[Assemblée nationale.! ARCHIVES PARLEMENTAIRES. [2 août 1790.1 499 96 millions. Comment se fjjit-il qu’on ait dès [ors pour 10 à 15 millions d’jnterêts à payer? M. Camus. La raison en est fort simple. Il est d’usage de payer aux fournisseurs de fonds les intérêts une année à l’avance, attendu l’engagement qu’ils contractent de les délivrer à la première réquisition. Je crois qu’il n’y a aucun motif de faire mention des anticipations, si l’Assemblée ordonne l’impression du rapport. M. Vernier. Je dois déclarer que je ne tiens nullement à l’impression de mon rapport. M. le Président. Si personne n’insiste sur la demande d’impression, l’Assemblée va passer àson ordre du jour. (Cette proposition est adoptée.) M. d’Ambly. Vous avez chargé une députation d’aller à Saint-Cloud prendre des nouvelles de la santé du roi. Lorsque l’huissier nous a annoncé, le roi est sorti de son cabinet et nous a dit : « Vous voyez mon état. Vous direz à l’Assemblée nationale que je la remercie de son attention. » Le roi a la lèvre supérieure enflée jusqu’au nez, mais il n’a plus de lièvre : il nous a parlé très honnêtement. Nous n’avons pu voir M. le Dauphin. Mme de Tourzel nous a dit qu’il avait pris de la casse et qu’il venait de prendre un remède. Un de MM. les secrétaires annonce que le résultat du scrutin pour V adjonction de six membres au comité des pensions a donné le résultat suivant ; MM. de Jessé ................ 204 voix. Berthereau (de Paris) ..... 189 l’abbé Julien ............ 123 de Cr“cy ................ 107 Pilastre ................ . 101 Chaillon ................ 93 L'ordre du jour est la sMite de la discussion du projet de décret sur l1 organisation dé l'armée, article 4, M. de�îfiéty, qui ouvre la discussion, trouvede grands inconvénients dans le système dn doublement des régiments. Il rappelle qu’un des motifs qui avaient déterminé le maréchal De Muy à se déterminer pour les régiments à deux bataillons était la facilité de mieux connaître l’esprit des individus et de porter à un point d’unité qui rendait le commandement plus facile. 11 a pensé que l'opinion de ce ministre devait être d’un grand poids dans celte délibération : il a dit que les incorporations feraient des mécontents de tous ceux qui perdraient inévitablement leurs grades, et qui, par cette opération, se verraient frustrés de l’espoir de leur prochain avancement, en appelant de nouveaux concurrents à ce roulement et a cité les difficultés qui avaient eu lieu dans le doublement de la cavalerie sous le ministère de M. de Ghoiseul. Il n’a pas approuvé la création de quatre lieutenants-colonels, proposée par le comité, non plus ue la suppression des majors dont il a soutenu a grande utilité. A l’égard des bataillons en garnison, il a pensé qu’en n’adoptant pas les doublements, il serait facile d’y pourvoir, en formant une compagnie de garnison, composée die 80 hommes, pris sur chaque compagnie du régiment, laquelle sprait cpmm�udee par un capitîùue, lieutenant, pt sous-lieutenant et un sergent-major. Le capitaine aurait 3,000 livres d’appointements; les lieutenant, sous-lieutenant et sergent-major, les mêmes que ceux des autres compagnies� L’opinant conclut contre le doublement des régiments qu’il propose de composer de deux bataillons ; de dix compagnies, chacun de 50 hommes; il ne veut qq’un seul lieutenant-colonel et réclame la conservation des majors. M. de Rogtaing. J’observe que, pour le moment, la seule question à décider est celle de savoir si, oui ou non, il y aura un doublement des régiments. ' M. de Reynand combat le système de l’incorporation à cause du défaut d’emplacement pour recevoir de grands corps, du sacrifice des habitudes prises et 4e l’inopportunité des circonstances. M. d’flpambHre. Je dois rappeler à l’Assemblée que le comité militaire a consulté des officiers de tout grade, et qu’il a été jugé que le doublement était nécessaire afin d’avoir une armée prête à entrer en campagne un mois après sa formation. Ce qui fait la force d’une armée ce n’est point la composition des régiments par tel ou M nombre de bataillons ou d’escadrons, mais c’est leur bonne organisation et leur exacte discipline. M. de Jessé (1). Je ne cherche point à atténuer les raisons que peut vous présenter votre comité, par le doublement des différents corps de troupes : Il est certain que les gros corps rendent un service plus efficace en temps de guerre; il est certain que, lorsque les gardes du camp, les soldats en détachement, ceux qui sont employés à convoyer les équipages, lorsque les malades se trouvent prélevés, souvent il ne reste oint, dans les régiments composés du nombre es nôtres, une assez grande agglomération d’hommes, pour se présenter isolément devant l’ennemi, et que l’on est souvent obligé d’en réunir deux, pour présenter uu front suffisant et une force respectable. Je sais que l’usage des gros corps de troupes est adopté dans toute l'Allemagne, dans ce pays qui, depuis Gustave-Adolphe jusqu’à Frédéric et'Laudon , n’a cessé d’être une immense école de guerre, où l’on a vu les premières armées manœuvrières et un de ces rois, inventeur d’une tactique qui eût fait l'étonnement et peut être l’admiration de la Grèce et de Rome. Certainement, si nous étions placés dans d’autres circonstances intérieures et extérieures, j’adopterais le doublement proposé; l’autorité de ces grands maîtres me déterminerait; mais, Messieurs, s’il est prouvé que tout ne convient pas également dans tous les temps et qu’il faut souvent se défendre de la dangereuse séduction du mieux possible, je crois que nous sommes précisément dans le cas défaire rapplica-tion de ce principe. Le doublement et l’incorporation des troupes a toujours été même, en temps de paix ét dans les circonstances les plus tranquilles, unje des opérations les plus délicates à faire sur elles. J’ai vu longtemps dans l’incorporation même des (1) Nous empruntons l’opinion de M. de Jessé au Journal le Point du Jour , tome XII, p. 398. Cette version est beaucoup plus complète que celle du Ma»t-