean-du-Bruel, district de Millau, département de l’Aveyron, vous invitent de rester à votre poste jusqu’à la paix. Le gouvernement provisoire révolutionnaire que vous nous avez donné va glacer d’épouvante tous les ennemis de la République. Déjà tous les trônes chancellent et les despotes frémissent de voir dans nos terres lessivées le véhicule de leur mort. Ni paix ni trêve avec les scélérats couronnés et mitrés. La guerre ! La guerre jusqu’à ce que nous ayons planté l’olivier de la paix sur le cadavre du dernier expirant. Le petit nombre de sans -culottes de cette commune, qui a cependant une nombreuse population composée de 2 300 âmes formant une assemblée primaire, ne recevra pas les bulletins de la Convention, d’après votre décret du 5 ventôse, qui porte qu’ils ne seront envoyés qu’aux chefs-lieux de canton : cependant notre commune est plus conséquente qu’aucun des chefs-lieux de canton qui nous environnent; elle a d’autant plus besoin d’instruire le peuple que c’est ici le rendez-vous de tous les citoyens qui nous environnent à 4 lieues de rayon : il nous faut par conséquent de quoi les instruire tous les décadis. Nous venons d’ériger un temple à la raison, et les membres de notre société montagnarde s’empressent d’instruire le peuple tous les jours de décade, mais il nous faut les bulletins sans quoi nos propres ressources ne suffiront pas pour instruire les citoyens qui affluent dans cette commune. Nous vous annonçons avec la plus vive satisfaction que les habitants de cette ville ont vu partir avec indifférence les ustensils d’église, nos cloches et les harnois de l’un et l’autre culte. Ils ont également envoyé gratuitement et sans la moindre peine, leurs couvertures de laine, leurs redingotes, marmites, chemises, bas, bottes et selles de chevaux. Enfin, nous pouvons assurer que dans ce pays l’empire de la raison fait chaque jour des progrès. Énvoyez-nous s’il vous plait directement les bulletins sans l’intermédiaire du chef-lieu du canton, et par ce moyen, nous propagerons l’amour de la liberté. » Seigle j. (juge de paix), Negret (maire), Revel, Masson (off. mun.), Balcenet, Floris (agent nat.), Hebrard (admin.), Nuririe, Masson (secret, greffier). 28 L’agent national provisoire, près le district de Thouars (2) annonce que leurs églises sont fermés et servent de magasins aux subsistances militaires; il envoie une malle contenant 230 marcs 6 onces 3 gros, tant en argenterie que (1) D*1- 18, Aveyron, p. 29. (2) Deux-Sèvres. galons d’or et d’argent, provenant des églises et maisons d’émigrés de ce district; les cloches sont allées à leur destination. Mention honorable, insertion au bulletin (1). 29 La société populaire de Poitiers propose à la Convention nationale de décréter que les détenus d’un département seront transférés dans un autre à leurs frais. Renvoyé au comité de sûreté générae (2). 30 La commune de Vigan annonce qu’elle a converti son église en temple de la Raison, et a invité les ministres de tous les cultes à abdiquer leurs fonctions. Mention honorable et insertion au bulletin (3). [Vigan, 15 vent. II] (4). « Citoyen président, La commune de Vigan t’adresse extrait de la délibération prise par la municipalité et le comité de surveillance réunis qui prouvera à nos représentants le progrès de la raison et de la vérité dans ces contrées jadis le théâtre des excès auxquels peuvent se porter le fanatisme et la superstition. S. et F. » Capion. [Extraits des délibération; 11 vent. II.] « République française une et indivisible, séance publique et permanente du soir, le corps municipal assemblé; présents et opinants les citoyens Montel, Recolin, J. J. Aguse, Dumas, Finiel, Verdier, officiers municipaux; Capion, agent national; Flouret, président; Castel, Mays-tre, Fabre fils, Cabanis, Peyre, Lodève, membres du Comité de surveillance. Le corps municipal réuni au comité de surveillance de la commune considérant qu’une foule d’abus et de malheurs ont pris leur source dans les préjugés, surtout dans le fanatisme et la superstition, que les plus belles maximes de morale ont été couvertes d’un voile impénétrable aux âmes faibles et timides, que la véritable philosophie a déchiré ce voile, la raison prit la place de la crainte, la vérité celle de l’imposture, que pour éviter un retour funeste, il est important de faire cesser tout culte public autre que celui de la raison, arrête d’inviter les mi-ministres du culte catholique et protestant d’abdiquer des fonctions abusives. Le citoyen Antoine Gai Ladevèse s’est présenté et après lui avoir donné connaissance des motifs de l’invitation; il a dit : je souscrit à la (D P.V., XXXVI, 14. M.U., XXXIX, 25; J. Fr., n° 574; J. Sablier, n° 1270. (2) P.V., XXXVI, 15. Pas de mention dans F7. (3) P.V., XXXVI, 15. Le Vigan (Départ4 du Gard). (4) C 302, pl. 1091, p. 2, 3. SÉANCE DU 1er FLORÉAL AN II (20 AVRIL 1794) - N0' 28 A 30 89 f [La Mun. et le juge de paix de S*-Jean-du-Bruel, à la Conv.; 22 vent. II] (1). «Mandataires d’un peuple libre, La municipalité et le juge de paix de la commune de St-Jean-du-Bruel, district de Millau, département de l’Aveyron, vous invitent de rester à votre poste jusqu’à la paix. Le gouvernement provisoire révolutionnaire que vous nous avez donné va glacer d’épouvante tous les ennemis de la République. Déjà tous les trônes chancellent et les despotes frémissent de voir dans nos terres lessivées le véhicule de leur mort. Ni paix ni trêve avec les scélérats couronnés et mitrés. La guerre ! La guerre jusqu’à ce que nous ayons planté l’olivier de la paix sur le cadavre du dernier expirant. Le petit nombre de sans -culottes de cette commune, qui a cependant une nombreuse population composée de 2 300 âmes formant une assemblée primaire, ne recevra pas les bulletins de la Convention, d’après votre décret du 5 ventôse, qui porte qu’ils ne seront envoyés qu’aux chefs-lieux de canton : cependant notre commune est plus conséquente qu’aucun des chefs-lieux de canton qui nous environnent; elle a d’autant plus besoin d’instruire le peuple que c’est ici le rendez-vous de tous les citoyens qui nous environnent à 4 lieues de rayon : il nous faut par conséquent de quoi les instruire tous les décadis. Nous venons d’ériger un temple à la raison, et les membres de notre société montagnarde s’empressent d’instruire le peuple tous les jours de décade, mais il nous faut les bulletins sans quoi nos propres ressources ne suffiront pas pour instruire les citoyens qui affluent dans cette commune. Nous vous annonçons avec la plus vive satisfaction que les habitants de cette ville ont vu partir avec indifférence les ustensils d’église, nos cloches et les harnois de l’un et l’autre culte. Ils ont également envoyé gratuitement et sans la moindre peine, leurs couvertures de laine, leurs redingotes, marmites, chemises, bas, bottes et selles de chevaux. Enfin, nous pouvons assurer que dans ce pays l’empire de la raison fait chaque jour des progrès. Énvoyez-nous s’il vous plait directement les bulletins sans l’intermédiaire du chef-lieu du canton, et par ce moyen, nous propagerons l’amour de la liberté. » Seigle j. (juge de paix), Negret (maire), Revel, Masson (off. mun.), Balcenet, Floris (agent nat.), Hebrard (admin.), Nuririe, Masson (secret, greffier). 28 L’agent national provisoire, près le district de Thouars (2) annonce que leurs églises sont fermés et servent de magasins aux subsistances militaires; il envoie une malle contenant 230 marcs 6 onces 3 gros, tant en argenterie que (1) D*1- 18, Aveyron, p. 29. (2) Deux-Sèvres. galons d’or et d’argent, provenant des églises et maisons d’émigrés de ce district; les cloches sont allées à leur destination. Mention honorable, insertion au bulletin (1). 29 La société populaire de Poitiers propose à la Convention nationale de décréter que les détenus d’un département seront transférés dans un autre à leurs frais. Renvoyé au comité de sûreté générae (2). 30 La commune de Vigan annonce qu’elle a converti son église en temple de la Raison, et a invité les ministres de tous les cultes à abdiquer leurs fonctions. Mention honorable et insertion au bulletin (3). [Vigan, 15 vent. II] (4). « Citoyen président, La commune de Vigan t’adresse extrait de la délibération prise par la municipalité et le comité de surveillance réunis qui prouvera à nos représentants le progrès de la raison et de la vérité dans ces contrées jadis le théâtre des excès auxquels peuvent se porter le fanatisme et la superstition. S. et F. » Capion. [Extraits des délibération; 11 vent. II.] « République française une et indivisible, séance publique et permanente du soir, le corps municipal assemblé; présents et opinants les citoyens Montel, Recolin, J. J. Aguse, Dumas, Finiel, Verdier, officiers municipaux; Capion, agent national; Flouret, président; Castel, Mays-tre, Fabre fils, Cabanis, Peyre, Lodève, membres du Comité de surveillance. Le corps municipal réuni au comité de surveillance de la commune considérant qu’une foule d’abus et de malheurs ont pris leur source dans les préjugés, surtout dans le fanatisme et la superstition, que les plus belles maximes de morale ont été couvertes d’un voile impénétrable aux âmes faibles et timides, que la véritable philosophie a déchiré ce voile, la raison prit la place de la crainte, la vérité celle de l’imposture, que pour éviter un retour funeste, il est important de faire cesser tout culte public autre que celui de la raison, arrête d’inviter les mi-ministres du culte catholique et protestant d’abdiquer des fonctions abusives. Le citoyen Antoine Gai Ladevèse s’est présenté et après lui avoir donné connaissance des motifs de l’invitation; il a dit : je souscrit à la (D P.V., XXXVI, 14. M.U., XXXIX, 25; J. Fr., n° 574; J. Sablier, n° 1270. (2) P.V., XXXVI, 15. Pas de mention dans F7. (3) P.V., XXXVI, 15. Le Vigan (Départ4 du Gard). (4) C 302, pl. 1091, p. 2, 3. 90 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE cessation du culte public duquel j’ai été le ministre pendant 36 ans, dans cette commune; déclarant que j’ai toujours regardé l’obéissance aux lois comme un devoir sacré des ministres de la religion protestante, la liberté, l’égalité sera toujours ma devise; la tranquillité, la prospérité de la République française une et indivisible, sera toujours l’objet de mes vœux, et a signé : Antoine Gai Ladevèze. Le citoyen Benoît, curé élu par le peuple dont il a toujours reconnu et respecté la souveraineté, ayant eu connaissance de la délibération de ce jour portant suppression de toute espèce de culte public, excepté celui de la raison, a donné et donne par son adhésion à la susdite délibération la preuve de l’obéissanse que tout citoyen doit aux autorités constituées n’ayant jamais ignoré que toute nation est dans le droit imprescriptible d’adopter ou de proscrire le culte qui leur paraît ou utile ou nuisible; ledit citoyen Benoît a renoncé et renonce à l’exercice du culte public catholique, conformément aux volontés du peuple manifestées dans la susdite délibération et a signée Benoît. Le corps municipal vu l’abdication ci-dessus, l’agent national entendu, délibérant sur les réquisitions, arrête que l’édifice jadis connu sous le nom d’église sera désormais le temple de la Raison; où chaque jour de décade pourront se rendre les citoyens pour y entendre des discours de morale, chanter des hymnes à la liberté et à l’égalité, à la prospérité de la République, à la lecture et explication des lois et décrets de la Convention nationale, et qu’en place des tableaux retraçant les signes du fanatisme feront appliquer la déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, l’acte constitutionnel sanctionné par le peuple, des maximes civiques et autres emblèmes de la liberté, de l’égalité, de la raison et de la philosophie, arrête aussi qu’au-dessus de la porte de la principale entrée sera gravé cette inscription en gros caractères : « Temple de la Raison et de la vérité ». Arrête encore qu’extrait du présent sera adressé à la Convention nationale en l’invitant de rester à son poste jusqu’à ce que tous les ennemis de la liberté et de l’égalité de la République une et indivisible soient anéantis; arrêté de plus, que pareil extrait sera adressé au représentant du peuple Borie, délégué dans les départements du Gard, et de la Lozère; que l’argenterie de ladite cy-devant église sera pesée et adressée à la Convention nationale et plus rien n’a été délibéré et ont les membres du Comité de surveillance et du corps municipal, signé au registre. » P.c.c. : Aguze, Laporte. 31 L’agent national de Monflanquin (1) annonce que les biens des émigrés s’y vendent avec succès et au plus du double de l’estimation (2). (1) Et non Montflanquin. (Départ* du Lot-et-Garonne) . (2) P.V., XXXVI, 15. Il en a déjà été vendu pour une somme de 297,505 liv.; et quoique l’estimation des experts se rapproche beaucoup de la valeur des objets, divers petits lots évalués à 8,450 liv, ont été portés par les dernières enchères à 24,710 liv. (1) . Renvoyé au comité des domaines nationaux (2). 32 L’agent national, près le district de Marseille, envoie la relation de la fête civique célébrée en cette commune dans le temple de la Raison. Renvoyé au comité d’instruction publique (3). [Marseille, 2 germ. II ] (4). « Citoyens représentants, C’est dans l’allégresse du républicanisme que je vous annonce que l’esprit de la raison, de la justice et de la vertu fait des grands progrès dans les cœurs de mes concitoyens; hélas ! quand les intentions sont pures, peut-il en être autrement ? Hier, 1er germinal, dans la cy-devant église des prêcheurs, d’après la demande des sans-culottes des 11 et 9, a été érigé un temple à la Raison. Cette fête tant désirée des vrais patriotes de cette commune a eu lieu, elle devait être célébrée la veille, jour de la décade; mais la pluie, qui l’a retardée, n’a fait qu’augmenter nos désirs; vos dignes collègues Maignet et Moltedo, toutes les autorités constituées, la Société populaire, les citoyens soldats, les soldats citoyens et les citoyens républicains en grand nombre s’y étaient rendus. C’est donc dans cette cérémonie fraternelle où les hommes dignes de la liberté jouissaient du spectacle le plus attendrissant et plus auguste; les cendres des martyrs de cette divinité, déposées dans un tombeau, annonçaient aux spectateurs que le bonheur de la patrie ne peut s’acquérir par l’or et l’argent, armes de la tyrannie, et seules idoles des tyrans, mais bien par les vertus et les plus grands sacrifices toujours chers à la mémoire des vrais républicains. Une foule de vieillards venait encore frapper la vue des âmes sensibles, ornés de leurs cheveux blanchis sous le poids des années et du travail, vrai symbole du respect dû à la vieillesse. Puissent tous ceux qui portent le titre de républicains ne jamais oublier ce devoir sacré ! Tous les attributs de la liberté et de l’égalité y furent réunis, la charrue, et nombre d’agriculteurs, portant les instruments aratoires, les ouvriers de tous les arts, avec leurs outils, figure des devoirs et des besoins que la nature nous impose. Ah ! que ce coup d’œil était agréable; (1) Bin, 2 flor. (suppl*). (2) P.V., XXXVI, 15. (3) P.V., XXXVI, 15. B1”, 2 flor. (suppl*); M.U., XXXIX, 25. (4) C 302. 90 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE cessation du culte public duquel j’ai été le ministre pendant 36 ans, dans cette commune; déclarant que j’ai toujours regardé l’obéissance aux lois comme un devoir sacré des ministres de la religion protestante, la liberté, l’égalité sera toujours ma devise; la tranquillité, la prospérité de la République française une et indivisible, sera toujours l’objet de mes vœux, et a signé : Antoine Gai Ladevèze. Le citoyen Benoît, curé élu par le peuple dont il a toujours reconnu et respecté la souveraineté, ayant eu connaissance de la délibération de ce jour portant suppression de toute espèce de culte public, excepté celui de la raison, a donné et donne par son adhésion à la susdite délibération la preuve de l’obéissanse que tout citoyen doit aux autorités constituées n’ayant jamais ignoré que toute nation est dans le droit imprescriptible d’adopter ou de proscrire le culte qui leur paraît ou utile ou nuisible; ledit citoyen Benoît a renoncé et renonce à l’exercice du culte public catholique, conformément aux volontés du peuple manifestées dans la susdite délibération et a signée Benoît. Le corps municipal vu l’abdication ci-dessus, l’agent national entendu, délibérant sur les réquisitions, arrête que l’édifice jadis connu sous le nom d’église sera désormais le temple de la Raison; où chaque jour de décade pourront se rendre les citoyens pour y entendre des discours de morale, chanter des hymnes à la liberté et à l’égalité, à la prospérité de la République, à la lecture et explication des lois et décrets de la Convention nationale, et qu’en place des tableaux retraçant les signes du fanatisme feront appliquer la déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, l’acte constitutionnel sanctionné par le peuple, des maximes civiques et autres emblèmes de la liberté, de l’égalité, de la raison et de la philosophie, arrête aussi qu’au-dessus de la porte de la principale entrée sera gravé cette inscription en gros caractères : « Temple de la Raison et de la vérité ». Arrête encore qu’extrait du présent sera adressé à la Convention nationale en l’invitant de rester à son poste jusqu’à ce que tous les ennemis de la liberté et de l’égalité de la République une et indivisible soient anéantis; arrêté de plus, que pareil extrait sera adressé au représentant du peuple Borie, délégué dans les départements du Gard, et de la Lozère; que l’argenterie de ladite cy-devant église sera pesée et adressée à la Convention nationale et plus rien n’a été délibéré et ont les membres du Comité de surveillance et du corps municipal, signé au registre. » P.c.c. : Aguze, Laporte. 31 L’agent national de Monflanquin (1) annonce que les biens des émigrés s’y vendent avec succès et au plus du double de l’estimation (2). (1) Et non Montflanquin. (Départ* du Lot-et-Garonne) . (2) P.V., XXXVI, 15. Il en a déjà été vendu pour une somme de 297,505 liv.; et quoique l’estimation des experts se rapproche beaucoup de la valeur des objets, divers petits lots évalués à 8,450 liv, ont été portés par les dernières enchères à 24,710 liv. (1) . Renvoyé au comité des domaines nationaux (2). 32 L’agent national, près le district de Marseille, envoie la relation de la fête civique célébrée en cette commune dans le temple de la Raison. Renvoyé au comité d’instruction publique (3). [Marseille, 2 germ. II ] (4). « Citoyens représentants, C’est dans l’allégresse du républicanisme que je vous annonce que l’esprit de la raison, de la justice et de la vertu fait des grands progrès dans les cœurs de mes concitoyens; hélas ! quand les intentions sont pures, peut-il en être autrement ? Hier, 1er germinal, dans la cy-devant église des prêcheurs, d’après la demande des sans-culottes des 11 et 9, a été érigé un temple à la Raison. Cette fête tant désirée des vrais patriotes de cette commune a eu lieu, elle devait être célébrée la veille, jour de la décade; mais la pluie, qui l’a retardée, n’a fait qu’augmenter nos désirs; vos dignes collègues Maignet et Moltedo, toutes les autorités constituées, la Société populaire, les citoyens soldats, les soldats citoyens et les citoyens républicains en grand nombre s’y étaient rendus. C’est donc dans cette cérémonie fraternelle où les hommes dignes de la liberté jouissaient du spectacle le plus attendrissant et plus auguste; les cendres des martyrs de cette divinité, déposées dans un tombeau, annonçaient aux spectateurs que le bonheur de la patrie ne peut s’acquérir par l’or et l’argent, armes de la tyrannie, et seules idoles des tyrans, mais bien par les vertus et les plus grands sacrifices toujours chers à la mémoire des vrais républicains. Une foule de vieillards venait encore frapper la vue des âmes sensibles, ornés de leurs cheveux blanchis sous le poids des années et du travail, vrai symbole du respect dû à la vieillesse. Puissent tous ceux qui portent le titre de républicains ne jamais oublier ce devoir sacré ! Tous les attributs de la liberté et de l’égalité y furent réunis, la charrue, et nombre d’agriculteurs, portant les instruments aratoires, les ouvriers de tous les arts, avec leurs outils, figure des devoirs et des besoins que la nature nous impose. Ah ! que ce coup d’œil était agréable; (1) Bin, 2 flor. (suppl*). (2) P.V., XXXVI, 15. (3) P.V., XXXVI, 15. B1”, 2 flor. (suppl*); M.U., XXXIX, 25. (4) C 302.