[Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. J J?93JI 605 tail, et enjoint aux départements de mettre la plus grande diligence dans l’exécution de celles qui leur sont confiées. Fayau. Si les brigands de la Vendée n’exis¬ taient plus, comme on se plaît depuis longtemps à le dire, je voterais pour l’adoption des articles présentés par Merlin. Mais il ne faut pas se le dis¬ simuler, les brigands existent encore. La colonne de Charrette occupe encore Challans, bile de Noirmoutier, une partie des Sables, du district de Montaigu, de Clisson. Le projet de Merlin est beau; mais pour l’ exécuter, il faut que les représentants du peuple soient accompagnés par des armées. On n’a point assez inoendié dans la Vendée; la première mesure à prendre est d’y envoyer une armée incendiaire; il faut que pen¬ dant un an nul homme, nul animal, ne trouve de subsistance sur ce sol. Les colonies que vous enverriez feraient peut-être de nouveaux sacri¬ fices que vous feriez. La Convention renvoie le projet de décret de Merlin au comité de Salut public. N» 2. Compte rendu du Journal des Débats et des Décrets (1). Merlih (de Thionville) fait une motion d’ordre sur l’emploi du territoire de la Vendée, évacué par les rebelles. Il propose de changer le nom du département de la Vendée en celui de Département Vengé et d’envoyer sur le terrain une colonie de bons patriotes qui le cultivent et le défendent. Il compose cette colonie d’une famille de cultivateurs prise dans chacun des départements de la République. Il insiste sur l’urgence des mesures qu’il propose. Il en a puisé les motifs dans la connaissance qu’il a des mœurs et du caractère du peuple qui habitait la Vendée. Chacun y trouvait dans son carré de terre tout ce qui lui était nécessaire, nul n’avait besoin d’aucune chose et tous se deve¬ naient mutuellement inutiles. De là, l’égoïsme et cette espèce d’inertie qui rend les hommes si susceptibles de recevoir les impressions du fana¬ tisme et si peu propres à pratiquer les vertus sociales. C’est donc vers leur établissement qu’il faut diriger ses vues. Merlin lit un projet de décret. Un membre déclare que si les brigands n’exis¬ taient plus, il voterait pour le projet de décret de Merlin; mais il observe que la partie la plus facile de la Vendée est encore occupée par la colonne de Charrette. Nid voyageur, dit-il, ne serait en sûreté dans ce pays; il faut songer, avant tout, à détruire les brigands et à incen¬ dier leurs repaires. Si, la flamme à la main, on fût allé plus avant qu’on n’a fait, nous n’en parlerions peut-être plus aujourd’hui; car les chefs ont dit, en passant la Loire dans leur fuite, que l’incendie avait seul épouvanté les brigands. Je pense donc que la meilleure mesure à prendre dans ce moment serait d’envoyer dans la Vendée (1) Journal des Débals el des Décrets (brumaire an II, n» 416, p. 248). une armée incendiaire; il faut que, pendant un an au moins, aucun homme, aucun animal ne trouve à se nourrir dans cet infâme pays. Je demande l’ordre du jour ou l’ajournement. Merlin (de Thionville). Je ne demande point que les mesures que je propose soient adoptées sur-le-champ; je conviens, en effet, qu’une partie de la Vendée et de la Loire-Inférieure sont encore parcourus tous les jours par des partis de l’armée de Charrette; mais il n’est pas moins vrai que nous avons une garnison à Cho-let et que le pays est fibre depuis Saumur jus¬ qu’à Montaigu, et depuis Montaigu jusqu’à Châtillon. Je voulais que l’on parvînt à tirer le plus tôt possible du territoire de la Vendée, un parti avantageux pour la République; je con¬ sens au renvoi. Le renvoi est décrété. N° 3. Compte rendu de Y Auditeur national d). Merlin (de Thionville), après avoir repré¬ senté que le département de la Vendée n’offre plus que des cendres et des cadavres, a fait sentir la nécessité de rendre ce pays à la société et d’y raviver l’agriculture et le commerce. En conséquence, il a proposé de décréter : 1° que le département de la Vendée s’appellerait dépar¬ tement Vengé; 2° de concéder les héritages aban¬ donnés par les rebelles, aux patriotes qui ont survécu aux malheurs de leur pays et à des familles pauvres prises dans chaque canton de la République. Fayau. Il s’en faut bien que la Vendée soit entièrement purgée des rebelles. L’île de Noir¬ moutier, une partie des Sables et plusieurs dis¬ tricts sont encore en leur possession. Différents détachements de l’armée de Charette font en¬ core des incursions. Si les mesures les plus sé¬ vères n’avaient été prises, je proposerais l’envoi d’une armée incendiaire. Le moment de faire fleurir l’agriculture dans ces contrées n’est pas encore arrivé. Ainsi, je demande l’ordre du jour sur le projet présenté par Merlin. Après une courte discussion, ce projet a été renvoyé au comité de Salut public. N® 4. Compte rendu du Mercure universel (2) Merlin (de Thionville). Le plan du comité de Salut public a été exécuté, et la Vendée n’est plus; mais les brigands se sont retirés dans les départements voisins, et il faut empêcher qu’une nouvelle Vendée ne renaisse de sa cendre. Mais la promptitude est nécessaire pour prévenir ces maux. L’esprit qui unit ces dépar¬ tements, le manque de chemins qui isole ses (1) Auditeur national [n° 413 du 19 brumaire anll (samedi 9 novembre 1793), p. 4]. (2) Mercure universel (|19 brumaire an II (samedi 9 novembre 1793), p. 141, col. 1]. [Convention nationale-j ARCHIVÉS PARLEMENTAIRES. { �novembre 606 habitants, leur peu de besoins, l’habitude de la fatigue, la quantité de haies, de ruisseaux, tout leur donne la facilité de soutenir leur rage. Cependant, de Mortagne à Saint -Florent, de Saint-Florent à Saumur, des cendres et des ca¬ davres couvrent la terre. Il faut donner de nou¬ veaux besoins à ces furieux, afin de les sou¬ mettre. V Je propose de décréter que le département de la Vendée se nommera désormais départe¬ ment Vengé; que toutes les séparations, les haies, les buissons qui divisent les propriétés, seront abattus d’ici à la fin du mois et remplacés par bornes; des représentants se transporteront dans la Vendée pour y distribuer les héritages ou les biens de ceux qui n’ont pas encore renoncé à leurs erreurs. Ces héritages seront donnés à des patriotes ou à des réfugiés mayençais. Fayau. Que l’on cesse de nous dire que les brigands de la Vendée ne sont plus. Le peuple français est libre; il doit tout savoir. Il faut l’avouer : une colonne aux ordres de Charette occupe encore plusieurs districts, si ce n’est en tout, c’est en partie, et je ne crois pas que le projet de Merlin soit suffisant. Je ne vois qu’un seul moyen à employer contre ces rebelles, c’est d’envoyer une armée incendiaire qui ne laisse ni arbre, ni chaumière dans tous les lieux où seront les rebelles. L’Assemblée renvoie le projet de Merlin à son comité. N° 5. Compte rendu du Journal de la Montagne (1). Merlin (de TMonville) propose de nommer le département de la Vendée, le département Vengé, et de prendre des mesures pour distri¬ buer les terres des rebelles à des patriotes qui sauront et les cultiver et les défendre. Fayau croit au contraire que, loin de s’oc¬ cuper du soin de repeupler ce pays, il vaudrait mieux y envoyer une armée incendiaire. « La flamme a trop épargné, dit-il, les repaires des brigands. Vous n’en viendrez à bout qu’en ra¬ sant tout ce qui peut leur offrir une retraite. D’ailleurs, on ne peut se dissimuler que le sol de la Vendée n’est pas entièrement purgé de ces monstres. Montaigu, les Sables, Paimbœuf, Clisson, etc., en sont toujours infectés et l’on sait que la colonne de Charette est encore in¬ tacte. Je demande que le projet du préopinant soit renvoyé à quelqu’un de vos comités. Merlin sollicite lui-même cet examen. Renvoyé au comité de Balut public. (1) Journal de la Montagne [n° 160 du 19® jour ud 2® mois de Tan II (samedi 9 novembre 1793), p. 1177, col. 2]. ' III. Admission a— la barre d’une députation de la Société populaire de Corbeil (1). Suit le texte du discours prononcé par l'ora¬ teur de la députation, d'après un document des Archives nationales (2) : La Société populaire de Corbeil, aux représentants du petiple français. Notre existence commence, nous vous de¬ vons l’hommage de nos principes et de nos pre¬ miers travaux qui peuvent aider l’immensité des vôtres. Vivre et mourir républicains français, voilà notre devise. Maintenir par tous les moyens qui sont en nous l’unité et l’indivisibilité de la République. Respecter et faire respecter la majesté souve¬ raine du peuple français, dont le siège est essen¬ tiellement inséparable de la représentation na¬ tionale : voilà nos serments. Quand vous aurez exprimé dans une loi ce que vous aurez jugé le plus utile à tous, en assu¬ rer l’exécution, voilà nos devoirs principaux. Vous faire part de nos vues, observations et recherches locales, soit pour l’intérêt particu¬ lier, soit pour l’intérêt général, voilà nos droits, nous en usons. Avant de fixer le maximum des objets de première nécessité, vous aviez fixé celui des grains. Par le rapprochement que nous avons fait des fixations respectives, nous avons aperçu que le maximum du prix des grains était trop haut. Nous avons vu que fixé à 10 livres le quintal, il correspondait mieux aux autres prix. Nous vous demandons de renvoyer l’examen de cette question à celui de vos comités qui a été chargé de vous présenter les bases sur lesquelles vous avez fixé le prix des objets de première nécessité. Législateurs, le citoyen Levacher, membre de notre société, qui, depuis le 21 avril 1789 jus¬ qu’au 21 avril 1791, a été occupé comme membre de l’administration municipale de la commune de Paris, et qui, depuis cette époque, s’est rendu utile dans le district de Corbeil, nous a exposé que, possédant encore un discours gravé sur satin blanc qui lui avait été donné, comme aux autres officiers municipaux de Paris, d’alors, par Louis-le-Raccourci avec des médailles relatives aux traits de la Révolution de 1789; il avait été mille fois tenté de livrer le tout aux flammes, mais qu’il avait préféré en rendre la Société dépositaire. Nous avons reçu ce dépôt. Nous vous l’ap¬ portons, il nous a paru un chef-d’œuvre typo-(1) L’admission à la barre de la députation de la Société populaire de Corbeil n’est pas mentionnée au procès-verbal de la séance du 18 brumaire an II. Mais en marge du discours prononcé par l’orateur de la députation, discours dont le texte original existe aux Archives nationales, on lit » « Mention honorable; insertion au Bulletin, séance du 18 bru¬ maire. Philippeaux. » En outre, il est fait allu¬ sion à cette députation dans les comptes rendus de la séance du 18 brumaire an II publiés par V Audi¬ teur national et les Annales patriotiques et littéraires . (2) Archives nationales, carton C 280, dossier 766,