[Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j *} 1708 601 La Commission des subsistances et approvision¬ nements fait part à la Convention du sublime élan de tous les citoyens de Calais pour procurer rapidement des subsistances à nos braves défen¬ seurs; que les Norvégiens qui nous apportent leurs grains se sont unis aux travaux et à la fête de Lepelletier et Marat, et qu’ils ont crié de tout leur cœur, en dansant la Carmagnole : Vivent les bons Français! Et que les agents de la commission, à Mar¬ seille, ont saisi 611,000 livres de savon, dans les seules maisons d’émigrés; ils en ont trouvé une quantité beaucoup plus considérable dans les magasins de commerce. Insertion au « Bulletin » (1). Suit la lettre de la Commission des subsis¬ tances (2). La Commission des subsistances et approvi¬ sionnements, au citoyen Président de la Con¬ vention nationale. « Paris, le 14 frimaire. « Citoyen Président, « Nous te prions de mettre sous les yeux de la Convention nationale la lettre ci-jointe qui nous a été écrite, le 10 frimaire, par le citoyen Marchand que nous avions envoyé dans les départements du Pas-de-Calais et de la Somme. La Convention nationale y verra le sublime élan de tous les citoyens de Calais et combien ils se sont dévoués pour procurer rapidement des subsistances à nos braves dé¬ fenseurs; elle jugera sans doute que cette conduite patriotique mérite les plus grands élo¬ ges. Nous ajoutons avec un plaisir véritable une chose que notre commissaire nous a apprise depuis, c’est que les Norvégiens qui nous ap¬ portent leurs grains se sont unis aux travaux et à la fête de Le Peletier et Marat, qu’ils les ont suivis et ont crié de tout leur cœur en dan¬ sant la Carmagnole : Vivent les bons Français ! « La Convention n’apprendra pas sans doute avec une moins grande satisfaction que les agents de la Commission à Marseille ont saisi 611,000 livres de savon dans les seules maisons d’émigrés; les mêmes commissaires en ont trouvé une quantité beaucoup plus considérable dans les magasins du commerce. Le Président de la Commission, « J. Brunet. » (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 26, p. 343. (2) Supplément au Bullelion de la Convention na¬ tionale du 4e jour de la 2e décade du 3e mois de l’an II (mercredi 4 décembre 1793); Archives natio¬ nales, carton C 283, dossier 799; Journal des Débals et des Décrets (frimaire an II, n° 442, p. 187). Copie de la lettre écrite à la Commission des subsistances et approvisionnements de la République, le 10 frimaire, Van II de la Répu¬ blique une et impérissable, par le citoyen Mar¬ chand, agent de la Commission des subsis¬ tances et approvisionnements de la République dans les départements du Pas-de-Calais et de la Somme (1). « Frères et amis, « La hberté est la source de toutes les vertus ; elle élève l’homme au-dessus de sa propre nature, remplace la faiblesse par le courage... fait des héros ! « Je cède au sentiment profond que j’éprouve; et quoique je vous aie promis d’attendre mon retour pour vous apporter ce que je sens, ce qu’il me sera impossible d’exprimer, il faut que la République entière ne tarde pas plus long¬ temps à connaître ce que peut l’amour de la patrie sur des hommes libres. « Une partie des sept navires arrivés à Calais, pour le compte de la République, n’avait pu aborder le rivage faute d’eau. On semble crain¬ dre que les grains qui y sont renfermés ne s’é¬ chauffent et ne périclitent... Je m’élance à la tribune, je parle au nom du salut public... et le plus morne silence règne ! « Républicains... les navires qui sont dans votre port peuvent, dit -on, appréhender la perte des grains qu’ils renferment... Il ne manque que des bras pour les décharger... Allons, que chacun de nous saisisse, sans plus tarder, un sac, une brouette, un panier, ce qu’il trouvera... Volons à l’instant à la mer, arrachons-lui la sub¬ sistance de nos frères, dont elle est chargée; nous n’avons ni chevaux, ni voitures... nous suppléerons à tout... nous sommes Français! Il s’agit d’affermir la liberté !... « Un mouvement spontané fait lever l’As¬ semblée tout entière; on ne se permet plus de parler, on agit. Administrés, administrateurs, tous travaillent avec un zèle infatigable, et, dans un moment, les vaisseaux sont déchargés au milieu des cris perçants de : Vive la Répu¬ blique ! vive la Montagne ! « Que ce spectacle était attendrissant ! Le vieillard suranné et infirme traînant sa brouette, la femme timide serrant dans son tablier le dépôt précieux que ses frères lui permettent de porter, le citoyen vigoureux pliant sous le poids des sacs, et tous répétant cent fois, avec un courage héroïque, ce dur et pénible exercice. . . Tel est, frères et amis, le tableau que je vous présente; il a arraché des larmes à ma sensibi¬ lité... et les vôtres s’y mêleront, j’en suis sûr. « Les habitants de Calais ont des droits à la reconnaissance publique. Je les réclame pour eux, et je vous abandonne, citoyens, le plaisir de rapporter aux représentants de la nation française une conduite aussi républicaine. « Pour moi, frères de révolution, glorieux d’être employé pour la République, je déploie partout la fureur républicaine que vous me connaissez; je poursuis les accapareurs et les empoisonneurs publics, et je fais mon devoir. (1) Supplément au Bulletin de la Convention natio¬ nale du 4e jour de la 2e décade du 3e mois de l’an II (mercredi 4 décembre 1793);