SÉANCE DU 1er BRUMAIRE AN III (22 OCTOBRE 1794) - N° 6 329 déjà les caractères sont plus fiers. Jour de triomphe pour la vertu! La confiance renaît; l’amitié n’est plus un crime; la reconnaissance est permise. En vain quelques antropophages voudraient-ils venger leur Dieu et rétablir ses autels; les yeux du peuple français sont dessillés; il sait que ses agitateurs sont des buveurs de sang qui ne l’excitent à la révolte que pour étancher leur soif. Achevés, dignes représentons, achevez de conduire les Français à la liberté et songés qu’ils n’auront jamais d’autre phare, pour éclairer leur route, que la représentation nationale. Vive la Convention! Vive la Convention! Vive la Convention! Salut et fraternité. Leclerc, Le Meunier, Baudouin, Renault, Duprez, Cimaroli, Lemelort, secrétaire général. c [Le conseil général de la commune de Troyes, département de l’Aube, à la Convention nationale, du 26 vendémiaire an III] (28) Citoyens représentons, Lorsque la renommée eut annoncé dans la commune de Troyes le sort qu’a éprouvé le vaisseau de ligne Le Vengeur, les citoyens habitans de la huitième section de cette commune, pénétrés tout à la fois de douleur à la vue de sa perte, et d’admiration pour le dévouement des braves républicains qui composait son équipage, se sont aussitôt empressés de payer un nouveau tribut que la patrie demandait à ses enfans. Réunis dans le lieu ordinaire des séances de la ditte section, ces citoyens ont voté une collecte pour contribuer à la reconstruction de ce vaisseau ; chacun y a participé selon ses facultés, de sorte que cette collecte se monte à huit cent quarante sept livres dix sols. Quelque modique qu’elle paraisse, elle est cependant encore d’un certain mérite, si l’on ne considère l’état de pauvreté des habitans de la 8e section. Si l’on ne considère surtout que tant fabricants de toile pour la plupart, ils manquent ainsi que les fabriquants des autres sections, de matières premières nécessaires à l’aliment de la fabrique, par conséquent de moyens de subsister. Recevés la donc, Législateurs, cette offrande de la 8e section. Agréés l’hommage que nous vous en faisons en son nom, comme une preuve de son patriotisme. Nous vous adressons aussi ci-jointe une expédition de notre débbération relative à ce sujet. Salut et fraternité. Le conseil général de la commune de Troyes, Boinne, agent national et six autres signatures. [Extrait du registre des délibérations du conseil général de la commune de Troyes, du 12 vendémiaire an III] (29) Il a été fait lecture d’une adresse du citoyen Jacquot, au nom de la huitième section, portant qu’ayant appris que le vaisseau Le Vengeur était péri dans un combat; l’assemblée pénétrée de douleur, votât aussitôt une quête, pour contribuer à sa reconstruction : que tout et chacun y contribuèrent, avec empressement, mais que la fortune des individus ne répondant pas à leur patriotisme, la quête ne monte qu’à la somme de huit cent quarante sept livres dix sols, ce qui prouve toujours leur bonne volonté. Que la section l’a chargé de remettre au conseil cette modique somme ; et qu’il le prie de vouloir bien l’envoyer à la Convention nationale, au nom de la huitième section ; pour contribuer à la reconstruction du vaisseau Le Vengeur, péri dans le combat, et l’assurer que la 8e section restera uniquement et constamment attaché à la Convention nationale jusqu’à la mort. Respect, salut et fraternité, Signé Jacquot. Sur quoi, la matière mise en délibération et l’agent national entendu, le conseil général considérant qu’on ne peut trop donner de publicité à l’acte de patriotisme de la 8e section, a arrêté, qu’il en serait fait mention honorable, que la somme de huit cent quarante sept livres dix sols, qui en est l’objet et qui a été déposée à l’instant ès mains du secrétaire greffier, par le citoyen Jacquot serait adressée de suite au président de la Convention nationale, avec une expédition du présent, qu’il en serait aussi adressé une à chaque section et une au citoyen Jacquot, pour lui servir de décharge. Signé Mignot, maire, Lailley, secrétaire greffier. d [Le tribunal criminel du département de lYonne à la Convention nationale, s. d.] (30) Citoyens représentans, Vous venez de la proclamer cette justice, cette probité, qui dans la bouche du conspirateur que vous avez abbatu, dans celle de ses satellites que vous avez démasqués, n’étoient que de vains noms. Des hommes de sang prostituoient ces vertus, bazes sacrées du gouvernement républi-quain, elles devenoient entre leurs mains de nouveaux instruments de férocité et de trahison. Assises sur le sommet du sénat français, (29) C 323, pl. 1378, p. 2. (30) C 323, pl. 1384, p. 1. Gazette Fr., n” 1024; Mess. Soir, n 795. (28) C 323, pl. 1378, p. 1. 330 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE vous venez de leur rendre en présence de l’univers entier le seul hommage qui leur convienne. Dans leur chant de victoire les français répéteront ces principes éternels consignés dans l’adresse dont vous avez décrété l’immortalité. Elle sera le code du vrai patriote. Les sentiments qu’elle renferme sont les nôtres. Unité, indivisibilité de la République, attachement inviolable à la Convention, soumission sans bornes aux loix. Horreur profonde pour les conspirateurs, les faux patriotes et les hommes immoraux, voilà le cercle de nos devoirs, nous n’en sortirons qu’avec la vie. Martineau, président, Moreau, accusateur public provisoire, Billebaud, Bourdin, Beranger. e [Le conseil général permanent de la commune de Meaux, département de Seine-et-Marne, à la Convention nationale, s. d.] (31) Législateurs, Inviolablement attachés à la représenttion nationale, ainsi qu’aux principes qui la dirigent dans ses grandes opérations, nous sommes également pénétrés de respect et de soumission envers les loix qui émanent de sa justice et de sa sagesse. Pendant trop longtemps sans doute la france fut déchirée par les fureurs des Nerons, des Catilina et des infâmes Robespieres, mais grâces à votre courage et à votre énergie, ces monstres n’existent plus, et les droits de la nature qu’ils avoient violés reprennent sous vos auspices leur force et leur empire. Non Législateurs, vous ne souffrirés plus que de vils antropophages élèvent à côté de ce sanctuaire des échaffauds à l’inocence et des autels aux crimes dont ils se sont couverts, vous ne soufrirez plus que des intrigants, que de faux patriotes, des hipocrites enfin fassent de nouveaux efforts par leurs clameurs incendiaires, pour égarer l’opinion du peuple, et lui ravir l’autorité souveraine dont sa confiance vous investit : mais vous terrasserés touttes les factions qui chercheroient encore à vous rivaliser, mais vous ferés rentrer dans la poussière du néant les anarchistes, les déprédateurs de la fortune publique qui n’empruntaient le masque du patriotisme que pour mieux servir leurs projets liberticides, et s’abreuver des sueurs de l’homme laborieux, qui consacre ses talents, ses biens et sa vie au bonheur de ses concitoyens. Oui, Législateurs, vous achèverés ce grand et sublime édifice que vous avez entrepris, au milieu des plus grands orages et des plus grands dangers, et malgré les efforts expirants de l’athéisme et du brigandage, vous conduirés au port le vaisseau de la République ; nous prenons pour garant de ces vérités l’adresse aussi (31) C 323, pl. 1384, p. 3. M. U., XLV, 22. sage que sublime que vous venez de faire au Peuple français, nous l’avons déjà lüe plusieurs fois dans nos séances et nos concitoyens l’ont couverte avec nous des éloges qu’elle mérite, les principes y exprimés sont ceux des vrais amis des vertus morales et politiques : depuis longtemps, la raison et la justice les avoient gravés dans nos coeurs, la mort seule poura les en effacer. Ces sentiments seront désormais la boussole et la règle de la conduite de tous les hommes qui aiment la République et ses dignes fondateurs ; ceux qui oseroient les méconnoitre ou s’en écarter doivent disparaitre du sol de la liberté. Recevez donc, Législateurs, les tributs de re-connoissance que le conseil général de la commune de Meaux vous offre par notre organe, et le serment qu’il a fait de ne jamais reconnoitre d’autorité supérieure à la votre ni de souffrir qu’une main sacrilège y porte la moindre atteinte. Telle est Législateurs la proffession de foy de ces magistrats du Peuple, recevez la sous les hospices de l’honneur et de la probité et soyez convaincus qu’ils y resteront fidels jusqu’à leur dernier soupir. Boimard, maire, Saumur, secrétaire, JoURDEUlL, agent national et dix-neuf signatures. f [Le conseil général de la commune de Charolles, département de Saône-et-Loire, à la Convention nationale, s.