[Assemblée nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. [27 mai 1790.] 16 et 17 avril, concernant les dettes du clergé, les assignats et les revenus des domaines nationaux : un retard de ce genre ne peut que gêner singulièrement le commerce dans ces villes, et par contre-coup dans tous les lieux avec lesquels elleg ont des rapports habituels. M. Chabroud continue, ainsi qu’il suit, la lecture des adresses : Adresse de l’assemblée des électeurs du département de l’Ain; on voit, par le procès-verbal de ses séances, que tout s’est passé avec célérité et fraternité, et que les Français de ce département sont aussi pénétrés de respect pour l’Assemblée nationale que d’amour pour le meilleur des rois. Adresses des citoyens de la section du Gour-guillonà Lyon, de la ville de Neuvic en Limousin, de celle de Lons-le-Saulnier, au département du Jura, de la commune de Rodez qui toutes s’élèvent avec la plus grande force contre la déclaration d’une partie des membres de l’Assemblée nationale, et font le serment solennel de défendre jusqu’au dernier soupir l’entière exécution des décrets de l’Assemblée nationale. On lit dans l’adresse de la ville de Rodez ces paroles remarquables : « Que l’indignation, ce sentiment salutaire, soit le prix et le seul fruit de l’abominable dessein d’une contre-révolution 1 mais ne passons pas les bornes d’une juste indignation ; dédaignons la haine et la vengeance : ce sont les passions des âmes faibles; nos ennemis ne sont-ils pas d’ailleurs assez punis de n’être pas heureux du bonheur de tous? Tâchons de les ramener par la douceur et par la modération; et si nous lie pouvons y réussir, forçons-les du moins, par une conduite généreuse, à admirer les vertus que donne la liberté. » Adresse des curés du Bas-Armagnac. On lit dans cette adresse : « Destinés par notre ministère à donner au peuple l’exemple de la soumission et du patriotisme, nous venons mêler notre voix à celle de tous les Français pour applaudir à vos décrets, à voire gloire, à vos triomphes. » Adresse du canton de Chavannes, département de l’Ain, qui, adhérant avec la soumission la plus formelle aux décrets de l’Assemblée nationale, annonce que tous ses habitants jouissent du don précieux de la paix, que l’ordre le plus parfait règne parmi eux; qu’ils croient être dans un nouveau monde; qu’ils touchent au terme du vrai bonheur; enfin, que leur garde nationale, au nombre de plus de neuf cents hommes, réunit toutes ses forces pour le maintien de la Constitution. Adresse du conseil municipal de Brest, qui, en vertu de l’autorisation à lui donnée par le conseil général de la commune, a déclaré et déclare se soumettre à faire l’acquisition des biens nationaux du district de Brest jusqu’à la concurrence d’une somme de trois millions. Adresse des citoyens actifs de l’assemblée primaire de la ville de Paimpol, qui, en exprimant leur reconnaissance et leur soumission aux décrets de l’Assemblée nationale, jurent de verser jusqu’à ia dernière goutte de leur sang pour les maintenir. Adresse de la garde nationale de la ville de Rodez; on y lit : & Nous le jurons sur nos armes, nous adhérons avec transport à tous vos décrets, nous jurons de les défendre jusqu’à la dernière goutte de notre sang, et nous vouons à l’exécration publique tous ces libelles et ces protestations dangereuses, faits pour exciter les plus horribles 693 désordres dans le royaume, si trois millions d’hommes n’étaient armés pour les réprimer. » Adresse des paroisses d’Aunizeul, Beaunay, Etoges.Ferebriauges, Givry, Loisy, Soulières, Toulon et Vertus, qui, en consacrant leur adhésion aux décrets de l’Assemblée nationale, demandent un canton à Etoges. � Adhésion et soumission de la municipalité de Ghailvette en Saintonge, à tous les décrets de l’Assemblée nationale, et promesse d’employer toutes ses forces à leur maintien et exécution. Adresse de MM. les officiers municipaux de la ville de Sens, et de MM. de la garde nationale de cette ville. Le patriotisme le plus pur a dicté cette adresse : l’extrait de leur délibération qui y est joint, atteste aussi le zèle qui anime MM. les ofliciers municipaux et MM. de la garde nationale de la ville de Sens, dont l’union assurera la paix et la tranquillité de cette ville, et sera un grand exemple pour les autres. Adresse de la ville de Gournay, terminée ainsi qu’il suit : « Daignez aussi, Messieurs, agréer comme un gage certain de la sincérité de nos serments, l’hommage libre que notre ville fait à la patrie d’une somme modique de 2,400 livres. Adresse et délibération des curés de l'archiprêtré de Chaunay, département de Poitiers. L’Assemblée ordonne l’impression de cette adresse qui porte : Nous soussignés, archiprêtre, curés et vicaires composant la conférence de Ghaunay, au diocèse de Poitiers, assemblés suivant l’usage pour la distribution solennelle des saintes huiles, qui se fait tous les ans le mardi d’avant la Pentecôte, en l’église paroissiale de Ghaunay, avons unanimement résolu de profiter de la première occasion qui nous rassemble, pour manifester les sentiments de vénération pour l’Assemblée nationale qui nous ont toujours animés, et notre reconnaissance pour les soins infatigablesqu’elle prend, afin d’assurer à l’empire français la liberté, la gloire et le bonheur. Bien persuadés que la félicité de la nation dépend uniquement delà fidélité à maintenir de tout son pouvoir la sage Constitution dont nous sommes redevables à ses travaux, nous déclarons que nous y sommes sincèrement attachés de cœur et d’affection, et qu’adhérant à tous ses décrets, notamment à celui du 13 avril relatif au culte, nous emploierons constamment nos soins, notre vigilance, nos travaux et l’exercice du ministère dont nous sommes revêtus, pour engager et déterminer la portion respective du peuple qui est confiée à notre sollicitude pastorale, à les recevoir avec respect et soumission, à les maintenir, et à employer tous les moyens que la loi leur donne pour les faire observer. Protestons que nous nous efforcerons de les porter à cette fidélité moins encore par nos exhortations que par nos exemples, n’ayant rien plus à cœur que de manifester dans tous les temps, par nos actions, les sentiments patriotiques que nous avons toujours eus, et dont nous ne nous départirons jamais. Nous promettons solennellement de rejeter avec mépris et indignation les écrits séditieux et incendiaires qui nous ont été adressés, ou qui pourraient nous l’être dans la suite, tendant à affaiblir le respect dù aux décrets de l’Assemblée nationale, et la gratitude légitime envers ceux de ses membres qui ont manifesté le plus de zèle pour la félicité publique; et que si, malgré notre attention à les soustraire autant qu’il nous sera possible, ils venaient à se répandre dans le public, nous emploierons même dans {tai [Assemblée hâtiotmle.j ARCHIVES PARLEMENTAIRES. |â7m#H790.] les tefflpîes et aux pieds des autels le ministère de la prédication, pour en prévenir l’influence, ou arrêter les effets pernicieux qu’ils auraient pu produire Sür des esprits simples Ou abusés. Et afin que la pureté de nos intentions et la sincérité de nôtre zélé soit connue, nous avons arrêté qu’à la diligence de M. l’arChi prêtre, que nous en avons expressément chargé, la présente délibération soit envoyée à l'Assemblée nationale, et que copié d’icelle soit remise à M. le maire de Chaunay, pour être déposée dans le greffe de sa municipalité, comme un monument qui atteste à jamais notre fidélité à la nation, à la loi et au roi, et notre parfaite adhésion à tous les décrets de l’Assemblée nationale sanctionnés ou acceptés par le roi : ladite copie, de nous signée, a été sur-le-champ remise à M. le maire de Chaüüay. Délibéré à Chaunay, le 18 mai 1790. Signé : DëMONT DE LA Millerië, prêtre curé de GlusSay, doyen des curés; BOURBE AÜ, curé de Counay ; ROBERT, curé de Brun ; GoüAtîLT DE LA TîLlée, curé de Plibon ; TrocheïEaü, curé de Vaussay , LAGLAINE, curé de Blanzay, maire de ladite municipalité de BlanziW; PÉRO-TEl, curé de Montalambert ; DavËAUX, curé dé la Chapelle-Pouilloux ; Bourey, curé de Vanzay; RoËSSËAtJ, curé de Lenazay ; ÛeLaRaërE, curé de Champa-gné-le-Sec ; CHAMAILLAëD, duré de Vil-laret ; RquhëT, curé de Limalonges; BeëgeëON, vicaire de Chaunay ; ALBERT, vicaire de Blanzay ; DUBOIS, ar-chipr être-curé de Chaunay. M. Chabrond poursuit, ainsi qu’iisuit, l'énonciation des adresses : Adresses du conseil général de la commune de la ville d’Aubenas au département de l’Ardèchn; de la municipalité de Yilleneuve-de-Berg eu Yi-varais; du conseil général de la commune de Romans ;de la ville de Saint-Claude, département du Jura; de la commune de Ghâteauneuf d’Isère; de la municipalité et de la garde nationale de Saint-Esprit; des citoyens actifs du canton de Di-nan ; du district de Dôïe, au département du Jura, et de la commune de Yernouillet-sur-Seine. On voit dans ces adresses le zèle pur et éclairé qui a dirigé les citoyens de toutes ces municipalités, et avec quelle indignation ils improuvent tous ceux qui voudraient altérer la confiance que tous les Français doivent avoir dans la sagesse des décrets de l’Assemblée nationale. La lettre de Nîmes, sa délibération, son adresse au roi, ainsi que d’autres délibérations et écrits dictés par les ennemis du bien public, ont déterminé les réclamations ët les adresses ci-dessus mentionnées. La commune de Romans en Dauphiné, qui s’est toujours distinguée par son patriotisme, s’exprime de la manière la plus énergique sur tous ces objetSi Adressé de MM. les cürés du département des Hautes-Pyrénées, qui, ën adhérant à tous les décrets de l’Assemblée nationale, demandent que l’Assemblée nationale, en bornant, suivant sa sa-gesse* leur fortùhe, assure leur droit de citoyens actifs contre les fausses interprétations des ennemis de là Constitution. Adresse de la municipalité d’fssingeaux; les citoyens de toutes les classes de cette municipalité assemblés dans l’église paroissiale, M. le curé étant à la tête du clergé, ont solennellement prêté le serment civique : les femmes ont voulu y avoir part ; elles remplissaient les chapelles et les tribunes, et chacune d’elles forçait sa faible voix pour faire entendre son : je le jure! Quel exemple! puisse-t-il ramener à leur devoir les ernie-mis du bien public! Adresse de la ville de Moulins, qui fait scs soumissions pour acquérir des biens nationaux jusqu’à la concurrence de trois millions; et celle de la municipalité de Ville*sUr-Mont, département des Vosges, district de Mirecourt, canton de Dom-paire, jusqu’à la concurrence de dix mille livres et plus, Adresse de V Assemblée électorale du département du Jura ainsi conçue : Nosseigneurs, LeB habitants du Jura, devenus heureux par vos travaux, vous apportent le juste tribut de leurs hommages, Ils vous doivent la libérté; juges de leur reconnaissance par l’étendue de vos bienfaits. Les montagnes, qui furent toujours l’asile des hommes contre la tyrannie, n’avaient pu les garantir des chaînes de la féodalité. La mainmorte, dont le nom seul fait frémir, accablait nos campagnes : vos mains généreuses ont brisé nos fers, et nous montrerons, par notre fidélité à la nation, à la loi et au roi, restaurateur de la liberté, que nous sommes dignes du présent que nous avons reçu. Ce département a prouvé, dans des temps de trouble et de danger, que rien ne pouvait altérer son respect pour les lois. Tandis qu’une partie du royaume était en proie aüx horreurs de l’anarchie, les propriétés ont été respectées, et la fer-meié de nos milices citoyennes a maintenu le calme et la tranquillité. Une parfaite harmonie a signalé l’aurore de notre liberté; et les administrateurs de ce département, élevés par le vœu unanime de leurs concitoyens aux places honorables que sollicitaient pour eux leur patriotisme et leürs vertus, commencent leurs fonctions soüs les heureux auspices d’une confiance universelle. Ces sentiments de concorde et de justice doivent nous rendre plus redoutables aux ennemis de la Constitution. Ils chercheraient en vain à ébranler notre soumission à vos décrets; nous les respectons, nous y adhérons, et nous les défendrons au péril de nos jours : ils sont pour nous le code de la liberté et l’époque de notre bonheur. Des protestations, parties du sein même de l’Assemblée nationale, n’ont excité que notre mépris contre leurs auteurs : ils veulent, sous le prétexte de la religion , faire naître des troubles pour nous replonger dans l’esclavage. înviolab'.ement attachés à cette religion sainte, nous trouvons, dans la pureté de ses maximes, la perfidie de leurs intentions. Nous arracherons aux yeux de la France le voile dont ils se couvrent, et toutes les parties de ce vaste empire partageront notre indignation. Déjà, pressés par leur conscience, nos respectables pasteurs nous ont devancés prés de vous, et ont manifesté à l’auguste Assemblée l'horreur que leur a inspiré cette lâche conspiration. Malheur à ceux qui tenteraient de nous remettre sous le joug ! ce ne serait que sur des monceaux de ruines qu’ils rétabliraient le règne du despotisme : mais, non, le ciel qui créa l'homme libre, serait notre défenseur ; nos rochers nous