404 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. JJ Svembremî Couplets patriotiques COMPOSÉS PAR LES SEULS JEUNES CITOYENS Jean Langlois et Michel Bernard, tous DEUX AGÉS DE 12 ANS ET DEMI, ÉLÉYES DESDITES ÉCOLES. Air des Marseillais. Peltier (sic), Marat avec courage, Ont fondé notre liberté Après avoir bravé l’orage Ils sont morts pour la Vérité (bis), Daignez recevoir notre hommage, O nos plus fidèles amis 1 Vous dont les lumineux écrits Nous tirent tous d’esclavage. Combattons les tyrans, pour eux point de quartier, Courons, courons, venger le sang de Marat et Pel-IJtier. Tu consacras toute ta vie, Pour nous, illustre Lepeltier; Puisque tu sauvas ta patrie, Nous te couronnons de laurier� (bis). Tu composas pour nous instruire, Des écris remplis d’onction, Faut-il, pour ton opinion, Que par un fer cruel t’expire? Combattons les tyrans, etc. Par vous, montagnards magnanimes, Les marais furent desséchés, Des crapauds vous fûtes victimes, Bientôt ils vont être écrasés (bis). Oui, vos noms à jamais célèbres, Aux Français seront toujours chers,] Vils oppresseurs de l’univers, Rentrez dans vos sombres ténèbres. Combattons les tyrans, etc. Hymne patriotique Sur un air nouveau, par un républicain. Quels accents 1 quels transports ! partout la gaîté [brille. La France est-elle donc une seule famille? Aux lieux mêmes où les rois étalaient leur fierté, On célèbre la Liberté... (bis). J’entends chanter partout d’une voix assurée i Nous ne reconnaissons, en détestant les rois, Que l’amour des vertus et l’empire des lois. Enfants, � guerriers J vieillards, épouses, filles, mères, Le riche citoyen, l’habitant des chaumières, Tous jurent, réunis par la fraternité, De mourir pour la Liberté !... ( ois ). En chassant les Tarquin, Brutus ne vit que Rome. Pour réformer le monde, instruits par ce grand [homme, Nous ne reconnaissons, en détestant les rois, Que l’amour des vertus et l’empire des lois. O spectacle enchanteur I au nom de la Patrie, Tout s’anime, tout prend une nouvelle vie. Le vieillard semble encore, par sa vivacité, Revivre pour la Liberté... (bis). Et l’enfant oubliant la faiblesse de l’âge, S’irrite d’être jeune et chante avec courage t Nous ne reconnaissons, en détestant les rois, Que l’amour des vertus et l’empire des lois. Jadis d’un oppresseur, l’injuste tyrannie, Assouvissait sur nous sa fureur impunie. Et l’homme vertueux dans sa captivité, Soupirait pour la Liberté... (bis). Aujourd’hui l’homme juste a brisé ses entraves; Les Français, indignés de s’être vus esclave», Ne reconnaissent plus, en détestant les rois, Que l’amour des vertus et l’empire desfleis, Peuples qui gémissez sous un joug tyrannique, Venez voir les Français à leurs fêtes civiques; Comparez vos terreurs à la sérénité Des enfants de la Liberté... (bis). Comparez à vos fers ces guirlandes légères Que porte, en s’embrassant, tout un peuple de frè¬ tes J Vous ne reconnaîtrez, en détestant les rois Que l’amour des vertus et l’empire des lois. Extrait du procès-verbal de l’assemblée classique des élèves des Arcis, du 16 brumaire. Les vingt -cinq représentants de la classe* choisis par les cinq départements de l’école pour composer l’assemblée classique, après avoir entendu la lecture des discours patriotique» ci-dessus, rédigés d’après une de leurs décisions ultérieures (sic) par les jeunes citoyens Ber¬ nard et Langlois sous les auspices de l’institu¬ teur, ont reconnu dans ces différentes pièces l’expression de leurs sentiments, et, pour exci¬ ter l’émulation entre les élèves, de l’avis de leurs camarades, ils ont arrêté que le tout serait prononcé à l’assemblée générale de la section des Arcis, et qu’une députation de douze d’entre eux serait nommée à cet effet. Badin, président. Pour extrait conforme y Petit, secrétaire. Extrait du procès-verbal de l’assemblée générale de la section des Arcis, du 4 frimaire. L’assemblée ayant entendu les demandes desdits élèves, après y avoir accédé, a arrêté que les discours et couplets patriotiques se¬ raient prononcés au conseil général et à la Con¬ vention, et que le tout serait imprimé à ses frais au nombre de mille exemplaires, et a nommé dix de ses membres pour l’exécution du présent arrêté. Lemaire, président de l’assemblée générale i Pour extrait conforme : Minier, secrétaire. Compte rendu du Bulletin de la Convention ( 1 ). ■ Une députation de jeunes citoyens de la sec¬ tion des Arcis a été admise à la barre. Les jeune» gens Pierre Petit, âgé de 12 ans, Jean-Marie Poinsard, âgé de 11 ans, Jean-Nicolas Colas* âgé de 5 ans, ont successivement prononcé des. discours. Les voici (2) : « Mandataires du peuple, « Vous voyez devant vous les élèves de la: section des Arcis, qui, quoique jeunes encore* (1) Bullelin de la Convention du 10e jour de la : 1J« décade du 3e mois de l’an II (samedi 30 no-' vembre 1793). (2) On remarque que le Bulletin s’est boiné à re-' produire le premier des discours prononcés, .. [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. ™ frimaire an il 405 L 1 - « 3 0 novemhrp. HÇ& ne le cèdent à personne en républicanisme. Une démarche civique que nous ayons faite à notre section nous a obtenu d’elle l’honneur de vous être présentés par six de ses membres et deux du conseil général, à l’effet d’exprimer en votre présence les sentiments patriotiques qui nous animent. Il est impossible de vous peindre la joie de nos camarades lorsqu’ils ont su qu’ils pouvaient prétendre à jouir de la satisfaction de paraître en votre présence. Pour faire tour¬ ner à notre avancement l’enthousiasme que nous causait le plaisir de pouvoir être députés vers vous, l’assemblée de notre classe, com¬ posée de vingt -cinq des plus vertueux d’entre nous, a arrêté qu’aucun élève ne serait admis à aucune députation qu’il ne sût parfaitement la Déclaration des Droits de l’homme. « En moins de trois jours, toute l’école a satisfait aux conditions de l’arrêté. Plusieurs ont même appris la Constitution tout entière. Nous avons été obligés de tirer au sort ceux qui devaient être admis, pour ne pas vous sur¬ charger par un trop grand nombre. « Législateurs, nos camarades, avant de nous quitter, nous ont recommandé à plusieurs re¬ prises de ne pas manquer de vous inviter à mettre, pour l’ordre du jour le plus prochain, le travail de vos comités sur l’éducation natio¬ nale. Nous en sentons tout le prix, et nous ne croirons vraiment jouir des fruits de la liberté que lorsque nous verrons nos deux classes, composées de 260 enfants, entièrement orga¬ nisées d’une manière républicaine. Compte rendu du Journal des Débats et des Décrets (1). Les élèves de la section des Arcis sont admis A la barre. Deux membres du conseil général de la commune de Paris les accompagnent. Ils annoncent les succès des élèves des-Arcis ; mais quatre d’entre eux en offrent des preuves aux-rr ( 1) Journal des Débats el des Décrets (frimaire an II, n° 438, p. 137). D’autre part, le Journal de Perlel ,|n° 435 du 11 frimaire an II (dimanche 1er décembre 1793), p.4 ], le Mercure universel [11 frimaire an II (dimanche 1er décembre 1793), p. 175, col. 2] et les Annales patriotiques el littéraires [n° 334 du 11 fri¬ maire an II (dimanche 1er décembre 1793), p. 1514, col. 1] rendent compte de l’admission à la barre des élèves de la section des Arcis dans les termes suivants : I. Compte rendu du Journal de Perlel. Des jeunes citoyens de la Section des Arcis vien¬ nent annoncer à la Convention nationale qu’ils ne re¬ connaissent d’autre culte que celui de la raison; que leur évangile sera désormais la Déclaration des Droits; leur catéchisme, la Constitution républi¬ caine, et leurs confessionnaux, les guérites des corps de garde i « Là, ajoutent-ils, au lieu d’accuser nos fautes, nous veillerons sur celles des autres. » Ils demandent la prompte organisation de l’éducation nationale. L’un d’eux, âgé seulement de cinq ans, récite la Déclaration des Droits. Il est vivement ap¬ plaudi. Lb Président leur donne à tous le baiser frater¬ nel. Leurs discours seront insérés au procès-verbal et quelles la Convention donne souvent de3 applaudissements. L’un d’eux prononce le discours suivant : ( Suit le texte de l'adresse des élèves de la section des Arcis que nous avons insérée ci-dessus d'après le Bulletin de la Convention.) Un second élève, Claude Lamy, âgé de douze ans, prononce le discours qu’il fit le jour de la fête civique de l’inauguration des bustes de Lepeletier et Marat, célébrée dans la sec¬ tion des Arcis, le 30 brumaire. ( Suit le texte du discours du jeune Claude Lamy que nous avons inséré ci-dessus d'après un document des Archives nationales.) Un troisième élève, Jean Poinsard, prononce le discours qu’il fit à l’occasion d’un drapeau neuf que la section des Arcis a donné aux écoles. (Suit le texte du discours du jeune Jean Poin¬ sard que nous avons inséré ci-dessus d'après un document des Archives nationales. ) Un quatrième élève enfin, âgé seulement de cinq ans, récite la Déclaration des Droits avec une facilité très heureuse. Le Président leur fait part de la satisfac¬ tion de l’Assemblée. Il les admet aux honneurs de la séance et leur donne l’accolade fraternelle. au Bulletin avec mention honorable et désignation de leur âge. II. Compte rendu du Mercure universel . Les jeunes élèves de la section des Arcis se présen¬ tent en masse pour réclamer l’organisation de l’é¬ ducation publique. « Elle seule, disent-ils, fera de nous des hommes libres, de vrais citoyens. Nous irons ensuite combattre les ennemis de la liberté. Ah ! si nos trop faibles bras nous permettaient d’al¬ ler à l’ennemi; mais il ne perdra point pour atten¬ dre. Notre culte est maintenant celui de la vérité, de la raison, de la patrie. Nous n’avons d’autres confessionnaux que les guérites de nos corps de garde. Nous vous présentons un drapeau; donnez-lui la bénédiction civique. Ces jeunes républicains reçoivent du Président l’accolade et le drapeau obtient le baptême civique. III. - Compte rendu des Annales patriotiques el littéraires. Les jeunes républicains de la Section des Arcis réclament l’établissement de l’instruction civique Ils regrettent que leurs bras trop faibles ne leur permettent pas d’aller combattre les ennemis de la République; « mais, ajoutent-ils, ces lâches ne per¬ dront rien pour attendre. Nous avons adopté pour divinité la patrie et pour culte la raison; nous n’a¬ vons d’autres confessionnaux que les guérites de nos corps de garde; nous savons l’exercice, et s’il le faut, un jour, nous saurons périr. Nous vous apportons un drapeau pour que vous lui donniez votre bénédic¬ tion patriotique et vivent la République et la rai¬ son 1 (Applaudissements.) Un enfant de cinq ans récite les Droits de l’Homme tandis que, placés sous le drapeau, ces jeunes répu¬ blicains reçoivent l’accolade et le baptême civique.