177 (Assemblée nationale.) ARCHIVES PARLEMENTAIRES. (20 août 1790.] chaire d’histoire naturelle, aux appointements de 1,000 livres. « Art. 5. Le professeur de chimie donnera un cours complet de chimie, et en particulier de métallurgie, et ses appointements seront de 2,000 livres. La place d’adjoint à la garde des cabinets sera supprimée. « Art. 6. Il n’y aura qu’une seule personne chargée des préparations, aux anciens appointements de 500 livres. « Art. 7. Le commandant de la police sera supprimé, et il sera destiné pour la maintenir une somme de 1,500 livres. » M. Regnaud (de Saint-Jean-d’ Angèly). Je demande que le traitement de MM. Lamarche et Saint-Fonds soit conservé. M.Delleyd’Agier. Je demande qu’il soit réservé dans la masse des dépenses publiques 110,000 livres pour servir à l’encouragement des sciences des arts. M. le Président. Je viens de recevoir des officiers du jardin des plantes et du cabinet d’histoire naturelle une lettre et une adresse, dont je donne lecture : Adresse des officiers du jardin des plantes et du cabinet d'histoire naturelle (1). Messieurs, les officiers du jardin des plantes et du cabinet d’histoire naturelle se souviendront à jamais du jour où vous avez bien voulu leur permettre de vous offrir leurs hommages et leurs vœux. Consacrés à l’instruction publique, occupés à rechercher ou à réunir toutes les vérités et tous les objets utiles aux progrès des sciences naturelles, et par conséquent a l’agriculture, àla médecine, au commerce etaux arts, avec quel transport n’ont-ils pas partagé la reconnaissance de la nation dont vous assurez le bonheur 1 Ils ont applaudi d'autant plus vivement à vos travaux, Messieurs, qu’accoutumés à considérer le grand et magnifique spectacle de la puissance de la nature, et de l’unité de ses lois, ils ont cm cependant que leur admiration n’avait pas changé d’objet en se portant vers l’immortel ouvrage que la puissance nationale élève par vos mains. Mais, Messieurs, celte admiration seule ne serait pas un hommage digne de vous; nous venons devant les augustes représentants du peuple français, nous vouer plus que jamais à l’instruction publique; nous venons, au moment où il paraît que vous allez vous occuper de nous, vous assurer de notre zèle, vous répondre de notre entier dévouement à la chose publique, et vous demander de nous rendre plus constamment utiles à tous les citoyens de ce grand empire. De tons les monuments élevés par la munificence des nations, à la gloire des sciences naturelles, aucun n’a jamais plus mérité l’attention des législateurs que le jardin des plantes ; c’est à cet établissement que la France a dû plusieurs grands hommes qui ont fait l’ornement de leur patrie, et particulièrement Façon , Winslou , Du-verney, Tournefort, Vaillant , les Rouelles, Mac-quer, les Jussieu et Buffon qui, par les vues philosophiques et les images sublimes répandues dans ses ouvrages, a si bien préparé les esprits (1) Ce document n’a pas été inséré au Moniteur** 1M SÉRIE. T. XVIII. aux grandes idées de liberté et de régénération. D'ailleurs, Messieurs, on ne s’est pas contenté d’y réunir des divers points du globe, les dépouilles préparées avec som, de presque tous les animaux connus, et d’y offrir à J’élude une suite complète de toutes les sortes de minéraux que l’on a découvertes jusqu’à présent; mais tous ces objets y sont indiqués par des inscriptions étendues, de telle sorte, que les galeries qui les renferment, sont comme un grand livre ouvert, où, au lieu des descriptions des auteurs et des dessins. ou des couleurs de l’art, toujours trop inférieurs à leurs modèles, la nature parle, pour ainsi dire, et s’exprime elle-même ; elle y montre, en quelque sorte, les productions qui se ressemblent, et celles qui diffèrent; les variétés dont les espèces sont plus ou moins susceptibles; les objets communs à plusieurs pays, et ceux qui sont propres à certaines contrées; les minéraux qui peuvent servir de signes pour en faire reconnaître d’autres ; les animaux qui dégénèrent par le froid ou par le chaud ; l’influence de la domesticité, le pouvoir de l’homme pour perfectionner ou maintenir les races, et acclimater les espèces éloignées; l’histoire enfin et des temps et des lieux, écrite, pour ainsi dire, par sa main toute-puissante; et lorsque, cependant les caractères qu’elle a tracés, et que tous les yeux ne peuvent saisir, pourraient échapper, malgré l’avantage des rapprochements, à ceux qui commencent à les étudier, des démonstrateurs suppléent à ce qu’on n’a pas pu écrire. On apprend aux jeunes gens à reconnaître les diverses substances minérales, les granits, les marbres, les grés, les pierres à chaux, tous les matériaux de nos constructions; les métaux, fondement de nos arts; les pierres dures, transparentes et polies, que le commerce procure au luxe. On leur dit de quelle manière on devrait ouvrir de nouvelles sources de richesses; quels animaux fournissent ces fourrures si recherchées, et ces étoffes si précieuses, dont l’usage est devenu si général ; de quelle manière on élève ces animaux; dans quels pays on pourrait les habituer, les multiplier, quelquefois même les perfectionner. Des démonstrations analogues ont lieu relativement aux végétaux, dans diverses parties du jardin, et surtout dans une école particulière de botanique où le même ordre et le même arrangement sont observés. Les sciences et les arts, et particulièrement l’agriculture, la médecine et l’architecture navale et civile, y trouvent de nouveaux secours : et ces démonstrations données par plusieurs botanistes, tant dans le jardin que dans la campagne, s’étendent sur la culture des plantes, et sur leurs usages économiques et médicinaux chez les peuples anciens, ainsi que chez les peuples modernes. Il y a, d’ailleurs, des plan tatioDS considérables de grands arbres exoïiques, mais naturels à des climats analogues à ceux de nus provinces, destinés à porter des graines, au moyen desquelles on pourra fertiliser les vastes terrains, encore incubes, du ruyaume, où les arbres indigènes ne peuvent, croître, et qui dispenseraient bientôt de payer des tributs annuels et considérables aux nations du Nord, et à d’autres peuples, pour l’achat des bois de charpente et de construction navale. On y distribue tous les ans, aux divers départements du royaume, non seulement des renseignements utiles, mais encore des graines et des plantes quelquefois jusqu’au nombre de douze mille espèces. Plusieurs académies, sociétés littéraires ou facultés de médecine, établies dans 12 178 [Assemblée nationale.! ARCHIVES PARLEMENTAIRES. [20 août 2790.1 les différentes provinces du royaume ainsi qu’un grand nombre de particuliers qui y habitent, ont formé des jardins de botanique avec les produits de la culture du jardin des plantes ; c’est toujours ce même établissement qui leur fournit les graines et les végétaux dont ils ont besoin chaque année pour l’entretien de leurs collections ; et il le peut d’autant plus aisément, qu’on y trouve presque tous les végétaux que le climat de nos contrées ermet de laisser venir en plein air. L'on y voit e plus, dans des serres, la plupart de ceux que des secours artificiels peuvent maintenir contre la rigueur de nos hivers ; et déjà cette collection de plantes vivants est composée de plus de six mille espèces différentes, pendant que l’on conserve dans des herbiers, presque toutes les plantes connues, au nombre de plus de vingt mille, et que l’on possède aussi un assortiment très étendu des différentes parties des végétaux qui peuvent donner des lumières sur leur organisation, sur leur amélioration et sur le traitement de leurs maladies. C’est dans ce même jardin qu’ont été faites les premières plantations du cèdre du Liban, de plusieurs espèces d’érables, de frênes, de platanes, de noyers, de chênes d’Amérique et de beaucoup d’autres arbres qui embellissent nos provinces ; l’on sait, d’ailleurs, que les premiers cafés qui furent transportés à la Martinique, furent tirés du jardin des plantes, et que c’est à cet établissement que la France et particulièrement nos départements maritimes sont redevables d’une branche de commerce de la plus grande importance. On a déjà commencé aussi, dans ce jardin, la construction d’une grande serred’une forme nouvelle, et destinée à acclimater, dans les différentes parties de la France, et particulièrement dans nos provinces méridionales, les arbres fruitiers des pays situés entre les tropiques et surtout ceux de l’Inde et de lu Chine, renommés ar la grosseur et par la suavité de leurs fruits. lüsieürs de ces arbres ont été envoyés dès l’automne dernier, et sont maintenant cultivés avec succès dans les serres du jardin des plantes : et ainsi on a commencé de réaliser un projet qui n’aurait pu paraître impraticable qu’à ceux qui ne savent pas que presque tous les bons fruits que nous possédons en Europe, y ont été apportés des trois autres parties du monde. Pour que les connaissances naturelles puissent s’accroître par tous les moyens de comparaison et devenir complètes, des cours d’anatomie achèvent de montrer la conformation et les rapports intérieurs de l’homme et des animaux, dont les dépouilles sont renfermées dans les cabinets, pendant que des cours de chimie apprennent quels peuvent être les principes constituants des végétaux et des minéraux ; et ne devons-nous Îus ajouter qu’afio de transmettre à la postérité a bienfait des divers genres d’instruction que nous venons d’exposer, et afin de lui assurer au moins la représentation exacte et l’image fidèle des divers objets d’histoire naturelle dont on pourrait craindre la destruction au bout d’un très longtemps, on place, chaque année, de nouveaux dessins dans la précieuse ‘collection d’animaux et de plantes, peints sur vétm par les artistes les plus célèbres, depuis la création de l’établissement, et dont les figures forment déjà plus de cinquante volumes in-folio ? Non seulement tous les Français sont admis dans les cours que l’on donne au jardin des plantes, mais encore les étrangers y forment une partie considérable des auditeurs ; il n’est pas rare de trouver parmi eux des Péruviens, des Brésiliens, des Anglo-Américains, et même des Asiatiques, que l’étude de l’histoire naturelle attire et retient pendant très longtemps en France; et l’établissement du jardin des plantes n’augmente-t-il pas ainsi la prépondérance et la gloire de la nation , par un des moyens politiques les plus nobles et souvent les plus avantageux ? Le jardin des plantes et le cabinet d’histoire naturelle sont donc de la plus grande utilité pour toutes les parties de l’Empire. C’est donc un établissement essentiellement national que nous recommandons à votre haute protection. Mais, Messieurs, nous venons de vous offrir une légère esquisse de ce que les officiers du jardin des plantes ont essayé de faire jusqu’à présent. Que ne nous est-il pas permis de vous exposer ce qu’ils osent espérer de faire à l’avenir sous les auspices des représentants de la nation ! N’apprendriez-vous pas avec étonnement qu’un pareil établissement a été près d’un siècle sans règlements fixes, sans lois réelles ; que des savants, que l’Europe place sur le même rang, sont très inégalement traités, qu’ils n’ont pas eu le droit de se choisir des coopérateurs, ou plutôt d’être l’écho de l’opinion publique, pour appeler à côté d eux les hommes que l’Europe entière y appelait? Il sulfit, sans doute, op vous montrer les abus pour en espérer la destruction. L’arbre de la liberté serait-il le seul qui ne pût pas être naturalisé au jardin des plantes? Assurez sa gloire et les avantages qu’il procure à l’Empire, en le déclarant ce qu’il est véritablement. Et pour vous ravir le moins possible des moments que vous consacrez à la prospérité de la France, veuillez nous permettre de vous offrir sous peu de jours quelques observations relatives à l’organisation intérieure de notre établissement, et auxquelles nous vous prierons de vouloir bien faire quelque attention avant le moment où vous vous occuperez du jardin des plantes et du cabinet d’histoire naturelle. Daubenton, Portai, Thoüin, Desfontaines , Faujas , Fourcroy , Van Spaendonck , hamarck , A h. Brongniart , Lacépède. M. de Sérent. Je demande l’ajournement du décret concernant le jardin des plantes jusqu’à ce que les directeurs de cet établissement nous aient présenté le mode d’organisation qu’ils proposent. Cette motion est mise aux voix et adoptée et le décret suivant est rendu : « L’Assemblée nationale, en adoptant les vue3 « sagi's énoncées dans l’adresse des officiers du « jardin des plantes et du cabinet d’histoire na-« turelle, en a ordonné le renvoi au comité des « finances et l’ajournement du rapport définitif « au mois, pendant lequel temps, lesdits officiers « présenteront un projet de règlement pour fixer « l’organisation d’un si utile établissement. » (Voyez aux annexes de la séance, p. 185, la seconde adresse des officiers du jardin des plantes, suivie du projet de règlement.) M . le Président donne lecture de la lettre suivante de M. Éggss ; « C’est du fond d’une prison que l’innocent élève une voix plaintive ; vous ne pouvez la repousser. Je suis privé depuis trois semaines de ma liberté. Mon interrogatoire a manifesté mon innocence; rien ne peut plus s’opposer à ce que la liberté me soit rendue au moins provisoirement, jusqu’à ce qu’au décret éclatant montre à JFutûws que