SÉANCE DU 17 BRUMAIRE AN III (7 NOVEMBRE 1794) - N° 21 513 21 La société populaire et régénérée de Sedan [Ardennes], le conseil général de cette commune, le conseil de l’administration du district, les juges du tribunal de ce district, le comité de surveillance de ce même district, et les juges de paix et assesseurs de cette commune, applaudissent à la chute des triumvirs et à l’Adresse de la Convention au peuple français qu’ils regardent comme un coup de massue porté aux brigands, aux dévastateurs, aux fripons et aux corrupteurs de l’opinion publique ; ils se plaignent d’avoir été calomniés le 23 fructidor dans la tribune d’une société ; ils répondent à cette calomnie par des faits et des actes de civisme; ils invitent la Convention à rester à son poste, à écraser toutes les factions et ils promettent de la regarder pour leur seule et unique boussole. Mention honorable, insertion en entier au bulletin (99). [La société populaire de Sedan, régénérée depuis le 9 thermidor, le conseil général, le conseil de l’administration, les juges du tribunal et le comité de surveillance du district; les juges de paix et assesseurs de cette commune à la Convention nationale, s. d.] (100) Liberté, Egalité, fraternité, Révolution. Citoyens Législateurs L’énergie avec laquelle vous avez abattu la faction des triumvirs, a fait rejaillir sur nous l’étincelle du bonheur qui luit déjà dans presque tous les départements; votre sublime adresse au peuple français à laquelle nous applaudissons avec transports, est certes le coup de massue portée aux brigands dévastateurs, aux fripons et aux corrupteurs de l’opinion publique ; grâces soient rendues au génie de la Liberté! nous n’avons plus dans les Ardennes que l’ennemi du dehors à vaincre et nous saurons vous en répondre. Représentans du peuple, on a dit à la tribune d’une société célèbre, le vingt trois fructidor, que sous quinze jours la contre-révolution s’opéreroit dans le département des Ardennes ; cette précision numérique nous a fait rire de pitié, nous ne descendrons pas à repousser une calomnie aussi atroce; mais nous dirons à la Convention nationale que ralliés tous à l’amour de la patrie quatre cents sedanois partent pour vaincre les brigands de la Vendée; nous lui dirons que plus de quatre mille hommes déjà sortis de nos murs, versent leur sang pour la république dans les armées ; nous lui dirons que nous fournissons aux soldats de la liberté plus de six cents habits par décades ; nous lui dirons (99) P.-V., XL IX, 34. (100) C 325, pi. 1412, p. 2. Bull., 20 brum. enfin que lors de l’invasion de Bouillon par les Autrichiens, trois cents des nôtres, presque tous peres de famille, ont glorieusement péris les armes à la main et conservé Sedan à la République. On dit que l’aristocratie triomphe et que les patriotes sont persécutés ; oui, les patriotes sont persécutés, si l’on donne cette qualification à quelques individus, surchargés de crimes, et pour lesquels ou ne voit d’amnistie que dans un boulversement général. C’est ici la lutte de tous les vices contre la vertu et d’une douzaine d’intrigants dilapida-teurs contre deux cents cinquante mille citoyens. Il est tems qu’elle cesse et qu’un avenir heureux efface le souvenir de la tirannie, impunément exercée pendant plus d’un an dans le département des Ardennes. Ils ne sont plus ces tems où le fléau dévastateur du cannibalisme désoloit et ravageoit toutes les parties de la République ; Oui, ce règne monstrueux a passé devant la majesté du peuple, en vain voudrait-on le ramener sur la terre de la liberté. Représentans, maintenez cet élan sublime qui a signalé la révolution du neuf thermidor; que toutes les factions deviennent le jouet de votre puissance; qu’elles soient écrasées, gardez-vous de ces déclamations absurdes, vomies dans votre sein par les détracteurs de l’opinion publique, protégez la liberté indéfinie de la presse, écrite de la main de la nature, elle est le miroir de l’ame et ceux-là qui s’élèvent audacieusement contre elle ne sont pas des hommes purs. Et nous aussi, nous voulons le Gouvernement révolutionnaire, parce qu’il est nécessaire à la compression de tous les ennemis de la liberté; mais nous ne souffrirons plus que son char roule sur des ossements amoncelés par l’anarchie et la barbare inhumanité. Justice, justice ferme et impartiale, nous mettons dans la même balance l’aristocrate et l’intrigant, le royaliste et l’egorgeur. Nous applaudissons à la sévérité mâle qu’ont déployée contre les Vendéens de Marseille vos délégués dans le département des Bouches du Rhône ; remontez à la source de cette rébellion atroce et vous aurez le fil de la contre-révolution qui devoit éclater dans tous les points principaux de la République. Notre unique boussolle a toujours été et sera toujours la Convention nationale ; notre respect pour toutes les loix émanées de sa sagesse, notre confiance entière en sa justice égalent notre amour pour la cause sacrée qui nous met encor aujourd’huy les armes à la main et que nous avons juré de deffendre jusqu’à la mort. Citoyens Représentans, restez à votre poste, nous, nous vous promettons de poursuivre sans relâche et vous dénoncer les intrigants dilapi-dateurs de la fortune publique. Vive la République ! vive la Convention nationale. Séance extraordinaire du vingt un vendémiaire l’an 3eme de la République française une et indivisible.