SÉANCE DU 5 FRUCTIDOR AN II (22 AOÛT 1794) - N° 1 349 ner la liberté françoise; mais à ce moment pénible ont bientôt succédé les délicieuses jouissances qu’épprouvent les vrais républicains quand les forfaits des conspirateurs sont dévoil-lés et punis presque aussitôt qu’enfantés; c’est à vous, législateurs, qu’est due la gloire d’avoir encore une fois sauvé la patrie et vengé le peuple françois que des tirans orgueilleux vou-loient replonger dans l’esclavage. La Convention nationalle et les principes d’où découlent le bonheur du peuple, voilà les objets vers lesquels se dirigeront constamment toutes nos affections, et qui nous feront repousser avec indignation tout ce qui tendroit à établir l’idolâtrie d’un seul. La haine que nous avons voué à la tirannie s’accroît dans nos cœurs par le souvenir des crimes dont elle couvre la terre; et si Calligula, dans un moment de fureur, osa former des vœux pour que tout un peuple n’eût qu’une tête pour pouvoir l’abbattre d’un seul coup, nous apportons sur l’hidre qui produit les oppresseurs et les rois, les souhaits de ce monstre. Dupuy ( présid .), Joinville, Peloux, Lefenetry, Labrousse ( secrét .), Labranche, Th. Martres, Debout, Martel, Saint-marc. b [Le texte conservé dans le carton C 319, pl. 1301, p. 40, n’est que la copie par l’agent national de la commune de Roanne de l’adresse de cette commune qui figure au P.-V. du 29 thermidor. Voir ce texte ci-dessus, Séance du 29 therm., n° 4; la mention marginale porte la date du 29 thermidor] (1). c [Les admin™ et agent nat. régénérés du distr. de Dinan (2), à la Conv.; Dinan, 18 therm. Il] (2) Périssent les ennemis de la République quelque soit le masque qui couvre leur figure hideuse et contre-révolutionnaire ! Vive à jamais la Convention nationale où se centralise la volonté de 25 millions d’hommes libres. Telle est, citoyens représentans, l’expression de nos sentimens les plus intimes. Si la Convention, jusqu’à ce jour triomphante de toutes les factions, a éprouvé une crise momentanée, c’est parce que l’infâme Robespierre avait sçu répandre le prestige fallacieux d’une réputation trop longtems usurpée. Comme un autre Encelade, il osa dans ses fougueux emportemens attaquer le ciel de la liberté. Il poussa l’audace jusqu’à détacher de la Montagne d’énormes rochers dont il menaça sa puissance. Il était digne de vous, représentans, de lancer sur lui la foudre nationale. Robespierre et ses complices ont eu (1) Mentionné par Bm, 7 fruct. (suppl.). (2) Côtes-du-Nord. (3) C 319, pl. 1301, p. 22. Reproduit au Bin , 6 fruct. (suppl1); C. Eg., n° 736. le sort des titans. Ainsi doit périr tout ambitieux qui, d’une main sacrilège, voudrait attenter à la souveraineté du peuple. Poursuivez, citoyens représentans, vos utiles travaux, frappés sans cesse le crime et le vice, vous ferez par là même triompher l’innocence et la vertu. La France entière attend de vous sa prospérité. Pour nous, dévoués à l’exécution de vos décrets, nous marcherons avec zèle et empressement sur la ligne qui nous sera tracée par la représentation nationale. C’est en faisant jouir nos administrés du fruit des loix bienfaisantes que nous cherchons à prouver notre attachement à la patrie. Nous ne varierons point dans nos principes. La devise Vivre libre ou mourrir, que nous fixâmes d’une main républicaine sur les édifices nationaux comme sur les maisons particulières, lorsque l’armée royale et catholique menaçait nos têtes, est gravée dans nos cœurs et ne s’effacera jamais. Dubos aîné, Corseu ( ?) ( agent nat.), Fontaine {secrét.) et 2 signatures illisibles. d [L’admin. du distr. du Beausset (1), à la Conv.; 20 therm.II] (2) Citoyens représentans, Des hipocrites qui s’étoient faits une réputation de patriotisme avoient ourdi la trame la plus hardie pour détruire la liberté et faire renaître la tirannie sur les cadavres des républicains. Grâces à votre énergie, leurs sinistres projets ont échoué et leurs têtes coupaples (sic) sont tombées sous le glaive de la loy. C’est le sort destiné à tous les traîtres et à tous les ambitieux. Recevés nos sincères félicitations sur ce nouveau triomphe de la liberté et l’assurance de notre entier dévouement pour vos sages décrets. Laugier (présid.), Simon, Hermitte, Guigou, Philippe Fabre, Laugier l’ancien, Brunel, B. Imbert et une signature illisible. e [Le général en chef Dugommier à la Conv.; armée des Pyrénées-Orientales, s.d. ] (3) Citoyens représentants, Après une absence forcée, je viens enfin de revoir mes braves frères d’armes; je viens d’inspecter en Espagne les 3 divisions qui s’y sont établies. Partout j’ai retrouvé les républicains du 12 floréal, les vainqueurs de Montes-quiou, de Collioure et de Saint-Laurent-de-la-(1) Var. (2) C 319, pl. 1301, p. 23. Mentionné par Bin , 7 fruct. (suppl.). (3) C 318, pl. 1289, p. 3. Reproduit au Bm , 5 fruct.; Moniteur (réimpr.), XXI, 565; M.U., XLIII, 100; Gazette fr:se , n°965; Débats, n°701, 71-72; J. Perlet, n° 699; J. Fr., n°697; J. Paris, n° 600; F. de la Rêpubl., n° 414; Rép. , n° 246; J.S. -Culottes, n° 555. 350 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE Monga. Partout j’ai vu briller les armes et les cœurs brûler pour la liberté et l’égalité. Non jamais on ne verra une armée plus idolâtré de ces principes, pour lesquels seuls elle veut combattre. Jugez de son indignation après les discours des représentants Soubrany et Mil-haud qui lui apprirent le crime des derniers conspirateurs dont vous avez brisé les trames, de ces hommes perfides qui voulaient tourner aux vues criminelles de leur extravagante ambition tant de sacrifices offerts à la seule souveraineté du peuple. Fiers du sang que nous versons pour elle, nous lui en consacrerons fidèlement jusqu’à la dernière goûte. C’est le serment le plus cher à l’armée des Pyrénées-Orientales. Citoyens représentants, que n’avez-vous pu être témoins de l’enthousiasme avec lequel elle l’a prononcé, et du sentiment profond dont elle était pénétrée lorsqu’elle a voué à l’exécration et à la mort quiconque serait tenté d’imiter les derniers tyrans ! Vous auriez receuilli le tribut de sa reconnoissance, en même temps que les ambitieux auraient pu se convaincre de la folie des conspirateurs, tant que la République aura de pareilles armées. S. et F. Dugommier. [Vifs applaudissements ]. f [Les membres du tribunal militaire de l’armée des Côtes de Cherbourg, au présid. de la Conv.; s.l., 24 therm.II ] (1) Citoyen président, Le tribunal militaire s’est empressé d’adresser à la Convention l’expression de ses senti-mens sur les heureux évenemens qui viennent d’anéantire la nouvelle conspiration contre la souveraineté du peuple. Le tribunal a lieu de penser que son adresse a été égarée puisqu’il n’en a vu mention nulle part, et il a cru devoir de nouveau l’adresser à la Convention. Salut, union, fraternité. Pierret (présid.), R. Lamonque (off. de police et juge militaire ), Estève (greffier), Scipion Rexier (enquêteur militaire). Les membres du tribunal militaire de l’armée des Côtes de Cherbourg, à la Conv.; 25 therm. II Citoyens représentans, La mort d’un nouveau tyran vient de restituer aux amis de la vertu le droit de dire la vérité. Celle que sentent nos cœurs est de vous aimer autant que nous détestions le perfide, et jamais sentiment ne fut si profond. Jamais non plus nous n’avons caressé son orgueil pour fléchir sa férocité; ainsi, en bravant la mort pour sauver des républicains, vous avez détourné de nos têtes le coup fatal. Tel est l’hommage que nous vous offrons de notre existence. C’est un hommage tendre, celui (1) C 319, pl. 1301, p. 25, 27. Mentionné par B", 7 fruct. (suppl.). qui éclate dans l’allégresse publique et qui, tout abondant qu’il est, laisse toujours le comble à sa source. Pierret (présid.), Scipion Rexier (enquêteur militaire), R. Lamonque (off. de police et juge militaire), Estève (greffier) (1). g [L’admin. et l’agent nat. du distr. d’Albi (2), à la Conv.; Albi, 19 therm. II] (3) Citoyens représentans, Toujours de nouveaux complots contre la liberté, et toujours de nouveaux triomphes sur ses ennemis : telles doivent être les suites de cette lutte. Profondément affligés des dangers personnels qui vous ont circonvenus, c’est sans surprise que nous avons appris votre fermeté. Notre indignation, comme notre félicité, sont à leur comble. Animés par votre exemple, et fidelles à nos principes et à nos serments, nous renouvelions en vos mains celui de vivre libres ou de mourir, et de vous rester constament attachés. Marc Foulcher (vice-présid.), Lemory, Delaval (agent nat.), Theron (secrét.), Enseron, Pail-HOUT. h [Les autorités constituées et la sté popul. de Tell-les-Bois (4), à la Conv.; Tell-les-Bois, ( ?) an II] (5) Citoyens représentants, La société populaire de Tell-les-Bois, réunie aux authorité constituée, félicite la Convention sur les mesures vigoureuses quelle prend pour fonder le bonheur du peuple en détruisant les factions intestines qui ont travaillé si constamment à l’anéantissement de la République. Elle rend grâce à l’Etre suprême d’avoir conservé les jours prétieux de nos plus zélés deffenseurs, malgré ces factieux qui vouloient méconnoître la Convention pour nous ramener le joug des tyrans. Elle vote des remerciements au comité de salut public dont les veilles et les travaux ne tendent qu’à nous faire jouir promptement de tous les biens que doit ressentir un gouvernement bazé sur les principes immuable de l’égalité et de la liberté. Nous avons prévenu la loy salutaire sur les récoltes des républicains qui ne désirent que le salut de leur pays et se croi-roient déshonorés d’être atteints de la plus légère idée d’intérests. Honneur à nos braves deffenseurs qui ont mit et mettent la victoire à l’ordre du jour sur (1) En marge, duplicata. (2) Tarn. (3) C 319, pl. 1301, p. 29. Mentionné par B*", 7 fruct. (suppl.). (4) Ci-devant Saint-Martin-en-Bresse, Saône-et-Loire. (5) C 319, pl. 1301, p. 30. Mentionné par B'n, 7 fruct. (suppl.).