ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j � 324 [ Coaven tion nationale.] Noue, plus raisonnables que le fou qui cou¬ vrait d’or les prétendus saints et les prêtres, venons de restituer au trésor national ces ri¬ chesses que Mont-martel, banquier de Louis XV, avait acquises, comme on sait, en prêtant à l’Etat et à gros intérêts, les millions qu’il volait à l’Etat. Les dépouilles de l’église de Brunoy sont apportées dans trois chariots, qui prennent la route de la Monnaie (On applaudit.) Adresse de la commune de Grigny (1). La commune de Grigny, département de Seine-et-Oise. Eoctrait du registre populaire. « Citoyens, a Le zèle de l’amour pour la patrie nous conduit aujourd’hui au milieu des représen¬ tants du peuple, pour déposer sur le bureau national les vases et les ornements qui forment la modique richesse de notre fabrique pour le maintien de la République. « Veuillez, citoyens, nous satisfaire de votre agréable acceptation, nous reconnaissons qu’il n’y a point de culte plus agréable à la divinité que celui de la fraternité et l’humanité en se con¬ formant à vivre sur le principe d’une loi juste et sage. » Adresse de la commune de Clamart (2). La commune de Clamart, à la Convention natio¬ nale, en lui présentant la vaisselle servant au ci-devant culte catholique, dans son église. « Le sextidi, 26 brumaire, l’an II de la République, une et indivisible. « Citoyens législateurs, « La commune de Clamart, l’une de celles qui composent le canton d’Issy-1’ Union, dépar¬ tement de Paris, se félicite de n’être pas la première qui vienne déposer aux pieds de la sagesse nationale les hochets de la superstition et l’arsenal du fanatisme. « Jusqu’ici, on avait un peu humilié les cam¬ pagnes en se défiant du bon esprit qui anime leurs habitants. On ne les croyait pas encore tout à fait mûrs pour les grands coups de la Révolution, et c’était pour eux peut-être que quelques abus n’étaient pas entièrement frappés. Cependant, depuis le premier instant où le charlatanisme religieux s’est vu forcé de con¬ fesser son crime, avec quelle généreuse émula¬ tion se, précipitent -ils en foule pour abjurer, (1) Archives nationales, carton C 278, dossier 742. (2) Archives nationales, carton C 278, dossier 742; Bulletin de la Convention du 7e jour de la 3e décade du 2® mois de l’an II (dimanche 17 novembre 1793); Moniteur universel [n° 61 du 1er frimaire an II (jeudi 21 novembre 1793), p. 246, col. 3]. devant vous, les erreurs de leur éducation et les longues sottises de leurs pères. « Et nous aussi, nous aurons la gloire de par¬ tager le saint enthousiasme de la raison, et si nous avons été précédés dans cette lutte hono¬ rable, notre hommage n’en sera ni moins ardent, ni moins complet, ni moins pur. « Législateurs, qu’avec ces brimborions sa¬ crés, ces puériles pagodes, disparaissent pour jamais les arlequinades célestes qui ont stupéfié la plupart des hommes depuis dix-huit siècles; que la religion de la nature, cette religion simple, pure, universelle comme la lumière, prenne la place de cet amas de dogmes absurdes, de pratiques extravagantes, de contes ridicules qui dégradaient la raison, étouffaient le juge¬ ment et pervertissaient les esprits. La justice, l’amour de ses semblables, la bienfaisance dans toutes les occasions de la vie, voilà quelle doit être la religion d’un vrai républicain; la loi, voilà son évangile; la patrie, voilà sa divinité; la liberté et l’égalité, voilà ses vertus ; l’histoire des belles actions qui honorent l’Etat et l’hu¬ manité, voilà ses légendes. « Régénérateurs de la France, vous êtes au plus beau moment de votre auguste mission. Frappez enfin, coupez par la racine un arbre qui n’a jamais porté que des poisons, qui a tou¬ jours été funeste aux peuples qui se sont placés sous ses rameaux et qui n’a été profitable qu’à ceux qui l’ont planté ou qui l’ont soutenu par leurs travaux perfides. « Suivez-les de siècle en siècle, ces syco-phantes adroits et cruels, et vous les verrez aller à la puissance par l’humilité; à la richesse par la pauvreté; à la férocité parla douceur; à l’in¬ tolérance la plus cruelle par la patience la plus servile. Ambassadeurs du ciel, ils s’annoncent au nom d’un Dieu dont le royaume n’est pas de ce monde, et ils envahissent le monde. Qui peut ignorer les saintes ruses de Bernard, la mer¬ veilleuse et productive discipline de Domi¬ nique l’encuirassé, et les pieuses intrigues de cet autre Dominique, père de la sainte inquisi¬ tion? Et que dire, surtout depuis Constantin jusqu’à Louis XIV, des modèles et des initia¬ teurs de ces prétendus hommes de Dieu? Oui, l’enfer qu’ils avaient imaginé, l’enfer dont ils s’étaient emparés pour jeter la terreur dans les âmes et pour mieux dépouiller les corps, pré¬ sente, dans leurs fables, un tissu d’horreurs moins affreux, un tableau moins révoltant, moins de fourberies, moins de crimes, que l’his¬ toire des ministres du Dieu de paix et de charité. « Législateurs, il est temps de regarder en face l’idole devant laquelle nous rampions dans la poussière; il est temps de faire cesser, dans l’Etat, cette redoutable corporation de tar¬ tufes, de prêtres gangrenés, que l’Assemblée Constituante voulut en vain organiser, que l’Assemblée législative ne put contenir, et dont beaucoup ne feignent aujourd’hui de chanter la palinodie que parce qu’ils sont poursuivis par la terreur de leurs forfaits. Ah ! si vous vouliez aussi les ménager, n’en doutez pas, bientôt ils redeviendraient avides, vindicatifs et barbares, en recouvrant, sur la crédulité, leur antique ascendant. « Plus de ministres, plus d’apôtres, plus de cultes privilégiés, que chacun adore l’Etre suprême à sa manière, c’ëst un droit qu’il tient de la nature ; mais décrétez enfin, qu’il n’y 1 aura désormais d’autre culte public que celui