146 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE LAKANAL : Je crois qu’il est facile de terminer vite et d’une manière utile la discussion qui s’est ouverte sur l’instruction publique. Il faut d’abord organiser vos comités. En second lieu, il faut que dans un bref délai le comité d’instruction publique présente un rapport pour activer les écoles primaires. En troisième lieu, il faut, comme l’a demandé le préopinant, que la Convention s’occupe deux jours par décade de l’instruction publique. Enfin, je demande que Grégoire ait la parole sur les dégradations des monuments des arts. Vous apprendrez avec indignation qu’on est allé jusqu’à mettre les scellés sur des ménageries. La Convention accorde la parole à Grégoire (64). 18 Plusieurs représentants du peuple rentrent dans la salle et montent à la tribune. Un membre : Les citoyens ont porté des secours si prompts, si nombreux, qu’il n’est plus question maintenant que d’arrêter ce mouvement de sensibilité ( On applaudit). J’ai entendu des femmes dire : Eh bien ! nous ferons des armes, si nos maris périssent (Nouveaux ap-plaudissemens). Le malheur est au-dessus de la Convention, elle le réparera, elle s’occupera de faire rebâtir les asyles des citoyens; j’espère que la République n’aura rien perdu de son énergie, et n’en sera que plus forte. CARRIER : Comme l’a très bien observé mon collègue, les secours ont été grands, en proportion du malheur. Il restait un assez grand magasin de poudre. La Convention apprendra avec satisfaction que cette poudre a été soustraite à la rapidité des flammes, ainsi qu’un magasin de souffre. Je crois que des mesures ultérieures ne pourraient qu’entraver la marche des opérations; il y a assez de pompiers, assez d’eau; nous avons fait visiter les caves; l’ordre est parfaitement rétabli; nous réparerons ce grand malheur. Un membre : J’ai oublié de vous dire que des citoyens sont allés d’eux-mêmes chez les marchands de vin des environs, dire : « Ne donnez votre vin qu’aux blessés ». La commune de Vaugirard a envoyé, de son propre mouvement, deux tonneaux de vin pour eux (On applaudit). BEZARD : Je me suis transporté dans les sections de l’Homme-Armé, de la Réunion et à la trente-deuxième division de gendarmerie. J’ai parlé au milieu des cris de vive la République et la Convention nationale ! Toutes les mesures que l’humanité prescrit ont été prises : aussitôt l’événement connu, (64) Débats, n° 712, 264-267; Moniteur, XXI, 644-645. Les journaux placent après ce débat la discussion à propos de Le Cointre (cf. n° 13). Mess. Soir, n° 743; Ann. R.F., n° 273; F. de la Républ., n° 424. voitures, matelas, charpie étaient offerts pour les blessés; les citoyens offrent de recevoir des blessés dans leur lits. L’inquiétude que la malveillance cherche à grossir, est dissipée. Les citoyens veillent les aristocrates; et les méchans auront beau s’agiter, ils ne pourront tourner l’événement à leur profit. DELMAS : Il est d’autres vérités que la Convention doit entendre. Les représentans du peuple, témoins de cette scène affligeante, ont entendu des propos excécrables; ce qui prouve que la police de Paris est sans force et sans énergie; ce qui prouve qu’il existe dans cette commune des contre-révolutionnaires élargis (On applaudit). Je demande que, pour faire cesser cette anarchie, Merlin monte à la tribune, et fasse le rapport sur l’organisation de la police de Paris. CARRIER : Puisque l’on aborde enfin cette question, que je n’ai pas voulu aborder encore, je déclare que Delmas a grande raison. Sans doute, citoyens, les événements qui se passent nous amèneront à de grandes connaissances : ils nous donneront le fil de grands complots dont nous avons été menacés. Sans doute, mon collègue Boursault avouera qu’au moment où il voulait se porter au lieu de l’explosion, il a trouvé des obstacles qu’on lui opposait. Des pompiers m’ont dit que, dans la rue Honoré, il y avait des scélérats qui les empêchait de courir au feu. Quand tous ces faits seront bien comparés aux mots de désastres qu’on faisait retentir depuis quelques temps, il ne restera plus de doute sur les auteurs de ces désastres; il ne restera plus que les incrédules à convaincre. On saura ce que c’est que d’avoir accordé la liberté à tant de chevaliers du poignard (vifs applaudissemens), jusqu’à celui qui commandait au 10 août le massacre des patriotes; on saura enfin, quoiqu’on n’ait pas voulu livrer à l’impression la liste de ceux qui avaient demandé ces élargissemens; on saura bien enfin ce qu’on entendait par cette conspiration du 10 fructidor... (Un membre : Tallien l’a annoncée aux Jacobins). On verra de quel côté sont les vrais continuateurs de Robespierre, où est la queue de Robespierre (On applaudit). FÊRAUD : Nous avons marché et nous marchons encore sur des cendres qui couvent un feu violent : en me portant au magasin à poudre, j’ai été effrayé d’entendre les propos les plus atroces; j’ai invité les comités de Salut public et de Sûreté générale à prendre les mesures les plus vigoureuses sur la police de Paris. La république est perdue, si sous ne savons agir avec force (Il s’élève quelques murmures). Plusieurs membres : Oui, Oui, il a raison. Peut-on douter de ce que j’avance, quand il est constant qu’on a prêché hautement la royauté. La police de Paris saura qu’il y a dans cette ville quatre à cinq mille officiers et soldats qui devraient être aux frontières. On vous a dit ici que Robespierre avait appelé autour de lui huit à dix mille contre-révolutionnaires; je n’en doute plus, depuis les propos que j’ai entendu. Oui, mes collègues, j’ai entendu dire : Depuis que Robespierre est mort, cela ne va pas bien.