SÉANCE DU 5 BRUMAIRE AN III (26 OCTOBRE 1794) - N° 18 93 qu’ils s’unissent à elles et profïttent de ses mesures qui ne sont que pour les amis du peuple victimes de l’oppression; elles suivront la Convention nationale dans son attitude fïère contre les faux patriotes et les frippons, et s’il s’élevoit encore des factions sur le sol de la liberté, la Convention seule sera leur guide, elles se réunissent à elles pour les anéantir. L’on voudroit rappeller cette terreur funeste qui faillit à perdre la liberté; mais la terreur est pour les esclaves, c’est l’arme des tirans, ce fut celle de Robespierre. Il ne faut aux hommes libres que cette justice sevère qui laisse la paix dans les coeurs vertueux et poursuit le crime dans ses derniers réduits. Poursuivés, Représentans, une aussi belle carrière, restés avec fermeté au poste où vous a placé la volonté du peuple. Vous avés un attentat a punir, celui commis en la personne du vertueux Tallien. Recherchés les coupables, qu’ils soient livrés à la vengeance des loix : maintenés dans toutte sa force le gouvernement révolutionnaire d’où dépend le salut de la patrie. Le peuple met toutte sa confiance dans vos decrets, il est assuré que vous le sauverés, soyés sur qu’il vous soutiendra et secondera vos efforts ; et les membres de cette société presque tous adonnés à l’agriculture, jurent de convertir s’il le faut, en armes le dernier fer de leurs charrües pour protéger la représentation nationale, et maintenir le respect dû à ses loix. Vive la République! vive la Convention! Duplessis, président, Mangin, Epopes, secrétaires. 18 Les citoyens composant les sociétés populaires de Normanville [Seine-Inférieure]0, de Dangeau [Eure-et-Loir]6, de Souvigny [Allier]0, les administrateurs du district de Montagne-sur-Aisne [ci-devant Sainte-Menehould, Marne]d et les citoyens composant le conseil général de la commune de Villeneuve-les-Genets [Yonne]% félicitent la Convention nationale sur la journée du 9 thermidor, sur son Adresse au peuple et l’invitent à rester à son poste. Mention honorable, insertion au bulletin (53). a [La société populaire de Normanville à la Convention nationale le 20 vendémiaire an III] (54) (53) P.-V., XLVIII, 63. (54) C 325, pl. 1404, p. 14 Liberté, Égalité. Guerre aux tirans, gloire à la République. Citoyens représentants, Vous avez donc encore déjoué nos ennemis et sauvé la Patrie, votre active surveillance a scû triompher des complots monstrueux et des traitres qui vous environnoient et dont le glaive de la justice a purgé le sol de la république, puissent leurs infâmes suppôts subir le même sort! La société populaire de Normanville jalouse d’observer les loix, n’en connoit point qui puissent entraver la douce satisfaction qu’elle goûte à vous féliciter sur vos infatiguables travaux d’où doivent naistre la force et les vertus républicaines. Le bonheur de la nation est la ou vous estes, restés, citoyens représentants a votre poste, achevez de détruire les restes impurs des traitres et des intriguants qui, sous le masque de l’hipocrisie la plus caractérisée s’efforcent de corompre les coeurs des généreux deffenseurs de nostre liberté, tandis que nous continuerons nostre surveillance pour les écarter de nostre sein. Vive la république, vive la Convention nationale. Salut et fraternité. Suivent dix-sept signatures. b [La société populaire de Dangeau à la Convention nationale, le 16 vendémiaire an III] (55) Vivre libre ou mourir. Citoyens Représentans, Notre petite société composée de campagnards et de vrais sans-culottes, chez lesquels on trouve plutôt la naïveté que l’éloquence, n’a pour principes que l’amour de la patrie et la soumission aux lois ; aussi ses séances ne sont entretenues que du soin de s’instruire et de s’entre exhorter au maintien et à l’éxecution de vos décrets aux quels nous avons jurés un éternel attachement, ainsi qu’à la Convention, notre unique point de ralliement. Lequel serment, aucune faction nous fera violer par ces écrits qui circulent dans toute la République, et nota-ment celuy intitulé : Les Jacobins de Grenoble à la Convention nationale qui nous a été également adressé. Malgré nos foibles lumières, nous croyons appercevoir une lutte contre la Convention et par cette raison seule nous l’avons unanimement improuvé. Nous osons nous flatter, que l’opinion indécise que nous y avons remarqués, n’a jamais été et ne sera jamais la notre ; car notre unique (55) C 325, pl. 1404, p. 17. 94 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE espérance de salut, a toujours été et sera invariablement dans le vaisseau de la Convention nationale, dont nous vous conjurons, chers Représentans, de ne point abandonner le gouvernail que vous ne l’ayez conduit au port désiré, affermis la République et assuré la liberté. Armez-vous de plus en plus de votre énergie ordinaire contre tous ces meneurs de factions, qui paroissent voulloir renverser ce que vous avez si sagement établis ; maintenez le gouvernement révolutionnaire qui doit être le régné d’une justice sevère, et non celuy de terreur et de sang, comme le désirent ces tigres farouches. Tels sont les voeux unanimes de notre société de Dangeau, qui ne cessera jamais de repetter : Vive la République une et indivisible. Le comité de correspondance réuni à Dangeau le 16e vendémiaire l’an 3ème de la République française une et indivisible. Noël, Becker, Hemins. c [La société populaire de Souvigny, chef-lieu de canton à la Convention nationale, s.d .] (56) Liberté, égalité, fraternité ou la mort. Législateurs, Le tableau qui vous a été présenté de la situation de la France et le rapport qui vous a été fait sur la reprise des places du Nord ont partagé nos âmes entre l’admiration et la recon-noissance. Nous vous avons vû d’une main habile soutenir a flot et diriger vers le port le vaisseau républicain trop souvent prêt à s’engloutir sous la force des tempêtes elevées sur lui, purger le sol français de la présence de nos ennemis, reculer nos frontières, préparer par d’éton-nantes victoires de nouveaux triomphes a la liberté, frapper les conspirateurs, arrêter le débordement de leurs crimes, substituer au régné de la terreur le régné de la justice, proclamer les fautes mêmes qui ont pû échapper a votre sagesse et vous prémunir contre les malheurs qui en ont été les suites. Législateurs, cet aveu ne vous a rendu que plus grands à nos yeux, le mal que l’on connoit est toujours le plus facile a réparer. Comment se peut-il donc que des Français, témoins de tant d’efforts, de tant de succès, de tant de courage et de tant de vertus, cherchent à égarer l’opinion publique, a atténuer la confiance a la quelle vous aves des droits si légitimes et à vouloir, pour ainsi dire, rivaliser de puissance avec vous. Ignorent-ils que la souveraineté résidé dans le peuple, et qu’a vous seul il a délégué ses pouvoirs. (56) C 325, pl. 1404, p. 20. Bull., 6 brum.; M.U., XLV, 122. Oui sans doute tous les Français ont le droit de se réunir en sociétés populaires et elles ne peuvent avoir pour ennemis que les ennemis de la liberté mais les sociétés populaires ne sont que des fractions du peuple et non le peuple qui n’existe que dans l’universalité des citoyens français. Elles ne peuvent donc ny exprimer son voeu, ny exercer sa puissance, mais seulement exprimer avec une entière liberté, leur opinion, leur voeu, surveiller, eclairer. Nous ne le dissimulerons pas, le gouvernement révolutionnaire ne peut subsister toujours, parce qu’il cûmule dans les mêmes mains tous les pouvoirs, et qu’il n’y a plus de garantie sociale, la ou il n’y â plus de séparation de pouvoirs, parce qu’il enlève au peuple le droit d’elire ses mandataires, favorise l’intrigue qui repousse ou laisse dans l’oubli la vertu modeste, les talens utiles et donne souvent au peuple pour magistrats des hommes déshérités de son estime et déguisant sous les dehors d’un patriotisme emprunté, l’amour de la domination, la soif de grossir leur fortune de la fortune publique, ou de celle des nombreuses victimes immolées a leurs fureurs, leur immoralité ou leur ignorance. Mais avec la même conviction, nous pensons qu’il doit être maintenu jusqu’à ce que nous soyons parvenû à des tems plus calmes et surtout qu’il ne doit exister que pour l’unité et la rapidité de l’action et non pas pour présenter un entrainement d’actes arbitraires, d’abus de pouvoirs, de violations de principes, l’assemblage de tous les crimes. Législateurs, vous le savez, la France seigne encore des maux qu’elle a soufferts, sous prétexte du gouvernement révolutionnaire et qui étoient propres à ralentir la marche de la Révolution. Le salut de la patrie deffend de les envisager peut être; mais il vous commande de les guérir et d’en prévenir à jamais le retour. Défiés vous donc de ceux qui sans cesse, vous demandent de répandre partout la terreur, ne vous y trompés pas, ce sont les mânes du perfide Robespierre qui s’agitent autour de nous, pour consommer les crimes qu’il avoit médité, commencé. Le peuple français n’a pas voulû ne changer que d’esclavage, la terreur mène à la tyrannie, fait des esclaves, que le despotisme s’abreuve de sang, la liberté se nourrit de vertus. En rappellant aux sociétés populaires tout ce qu’elles ont fait d’utile à la révolution, vous leur recommandes de fournir leur carrière, nous fournirons la notre, nous apprendrons a nos concitoyens a connaitre, maintenir leurs droits et remplir leurs devoirs. Nous verserons dans leurs âmes les sentimens dont nous sommes pénétrés nous mêmes, respect pour les loix, attachement et confiance pour vous. Mais vous aussi législateurs, remplisses l’attente du peuple. Pour conquérir sa liberté il vous a fallû de l’energie, pour la consolider, il ne vous faut plus qu’union, prudence et justice. La sévérité des loix annonce la foiblesse d’un gouvernement, leur sagesse et leur stabilité assurent sa force et sa durée, les loix les