SÉANCE DU 12 FLORÉAL AN XI (1er MAI 1794) - N° 33 533 Il a, sans doute pénétré jusques nos contrées, ce génie de la contre révolution, puisque dans le département du Lot la représentation nationale vient d’être outragée dans la personne du représentant du peuple Bo. A cette nouvelle, nous avons frémi, nous nous sommes levés et nous n’attendons que les ordres du représentant pour lui faire un rempart de nos corps et réduire les conspirateurs et les fanatiques en poudre. Plutôt la mort, mille fois, que de souffrir que les fondateurs et les soutiens de la République soient les victimes de leur dévouement à la cause de la liberté. Tels sont les vœux des sans-culottes montagnards de Sauveterre. Nozu (présid.), Devesy (vice -présid), Roumec [et 1 signature illisible] [Sauveterre, 8 germ. II.] Convention nationale ! rempart inexpugnable de la liberté, toi où viennent se briser les vagues écumantes de l’océan politique soulevé par la tyrannie en fureur, Montagne sainte, dont la cime est toujours dorée par le soleil qui plane sur la tête des hommes libres, connois ce qu’ont pu et ce qu’ont fait les sans -culottes du district de Sauveterre, vois s’ils sont dignes d’être tes enfans et de compter parmi les immortels révolutionnaires de la République. Au sein des montagnes loin des intrigues, mais trop près du fanatisme qui a mille fois tenté de corrompre jusqu’à l’air qu’ils respirent, ils ont toujours écrasé le monstre à cent têtes, celui qui prend toutes les formes pour renverser l’ouvrage de la Montagne. Lorsque sous la forme du patriotisme, il a pris le masque pour seconder les projets liberticides de Brissot, et a corrompu une partie du département de l’Aveiron, les montagnards de Sauveterre ont écarté les brouillards dont il a infecté les contrées du Midi pour s’élever sur la cime de la Montagne et respirer l’air pur de la nature, celui de la liberté; et quand l’administration fédéraliste de Rodez marchandait avec la tyranie où se laissait séduire par ses vils stipendiés, les sans-culottes de Sauveterre manifestaient leur attachement à la Montagne rejettant les arrêtés liberticides de leur département et, auraient occupé un des premiers rangs parmi les ennemis du fédéralisme dans les fastes de la Montagne si leurs vœux avaient été rendus publics dans votre enceinte aussitôt qu’ils les ont manifestés. Au commencement de juin ils brûlaient publiquement les arrêtés liberticides qui leur étaient adressés et arrêtaient, eux-mêmes leur adhésion de sentimens aux opinions montagnardes, aux journées à jamais mémorables qui ont sauvé la République aux 31 mai, 2 et 3 juin. Ce serait peu pour nous d’avoir été les premiers antifédéralistes du département; nous prétendons encore avoir bien mérité de la patrie pour les sacrifices que nous avons faits et que nous faisons pour elle, pour les offrandes que nous déposons sur les autels pour les moyens que nous employons pour dissiper les ténèbres du fanatisme et faire luire le flambeau de la Raison. Pour porter nos frères à voler à la défense de la patrie, nous avons soin de leurs enfans, nous les adoptons même et songeons à leur entretien. Nous n’avons pas de grandes fortunes, mais ce que nous avons est à la patrie, quoique nous ne puissions rivaliser avec les communes opulentes de la République, nous cherchons cependant à leur donner l’exemple du dévouement et déjà nous comptons deux cavaliers montés, armés et équipés sur la frontière. Nous ne vous parlons ni des bas, ni des souliers, ni des chemises que nous avons versés dans les magasins militaires, nous n’avons pas consulté nos forces, mais les besoins de nos défenseurs. Aujourd’hui que le fanatisme fait un dernier effort et tente par des mouvemens convulsifs d’agiter encore les brandons de la discorde, de créer des St-Barthélémi, d’enfanter des croisades, d’étouffer les premiers feux de la Raison, les sans-culottes montagnards de Sauveterre dévoilent la politique des prêtres, prêchant la morale sublime de la Raison et élèvent des autels sur les débris du fanatisme. Nous vous adressons, Citoyens Montagnards, le plan du temple majestueux que nous prétendons vouer à la nature, à la Raison, à la Liberté, à l’égalité, ces dieux du sans-culotte. Nous désirons qu’il obtienne la faveur de la Convention nationale. Nous attendons de la Montagne qu’elle voudra bien accorder à la commune de Sauveterre les secours nécessaires pour la construction de l’édifice. Dans un pays de fanatisme, l’éloquence des yeux doit venir à l’appui de celle du cœur. En voyant les divinités de la Révolution, fouler à leurs pieds l’ignorance et la sottise le démon du fanatisme rentrera dans ses antres ténébreux avec le désespoir de pouvoir jamais reparaitre devant le soleil des hommes libres. Tels sont les vœux et les sentimens des sans-culotes montagnards de Sauveterre ». [mêmes signatures]. 33 Un membre [BARERE], au nom du Comité de salut public, annonce la prise de 8 bâtimens richement chargés, entrés dans les ports de la République, Brest, L’Orient et Rochefort. Insertion au bulletin (1). BARERE : Citoyens, la fortune de la République ne se dément pas un instant; nos ports continuent d’être l’entrepôt du commerce anglais et espagnol. Huit bâtiments ou corsaires viennent d’entrer depuis deux jours à Brest, à Lorient, à Rochefort. Voici le tableau des prises : ( vifs applaudissements). Courrier du 10 floréal Port-la-Montagne, le 30 germinal. Le vaisseau anglais V Ardent, de 74 pièces de canon, s’est perdu, corps et biens. On croit qu’il a sauté; on en a jugé par les débris de ce vaisseau et sa chaloupe, qu’on a amené à Fréjus. (1) P.V., XXXVI, 273. Bln, 12 flor. SÉANCE DU 12 FLORÉAL AN XI (1er MAI 1794) - N° 33 533 Il a, sans doute pénétré jusques nos contrées, ce génie de la contre révolution, puisque dans le département du Lot la représentation nationale vient d’être outragée dans la personne du représentant du peuple Bo. A cette nouvelle, nous avons frémi, nous nous sommes levés et nous n’attendons que les ordres du représentant pour lui faire un rempart de nos corps et réduire les conspirateurs et les fanatiques en poudre. Plutôt la mort, mille fois, que de souffrir que les fondateurs et les soutiens de la République soient les victimes de leur dévouement à la cause de la liberté. Tels sont les vœux des sans-culottes montagnards de Sauveterre. Nozu (présid.), Devesy (vice -présid), Roumec [et 1 signature illisible] [Sauveterre, 8 germ. II.] Convention nationale ! rempart inexpugnable de la liberté, toi où viennent se briser les vagues écumantes de l’océan politique soulevé par la tyrannie en fureur, Montagne sainte, dont la cime est toujours dorée par le soleil qui plane sur la tête des hommes libres, connois ce qu’ont pu et ce qu’ont fait les sans -culottes du district de Sauveterre, vois s’ils sont dignes d’être tes enfans et de compter parmi les immortels révolutionnaires de la République. Au sein des montagnes loin des intrigues, mais trop près du fanatisme qui a mille fois tenté de corrompre jusqu’à l’air qu’ils respirent, ils ont toujours écrasé le monstre à cent têtes, celui qui prend toutes les formes pour renverser l’ouvrage de la Montagne. Lorsque sous la forme du patriotisme, il a pris le masque pour seconder les projets liberticides de Brissot, et a corrompu une partie du département de l’Aveiron, les montagnards de Sauveterre ont écarté les brouillards dont il a infecté les contrées du Midi pour s’élever sur la cime de la Montagne et respirer l’air pur de la nature, celui de la liberté; et quand l’administration fédéraliste de Rodez marchandait avec la tyranie où se laissait séduire par ses vils stipendiés, les sans-culottes de Sauveterre manifestaient leur attachement à la Montagne rejettant les arrêtés liberticides de leur département et, auraient occupé un des premiers rangs parmi les ennemis du fédéralisme dans les fastes de la Montagne si leurs vœux avaient été rendus publics dans votre enceinte aussitôt qu’ils les ont manifestés. Au commencement de juin ils brûlaient publiquement les arrêtés liberticides qui leur étaient adressés et arrêtaient, eux-mêmes leur adhésion de sentimens aux opinions montagnardes, aux journées à jamais mémorables qui ont sauvé la République aux 31 mai, 2 et 3 juin. Ce serait peu pour nous d’avoir été les premiers antifédéralistes du département; nous prétendons encore avoir bien mérité de la patrie pour les sacrifices que nous avons faits et que nous faisons pour elle, pour les offrandes que nous déposons sur les autels pour les moyens que nous employons pour dissiper les ténèbres du fanatisme et faire luire le flambeau de la Raison. Pour porter nos frères à voler à la défense de la patrie, nous avons soin de leurs enfans, nous les adoptons même et songeons à leur entretien. Nous n’avons pas de grandes fortunes, mais ce que nous avons est à la patrie, quoique nous ne puissions rivaliser avec les communes opulentes de la République, nous cherchons cependant à leur donner l’exemple du dévouement et déjà nous comptons deux cavaliers montés, armés et équipés sur la frontière. Nous ne vous parlons ni des bas, ni des souliers, ni des chemises que nous avons versés dans les magasins militaires, nous n’avons pas consulté nos forces, mais les besoins de nos défenseurs. Aujourd’hui que le fanatisme fait un dernier effort et tente par des mouvemens convulsifs d’agiter encore les brandons de la discorde, de créer des St-Barthélémi, d’enfanter des croisades, d’étouffer les premiers feux de la Raison, les sans-culottes montagnards de Sauveterre dévoilent la politique des prêtres, prêchant la morale sublime de la Raison et élèvent des autels sur les débris du fanatisme. Nous vous adressons, Citoyens Montagnards, le plan du temple majestueux que nous prétendons vouer à la nature, à la Raison, à la Liberté, à l’égalité, ces dieux du sans-culotte. Nous désirons qu’il obtienne la faveur de la Convention nationale. Nous attendons de la Montagne qu’elle voudra bien accorder à la commune de Sauveterre les secours nécessaires pour la construction de l’édifice. Dans un pays de fanatisme, l’éloquence des yeux doit venir à l’appui de celle du cœur. En voyant les divinités de la Révolution, fouler à leurs pieds l’ignorance et la sottise le démon du fanatisme rentrera dans ses antres ténébreux avec le désespoir de pouvoir jamais reparaitre devant le soleil des hommes libres. Tels sont les vœux et les sentimens des sans-culotes montagnards de Sauveterre ». [mêmes signatures]. 33 Un membre [BARERE], au nom du Comité de salut public, annonce la prise de 8 bâtimens richement chargés, entrés dans les ports de la République, Brest, L’Orient et Rochefort. Insertion au bulletin (1). BARERE : Citoyens, la fortune de la République ne se dément pas un instant; nos ports continuent d’être l’entrepôt du commerce anglais et espagnol. Huit bâtiments ou corsaires viennent d’entrer depuis deux jours à Brest, à Lorient, à Rochefort. Voici le tableau des prises : ( vifs applaudissements). Courrier du 10 floréal Port-la-Montagne, le 30 germinal. Le vaisseau anglais V Ardent, de 74 pièces de canon, s’est perdu, corps et biens. On croit qu’il a sauté; on en a jugé par les débris de ce vaisseau et sa chaloupe, qu’on a amené à Fréjus. (1) P.V., XXXVI, 273. Bln, 12 flor. 534 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE Prises entrées au port de Lorient Le lougre corsaire anglais le Steck, de 6 canons et trente-trois hommes d’équipage, pris par la frégate la Surveillante. Un bâtiment anglais de cent tonneaux, chargé d’huile de poisson, pris par la corvette le Voltigeur.. Prises entrées au port de Rochefort Un brick espagnol chargé de blé, pris sous le fort Saint-Sébastien par la corvette Lajousky. Un bâtiment espagnol de deux cents tonneaux, chargé de laine, pris par la frégate la Tortue. Courrier du 11 floréal Bâtiments entrés au port de Brest Un brick anglais nommé la Jeanneton, de cent vingt tonneaux, chargé de salaison, blé et autres marchandises. Un bâtiment de deux cents tonneaux, venant de Copenhague, allant à Bilbao, chargé de blé. Ces deux bâtiments pris par la frégate la Bellone. Un bâtiment chargé de bois de construction pour l’Irlande, pris par la frégate la Tamise. Un bâtiment anglais venant de la Jamaïque, très richement chargé en sucre, café, coton et indigo, pris aussi par la frégate la Tamise. BARERE : Voilà pour les opérations pacifiques du commerce; les opérations guerrières n’ont pas présenté le même succès. Deux de nos frégates, allant de Cancale à Brest ont été rencontrées par une division de frégates et un vaisseau anglais; l’infériorité du nombre et des forces ne pouvait arrêter des républicains. Ils pouvaient éviter le combat, ils l’ont donné; ils ont pensé que des républicains ne connaissaient la fuite sur aucun élément. Le combat a duré sept heures : le pavillon de la République a été défendu avec une intrépidité digne d’éloges. La Pomone, avait déjà des succès; elle était parvenue à désemparer le commandant anglais de son mât de hune lorsque les autres frégates anglaises sont toutes venues l’attaquer; il a fallut céder à une force aussi disproportionnée. Nous n’avons pas de nouvelles de la Babet, et VEngageante est revenue apportant ces nouvelles qui, quoique désavantageuses, ne doivent servir à des âmes républicaines que pour y nourrir plus fortement la haine du nom anglais et le vœu de l’anéantir. Us la célébreront, cette nouvelle, les gazetiers payés par Pitt. Eh bien, qu’ils célèbrent la valeur de plusieurs frégates et d’un vaisseau de ligne anglais contre deux frégates et une corvette. Les cris de l’insolence anglaise sont entendus à Brest, et la République saura punir Albion de ses crimes envers l’humanité. C’est au commerce ruiné de ces avares insulaires, c’est aux traits de la bravoure de nos marins à nous dédommager de ce léger désavantage, en attendant que la marine de la République fasse un 10 août sur l’Océan et brise le sceptre britannique qui le tyrannise. Que les Anglais apprennent en même temps ce que leurs esclaves ont eu de succès dans la Flandre maritime, hier et avant hier. Que les gazettes ministérielles transmettent aux seigneuries parlementaires et à l’honorable ministère de Georges les derniers événements de la coalition sur les bords de la mer (1). 34 Le même membre [BARERE], rend compte de la correspondance des représentans du peuple près l’armée du Nord; il en résulte que les troupes de la République viennent de remporter une victoire signalée sur les esclaves des tyrans coalisés; elles se sont emparées de Fur-nes, Courtray et Menin; l’ennemi a perdu plus de 5,500 hommes tués ou faits prisonniers, plusieurs drapeaux et 32 pièces de canon, non compris toute l’artillerie prise à Menin. Les défenseurs de la liberté se sont conduits dans cette affaire avec une énergie et un courage dignes des plus grandes éloges (2). BARERE lit une lettre des représentants du peuple Choudieu et Richard, datée de Lille le 10 floréal. Ils annoncent que nous avons eu, à la gauche de l’armée, des succès : les troupes de la République sont entrées dans Fûmes et Courtrai. Menin, extrêmement fortifié, et défendu par des émigrés qui n’attendent pas de quartier, ne tardera cependant pas à être à nous. A droite, l’armée des Ardennes a repoussé tout ce qui se trouvoit devant elle, et a fait sa jonction avec celle du Nord. Nous avons été moins heureux au centre, ajoutent les représentans. L’ennemi y avoit réuni toutes ses forces : il a été attaqué trois fois, et a été très maltraité. C’est le peu de talens de quelques généraux, joint à la lâcheté de certains officiers, qui nous a empêché de réussir cette fois. Richard et le général en chef vont se porter vers ce point. On apprend que Menin est défendu par 5 000 hommes et 30 pièces de canon, disent les représentans en terminant; nous désirerions qu’il y en eût davantage. (On applaudit ). Il communique une autre lettre du représentant Richard, datée de Lille le 11 floréal : « Je m’empresse de vous annoncer que nous venons de remporter, sur les coalisés, une victoire signalée. (On applaudit ). « L’ennemi que notre marche hardie sur Courtrai avoit d’abord déconcerté, s’est bientôt rassuré par la résistance de Menin, et il a formé la décision de nous chasser du pays dont nous venions de nous rendre maîtres. Hier, 10, dès la pointe du jour, il s’est présenté au nombre d’environ vingt mille hommes devant l’excellente position qu’occupoit, en avant de Courtrai, la division du général Souham. L’action s’est enga-(1) Mon., XX, 358; Débats, 589, p. 163; J. Mont., n° 170; J. Paris, n° 487; M.U., XXXIX, 205; J. Matin, n° 620; C. Eg., n° 622, p. 251; J. Lois, n° 581; C. Univ. 13 flor.; J. Sablier, n° 1292; J. Fr., n° 585; Feuille Rép., n° 303; Débats, n° 623, p. 260; Rép., n° 133; J. Perlet, nos 587, 588. (2) P.V., XXXVI, 273. Bin, 12 flor.; M.U., XXXIX, 205; J. Lois, n° 581; J. Mont., n° 170; J. Sablier, n° 1292; C. Eg., n° 622, p. 251; Mon., XX, 358; J. Matin, n° 620; C. Univ., 13 flor.; J. Fr., n° 585; J. Paris, n° 487; J. Perlet, nos 587 et 588; C. Eg., nos 622, p. 251 et 623, p. 260. 534 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE Prises entrées au port de Lorient Le lougre corsaire anglais le Steck, de 6 canons et trente-trois hommes d’équipage, pris par la frégate la Surveillante. Un bâtiment anglais de cent tonneaux, chargé d’huile de poisson, pris par la corvette le Voltigeur.. Prises entrées au port de Rochefort Un brick espagnol chargé de blé, pris sous le fort Saint-Sébastien par la corvette Lajousky. Un bâtiment espagnol de deux cents tonneaux, chargé de laine, pris par la frégate la Tortue. Courrier du 11 floréal Bâtiments entrés au port de Brest Un brick anglais nommé la Jeanneton, de cent vingt tonneaux, chargé de salaison, blé et autres marchandises. Un bâtiment de deux cents tonneaux, venant de Copenhague, allant à Bilbao, chargé de blé. Ces deux bâtiments pris par la frégate la Bellone. Un bâtiment chargé de bois de construction pour l’Irlande, pris par la frégate la Tamise. Un bâtiment anglais venant de la Jamaïque, très richement chargé en sucre, café, coton et indigo, pris aussi par la frégate la Tamise. BARERE : Voilà pour les opérations pacifiques du commerce; les opérations guerrières n’ont pas présenté le même succès. Deux de nos frégates, allant de Cancale à Brest ont été rencontrées par une division de frégates et un vaisseau anglais; l’infériorité du nombre et des forces ne pouvait arrêter des républicains. Ils pouvaient éviter le combat, ils l’ont donné; ils ont pensé que des républicains ne connaissaient la fuite sur aucun élément. Le combat a duré sept heures : le pavillon de la République a été défendu avec une intrépidité digne d’éloges. La Pomone, avait déjà des succès; elle était parvenue à désemparer le commandant anglais de son mât de hune lorsque les autres frégates anglaises sont toutes venues l’attaquer; il a fallut céder à une force aussi disproportionnée. Nous n’avons pas de nouvelles de la Babet, et VEngageante est revenue apportant ces nouvelles qui, quoique désavantageuses, ne doivent servir à des âmes républicaines que pour y nourrir plus fortement la haine du nom anglais et le vœu de l’anéantir. Us la célébreront, cette nouvelle, les gazetiers payés par Pitt. Eh bien, qu’ils célèbrent la valeur de plusieurs frégates et d’un vaisseau de ligne anglais contre deux frégates et une corvette. Les cris de l’insolence anglaise sont entendus à Brest, et la République saura punir Albion de ses crimes envers l’humanité. C’est au commerce ruiné de ces avares insulaires, c’est aux traits de la bravoure de nos marins à nous dédommager de ce léger désavantage, en attendant que la marine de la République fasse un 10 août sur l’Océan et brise le sceptre britannique qui le tyrannise. Que les Anglais apprennent en même temps ce que leurs esclaves ont eu de succès dans la Flandre maritime, hier et avant hier. Que les gazettes ministérielles transmettent aux seigneuries parlementaires et à l’honorable ministère de Georges les derniers événements de la coalition sur les bords de la mer (1). 34 Le même membre [BARERE], rend compte de la correspondance des représentans du peuple près l’armée du Nord; il en résulte que les troupes de la République viennent de remporter une victoire signalée sur les esclaves des tyrans coalisés; elles se sont emparées de Fur-nes, Courtray et Menin; l’ennemi a perdu plus de 5,500 hommes tués ou faits prisonniers, plusieurs drapeaux et 32 pièces de canon, non compris toute l’artillerie prise à Menin. Les défenseurs de la liberté se sont conduits dans cette affaire avec une énergie et un courage dignes des plus grandes éloges (2). BARERE lit une lettre des représentants du peuple Choudieu et Richard, datée de Lille le 10 floréal. Ils annoncent que nous avons eu, à la gauche de l’armée, des succès : les troupes de la République sont entrées dans Fûmes et Courtrai. Menin, extrêmement fortifié, et défendu par des émigrés qui n’attendent pas de quartier, ne tardera cependant pas à être à nous. A droite, l’armée des Ardennes a repoussé tout ce qui se trouvoit devant elle, et a fait sa jonction avec celle du Nord. Nous avons été moins heureux au centre, ajoutent les représentans. L’ennemi y avoit réuni toutes ses forces : il a été attaqué trois fois, et a été très maltraité. C’est le peu de talens de quelques généraux, joint à la lâcheté de certains officiers, qui nous a empêché de réussir cette fois. Richard et le général en chef vont se porter vers ce point. On apprend que Menin est défendu par 5 000 hommes et 30 pièces de canon, disent les représentans en terminant; nous désirerions qu’il y en eût davantage. (On applaudit ). Il communique une autre lettre du représentant Richard, datée de Lille le 11 floréal : « Je m’empresse de vous annoncer que nous venons de remporter, sur les coalisés, une victoire signalée. (On applaudit ). « L’ennemi que notre marche hardie sur Courtrai avoit d’abord déconcerté, s’est bientôt rassuré par la résistance de Menin, et il a formé la décision de nous chasser du pays dont nous venions de nous rendre maîtres. Hier, 10, dès la pointe du jour, il s’est présenté au nombre d’environ vingt mille hommes devant l’excellente position qu’occupoit, en avant de Courtrai, la division du général Souham. L’action s’est enga-(1) Mon., XX, 358; Débats, 589, p. 163; J. Mont., n° 170; J. Paris, n° 487; M.U., XXXIX, 205; J. Matin, n° 620; C. Eg., n° 622, p. 251; J. Lois, n° 581; C. Univ. 13 flor.; J. Sablier, n° 1292; J. Fr., n° 585; Feuille Rép., n° 303; Débats, n° 623, p. 260; Rép., n° 133; J. Perlet, nos 587, 588. (2) P.V., XXXVI, 273. Bin, 12 flor.; M.U., XXXIX, 205; J. Lois, n° 581; J. Mont., n° 170; J. Sablier, n° 1292; C. Eg., n° 622, p. 251; Mon., XX, 358; J. Matin, n° 620; C. Univ., 13 flor.; J. Fr., n° 585; J. Paris, n° 487; J. Perlet, nos 587 et 588; C. Eg., nos 622, p. 251 et 623, p. 260.