Seance du 30 Prairial An II (Mercredi 18 Juin 1794) Présidence de ROBESPIERRE W La séance est ouverte à onze heures par la lecture de la correspondance et des adresses et pétitions suivantes : 1 La société populaire d’Ussel, chef-lieu de district, département de la Corrèze, félicite la Convention nationale sur ses travaux, particulièrement sur les décrets qui ont mis la probité, la justice et toutes les vertus à l’ordre du jour, reconnu l’existence de l’Etre-Suprême et l’immortalité de l’âme, extirpé la mendicité, et rendu à l’agriculture plus de 60 cultivateurs de ce district, presque tous pères de famille, privés longtemps de leur liberté pour l’erreur d’un moment; elle exprime son indignation contre les monstres qui ont dirigé des poignards assassins sur les jours des vertueux représentans Robespierre et Collot - d’Herbois. « Des complots si horribles ne peuvent, dit-elle, sortir que du cabinet de Londres. Pitt a mis l’assassinat des représentans du peuple à l’ordre du jour; mais vous y avez mis toutes les vertus, et elles sont votre égide. L’or de Pitt peut bien trouver un autre Lamiral ou une nouvelle Renaud; mais la Providence veille pour vos jours et le bonheur du peuple français, qui vous offre autant de Geffroy que de citoyens. » Elle termine en annonçant qu’elle vient de remettre à l’administration de ce district, pour transmettre à la trésorerie nationale, la somme de 982 liv. 18 sols, dont 433 liv. 13 s. en numéraire, avec plusieurs objets d’or et d’argent, produit d’une souscription pour les frais de la guerre. Elle joint aussi l’état des dons précédemment faits. « Ce n’est pas la première, ajoute-t-elle, et ce ne sera pas la dernière offrande des sans-culottes d’Ussel, qui ne sont ni ne veulent être riches qu’en patriotisme et en vertus républicaines. Mention honorable, insertion au bulletin (2). [Ussel, 17 prair. If] (3). « Braver tous les tyrans coalisés, terrasser leur politique tortueuse, basse et cruelle, par la (1) Mon., XXI, 11. (2) P.V., XXXIX, 380. (3) C 305, pl. 1140, p. 24 et 25. franchise et la droiture, épurer douze cent mille hommes et les conduire à la victoire ; déjouer en même temps toutes les factions ennemies, découvrir et frapper tous les conspirateurs, éclairer l’erreur et lui pardonner, terrifier le crime et le punir, consoler la vertu et la récompenser, et ce qui étonne l’esprit humain et le confond, diriger tous les rouages d’une machine immense et compliquée vers le même but sans qu’ils s’entrechoquent, arracher 25 000 000 d’hommes à tous les genres de corruption et de misère, les mener au bonheur par la justice, préparer ainsi celui du globe entier en déifiant la vertu, tel est, Citoyens représentants votre ouvrage. Non ! des âmes qui remplissent une tâche si sublime sans être détruites par aucun danger, ne peuvent descendre dans le néant. Oui ! vous vivrez à jamais dans le sein de l’Etre Suprême que vous avez proclamé, dans la mémoire des races futures dont vous préparez la félicité, oui notre âme est immortelle comme vos œuvres. Que sur l’airain soient gravés vos immortels décrets qui ont mis la probité, la justice et toutes les vertus à l’ordre du jour, reconnu l’existence de l’Etre Suprême et l’immortalité de l’âme, extirpé la mendicité, et rendu à l’agriculture plus de soixante cultivateurs de ce district, presque tous pères de famille privés longtemps de leur liberté pour l’erreur d’un moment. Que la postérité sache que les fondateurs de la République française en proclamant, à la face de l’univers les grands principes de morale qui la rendent impérissable, ont bien mérité du genre humain. Tels étaient nos vœux, mandataires du souverain, au moment où de nouvelles manœuvres du crime contre la vertu viennent exciter toute notre indignation. Quoi ! encore un Paris, une autre Corday... ! A cette nouvelle nous frémissons d’horreur. Nos âmes attristées se livrent à une juste douleur; mais à ces sentiments succèdent les plus douces émotions lorsque nous apprenons que les vertueux représentants, Robespierre et Collot d’Herbois ont échappé aux poignards de leurs assassins. L’air retentit de ces cris de joie: Us vivent, pour le triomphe de la liberté et l’anéantissement de la tyrannie. Législateurs, des complots si horribles ne peuvent sortir que du Cabinet de Londres; Pitt a mis l’assassinat des représentants du peuple à l’ordre du jour, mais vous y avez mis toutes Seance du 30 Prairial An II (Mercredi 18 Juin 1794) Présidence de ROBESPIERRE W La séance est ouverte à onze heures par la lecture de la correspondance et des adresses et pétitions suivantes : 1 La société populaire d’Ussel, chef-lieu de district, département de la Corrèze, félicite la Convention nationale sur ses travaux, particulièrement sur les décrets qui ont mis la probité, la justice et toutes les vertus à l’ordre du jour, reconnu l’existence de l’Etre-Suprême et l’immortalité de l’âme, extirpé la mendicité, et rendu à l’agriculture plus de 60 cultivateurs de ce district, presque tous pères de famille, privés longtemps de leur liberté pour l’erreur d’un moment; elle exprime son indignation contre les monstres qui ont dirigé des poignards assassins sur les jours des vertueux représentans Robespierre et Collot - d’Herbois. « Des complots si horribles ne peuvent, dit-elle, sortir que du cabinet de Londres. Pitt a mis l’assassinat des représentans du peuple à l’ordre du jour; mais vous y avez mis toutes les vertus, et elles sont votre égide. L’or de Pitt peut bien trouver un autre Lamiral ou une nouvelle Renaud; mais la Providence veille pour vos jours et le bonheur du peuple français, qui vous offre autant de Geffroy que de citoyens. » Elle termine en annonçant qu’elle vient de remettre à l’administration de ce district, pour transmettre à la trésorerie nationale, la somme de 982 liv. 18 sols, dont 433 liv. 13 s. en numéraire, avec plusieurs objets d’or et d’argent, produit d’une souscription pour les frais de la guerre. Elle joint aussi l’état des dons précédemment faits. « Ce n’est pas la première, ajoute-t-elle, et ce ne sera pas la dernière offrande des sans-culottes d’Ussel, qui ne sont ni ne veulent être riches qu’en patriotisme et en vertus républicaines. Mention honorable, insertion au bulletin (2). [Ussel, 17 prair. If] (3). « Braver tous les tyrans coalisés, terrasser leur politique tortueuse, basse et cruelle, par la (1) Mon., XXI, 11. (2) P.V., XXXIX, 380. (3) C 305, pl. 1140, p. 24 et 25. franchise et la droiture, épurer douze cent mille hommes et les conduire à la victoire ; déjouer en même temps toutes les factions ennemies, découvrir et frapper tous les conspirateurs, éclairer l’erreur et lui pardonner, terrifier le crime et le punir, consoler la vertu et la récompenser, et ce qui étonne l’esprit humain et le confond, diriger tous les rouages d’une machine immense et compliquée vers le même but sans qu’ils s’entrechoquent, arracher 25 000 000 d’hommes à tous les genres de corruption et de misère, les mener au bonheur par la justice, préparer ainsi celui du globe entier en déifiant la vertu, tel est, Citoyens représentants votre ouvrage. Non ! des âmes qui remplissent une tâche si sublime sans être détruites par aucun danger, ne peuvent descendre dans le néant. Oui ! vous vivrez à jamais dans le sein de l’Etre Suprême que vous avez proclamé, dans la mémoire des races futures dont vous préparez la félicité, oui notre âme est immortelle comme vos œuvres. Que sur l’airain soient gravés vos immortels décrets qui ont mis la probité, la justice et toutes les vertus à l’ordre du jour, reconnu l’existence de l’Etre Suprême et l’immortalité de l’âme, extirpé la mendicité, et rendu à l’agriculture plus de soixante cultivateurs de ce district, presque tous pères de famille privés longtemps de leur liberté pour l’erreur d’un moment. Que la postérité sache que les fondateurs de la République française en proclamant, à la face de l’univers les grands principes de morale qui la rendent impérissable, ont bien mérité du genre humain. Tels étaient nos vœux, mandataires du souverain, au moment où de nouvelles manœuvres du crime contre la vertu viennent exciter toute notre indignation. Quoi ! encore un Paris, une autre Corday... ! A cette nouvelle nous frémissons d’horreur. Nos âmes attristées se livrent à une juste douleur; mais à ces sentiments succèdent les plus douces émotions lorsque nous apprenons que les vertueux représentants, Robespierre et Collot d’Herbois ont échappé aux poignards de leurs assassins. L’air retentit de ces cris de joie: Us vivent, pour le triomphe de la liberté et l’anéantissement de la tyrannie. Législateurs, des complots si horribles ne peuvent sortir que du Cabinet de Londres; Pitt a mis l’assassinat des représentants du peuple à l’ordre du jour, mais vous y avez mis toutes