[Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. { m" 615 L'orateur des musiciens prend ensuite la parole. Il fait sentir l’utilité d’une maison publique d’instruction pour la musique, et il demandé àla Convention de le décréter. Il offre à la patrie un corps de jeunes musiciens qu’il a formés et qui donnent déjà les plus heureuses espérances. On applaudit à ses soins, et il reçoit la récom¬ pense la plus douce et la plus précieuse pour un artiste, les suffrages et les applaudissements de ses concitoyens. Le Président le félicite au nom de la Con¬ vention, sur le succès de ses travaux. Baudrais avait demandé l’exécution du dé¬ cret sur l’indemnité accordée aux membres des comités révolutionnaires, et aux commissaires aux accaparements. La Convention a renvoyé cette pétition à son comité des finances, pour hâter l’exécution de la loi. Chénier i demande qu’à l’instant, la Conven¬ tion décrète la création d’un institut national de musique à Paris. Je n’ai pas besoin, dit-il, de vous rappeler les preuves de civisme données par les musiciens de la garde nationale, en diffé¬ rentes circonstances; je ne vous parlerai pas de l’heureux effet que produit la musique sur le caractère national : l’exemple des anciens prouve plus que je ne pourrais dire. Je pense que vous sentez toute l’utilité d’un pareil éta¬ blissement. Je convertis donc en motion la demande du pétitionnaire et je demande qu’elle soit mise aux voix sur-le-champ. La proposition de Chénier est décrétée. Lorateur reprend : « Citoyens, il est permis de parler de soi lorsqu’on a été calomnié. Nous l’avons été par le ci-devant état-major de la garde nationale, pour avoir coopéré à la fête donnée aux soldats de Châteauvieux, surtout pour avoir eu le courage de ne jouer à la parade, même sous le règne constitutionnel de Capet, et malgré les ordres réitérés de Lafayette, que des airs patriotiques. On nous a menacés de l’Abbaye et nous nous en sommes moqués. Nous défions toute la République de prouver qu’aucun d’entre nous ait fait un acte inci¬ vique. » {On applaudit.) Ici, le corps de musique exécute une hymne patriotique dont les paroles sont de Chénier et la musique de G-ossec, elle est fort applaudie. Chénier présente la rédaction de sa propo¬ sition. Homme demande qu’on ajoute à la dispo¬ sition de l’article qui charge le comité d’ins¬ truction publique de présenter le mode d’orga¬ nisation de l’institut, celle-ci : « Le comité examinera la question de savoir s’il serait ou non utile d’établir de pareils instituts dans tous les départements de la République. » Thnriot combat cette proposition. Il n’est point question de cela. Il existe, dit -il, à Paris, mais à Paris seulement, une réunion d’artistes dont le civisme et les talents sont connus. Ils demandent à être organisés en corps d’ins¬ titut national; chacun sent l’utilité de cet éta¬ blissement. Voilà la question, la seule question. La rédaction est adoptée en ces termes : ( Suit le texte du décret que nous avons inséré ci-dessus, d'après le procès-verbal.) CONVENTION NATIONALE Séance du 19 brumaire, l’an II de la République française, une et indivisible. (Samedi, 9 novembre 1793.) La séance est ouverte à 10 heures et demie (1). Les administrateurs de la police de Paris en¬ voient l’état des prisonniers : leur nombre se monte à 3,199 (2). Suit la lettre des administrateurs du départe - ment de police (3). .« Commune de Paris, le 18 brumaire; l’an II de la République une et in¬ divisible. « Citoyen Président, « Les administrateurs du département de police te font passer le total journalier des dé¬ tenus dans les maisons de justice, d’arrêt et de détention, du département de Paris, à l’époque du 17 dudit. Parmi les individus qui y sont renfermés, il y en a qui sont prévenus de fabrica¬ tion ou distribution de faux assignats; assassi¬ nats, contre-révolution, délits de police muni¬ cipale, correctionnelle, militaire, et d’autres pour délits légers. « Conciergerie ................ ..... 499 « Grande-Force (y compris 26 mili¬ taires). ................... .......... 590 « Petite-Force ..................... 210 « Sainte-Pélagie ................... 167 « Madelonnettes .................. 277 « Abbaye (y compris 15 militaires et 5 otages) ......................... 122 « Bicêtre ......................... 756 « A la Salpêtrière ....... . .......... 380 « Chambres d’arrêt, à la Mairie ...... 48 « Luxembourg ..... ............... 150 Total. ... ........... 3.199 « Certifié conforme aux feuilles journalières à nous remises par les concierges des maisons de justice et d’arrêt du département de Paris. «Massé; Marin o. » Le conseil général provisoire de la commune de Rouen, régénéré par les représentants du peuple dans le département de la Seine-Infé¬ rieure, écrit qu’il adhère à la Révolution des 31 mai et 2 juin derniers; il félicite la Conven¬ tion de l’énergie qu’elle a développée, et l’invite à rester à son poste jusqu’à ce que les tyrans coalisés aient reconnu leur insuffisance. Mention honorable, insertion au « Bulle¬ tin (4). (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p. 91. (2 Ibid. (3) Archives nationales, carton C 279, dossier 752. (4) Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p. 91.