SÉANCE DU 24 BRUMAIRE AN III (14 NOVEMBRE 1794) - N08 3-4 185 ral Voulland ne demande point de grâce, et je ne reclamerai jamais pour lui qu’une prompte justice. Il est étranger, je ne crains pas de l’avancer, à tous les complots qui peuvent avoir été tramés à Marseille pendant tout le temps qu’il y a commandé; il n’est point non plus un vil conspirateur. Quand on aime autant sa patrie, quand on l’a servie avec autant de zèle et de dévouement que ce vieil officier, on ne conspire pas contre elle à soixante et onze ans. Il importe à un vieux soldat de la révolution, qui touche au terme de sa carrière, il importe à ses amis, et surtout à sa famille, qu’il soit constant qu’il ne fut jamais un conspirateur, un avilisseur de la représentation nationale, et surtout un vil septembriseur. Je me résume, et je demande que la Convention nationale décrète que son comité de Sûreté générale lui fasse, le plus tôt possible, un rapport concernant le général Voulland, à l’occasion des troubles survenus à Marseille. Un membre demande que le comité de Salut public soit adjoint au comité de Sûreté générale. LANOT appuie cette demande et celle de Voulland, et il ajoute que le rapport soit fait dans trois jours, et que les comités soient autorisés, s’ils le jugent à propos, d’ordonner la mise en liberté sans être tenus d’en rendre compte à la Convention (7). Un membre [LANOT] sur la lecture de la pétition du citoyen Voulland de Marseille [commandant temporaire à Marseille], demande que, provisoirement, il soit mis en liberté. La Convention renvoie aux comités de Salut public et de Sûreté générale pour y statuer (8). 3 Les citoyens de la commune et de la société populaire de Laroquebrou, département du Cantal, rétractent une adresse en faveur des Jacobins, que la terreur leur avoit arrachée; ils assurent que leur seul cri sera toujours : Vive la République , une et indivisible! vive le peuple! vive la Convention! Mention honorable, insertion au bulletin (9). [Les hommes libres de la société populaire de la commune de Laroquebrou à la Convention nationale, s. d.] (10) (7) Moniteur, XXII, 498-499. Débats, n° 783, 771-772 : Rép., n° 55 ; Mess. Soir, n° 819 ; M. U., 1342. (8) P.-V., XLIX, 144. Rép., n° 55; F. de la Républ., n° 55; Mess. Soir, n° 819; M.U., n° 1342. (9) P.-V., XLIX, 144. Bull., 25 brum. (10) C 326, pl. 1417, p. 2. Liberté, Égalité La lecture d’une adresse de la société populaire d’Aurillac nous précipita dans un aveuglement funeste en nous persuadant que le salut de la répubbque etoit liée à l’existence des jacobins; leur destruction provoquée par le représentant du peuple Thibault, nous parut un attentat a la sûreté de la République. La confiance que la Convention a conservé a ce député a dessillé notre erreur, et nous a rap-pellés a nos vrais principes qui nous ont toujours ralliés et qui nous rallieront toujours a la représentation nationale. La terreur provoqua notre première démarché ; le calme, la justice et notre entière confiance en la Convention nationale en déterminent la rétractation ; notre seul cri sera toujours vive la République une et indivisible, vive le peuple, vive la Convention nationale. Louis Cassaignade, Larrauste, gendarme, Lombard, four, officiers de santé et 34 autres signatures. 4 Les citoyens de la commune et de la société d’Aurillac, département du Cantal, félicitent la Convention nationale sur son Adresse aux Français; ils rétractent formellement leur adhésion à l’adresse de Dijon, et demandent que leur rétractation, insérée au bulletin, soit aussi authentique que leur erreur, fruit de l’intrigue : leur seul cri de ralliement est la République et la Convention. Mention honorable, insertion au bulletin (11). [Les hommes libres et les membres de la société populaire d’Aurillac au citoyen président de la Convention nationale, le 11 brumaire an III] (12) Liberté, Égalité Représentant, Nous t’envoyons cijoint, un extrait du procès-verbal de la seance du 20 vendémiaire et la rétractation que nous avons fait de notre adhésion à l’adresse de Dijon; tu y verra nos vrais principes qui ont toujours été ceux que professent les républicains, tu y verra avec quel enthousiasme l’adresse de la Convention nationale au peuple français, a été acceuillie par les sociétaires et le peuple réunis. Nous demandons l’insertion au Bulletin de notre retraction. Jaloux de donner la même authenticité a notre (11) P.-V., XLIX, 145. Voir ci-dessous Arch. Pari., 24 brum., n° 40. Bull., 25 brum. (12) C 326, pl. 1417, p. 4. Mess. Soir, n° 819, mention. 186 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE réparation qu’aux erreurs ou des intriguants nous ont entrainés. Salut et fraternité, Suivent 16 signatures. [Les hommes libres membres de la société populaire d’Aurillac à la Convention nationale , s. d.] (13) Égalité, Unité, Justice, Liberté Répresentants, Au milieu des agitations enfantées par l’intrigue et la malveillance soutenues par le choc des passions inséparables d’une grande révolution, la Convention nationale a fait entendre sa voix ; elle a proclamé dans une adresse sublime les grands principes qui doivent diriger un peuple régénéré qui veut asseoir sa liberté sur les bases étemelles de la justice et de la vertu. Cette adresse a excité l’admiration et la récon-noissance de tous les hommes vertueux, elle a répandu la lumière dans les coeurs égarés, rallié tous les patriotes de bonne foi et attaché par ses saintes maximes tous les hommes à la vertu. Il n’est plus ce temps d’injustices et de cruautés ou la terreur pesoit indistinctement sur la tête des bons comme des mauvais citoyens ou l’innocent etoit confondû avec le coupable, et le patriote sacrifié aux haines et aux vengeances particulières des méchants, ou la voix de la justice et de la philantropie etoit étouffée par les clameurs de ces scélérats qui toujours altérés de sang signaloient comme ennemi du peuple tous ceux qui ne vouloient point adopter leurs maximes sanguinaires; ou l’immoralité sous le voile du patriotisme jouissoit impunément des fruits et des forfaits, ou les intrigants, les frip-pons et les ambitieux etoient tout et l’homme modeste qui portoit dans son coeur l’amour de la patrie n’osoit se montrer ; ce temps n’est plus, vous l’avés détruit par votre male énergie dans la nuit mémorable du 9 thermidor et avec lui s’est éteint l’espoir de tous les sectateurs de la tyrannie ; l’humanité a repris ses droits, la justice et la vertu ne sont plus de vains mots, enfin le peuple respire, quel triomphe pour la liberté ! il étoit réservé aux fondateurs de la république d’opérer une si heureuse révolution qui en rap-pélant l’homme à sa dignité lui assure pour jamais la jouissance de ses droits. Dignes Réprésentans, continués de servir la patrie avec ce zèle et cette énergie qui vous caractérisent, et que le sentiment de la liberté peut seul inspirer : mainténés le gouvernement révolutionnaire dans toute sa force, plus de terreur, les gouvememens libres ne commissent que la justice, justice donc, mais justice sévère contre tous les ennemis de la révolution sous telle forme qu’ils se montrent, contre des désor-ganisateurs qui oseraient méconnoitre l’autorité souveraine que vous exercés au nom du (13) C 326, pl. 1417, p. 3. peuple, et vous entraver dans votre marche révolutionnaire, contre ces êtres pervers et immoraux empoisonneurs de la morale publique et les plus grands fléaux d’un état démocratique; c’est un principe constant que l’immoralité conduit au despotisme, tels sont nos sentiments. Représentans nous avons pu commetre des fautes, vous nous en avés jugé coupables par l’improbation que vous aves donnée à notre adhésion à l’adresse de Dijon, nous la rétractons cette adhésion qui n’a été que le fruit de l’intrigue et de quelques menées astucieuses, mais vous savés distinguer l’erreur d’avec le crime. Daignez prendre lecture de l’extrait cy joint du procès-verbal de la séance du vingt vendémiaire ; vous y trouverés le témoignage éclatant des hommages que nous n’avons cessé de rendre à la représentation nationale et que nos opinions n’ont jamais eû pour principe la perversité qui n’entra jamais dans nos coeurs. Nous jurons de nouveau de ne reconnoitre d’autre point de ralliement que la Convention et de la defïendre jusqu’à la dernière goutte de notre sang. Vive la république, une et indivisible, vive la Convention nationale. Duval, juge, Jenier, officier, Gronier, commandant en chef, 2e bataillon, Trouzel, instituteur et 179 autres signatures. Arrêté dans la séance du 2 brumaire et la rédaction adoptée dans celle du 5 après en avoir entendu la lecture les citoyens des tribunes ont demandé à la signer. Cette proposition a été acceuillie avec applaudissements. Suivent encore 94 signatures. [Extrait des registres des délibérations de la société populaire d’Aurillac du 20 vendémiaire an III] (14) Liberté, Égalité Un membre observe à la société qu’à Marseille une troupe de factieux, ont osés insulter a la représentation nationale dans la personne de deux de ses membres et que sans l’energie de quelques braves bataillons de volontaires, ils auroient peut-être été sacrifiés au ressentiment des ennemis de la révolution, que le bataillon n° 2 du Cantal est rappelé de l’armée d’Italie dans les murs de Marseille, par un décret de la Convention nationale, pour y tenir garnison jusqu’à nouvel ordre qu’il est du devoir et dans les principes de la société de se prononcer avec vigueur contre tous les assassins des représentants du peuple et d’écrire au 2e bataillon du Cantal, pour le prévenir de se trouver en garde contre les insinuations perfides que pourroient leur tendre des malveillants soudoyés par Pit. Il se résume a demander, que la société vote une adresse à la Convention nationale, où elle (14) C 326, pl. 1417, p. 5. SÉANCE DU 24 BRUMAIRE AN III (14 NOVEMBRE 1794) - N°s 5-6 187 lui dira qu’elle est toujours pleine de confiance pour elle, que le Cantal est prêt a se lever en masse, pour se porter partout ou la vie des réprésentants du peuple sera menacée et qu’en-fin les cantalistes ne respirent que pour étouffer jusqu’au dernier ennemi de la Convention nationale et avec elle celui de la souveraineté du Peuple. Un autre membre, propose que la société jure la mort de tous les assassins des répresentants du peuple et a l’instant par un mouvement spontané tous les membres se lèvent, jurent d’exterminer quiconque voudroit porter atteinte à la dignité de la représentation nationale, soit en masse ou individuellement et arrête qu’il sera fait une adresse dans ces principes à la Convention nationale. Certifié conforme au registre des deliberations. Suivent 16 signatures. 5 Les officiers municipaux de Boisredon, district de Pons, département de la Charente-Inférieure, demandent à la Convention qu’elle fasse disparoître les noms de Montagne et de Plaine ; qu’il ne reste qu’une Convention chérie, qu’il n’existe plus de Jacobins, plus de Feuillans, mais de vraies sociétés populaires pénétrées des principes que renferme l’Adresse aux Français. Mention honorable, insertion au bulletin (15). [Les officiers municipaux de la commune de Boisredon à la Convention nationale, s. d.] (16) Citoyens Représentants Plus de Montagne, plus de plaine; mais la Convention si chérie des français. Plus de jacobins, plus de feuillans ; mais des sociétés vraiment populaires, pénétrées des principes de justice et de sagesse que vous promulgués chaque jour. Par vos decrets irrésistibles, par le courage de nos braves soldats, vous avéz délivré le sol républicain des ennemis extérieurs; continués courageux Représentants, vous anéantirés plus facillement encore les hommes de sang et de rapine qui veulent établir l’anarchie dans l’intérieur, ils ne sont que le serpent qui ronge la lime, mais vous serés puissament secondés n’en doutés pas, car le nombre des amis des loix et du bonheur de la République est bien plus considérable que ses dévastateurs n’affectent de le croire, leurs coeurs et leurs bras sont a vous. (15) P.-V., XLIX, 145. Bull., 26 bruni. (16) C 324, pl. 1397, p. 10. Recevés nos félicitations et nos voeux. Persé-vérés; la gloire et la paix sont au bout de la carrière, vous aurés répendu le bonheur sur les français, et le souvenir consolant sera dans un âge avancé la digne récompense de vos âmes sublimes. Tels sont citoyens représentants les sentiments des sans culottes qui composent la municipalité et les habitants de la commune de Boisredon. ArroÎRE, maire, Allin, agent national, Chainet, officier municipal et 16 autres signatures. 6 Les citoyens composant la société populaire d’Orléans, département du Loiret, expriment à la Convention leur indignation sur l’assassinat du représentant Tal-lien; ils applaudissent au retour de sa santé, ils invitent la Convention de frapper toutes les têtes criminelles et jurent de mourir pour elle. Mention honorable, insertion au bulletin (17). [Les citoyens composant la société populaire d’Orléans à la Convention nationale, le 4 brumaire an III] (18) Liberté, Égalité, Fraternité ou la mort. Citoyens représentans, Jusques à quand la France sera-t-elle donc en proye aux fureurs de lâches assassins? Jusques à quand la représentation nationale sera-t-elle outragée par cette horde infâmes des dominateurs qui veulent s’ériger en souverains du souverain lui-même. Ici, Tallien est assassiné : là, des vils détracteurs calomnient ou entravent les opérations des réprésentans du peuple. Législateurs, nous avons tous été frappés du même coup que Tallien; le rétablissement de sa santé nous comble d’une joye bien douce, mais notre indignation est encore à son comble, et nous desirons que tous les assassins soient livrés au glaive vengeur des loix. Levés-vous, réprésentans du peuple; armés vos mains vengéresses de la massue nationale, et frappés toutes les têtes criminelles. Serrés autour de vous, nous intimiderons les méchans ; nous combattrons avec vous les ambitieux et les anarchistes : nous déjouerons les complots de vos ennemis qui sont les nôtres ; et nous mourrons à vos côtés, s’il le faut, pour le maintien de la République une et indivisible. Messon, agent national du district et membre de la société populaire de Beaugency, Levourd, instituteur et 113 autres signatures. (17) P.-V., XLIX, 145. Bull., 24 brum. (18) C 326, pl. 1417, p. 13.