[Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. » brumaire an II 413 118 novembre 1793 Suit la lettre des officiers municipaux de Vaugirard (1). « Législateurs républicains, « Un nouveau jour vient d’éclore dans la République française, c’est celui où la philo¬ sophie, prêchée depuis longtemps par ces hommes célèbres, et propagée par vos sublimes décrets, vient enfin de dessiller les yeux de tous les républicains et de les éclairer sur leur trop simple crédulité. « Une religion pure, dépouillée de tous les prestiges de la superstition va paraître dans tout son jour, isolée de toutes ces pompeuses cérémonies inventées par l’orgueilleux sacerdoce. Elle nous rapprochera de l’être suprême en nous faisant détester les ministres trompeurs qui nous en éloignaient. « Vous avez parlé, législateurs, et dans l’ins¬ tant vous avez fait disparaître tous les charla¬ tans du citoyen de Nazareth. Honteux de leur astucieux métier, dont ils séduisaient notre imbécilité, ils ont fait un prompt retour sur eux-mêmes, et, tremblants sous le glaive prêt à les immoler, ils se sont approchés du sanc¬ tuaire des lois pour vous remettre les titres et les vêtements pompeux dont ils se décoraient, et les précieux joujoux avec lesquels ils se divinisaient et que nous venons offrir à la République pour un usage moins équivoque. « Quelle heureuse métamorphose ! y pou¬ vons-nous bien croire? Craignons encore que ce ne soit un songe. « Trois décades se sont à peine écoulées dans la commune de Vaugirard, qu’elles ont donné naissance à une Société populaire et à un comité de surveillance, et les décrets de la sainte Montagne, réfléchissant sur ces corps sociaux, en ont électrisé tous les esprits, et bientôt le fanatisme, faisant place au plus pur civisme, Vaugirard s’est régénéré, et nous avons vu avec une douce satisfaction le citoyen Bourdeaux, notre curé, abjurer dans ce sénat la fausse doctrine et la fastueuse lithurgie dont il avait tant fait parade. Dans un autre temps moins philosophique il eût été apostat, à cette époque plus éclairée, il devient le premier apôtre et le préconiseur de la liberté. Puisse l’exemple qu’il a donné dans ce dé¬ partement, servir de modèle et faire tomber le masque qui cache encore tant de malveillance. « Cette régénération si subitement opérée dans la commune de Vaugirard, par les soins et la vigilance du corps municipal et de la société populaire vous éclairera, législateurs, sur le modérantisme qu’on a reproché au premier, et vous prouvera avec quel respect il a seul et sait encore faire aimer vos lois. L’un et l’autre vous en demandent une pour faire changer le nom de la commune de Vaugirard en celui de commune de Jean-Jacques-Bousseau, afin qu’il ne reste aucun souvenir du nom ni des vices de l’ancien Vaugirard, et que ce nom soit à jamais effacé des fastes de la République. « L’un et l’autre vous demandent, législa¬ teurs, d’accorder encore à notre commune, dont la population est nombreuse, une somme de dix-huit à vingt mille livres, pour l’aider à subvenir au payement des subsistances qu’elle n’a obtenue que difficilement jusqu’à ce jour et en empruntant dans toutes les bourses, et elle rendra cette somme à la République dans l’espace de cinq ans. « Protégez, législateurs, notre commune qui, renaissant sous tous les points de vue, honorera par ses vertus civiques la République dont elle fait partie, en abjurant toutes erreurs passées pour suivre nos lois et se rendre digne de la liberté qu’elle défendra jusqu’à la dernière goutte de son sang. » (Suivent 17 signatures.) Pétition (1). « Sans-culottes républicains, Vous venez de former une société populaire, d’établir un comité de surveillance, et nous prouver que tout concourt maintenant dans cette commune à une parfaite régénération, que tout y respire le feu du plus ardent patrio¬ tisme, que ce feu va réchauffer jusqu’aux plus insouciants modérés, et que l’aristocratie, pour¬ suivie enfin par nos soins jusque dans ses repaires les plus obscurs, va bientôt faire place au répu¬ blicanisme le plus durable. « Jusqu’ici, le corps municipal, votre ouvrage, isolé et pour ainsi dire abandonné à lui-même, a cherché à faire le bien de ses concitoyens en employant tous les moyens qui étaient en lui, et s’il n’a pas toujours réussi, c’est qu’il n’a pas été secondé; son seul amour et son unique respect pour les lois et pour la chose publique l’ont soutenu, quand il était prêt de tomber dans le découragement; mais, ferme dans ses principes, ce corps constitué, reconnaissant de la confiance dont vous l’avez honoré, s’est tou¬ jours occupé du bonheur de ses concitoyens, comme il ne cessera de s’en occuper; il sera sans doute aidé par les lumières de la Société popu¬ laire naissante avec qui il se plaira de rivaliser en civisme, et, écartant d’eux toute haine per¬ sonnelle et tout esprit de parti, la municipalité et la Société populaire ne faisant qu’un seul esprit, elles ne verront que le bien général et la nécessité d’éloigner tous ceux qui s’y oppose¬ raient. « Sans-culottes, mes frères, périssent donc tous les intrigants qui, foulant aux pieds toutes les vertus civiques, se glissent dans les sociétés, semblables à des serpents, pour y siffler la discorde et avilissent par leurs ca¬ lomnies les corps constitués qui les surveillent. Ils cherchent à les faire détester, en leur prêtant des sentiments d’incivisme qu’ils n’ont pas, et bien loin de faire aimer la constitution, ils s’efforcent à la ridiculiser. « Périsse enfin jusqu’au souvenir du nom de Vaugirard qui, depuis longtemps était devenu odieux à toutes les communes voisines, parce qu’il était l’asile des brigands et le centre de l’ivrognerie où les valets des ci-devant venaient faire leurs sales orgies et y entretenaient un libertinage sans exemple. « Sans-culottes républicains, faites disparaître, avec son nom, tous les vices qui régnaient dans votre commune, et qu’elle soit entièrement régénérée dans son commerce, comme dans son système politique. Abjurez sur le tombeau des martyrs de la liberté et de l’apôtre du génie (1) Archives nationales, carton G 280, dossier 768. (1) Archives nationales , carton C 280, dossier 768.