[8 janvier 1781. | [Assemblée nationale.) ARCHIVES PARLEMENTAIRES. 92 lion entre ces deux endroits ; il demande qu’on applique à l'ouverture de celte route la part que cette ville et ses environs ont droit d’espérer dans la somme de 15 millions décrétés, le 10 décembre dernier, pour l’ouverture d’ateliers publics-A cette adresse est joint un don patriotique, consistant en une épée d’argent, une chaîne d’or, une boucle d’or, deux paires de boucles d’argent et un assignat de 300 livres. (L’Assemblée nationale décrète le renvoi de l’adresse aux comités d’agriculture, de commerce et de mendicité réunis, et ordonne qu’il sera fait une mention honorable du don y joint dans le procès-verbal de ce séance.) Les recteur, principaux, professeurs et agrégés de V Université de Paris sont introduits à la barre. M. Dumouchel, recteur , s’exprime ainsi : v Messieurs, renfermés jusqu’ici dans l’exercice de nos fonctions, nnus vous avons vus avec admiration rappeler aux peuples des vérités trop longtemps méconnues par l’ignorance, ou repoussées parla passion;fonder les droits de l’ho urne sur les rapports invariables de son être; ramener la furce p blique à son principe et à sa destination; distribuer sagement les pouvoirs; graduer les autorités; rendre à la nation le choix” de ses juges et de ses administrateurs; intéresser enfin l’inégalité même des vertus, d< s talents et des services à maintenir l’égalité civile et légale. Nous cessâmes de désespérer de la chose publique, lorsque nous la vîmes entre v s mains, et le premier effet de cette confiance fut de prêter le serment prercrit à tous les citoyens, et de déposer nos offrandes autour du berceau de la liberté. Fidèles à notre serment, nous nous sommes empressés d’inspirer à nos élèves avec l’amour des législateurs, le respect et la soumission pour la loi. Dès lors nos fonctions prirent à nos yeux un nouveau caiactère de noblesse et d’intérêt. Maintenant une carrière plus vaste s’ouvre devant nous, et il nous semble que nous sommes associés à vos nobles travaux ; c’éta t à vos lumières, à votre courage qu il appartenait de fonder le majestueux édifice de la Consi itution ; c’est à l’éducation publique qu'il est réservé d’en propager les principes, de les faire aimer, et de les imprimer dans les mœurs de la génération nouv. Ile ; à cette génération, qui s’élève sous nos yeux,anpar-tiendra surtout le grand bienfait de la restauration ; c’est à nous de former des citoyens dignes de l’apprécier et de la défendre : et qui pourrait nous envier cette tâche honorable? Peut-être était-ce dans notre sein que vous aviez les plus sincè es et les plus zélés admirateurs. Nourris dans les maximes d’une simplicité antique et de la sainte égalité, interrogeant en quelque sorte nuit et jour les ombres de tous ces grands hommes qui ont immortalisé les républiques de Grèce et d’Italie, nous retrouvions, dans les monuments d’Athènes et de Rome, ces sentiments généreux de liberté et de patriotisme dont leurs cendres sont encore toutes brûlantes : depositaires du feu sacré, nous n’avons point à nous reprocher de l’avoir laissé éteindre entre nos mains. Mais par une bizarrerie digne de toutes celles qu’offre le chaos que vous avez débrouillé, notre éducation était en contradiction avec nos mœurs et nos usages. Nous parlions de patrie et de liberté et nous n’apercevions autour de nous ni liberté, ni patrie. Au sortir de nos mains, nos élèves allaient se confondre dans la foule des opprimés ou des oppresseurs, des esclaves ou des tyrans : la vanité ou l’intérêt leur laLa ent une loi d’oublier bien vite les maximes qui eussent révolté l’égoïsme du siècle, ou la servitude des cours. « Mais les temps sont changés, grâce aux veilles de nos législateurs, grâce aux vertus d’un monarque citoyen devenu plus cher à -on peuple, plus grand aux yeux des sages, depuis qu’il a renoncé an droit illusoire et dangereux d’étre souvent trouvé, on ne sourira plus de pitié à ces vieilles vertus des Grecs et des Romains; "ons ne verrons plus dans les anciens des hommes d’une espèce supérieure, et, comme le disait Montesquieu, des colosses et des géants. Déjà, Messieurs, notre histoire nous offre des objets de comparais n dignes de ces grands modèles ; déjà les Fiançais ont senti qu’ils avaient une patrie, et prouvé qu’il est doux de mourir pour elle. « Nous ne cesserons, Messieurs, d’inspirer à nos élèves l’amour d’urie Constitution qui fait naître des sentiments si généreux, et nous n’aurons pas besoin de grands efforts pour obtenir de grands suceès.Ges cœurs purs, que les p issions n’ont point encore avilis, se pénétreront aisé-raentdeces vérités simples et sublimes, également à la portée de l’enfant et du philosophe, parce que la nature les a gravées dans le cœur de tous les hommes. «Jusqu’ici chacun de nou3,ne prenant conseil que de lui-même, n’a pu prés* nter aux enfants de la patrie que d< s résultats isolés de vos immortelles délibérations. Aujourd’hui que vos décrets forment un corps complet de doctrine politique, nous avons cru qu’ils devaient faire une part e essentielle de notre enst iynement ; mais j squ’au moment où vous assurerez la perpétuité de votre ouvrage, en régénérant l’éducation et les mœurs, il faut, pour le suc< ès actuel de nos leçons, qu’il ne puisse s’élever aucun doute sur la pureté de nos sentiments. « Nous venons donc, Messieurs, déclarer solennellement que nous adhérons avec tous les bons Français à tous les décrets r< ndus par l’Assemblée natiunale, acceptés ou sanctionnés par le roi, et notamment à son décretsur la constitution civile du clergé. Persuadés que l’intention tant de fois manifestée de l’Assemblée nationale, a toujours été et sera toujours de sép ut ce qui duit être à jama s respectab!e et cher à l’homme de bien, la morale, les lois et la religion. « L’Assemblée vous accorde les honneurs de sa séance. » Un membre demande l’impression de l’adresse et de la réponse de M. le président et leur insertion dans le procès-verbal. (Celte motion est adoptée.) Les officiers municipaux de la commune de Paris sont introduits à la barre. M. Bailly, maire de Paris, s’exprime ainsi : « Messieurs, la commune vient, au renouvellement de l’année, vous offrir ses hommages et ses respects. En vous exprimant les vœux et la reconnaissance du peuple de Paris, nous croyons pouvoir dire que nous sommes les organes de la nation. Nous portons deux années d’orages et de travaux où la dévolution a été faite et la Constitution comm< ncée. Nous sommes aux jours ue l’espérance; nous touchons au moment de recueillir les fruits que votre sagesse a semés. L’ordre public et la paix doivent naître de la loi. « Gomme noire Révolution est un fait unique dans l’histoire, la Constitution française sera le plus bel ouvrage des hommes. Dans tous les temps, nous nous sommes réunisà vous, Messieurs, pour la défendre comre ses ennemis; nous redoublerons d’efforts et de courage pour vous aider à la terminer; et la commune de Paçis donnera toujours le premier exemple de la soumission à vos décrets et de son entier dévouement au Corps législatif et au roi. » (Applaudissements .) M. le Président. « La mesure de la liberté est dans la soumission aux lois; vos cuncitoyens se sont montrés trop jaloux de sa conquête pour ne pas se montrer dignes de toutes les vertus qui la font chérir. L’Assemblée vous accorde les honneurs de la séance. » L’ordre du jour est un rapport du comité des recherches concernant V arrestation du sieur de Bussy et autres. 93 M. Voidel, rapporteur du comité des recherches (1). Messieurs, exactitude et constauce dans les recherches, sévérité dans l’examen des affaires, justice dans les résultats ; tels sont les devoirs que vous nous avez imposés : nous nous sommes efforcés jusqu’ici de les remplir, et nous continuerons nos pénibles travaux jusqu a ce que vous nous ayez donné des successe irs. Sentinelle de la Constitution, votre comité trouve dans les calomnies basses, dans les cris impuissants des ennemis de la France, un témoignage honorable de son zèle, et dans voire estime, la récompense de ses veilles. Un jour, et ce sera pour nous un jour de bonheur et de gloire, nous viendrons vous dire : La patrie n’a plus d’ennemis; foudroyez cette institution qui fait calomnier la liberté, ”et qui rappelle l’idée d’un temps qui n’est plus. Mais ce jour n’est pas encore, arrivé, tous nos ennemis ne sont pas vaincus; et la folle résistance de quelques-uns, les projets qu’elle fait soupçonner, les espérances qu’elle suppose, tout nous fait plus que jamais une loi impérieuse de la plus attentive surveillance. Mais, Messieurs, ce n’est pas dans cette affaire que vous trouverez des projets dangereux, rii des complots criminels telle dous avait paru i’abord se présenter avec des caractères très graves ; nous avons voulu tout savoir, tout découvrir. Plusieurs corps administratifs, des municipalités, des citoyens ont réuni leurs efforts aux nôtres; nous avons multiplié nos recherches ; nous ne les avons enfin cessées que par l’impuissance où nous nous sommes trouvés de les porter plus loin, et lorsqu’elles n’ont plus produit que des redites. A notre avis, tout se réduit à une imprudence. Nous allons vous mettre les faits sous les yeux ; vous jugerez, Messieurs, si nous nous sommes trompes. Le 12 octobre dernier, le district de Saulnière à Valence, sur le rapport d’un citoyen qui ne voulut pas alors se nommer, mais que les informations ont fait cou naître depuis (le sieur Roche), dénonça au zèle de la municipalité de V dence, un projet de contre-révolution, dont M. de B iur-bon-Bussy, résidant dans le Beaujolais, devait être un des principaux agents. Celui-ci, disait-on, devait avoir formé une compagnie volontaire de son nom ; leur uniforme est signalé, habit vert, doublure cramoisi, reverset parements verts, passepoil cramoisi, collet cramoisi, passepoil vert, pattes à trois pointes sur la poche, boulon jaune, avec une Heur de lis dans le champ, aiguillette et trèfle en or, et plumet blanc. Les sieurs Boirie et Blein, le premier ex-geudarme, le second fils d’un receveur aux péages, étaient du i ombre des volontaires; ils devaient aller se réunir, à Besançon, à une armée de 40,000 hommes, sous les ordres de M. d’Autichamp, commandant de cette place. Si la marche de ce corps de volontaires, dit la dénonciation, pouvait causer quelques alarmes, ils se séparaient par baudes de quatre, et passeraient par h s ponts d’Arcias et de Meures, dont les pontonniers étaient gagnés. Soixante-deux br gades de maréchaussée, egalement gagnées, devaient protéger la marche jusqu’à Besançon, en formant l’avant et l’arrière-garde du corps des volontaires. M. d’Autichamp devait se rendre à Paris, pour enlever le roi et dissoudre l’Assemblée nationale. Deux autres armées devaient en même temps entrer en France. L’une, de 40,000 hommes, par le pont du Saint-ARCMVES PARLEMENTAIRES. (1) Ce document est incomplot au Moniteitr.