706 détruire les vieux préjugés des Strasbourgeois; déjà ils ont remplacé l’autel des prêtres de la cathédrale par l’autel de la patrie; ils vont aussi démuscadiner la Société populaire, et bien¬ tôt on dira : Strasbourg fut aristocrate. L’esprit public y change journellement (1). « Delcambe. » III. Adresse de la commune d’Orgeville, DÉPARTEMENT DE l’EüRE (2). Compte rendu du Bulletin de la Convention (3). La commune d’Orgeville, canton de Pacy, district d’Evreux, département de VEure, à la Conven¬ tion nationale. « Justice, nos bons législateurs, vous nous l’avez déjà rendue; j’ venons de voir dans le Bul-tin comme vous avez reçu not’pétition (4) des vérités que j’vous avons dites sur le compte d’not hipocrite d’curai Flichi; c’est trop d’hon¬ neur pour nous que d’faire mention honorable de c’que nous vous demandons; mais ça prouve qu’vous aimais la véritai toute crue et toute franche : eh ben ! j’ allons encore vous la dire. Vous ne croyais pas que cte vilaine bête dont j’vous avons parlé, trouve des protecteurs; et dans qui? dans un président du comité d’E-vreux. Y’ià-t-il pas que le président s’donne des airs d’écrire à not comité mai dam ! sur un ton... Vraiment, c’monsieur-là prend des petits airs de despote; j’avons, ma foy, cru d’a¬ bord que le roy Buzot étoit ressuscitai, car il nous parle comm’ les roys parloient à leux escla¬ ves. Il est bon de vou dire qu’j 'avons itott un comitai d’ surveillance qui va remouver les aris¬ tocrates, les fédéralistes, et tous les animaux de ce poil la, dam faut voir. Vla-t-il pas que ct’animal de Flichi a eu peur que juli serrions les pouces; il a été trouvai et Haltot qui é’dit président du comité du département de 'Eure; il y a assurément fait cent menteries sur not commune, et pis monseigneur Hultot nous écrit que j’sommes ben ardis d’avoir fait un comité sans sa permission, et que j’ne nous avisions pas de faire arrêter personne sans y en demander avis. Nota, que not commune est à trois lieues et demie d’Evreux:et que j’navons rien à deme-ler avec celle d’Evreux; es que ça s’rait encore comme par le passai, que les gros mangions les petits ? et que j’avons pas les mêmes droits tretous? es que j’avons contrôlai M. Hultot dans;;ses opérations? le bon guieu sai comment. Et pourquoi ce(M. Hultot s’donne les airs d’nous menacer comme si nous étions de la canaille? Ah ! mais dam, j’vous disons franchement que la moutarde nous monte au nez, et qu’il faut (1) D’après le Journal de Perlet [n° 428 du 4 fri-_ maire an II (dimanche 24 novembre 1793), p. 434), la lecture de cette lettre fut accueillie par de vifs applaudissements. (2) L’adresse de la commune d’Orgeville n’est pas mentionnée au procès-verbal de la séance du 3 fri¬ maire 'an II; mais elle est insérée en entier dans le Bulletin de cette séance. (3) Second supplément au Bulletin de la Conven¬ tion du 3 frimaire an II (samedi 23 novembre 1793). (4) Voy. ci-dessus, séance du 23 brumaire an II, p. 127, la pétition de la commune d’Orgeviile. ( 3 frimaire an 11 ( 23 novembre 1793 que ça finisse : j’somme d’bons San-culottes campagnards, mais, entendai-vous, j’avons nos comité suivant la loi, j’en voulons jouir, et n’entendons pas qu’ Hultot met son nai dans nos affaires. On dit com’ ça qu’c’Flichy, not ei-de-vant curai, est son parent; eh ben ! il est diable¬ ment encanayai; j’fi en faisons not compliment; mais in’faut pas moins qu’il déloge de cheux nous, ou on h ficheroit le tour. Quand il sera sorti d’sa tannière, j’somme ben d’avis, pour la purifier, d’an faire not maison commune, comité d’ surveillance et assemblée populaire; j’I’avons bâtie d’nos degniers, c’est ben juste que j’en jouissions; j’croyons ben que vous n’nous refu¬ serais pas ça. C’est-pourquoi qu’j’vous l’deman-dons. Aguieu, bons législateurs ; Guieu confonde vos ainnemis, qui sont les nôtres. Dites, j’vous prions, à M. Hultot, président du comité d’E¬ vreux, qu’il ait la bontai d’nous laisser les maîtres cheux nous et de n’pas s’déclarer l’pro-tecteur dais coquins et dais hypocrites. J’vous demandons VBultin, com’vous l’en¬ voyez aux autres assemblées populaires : adressé au comité d’ surveillance d’là commeune d’Orgeville, par Pacy-sur-Eure. » IV. Le citoyen Cazalis, ancien curé, sollicite UN EMPLOI DADS UN DES BUREAUX DE LA CON¬ VENTION (1). Suit le texte de la pétition du citoyen Cazalis» d’après u/n document des Archives nationales (2). « Citoyens représentants, « Rester tranquille et tout à fait passif avec un traitement ou pension alimentaire, cela n’est guère possible à un homme qui a été élevé au travail, et à qui il faut une vie active. La Convention a accueilli mon offrande (lorsque j’ai remis mes lettres de prêtrise le 15 de bru¬ maire) j’ai été le premier, seul et de mon propre mouvement, sans autre motif que le dégoût d’un état devenu si odieux, et l’envie de me rendre utile. « Je sais passablement écrire, et j’aime le travail, si vous trouvez bon de m’employer dans quelqu’un de vos bureaux, je tâcherai de ne pas démériter de votre bienveillance. « Curé depuis vingt ans, je n’ai point fait le métier de prêtre; philosophe ami de l’huma¬ nité, j’aimais mon état, parce qu’il m’attachait au sort du malheureux, et je me plaisais à prêcher les bonnes mœurs. « Je n’ai point vicarié ni traîné dans la crasse des séminaires, j’ai eu une éducation un peu plus fibre parmi les Génovéfains, et, après avoir professé la rhétorique, la philosophie et la théo¬ logie pendant dix ans, j’ai été fait supérieur d’une maison où je me suis trouvé en même temps curé. « J’ai embrassé la Révolution avec enthou¬ siasme, aussi ai-je été persécuté, La munici-(I) La pétition du citoyen Cazalis n’est pas men¬ tionnée au procès-verbal de la séance du 3 frimaire an II; mais en marge de l’original, qui existe aux Archives nationales, on lit l’indication suivante r « Renvoyé au comité de législation, le 3 frimaire, l’an II de la République française. Roger Ducos, secrétaire. » (2) Archives nationales , carton Dm 243, dossier C. -s [Convention nationale.] AHCIJIVES PARLEMENTAIRES- [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. 1*™�* “1793 707 p alité a commencé à me citer à sa barre pour avoir osé annoncer la suppression des droits féodaux avant la notification officielle du décret. J’étais à Beaugency, des deux paroisses on n’én a fait qu’une, mon collègue a été préféré, parce qu’il convenait mieux à la noblesse bourgeoise, et moi je suis devenu vicaire. Mais la fortune de mon collègue ne s’est pas soutenue, il a été des¬ titué. « Depuis deux ans que j’étais à la ci-devant abbaye de Saint-Germain, je n’ai cessé de montrer le même zèle et dans mes instructions et dans toute ma conduite. Un des fondateurs du club, à Beaugency, j’ai toujours été Jacobin, j’ai paru dans toutes les occasions du danger de la patrie, notamment les 26 et 27 de mai, comme président des commissaires des sections, et, en cette qualité, signataire de la pétition pour de¬ mander l’élargissement d’Hébert et la cassation de la Commission des douze. J’ai signé des premiers la pétition pour purger la Convention, j’en ai fait la proclamation et j’ai harangué le peuple dans les rues et places de l’étendue de la section. « J’ai prononcé un discours à la tribune des Jacobins au mois d’octobre 1792, pour deman¬ der la mort du tyran. J’insistais que son crime était avéré, qu’il avait été pris les armes à la main, que l’opinion publique l’avait déjà con¬ damné et qu’il était absurde de s’embarrasser dans les formalités d’une procédure. « Vous voudrez bien m’excuser, citoyens représentants, je n’ai pas voulu me rendre im¬ portant en vous entretenant de moi, mais il faut bien que les patriotes se connaissent. Je suis devenu d’évêque, meunier, je n’en ai point eu de peine. A présent je ne suis rien, je désirerais payer ma nourriture à la République par les services dont je peux être capable. « À Paris, le 3 de frimaire, Tan II de la Répu¬ blique, une et indivisible. « Cazalis. » V. Lettre du représentant Fréron par la¬ quelle IL TRANSMET UNE DÉPÊCHE DU GÉNɬ RAL DE BRIGADE La BARRE, RENDANT COMPTE DE L’ATTAQUE D’UN BATIMENT TURC PAR LES Anglais (1). Suit la teneur de ces pièces d'après des docu¬ ments des Archives nationales (2). Les représentants du peuple dans les départe¬ ments méridionaux, au citoyen Président de la Convention nationale. « Marseille, le 26e jour de brumaire, de l’an II de la République française, une et indivisible. « Nous vous envoyons, citoyen Président, une copie des dépêches que nous avons reçues du (1) La lettre de Fréron et les pièces qui l’accom¬ pagnent ne sont pas mentionnées au procès-verbal de la séance du 3 frimaire an II; mais en marge de l’original, qui existe aux Archives nationales, on lit l’indication suivante i « Renvoyé au comité de Salut public le 3 frimaire, Tan II de la République fran¬ çaise. » (2) Archives nationales, carton AFn 299, pla¬ quette 24 95, pièce 13. général de brigade André La Barre, relative ment à un acte d’agression qui vient d’être exercé-par les Anglais envers la Porte ottomane. Le bâtiment turc qui était en quarantaine sous la protection du fort de Brigançon, transportait en France le citoyen Truillet, expédié par le citoyen Descorches, envoyé de la République française à Constantinople et muni de dépêches importantes pour la Convention nationale et pour le ministre-des affaires étrangères. Vous verrez avec admiration, citoyen Président, la bravoure avec laquelle s’est conduit le citoyen Truillet; ce républicain aura bientôt l’entrée, sa quarantaine tendant à sa fin. « Veuillez, citoyen Président, instruire la Convention nationale de ces faits, dont les suites peuvent opérer dans la Méditerranée une puis¬ sante diversion, et l’inviter à prononcer sur le sort de l’équipage grec qui s’est si bien montré dans cette affaire périlleuse. Nous attendons les ordres de la Convention à cet égard. « Salut et fraternité. « Fréron. « P.-S. — L’on vient de nous apporter le verbal d’un capitaine des batteries qui annonce s’être emparé d’un chébec espagnol, parti de Citadella, île de Minorque, chargé de vin, ail, fruits de grenades et fromages, destinés pour Toulon. Les braves soldats de la République ont été avec une chaloupe et à force de rames s’emparer de ce chébec que le mauvais temps avait forcé de mouiller sur nos côtes. » Copie de la lettre du général de brigade comman¬ dant la division de gauche de l'armée révolu¬ tionnaire du Midi, aux représentants du peuple Barras et Fréron ( 1 ). « Du quartier général de la Farlède, le 22 du 2e mois de l’an II de la République française, une et indivisible. « Citoyens, « J’ai l’honneur de vous informer que le bâti¬ ment turc arrivé le 19 du mois dernier, qui était en quarantaine sous la protection du fort de Brigançon, qui a conduit en France le citoyen Truillet, chargépar le citoyen Deschorches, chargé d’affaires à la Porte, de porter des dépêches à la Convention nationale et au ministère des affaires étrangères, a été attaqué dans la nuit du vingt au vingt-un par les Anglais. Je joins ici le détail de l’attaque pour vous mettre à même de juger du courage du brave sans-culotte Truillet, qui, sous peu de jours, pourra avoir l’entrée, ayant été en quarantaine dix-huit jours sans avoir eu le moindre malade depuis sa traversée et depuis� qu’il est arrivé sous le fort de Brigançon. « Le commandant du fort Quevilli me mande aujourd’hui que le bâtiment turc échoué sur le sable n’avait pu résister à la violence du vent de la nuit, qu’il s’est crevé sur le côté et que le citoyen venait de lui dire qu’il y va mettre le feu, afin d’ôter à l’ennemi ce plaisir; on a débar¬ qué tout ce qu’il y avait de plus précieux pour le porter au fort. « La blessure du citoyen Truillet n’est rien; le garde de santé est mort hier matin des suites (1) Archives nationales, carton AFn 299, pla¬ quette 2495, pièce 14.