384 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. �novembre® 1793“ sans place à l’instant où. ma patrie a le plus besoin de mes bras. « Je lui offre donc ees mêmes bras et mon sang, je suis babillé, monté, armé et équipé à mes frais. « Citoyen Président, croyez-moi tout dévoué à ma patrie. « G-ambet, adjudant de la légion de la Moselle, à Metz, Le maire de la commune de Dourdan fait pas¬ ser à la Convention nationale copie d’un rap¬ port du représentant du peuple Couturier, dans lequel il annonce que le citoyen Savouré, admi¬ nistrateur du directoire du district de Dourdan, a demandé à brûler ses lettres de prêtrise, ce qui a eu lieu sur la place publique, aux applaudisse¬ ments de tous les spectateurs, et aux cris réitérés de : « Vive la République! vive la Montagne! » et qu’ensuite tous les citoyens ont renouvelé le serment de vivre libres ou de mourir. Mention honorable, insertion au « Bulle¬ tin » (1). j Extrait du registre des délibérations de la municipalité de Dourdan (2). Aujourd’hui vingt -deuxième jour du premier mois de l’an II de la République française une et indivisible, moi, Jean-Pierre Couturier, repré¬ sentant du peuple, de concert avec les autorités constituées de la ville de Dourdan, réunies, après avoir purgé la ville des malveillants qu’elle re-célait dans son sein, et qu’on peut regarder comme les auteurs et instigateurs du désordre qui s’est manifesté dans le bataillon du district de Dourdan, dont les recherches et informations m’occupaient ici depuis quatre jours, me suis transporté au lieu d’exercice où, après avoir rappelé aux volontaires la scène qui avait eu lieu ces jours derniers, et les avoir interpellés de m’en découvrir les auteurs, j’ai reconnu que ceux des volontaires qui s’étaient portés à ce désordre n’étaient qu’égarés. Et sur le repentir qu’ils m’ont témoigné, et le pardon qui m’a été demandé par ceux mêmes qui avaient été in¬ sultés, j’ai, d’après le serment que m’a fait le bataillon de ne se servir de ses armes que contre les ennemis de la République et de verser leur sang pour la défense des personnes et des pro¬ priétés, déclaré que j’oubliais volontiers les éga¬ rements momentanés de quelques volontaires, et qu’au nom de la loi, je réintégrais la personne offensée dans ses fonctions d’instituteur mili¬ taire dont elle s’était démise. La satisfaction que m’a témoignée en ce moment le bataillon m’ayant paru une preuve convaincante de son repentir, j’ai ordonné, sur la demande qui m’en a été faite, que toutes les pièces relatives à cette affaire seraient brûlées sur la principale place de la ville. A l’instant, les cris-répétés de Vive la Convention ! vive la Montagne ! se sont fait entendre de toutes parts ; les capitaines ont, au nom de leurs compagnies, donné le baiser fra¬ ternel au citoyen offensé, et moi-même, au nom de la Convention nationale, je l’ai donné au com¬ mandant en chef dudit bataillon. De là, nous (1) Procès-verbaux de la Convention , t. 24, p. 335. (2) Archives nationales , carton C 279, dossier 751. nous sommes rendus au milieu du bataillon sur la place de la ville pour y brûler toutes les pièces qui pourraient avoir rapport à cette affaire. Arrivés sur la place, le citoyen Jean -Baptiste Savouré, administrateur du directoire du dis¬ trict de Dourdan, ex-prêtre, a demandé à livrer aux flammes les brevets de son ancienne servi¬ tude (ses lettres de prêtrise). Sa proposition ayant été accueillie au milieu des plus vifs ap¬ plaudissements, j’ai mis le feu à tous ces pa¬ piers, dont les cendres ont été jetées au vent, et j’ai déclaré, au nom de la loi, que le carac¬ tère de prêtre, dont ledit citoyen Savouré était ci-devant revêtu, était effacé en lui. Et à l’ins¬ tant tous les volontaires du bataillon et tous les spectateurs ont renouvelé le serment de vivre libres ou de mourir. Cette cérémonie vraiment fraternelle s’est pas¬ sée au milieu des applaudissements universels et des cris répétés de vive la République une et indivisible ! Vive la Convention ! Vive la Mon¬ tagne ! La liberté ou la mort. Fait à Dourdan les jour et an que dessus. Signé : Couturier. Pour copie collationnée : Codechevre, maire; Couard, secrétaire. Les administrateurs du district de Josselin annoncent à la Convention nationale que les dé¬ crets sur les subsistances et le maximum des den¬ rées et marchandises de première nécessité ont eu tout l’effet qu’on en attendait. Us annoncent aussi que dans leur commune des cavaliers se lèvent et qu’on a déjà acheté plusieurs chevaux. Mention honorable, insertion au « Bulle¬ tin » (1). Suit la lettre des administrateurs du district de Josselin (2). Les administrateurs du district de J ossélin, dépar¬ tement du Morbihan, à la Convention natio¬ nale. « Josselin, ce 1er jour de la lrc décade du 2e mois de l’an II de la République fran¬ çaise, une et indivisible. « Citoyens législateurs, « La tête exécrable de la Messaline autri¬ chienne est donc enfin tombée ! Voilà le second monstre royal terrassé : Vive à jamais la Répu¬ blique ! Resserrez de plus en plus leurs infer¬ nales productions ! La fille de Marie-Antoinette est son portrait vivant; son caractère sera le même. Faites limer de bonne heure les dents du louveteau ! Continuez, sages représentants, à faire le bonheur de la grande famille républi¬ caine, vous êtes bénis par tous les vrais fran¬ çais. Nous nous réjouissons de la punition de Lyon; nous appelons une vengeance aussi écla¬ tante sur Toulon. « Admirant, respectant vos décrets, nous nous empressons à les faire exécuter. Nous vous an¬ nonçons ayec plaisir que nos cavaliers se lèvent ; (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 24, p. 335. (2) Archives nationales, carton C 279, dossier 751. [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. f novembre 17931 385 que la municipalité de cette ville, premier can¬ ton de ce district, a déjà acheté quatre beaux et bons chevaux; qu’elle s’occupe de l’achat de deux autres et des équipements nécessaires, et que ses cloches sont prêtes à être converties en canons. Son exemple, nous l’espérons, sera, d’a¬ près nos stimulations pressantes, suivi dans tout notre arrondissement. « Vos lois sur les subsistances et le maximum des denrées et marchandises ont ici tout l’effet que vous en attendiez. Les gens suspects sont en état d’arrestation. Les mandements de la con¬ tribution foncière de 1793 sont envoyés aux municipalités ; la confection des rôles va être faite; le recouvrement ne tardera pas. Nous se¬ rions heureux et tranquilles si nous n’avions pas un reste de fanatisme dangereux à combattre. Sans forces, nous nous servons des moyens per¬ suasifs : ci-joint notre proclamation du 1er oc¬ tobre (vieux style) à nos administrés. « Les administrateurs du directoire de J osselin : « Hémon ; Bonnefoy ; Alliot, vice-président ; J.-M.-A. Elie, procureur syndic; Le GIuil-lon; Morel ; Coque, secrétaire. » Les administrateurs du district de J osselin, aux habitants de ce district (1). Frères et amis, Lorsque vous nous avez choisis pour être vos administrateurs,. nous avions votre confiance : si, comme nous le croyons, nous la méritons encore, écoutez notre voix ! Nous allons vous parler le langage simple et facile de la vérité. L’amour de la liberté a fait proscrire la royauté en France; c’est cet amour inné dans tous les citoyens, qui est le fondement, et qui sera le soutien de la République. Avant d’être républicains, qu’étions-nous tous, frères et amis? de vils esclaves de plusieurs tyrans à la fois, les sujets d’un roi et les vassaux des seigneurs. Pour soutenir leur orgueil, leur luxe, leurs voluptés, il nous fallait tout sacrifier. C’était pour eux que nous courbions la tête sous le poids excessif du travail. Nos richesses tom¬ baient dans leur coffres comme dans un gouffre; rien n’en sortait que pour leurs plaisirs, ou pour cacher leurs crimes. La volonté du premier était la loi suprême : tous les emplois brillants et lu¬ cratifs étaient pour les seconds. Si le premier nous armait, c’était pour ses querelles particu¬ lières; nous versions notre sang sans en savoir le motif; il servait de ciment au trône, et le trône nous écrasait. Nous étions commandés par les nobles seuls, et les cadavres des malheureux soldats formaient le marchepied de leur avan¬ cement. Aj Nous avons enfin senti la pesanteur de nos chaînes; nous les avons secouées, nous les avons brisées ; la révolution s’est faite, le grand tyran est tombé sous le glaive de la loi; les tyranneaux ont fui en foule; le régime féodal s’est écroulé de fond en comble. Nous sommes régénérés, frères et amis. Nous sommes actuellement des hommes, et des hommes fibres. Maintenons -nous dans cet état heureux d’affranchissement. Tenons-nous tous en garde contre les insinuations scélérates (1) Archives nationales , carton C 279, dossier 751. lre SÉRIE. T. LXXVIII. de nos ennemis communs ! nous en avons encore parmi nous.. Il en est qui se sont rangés sous le signe tricolore de l’égalité pour mieux nous séduire. Fixez-les d’un œil ferme, vous vous apercevrez aisément que le niveau les gêne. Ëcoutez-les attentivement, à leurs propos étu¬ diés vous connaîtrez bientôt leur perfidie. Ils ne vous parlent jamais que de vos droits, mais ils vous entretiennent de vos devoirs, de vos obligations, pour vous en dégoûter; il les exa¬ gèrent par gradation; ils se couvrent surtout du voile de la religion qu’ils se faisaient gloire auparavant de mépriser pour mieux s’insinuer dans votre esprit. C’est ainsi que l’aristocratie, qui sait se contortionner de mille manières, est parvenue à soulever les malheureux habitants de la Vendée : instruments dé sa rage, ils en seront les victimes. Pour vous préserver de suggestions aussi as¬ tucieuses et qui vous deviendraient aussi fu¬ nestes, souvenez-vous toujours que la vertu seule met de la différence entre les hommes, et qu’elle ne distinguait pas les ci-devant nobles. Songez à vos droits, ils sont naturels et imprescripti¬ bles, ils sont l’égalité, la liberté, la sûreté, la propriété, l’admission aux emplois pu mies, etc. Refisez-en la sublime déclaration en tête de notre chère Constitution; en remplissant vos devoirs, vos obligations envers la patrie, rappelez-vous que les corvées des grands chemins, celles sei¬ gneuriales, les devoirs onéreux et risibles de la vassalité, les dîmes, les banalités, les rentes féo¬ dales et tous les abus du même genre sont à jamais anéantis; qu’il vous est permis de détruire le gibier qui dévorerait vos moissons, de vous amuser à la pêche, de partager les communaux ; sachez que la religion de vos pères n’a pas reçu la moindre atteinte par le nouveau régime, qu’elle est même formellement respectée par la disposition législative du fibre exercice des cul¬ tes; n’oubliez pas que les assignats, que les mal¬ veillants cherchent à discréditer parmi vous, ont une hypothèque bien assurée sur tous les do¬ maines nationaux; apprenez que les dilapida¬ tions d’une cour corrompue et les frais d’une guerre injuste qu’elle nous a suscitée, sont la cause de rétablissement et de la circulation de cette nouvelle monnaie que la sagesse de nos législateurs saura faire disparaître lorsque la paix nous fera goûter ses douceurs. Nous pou¬ vons l’obtenir promptement, cette paix si dési¬ rable : levons -nous ! Écrasons les tyrans qui veulent nous asservir. Pourrions -nous balancer un instant à les terrasser? Frères et amis, souffririez-vous dans vos mé¬ nages des voisins ridicules et fâcheux, qui vou¬ draient absolument que vous vous y compor¬ tassiez comme ils agissent dans le leur?Non, sans doute, vous les en expulseriez par la force. Eh bien ! nos chers amis, les tyrans de l’Europe qui nous font la guerre sont des voisins f⬠cheux, ils veulent que nous nous régissions à leur mode, et nous, peuple français, nous vou¬ lons nous conduire à la nôtre. Que la fureur républicaine nous anime donc contre ces mons¬ tres qui veulent nous subjuguer; que le moindre fer nous�arme; notre liberté est certaine et notre félicité sera bientôt consolidée. Que notre jeu¬ nesse marche la première, la Convention lui ac¬ corde cet honneur; il n’est pas un vrai répu¬ blicain qui ne l’envie. Pour subvenir aux frais de cet armement ter¬ rible et nécessaire, hâtons -nous de payer nos contributions ! Autrefois, les impôts tournaient 25