Séance du 11 Thermidor An II (mardi 29 juillet 1791) Séance permanente du matin Présidence de COLLOT D’HERBOIS (1) La séance est ouverte à dix heures par la lecture de la correspondance suivante : 1 Les représentans du peuple près les armées du Rhin et de la Moselle adressent l’extrait d’un procès-verbal dans lequel est consigné un trait de bravoure et de dévouement à la République, de la part du citoyen Pierre Le-mayrée (2), sergent de la 5e compagnie de la Dordogne, qui, assailli par des brigands lors de l’affaire du 22 octobre dans les plaines de Sa-verne, et blessé de plusieurs coups de sabre, préféra la mort à crier vive le roi, et qui en découvrant son sein demanda la mort, et cria : vive la République ! Mention honorable du trait de bravoure, insertion au bulletin, et renvoi aux comités d’in-truction publique et de salut public (3) [Vifs applaudissements]. [Les représentans du peuple près les armées du Rhin et de la Moselle font passer une lettre de l’administration du 2e bataillon de la Dordogne, qui donne connoissance d’un trait héroïque, et qui mérite d’être connu de la convention et du peuple ; un sergent de ce bataillon s’étoit trop avancé du côté de l’ennemi ; il se trouve entouré par la cavalerie ennemie; alors il ne balance pas, il préfère la mort à l’ignominie et il se prépare à se bien défendre. Trois dragons fondent sur lui, deux sont renversés par un coup de carabine qu’il tire à propos. Le troisième est mis hors de combat après quelque résistance. Deux autres dragons surviennent, et terrassent à coups de sabre le malheureux sergent; ils le relèvent et lui proposent la vie s’il veut crier vive le roi; il demande la mort en criant : vive la république. Les fl) D’après les gazettes. (2) Leymarie (selon Débats). (3) P.V., XLII, 247. Bin, 12 therm.; -J. Mont., n° 94, 777; Débats, n° 679, 224; Audit, nat., n°675; Ann. R.F., n° 241 ; C. Eg., n°711; Perlet, n°676; M.U., XLII, 199- 200; Ann. patr., n°DLXXVI; J. -Jacquin, n° 733; -J.S. Culottes, n°531. dragons veulent lui brûler la cervelle avec un pistolet, et un premier coup manque, et les ennemis irrités de ne pouvoir ôter la vie à leur intrépide adversaire, le déshabillent et l’attachent à la queue d’un de leur chevaux; le sergent est assez heureux pour s’évader; il gagne un bois voisin, et reçoit en y entrant plusieurs coups de sabre. Le bois étant très-épais, les ennemis ne peuvent le poursuivre. Ce brave homme perdant son sang, traverse le bois avec beaucoup de peine, et enfin à 11 heures il rejoint ses frères d’armes; on le conduit à l’hôpital, mais il n’a pas attendu sa guérison pour se venger des esclaves; il a assisté à toutes les affaires importantes, et il s’y est conduit avec la même bravoure; il sert toujours sa patrie, quoiqu’il ait perdu le poignet gauche (l)]. 2 La société républicaine de Tinchebray (2) félicite la Convention nationale de ses travaux. Insertion au bulletin (3). [La Sté Republ. de Tinchebray à la Conv. ; 22 Mess. II][ 4). Représentans La liberté commande à la victoire, les esclaves du despotisme fuient comme de vils troupeaux. Les tyrans tremblent sur leurs trônes ébranlés, le fanatisme disparaît, la nature promet une récolte abon? dante. l’Etre Suprême, en protégeant nos armées, accepte l’hommage pur et touchant d’un peuple fier, généreux et libre Jouissez, Représentans fidèles et courageux, jouissez de votre ouvrage et de notre reconnaissance. La liberté toute entière ou la mort ! point de paix avec les despotes ! l’homme chasse le Tigre, et ne traite point avec luy. heureux par vos lois, animés par votre énergie, brûlants d’amour pour la Liberté, première fl) Ann. R.F., n° 241 ; Rép., n° 223 ; J. Sablier, n° 1468. 2) Orne. 3 P.V., XLII, 247. (4) C 314, pl. 1257, p. 20. Séance du 11 Thermidor An II (mardi 29 juillet 1791) Séance permanente du matin Présidence de COLLOT D’HERBOIS (1) La séance est ouverte à dix heures par la lecture de la correspondance suivante : 1 Les représentans du peuple près les armées du Rhin et de la Moselle adressent l’extrait d’un procès-verbal dans lequel est consigné un trait de bravoure et de dévouement à la République, de la part du citoyen Pierre Le-mayrée (2), sergent de la 5e compagnie de la Dordogne, qui, assailli par des brigands lors de l’affaire du 22 octobre dans les plaines de Sa-verne, et blessé de plusieurs coups de sabre, préféra la mort à crier vive le roi, et qui en découvrant son sein demanda la mort, et cria : vive la République ! Mention honorable du trait de bravoure, insertion au bulletin, et renvoi aux comités d’in-truction publique et de salut public (3) [Vifs applaudissements]. [Les représentans du peuple près les armées du Rhin et de la Moselle font passer une lettre de l’administration du 2e bataillon de la Dordogne, qui donne connoissance d’un trait héroïque, et qui mérite d’être connu de la convention et du peuple ; un sergent de ce bataillon s’étoit trop avancé du côté de l’ennemi ; il se trouve entouré par la cavalerie ennemie; alors il ne balance pas, il préfère la mort à l’ignominie et il se prépare à se bien défendre. Trois dragons fondent sur lui, deux sont renversés par un coup de carabine qu’il tire à propos. Le troisième est mis hors de combat après quelque résistance. Deux autres dragons surviennent, et terrassent à coups de sabre le malheureux sergent; ils le relèvent et lui proposent la vie s’il veut crier vive le roi; il demande la mort en criant : vive la république. Les fl) D’après les gazettes. (2) Leymarie (selon Débats). (3) P.V., XLII, 247. Bin, 12 therm.; -J. Mont., n° 94, 777; Débats, n° 679, 224; Audit, nat., n°675; Ann. R.F., n° 241 ; C. Eg., n°711; Perlet, n°676; M.U., XLII, 199- 200; Ann. patr., n°DLXXVI; J. -Jacquin, n° 733; -J.S. Culottes, n°531. dragons veulent lui brûler la cervelle avec un pistolet, et un premier coup manque, et les ennemis irrités de ne pouvoir ôter la vie à leur intrépide adversaire, le déshabillent et l’attachent à la queue d’un de leur chevaux; le sergent est assez heureux pour s’évader; il gagne un bois voisin, et reçoit en y entrant plusieurs coups de sabre. Le bois étant très-épais, les ennemis ne peuvent le poursuivre. Ce brave homme perdant son sang, traverse le bois avec beaucoup de peine, et enfin à 11 heures il rejoint ses frères d’armes; on le conduit à l’hôpital, mais il n’a pas attendu sa guérison pour se venger des esclaves; il a assisté à toutes les affaires importantes, et il s’y est conduit avec la même bravoure; il sert toujours sa patrie, quoiqu’il ait perdu le poignet gauche (l)]. 2 La société républicaine de Tinchebray (2) félicite la Convention nationale de ses travaux. Insertion au bulletin (3). [La Sté Republ. de Tinchebray à la Conv. ; 22 Mess. II][ 4). Représentans La liberté commande à la victoire, les esclaves du despotisme fuient comme de vils troupeaux. Les tyrans tremblent sur leurs trônes ébranlés, le fanatisme disparaît, la nature promet une récolte abon? dante. l’Etre Suprême, en protégeant nos armées, accepte l’hommage pur et touchant d’un peuple fier, généreux et libre Jouissez, Représentans fidèles et courageux, jouissez de votre ouvrage et de notre reconnaissance. La liberté toute entière ou la mort ! point de paix avec les despotes ! l’homme chasse le Tigre, et ne traite point avec luy. heureux par vos lois, animés par votre énergie, brûlants d’amour pour la Liberté, première fl) Ann. R.F., n° 241 ; Rép., n° 223 ; J. Sablier, n° 1468. 2) Orne. 3 P.V., XLII, 247. (4) C 314, pl. 1257, p. 20. 620 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE condition de notre existence, nous Continuerons d’éclairer nos concitoyens sur leurs droits et leurs devoirs, de combattre le fanatisme, le modérantisme et la malveillance. Nous avons armé et équipé un cavalier jacobin ; il est maintenant à son poste, il nous a juré de ne reparaître dans notre sein que couvert d’honorables dépouilles, et teint du sang des ennemis de la liberté. La Société populaire espère en faire bientôt partir un second. Dans la fête célébrée en l’honneur de la Divinité trop longtemps méconnue, la Société Républicaine vient d’adopter deux orphelins patriotiques. Elle s’est chargée de fournir à tous leurs besoins, et de leur faire apprendre une profession. Deux jeunes Citoyens présentés par la Société sont partis pour l’Ecole de Mars Des Apôtres Révolutionnaires parcourent les campagnes, pour éclairer les citoyens victimes encore du fanatisme et des anciens préjugés. Les parens des Défenseurs de la patrie ont touché les secours accordés par la bienfaisance nationale. Les dépouilles du fanatisme vont partir pour le District, qui bientôt les traduira à votre barre. Nous écrivons à toutes les communes du canton pour les inviter à suivre cet exemple. Ce ne sera pas en vain, Représentans, que vous aurez terrassé l’athéisme, anéanti les factions, et mis les vertus républicaines à l’ordre du jour. Delarue (secret.), Signard (ve présid.), [et une signature illisible (celle d’un secrétaire)]. 3 Le citoyen Troisœufs, canonnier, fait hommage à la Convention nationale d’une chanson civique qu’il a composée sur les victoires remportées par les armées de la République. Mention honorable, et renvoi au comité d’instruction publique (l). 4 La société populaire d’Auch, département du Gers, félicite la Convention de ses travaux, et demande que les biens des pères et mères des émigrés soient vendus au profit de la République Insertion au bulletin des félicitations, et renvoi du surplus au comité de salut public (2). 5 La société populaire de la Ferté-sur-Ourcq, département de l’Aisne, exprime sa joie au (l) P.V., XLII, 247. Bm, 16 therm. (suppl1). (2) P.V., XLII, 248. bruit des nouvelles victoires que les armées ne cessent de remporter. Elle félicite la Convention de ses travaux, et l’invite à rester à son poste. Insertion au bulletin (l). [La Sté popul. de la Ferté-sur-Ourq (2) à la Conu. ; 23 Mess. 77/(3) Vive la République, vive la montagne, vivent les grands ressorts, dont la force populaire et révolutionnaire multiplie et propage nos victoires avec la même rapidité que les astres multiplient et propagent la lumière. Un mois s’est à peine écoulé, depuis que, le 20 prairial, par une fête solemnelle et civique, nous avons voué le peuple français à l’existence de l’être Suprême, générateur de l’univers, de toutte la nature et de tous les siècles passés présens et à venir, père et vengeur des peuples libres, qui leur donne l’énergie et le courage de pulvériser les tirans, les traîtres et les conspirateurs, et qui peut méconnaître aujourd’huy son influence dans le succès de nos armées ? Lorsque la nouvelle de la victoire de fleuras est parvenue dans notre commune, l’anthou-siasme de la joye s’exaltait dans tous les cœurs; tous l’exprimaient par les expressions les plus vives. Le 8 messidor, le conseil général de la commune a fait son arrêté pour que cette victoire éclatante soit publiée avec une solemnité analogue. L’arrêté portait qu’un officier municipal en écharpe accompagné de la musique militaire et de tous les tambours de la garde nationale proclamerait cette heureuse nouvelle; ce qui a été exécuté dans plus de places qu’à l’ordinaire; les rues étaient remplies par tous les citoyens : vieillards, hommes, femmes, jeunes, ado-lescens et enfans qui faisaient retentir l’air des transports de leur joye ; et les cris de vive la République, vive la montagne et le comité de Salut pu-bliq, n’étaient interrompus que par le silence que l’on prêtait à la lecture de la proclamation, et le bruit de la musique guerriere et des tambours. Les citoyens invités à célébrer sur le champ une fête libre, fraternisèrent le reste du jour et pendant la nuit, en repas et en danses; touttes les tables furent mises en commun dans les rues; chacun y apportait ce qu’il avait et ce qu’il pouvait; les plus aisés prodigaient leur meilleur, on portait touttes les santés qui peuvent interresser les vrays républicains�] on buvait à la Victoire et à nos frères du Département de Jemmape, ces chers moutons que les armes de la République française ont arraché pour la seconde fois aux loups qui les dévoraient; à nos frères de Mons et de Tournay etc. En traçant cette adresse, nous aprenons la prise de Gand, d’Ou-denarde, Ostende etc. Quels nouveaux transports d’allégresse; que de nouvelles grâces à rendre à l’être Suprême, dont le bras tout puissant conduit les français à une gloire immortelle, en donnant à la convention nationale et à nos armées toutte la force et la vertu nécessaires. Restés donc à vos postes, Législateurs, et vous y serez forts et invincibles; quelsques (sic) soient les jlj P.V., XLII, 248. (2) Ci-devant Milon, départ1 de l’Aisne. (3) C 314, pl. 1257, p. 21. 620 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE condition de notre existence, nous Continuerons d’éclairer nos concitoyens sur leurs droits et leurs devoirs, de combattre le fanatisme, le modérantisme et la malveillance. Nous avons armé et équipé un cavalier jacobin ; il est maintenant à son poste, il nous a juré de ne reparaître dans notre sein que couvert d’honorables dépouilles, et teint du sang des ennemis de la liberté. La Société populaire espère en faire bientôt partir un second. Dans la fête célébrée en l’honneur de la Divinité trop longtemps méconnue, la Société Républicaine vient d’adopter deux orphelins patriotiques. Elle s’est chargée de fournir à tous leurs besoins, et de leur faire apprendre une profession. Deux jeunes Citoyens présentés par la Société sont partis pour l’Ecole de Mars Des Apôtres Révolutionnaires parcourent les campagnes, pour éclairer les citoyens victimes encore du fanatisme et des anciens préjugés. Les parens des Défenseurs de la patrie ont touché les secours accordés par la bienfaisance nationale. Les dépouilles du fanatisme vont partir pour le District, qui bientôt les traduira à votre barre. Nous écrivons à toutes les communes du canton pour les inviter à suivre cet exemple. Ce ne sera pas en vain, Représentans, que vous aurez terrassé l’athéisme, anéanti les factions, et mis les vertus républicaines à l’ordre du jour. Delarue (secret.), Signard (ve présid.), [et une signature illisible (celle d’un secrétaire)]. 3 Le citoyen Troisœufs, canonnier, fait hommage à la Convention nationale d’une chanson civique qu’il a composée sur les victoires remportées par les armées de la République. Mention honorable, et renvoi au comité d’instruction publique (l). 4 La société populaire d’Auch, département du Gers, félicite la Convention de ses travaux, et demande que les biens des pères et mères des émigrés soient vendus au profit de la République Insertion au bulletin des félicitations, et renvoi du surplus au comité de salut public (2). 5 La société populaire de la Ferté-sur-Ourcq, département de l’Aisne, exprime sa joie au (l) P.V., XLII, 247. Bm, 16 therm. (suppl1). (2) P.V., XLII, 248. bruit des nouvelles victoires que les armées ne cessent de remporter. Elle félicite la Convention de ses travaux, et l’invite à rester à son poste. Insertion au bulletin (l). [La Sté popul. de la Ferté-sur-Ourq (2) à la Conu. ; 23 Mess. 77/(3) Vive la République, vive la montagne, vivent les grands ressorts, dont la force populaire et révolutionnaire multiplie et propage nos victoires avec la même rapidité que les astres multiplient et propagent la lumière. Un mois s’est à peine écoulé, depuis que, le 20 prairial, par une fête solemnelle et civique, nous avons voué le peuple français à l’existence de l’être Suprême, générateur de l’univers, de toutte la nature et de tous les siècles passés présens et à venir, père et vengeur des peuples libres, qui leur donne l’énergie et le courage de pulvériser les tirans, les traîtres et les conspirateurs, et qui peut méconnaître aujourd’huy son influence dans le succès de nos armées ? Lorsque la nouvelle de la victoire de fleuras est parvenue dans notre commune, l’anthou-siasme de la joye s’exaltait dans tous les cœurs; tous l’exprimaient par les expressions les plus vives. Le 8 messidor, le conseil général de la commune a fait son arrêté pour que cette victoire éclatante soit publiée avec une solemnité analogue. L’arrêté portait qu’un officier municipal en écharpe accompagné de la musique militaire et de tous les tambours de la garde nationale proclamerait cette heureuse nouvelle; ce qui a été exécuté dans plus de places qu’à l’ordinaire; les rues étaient remplies par tous les citoyens : vieillards, hommes, femmes, jeunes, ado-lescens et enfans qui faisaient retentir l’air des transports de leur joye ; et les cris de vive la République, vive la montagne et le comité de Salut pu-bliq, n’étaient interrompus que par le silence que l’on prêtait à la lecture de la proclamation, et le bruit de la musique guerriere et des tambours. Les citoyens invités à célébrer sur le champ une fête libre, fraternisèrent le reste du jour et pendant la nuit, en repas et en danses; touttes les tables furent mises en commun dans les rues; chacun y apportait ce qu’il avait et ce qu’il pouvait; les plus aisés prodigaient leur meilleur, on portait touttes les santés qui peuvent interresser les vrays républicains�] on buvait à la Victoire et à nos frères du Département de Jemmape, ces chers moutons que les armes de la République française ont arraché pour la seconde fois aux loups qui les dévoraient; à nos frères de Mons et de Tournay etc. En traçant cette adresse, nous aprenons la prise de Gand, d’Ou-denarde, Ostende etc. Quels nouveaux transports d’allégresse; que de nouvelles grâces à rendre à l’être Suprême, dont le bras tout puissant conduit les français à une gloire immortelle, en donnant à la convention nationale et à nos armées toutte la force et la vertu nécessaires. Restés donc à vos postes, Législateurs, et vous y serez forts et invincibles; quelsques (sic) soient les jlj P.V., XLII, 248. (2) Ci-devant Milon, départ1 de l’Aisne. (3) C 314, pl. 1257, p. 21.