170 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. I 24 brumaire an II I 14 novembre 1793 seil exécutif rende compte de cette inexécution de votre loi, et présente la liste de tous les com¬ missaires civils qu’il a envoyés. Je dois dire un fait qui a été déclaré à un de nos collègues, et même au comité de Salut public; c’est qu’on devait à ces commissaires civils l’insubordina¬ tion de nos armées. Il est temps d’en écarter ces sangsues publiques. Je demande encore qu’il soif réservé au comité de Salut public d’envoyer des commissaires civils. Les propositions de Merlin et de Clauzel sont décrétées. Le citoyen Picot, député par les sans-culottes composant l’armée révolutionnaire de l’Ariège, réunis à la Société populaire naissante de Seix, applaudit à la juste punition de la louve autri¬ chienne, demande que la Convention fasse tomber les têtes d’Orléans, Brissot et de ses infâmes complices, et la remercie de ses bienfaits. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (1). Suit l’adresse des sans-culottes de l’armée révolutionnaire de l’Ardèche et de la Société ■ populaire de Seix (2). Adresse à la Convention nationale , « Citoyens représentants, « Les sans-culottes composant l’armée révo¬ lutionnaire de l’Ariège, réunis à la Société populaire naissante de Seix, ayant appris que vous aviez purgé la terre du germe de tous nos malheurs, en faisant tomber la tête de la Louve autrichienne, affamée du sang des Français, ont bien voulu se servir de mon organe révolu¬ tionnaire; et, sur la motion que j’en ai faite, me charger de vous voter, et en leur nom, des remerciements et une reconnaissance éternelle, pour les travaux innombrables dont nous ne cessons de sentir les bienfaits; et entre autres, pour le jugement de ce monstre femelle, dont le juste châtiment doit assurer à jamais notre liberté. « Il ne reste plus rien, pour parfaire votre ouvrage, que de faire tomber les têtes d’Orléans, Brissot, et de ses infâmes complices, qui ont souillé trop longtemps l’enceinte du temple auguste de la liberté. Ils sont partout voués à l’exécration publique, et déjà ils n’ont plus d’existence politique. N’attendez point de brillants succès tant que ces anthropophages existeront. La déesse que nous servons, sourde à nos prières, demande vengeance de tant de crimes; le sol de l’égalité a trop longtemps été foulé par les parricides qui se sont eux-mêmes baignés dans le sang des Français, espérant jouir du fruit de leurs forfaits. « Frappez donc, il est temps, ces exemples effrayeront sans doute les ennemis de la chose publique; de notre côté, vous pouvez compter sur le zèle du plus ardent patriotisme; notre présence entraîne partout la destruction des traîtres et apporte la terreur dans les cœurs des plus modérés. « Le commissaire civil délégué par les repré¬ sentants du peuple , « Alard, président, (1)' Procès-verbaux de la Convention , t. 25, p. 207. (2j Archives nationales , carton G 281, dossier 773. « Le commissaire des guerres, à la suite de l’armée révolutionnaire, « Picot, vice-président, rédacteur ; Comps, secrétaire ; Privât, commandant de la force armée, signé en son nom ; Benoist, Saurine, sans-culotte de Toulouse, four¬ rier de l'armée, secrétaire de la Société. » La municipalité de Pontrieux, département des Côtes-du-Nord, écrit qu’aussitôt qu’elle a reçu la nouvelle que les brigands de la Vendée s’étaient dispersés tant du côté de Redon que de Laval, 50 citoyens de cette commune sont partis pour les détruire. Les autres communes du district les ont imités, et 900 hommes armés et suivis d’une pièce de canon marchent contre eux. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (1). Suit la lettre de la municipalité de Pon¬ trieux (2). La municipalité de Pontrieux, chef -lieu de district, département des Côtes -du-N.ord, à la Convention nationale. « Pontrieux, le 13e jour du 2e mois de l’an II de la République française, une et indivisible. « Citoyens législateurs, A peine avons -no us reçu la nouvelle que les brigands de la Vendée s’étaient dispersés, tant du côté de Redon que de Laval, que les citoyens de cette commune se sont levés et sont partis, au nombre de 57 hommes armés pour aller les détruire. Les autres communes de ce district ont également volé au secours de leur patrie et déjà 900 hommes armés et suivis d’une pièce de canon sont à lieu de combattre ces vils scélérats. « Il leur manquait, à leur départ, des sub¬ sistances, mais notre commune a su prévenir leurs besoins en faisant rendre, en moins de 24 heures, au chef-lieu du département, 200 quintaux tant en farine qu’en froment. Le pauvre, le riche apportaient aux voitures la farine qu’ils avaient en leur possession. « Si notre commune, qui ne fournit qu’en-viron 1,300 âmes, n’avait déjà été épuisée en hommes qu’elle fournit, tant dans les diffé¬ rents bataillons organisés dans notre départe¬ ment, qu’au service de la République sur mer, le nombre qui vient de partir aurait été infiniment plus grand. « Leur courage, leur patriotisme nous sont des garants assurés qu’ils ne viendront qu’a-près avoir réduit ces bandits de la Vendée. « Vous, citoyens législateurs, vous qui, jusqu’à ce jour, n’avez travaillé et consacré vos veilles que pour le bonheur public, n’aban¬ donnez pas votre poste, attendez que l’édifice ne [en] soit consolidé sur les fondements où vous l’avez placé. « Nous adhérons à tous vos décrets et aux mesures vigoureuses que vous avez employées pour détruire le despotisme sous le joug duquel nous ne courberons plus nos têtes. Vivre libre (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p. 207. (2) Archives nationales, carton G 279, dossier 756. [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, { \\ 171 ju mourir, tel est le sentiment gravé dans tous les cœurs des républicains de notre commune. « Le Millier, officier municipal ; Dieu-part, procureur de la commune ; Legal, officier municipal; G. Porez, officier municipal ; B oudier, maire. » Les juges du tribunal populaire de Ville-Affranchie écrivent du 20 brumaire que déjà un grand nombre des contre-révolutionnaires qui ont perdu cette malheureuse commune ont payé la peine due à tant de forfaits; que la veille dix officiers municipaux ont été guillotinés au mi¬ lieu et à la vue du peuple qu’ils avaient trompé, et qui a crié mille fois : Vive la République! vive la Convention nationale! Insertion au « Bulletin » (1). Suit la lettre des juges du tribunal populaire de Ville-Affranchie (2). Le tribunal de justice populaire, à la Conven¬ tion nationale « Ville -Affranchie, le 20e jour de brumaire, l’an II de la République, une et indi¬ visible. « Citoyen Président, « Le tribunal de justice populaire, séant à Ville-Affranchie, s’occupe sans relâche du jugement des contre-révolutionnaires qui ont perdu cette malheureuse commune, et déjà un grand nombre d’entre eux a payé successi¬ vement la peine due à tant de forfaits. « Mais hier l’appareil de la justice populaire s’est déployé d’une manière plus éclatante. 10 officiers municipaux ont été guillotinés au milieu et à la vue du peuple qu’ils avaient trompé, et ce peuple a fait retentir les rues des cris mille fois répétés : Vive la République! vive la Convention nationale ! « Dorfeuille, président de la Commission de justice populaire; D’Aumale, juge ; B aigue; Cousin; Rouillion; Merle, accusateur public ; Gatier, greffier ; Millet, secrétaire. Le conseil général de la commune, la Société populaire et les chefs de la garde nationale de Thouron, département de la Haute-Vienne, adhèrent entièrement à la Constitution et aux travaux de la Montagne. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (3). (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p. 208. (2) Archives nationales, carton C 279, dossier 756; Supplément au Bulletin de la Convention du 24 bru¬ maire an II (jeudi 14 novembre 1793). (3) Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p. 208. Suit la lettre, du conseil général de la commune, de la Société populaire et des chefs de la garde nationale de Thouron (1). Commune de Thouron, canton de Comprei-gnac, district de Bellac, département de la Haute-Vienne. Le conseil général de la commune, les membres de la Société populaire et les chefs de la garde nationale de Thouron, au citoyen Président de la Convention nationale. « Président de la sainte Montagne, « C’est pour vous protester de notre adhésion aux mémorables journées des 31 mai et jours suivants; pour vous remercier des décrets qui fixent le maximum des grains et subsistances de première nécessité, qui frappent les acca¬ pareurs et détruisent l’agiotage ; qui pres¬ crivent la fin de la guerre cruelle de la Vendée, la destruction de Lyon, la punition sévère de l’infâme Toulon; qui déclarent haîne et guerre cruelle aux tyrans, aux despotes, à leurs fau¬ teurs et satellites; qui dépouillent les fanati-seurs, les riches égoïstes, tièdes muscadins, girondins fédéralistes, aristocrates, brigands, émigrés, déportés cruels; qui abolissent tous signes de royauté, trop tard proscrits, qui condamnent aux flammes tous titres féodaux; qui détruisent la dîme, les rentes, les corvées et servitudes; qui établissent l’égalité des poids et mesures, l’égalité des droits de l’homme, la sainte liberté dans laquelle le créateur l’a créé, et qui, en constituant l’unité et l’indivisibilité de la République, déclarent tout Français soldat et en réquisition graduelle d’âge pour le maintien de cette seule, une, vraie et divine République. Plus de cloîtres, plus de vœux, plus de célibat, source immanquable des désordres qui minent les états et détrui¬ sent l’humanité; plus de rois, plus de prêtres despotes, plus de religion dominante, plus de seigneurs, plus de châteaux-forts, plus de décorations extérieures que celles que procure la vertu; plus de luxe effréné, de faste impu¬ dent, de jeux ruineux, de repas somptueux, de parties de chasse et de pêche désastreuses, mais travaux journaliers, agriculture favorisée, soutenue et encouragée; justice prompte et gratuite rendue; vigilance active et conti¬ nuelle sur les besoins publics; établissement de maisons de charité, ateliers publics, écoles nationales, ministres citoyens, modiquement mais solidement dotés; impôts modérément, justement et relativement établis ainsi que généralement; glaive de la loi se promenant indifféremment sur toutes les têtes coupables; plus de souveraineté que dans le peuple, d’au¬ torité qu’en la sainte Montagne, d’autres lois que les vôtres, ni d’autre domination, tant que la République sera en guerre, que la Conven¬ tion nationale actuelle. Telle est notre pro¬ fession de foi, telle est notre règle et telle sera notre manière d’exister jusqu’à la mort. Tui sumus. Ça va. « Telle est l’admirable constitution que nous venons d’accepter et qui ne nous est parve¬ nue qu’après qtue le Sénat a été purgé de tout ce qui le divisait; fasse le Ciel que ce livre (I) Archives nationales, carton C 279, dossier 752,