[Convention nationale.) ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j g 429 « Citoyen Président, « Je viens d’être pillé par les brigands; ils ont pris, donné, vendu ou livré aux flammes tous mes effets avec mes titres de propriétés patri¬ moniales, il ne me reste que la douce consola¬ tion d’avoir servi ma patrie et le désir le plus ardent de sacrifier mes jours au bonheur de la République. « Je te prie, citoyen Président, de m’offrir à la patrie, je ne puis plus faire d’autre don patriotique, je n’ai plus rien. « J’adhère à tous les décrets de la Conven¬ tion, j’applaudis à toutes les mesures de salut public, je la conjure de rester à son poste jusqu’à la destruction totale des brigands et des despotes qui en sont les chefs et je me soumets d’avance à tous les décrets de la Convention qui peuvent me regarder comme ministre du culte catholique et qui me sont inconnus depuis que cet infortuné district est devenu la proie des rebelles qui viennent de l’évacuer et qui, cependant, le menacent encore. « Enfant de la patrie, républicain dès le sein maternel, j’attends mon existence de notre mère commune et je te prie, citoyen Pré¬ sident, de faire entendre la voix d’un malheu¬ reux, qui vient de tout, auprès de la représen¬ tation nationale, des pères de la République et des infortunés. « Salut et fraternité. « Grandais, curé de Saint-Quentin « A Saint-Quentin, ce 4 frimaire, l’an II de la République, une et indivisible. » La Société populaire de Grasse [Gray] annonce qu’elle a monté et équipé un cavalier à ses frais; elle se plaint qu’une partie des bataillons de vo¬ lontaires manque d’habits, elle demande de ne confier des commandements qu’à des citoyens instruits de la langue française. Mention honorable, insertion au « Bulletin » et renvoi au comité de Salut public (1). Suit la lettre de la Société populaire de Gray (2). Au Président de�la Convention nationale. « Gray, le 7 frimaire, l’an II de la Répu¬ blique française. « Citoyens représentants, « La Société montagnarde et révolutionnaire de cette commune a délibéré, dès le 23e jour de vendémiaire, qu’elle fournirait à la Répu¬ blique un cavalier armé, monté et équipé; elle avait aussi enjoint à son comité de correspon¬ dance de vous en instruire, non pour courir après la célébrité, mais pour engager toutes les Sociétés populaires à en faire de même, et trouver par là un renfort de 10 à 15.000 hommes de cavalerie. La régénération entière de notre Société nous a empêchés jusqu’à ce jour de nous acquitter d’un devoir si cher à nos cœurs, ï (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 174. (2) Archives nationales, carton G 286, dossier 841. mais c’est avec une douce satisfaction que nous vous annonçons que notre cavalier monté, armé et équipé est prêt à partir, et qu’il va se rendre au lieu du rassemblement indiqué pour le département de la Haute-Saône. « Cette Société, instruite qu’une partie des bataillons volontaires de la dernière levée n’est pas encore habillée et que plusieurs n’ont même que de mauvais habits d’été, avec lesquels ils ne peuvent résister aux rigueurs de l’hiver, vous prie de prendre pour toutes les parties de l’habillement les mêmes mesures que vous venez d’ordonner pour fournir des souliers; il est bien juste que toutes les muni¬ cipalités de la République travaillent à ha¬ biller les volontaires qu’elles ont fournis, et que tandis que nos frères versent leur sang pour cimenter notre liberté, nous leur prépa¬ rions des vêtements. Les femmes surtout, ce sexe sensible, s’empresseront de faire des chemises, des guêtres, des habits en tout genre, et si les étoffes manquent, les gens aisés, les riches, les suspects, les parents d’émigrés fourniront leurs garde-robes, ou de plein gré, ou par la voie de la réquisition. « Il est encore une mesure que cette Société soumet à votre sagesse, c’est de ne conférer aucune place civile ou militaire, aucun comman¬ dement surtout qu’aux citoyens qui sauront bien la langue française-; vous savez, citoyens représentants, que l’idiome est, de tous les liens de la société, celui qui réunit le plus les esprits et les cœurs, et que pour ne faire qu’un peuple de frères et d’amis il ne faut tous parler qu’un même langage pour empêcher les relations d’amitié avec les vils esclaves des despotes, les moyens de trahison, si multipliés dans cette guerre du despotisme contre la liberté, et pour propager à la fois ces mêmes lumières par un seul et même rayon. Cette différence d’idiome est si sensible, que les mœurs répu¬ blicaines se sont formées moins vite, les lois ont été moine bien suivies, le fanatisme a exercé de plus grands ravages, les prêtres ont eu plus de facilités à séduire les peuples dans les départements dont l’idiome est différent de celui du peuple français ; témoins la Basse-Bre¬ tagne, la Vendée, la Lozère et même l’Alsace, où la langue allemande a servi à entretenir des correspondances avec nos ennemis et y a fait presque autant de traîtres que l’or cor¬ rupteur de Pitt. « Cette Société, citoyens représentants, pénétrée d’amour et de respect pour les intré¬ pides Montagnards de la Convention, dont les mesures révolutionnaires nous promettent l’éta¬ blissement ferme et durable de la République une et indivisible, vous invite à rester à votre poste jusqu’à la paix, et à ne confier le gou¬ vernail à de nouveaux pilotes que lorsque vous aurez conduit le vaisseau au port. « Salut et fraternité. « Les membres composant la Société monta¬ gnarde et révolutionnaire, séant à Gray. « Jourdain, président; Tourtel, secrétaire; Bonet, secrétaire. » La commune d’Attainville annonce qu’elle vient de remettre entre les mains du citoyen Clé¬ ment l’argenterie, cuivre et fer provenant de son église : ci-joint l’extrait du procès-verbal y re¬ latif. 430 [Convention nationale.} ARCHIVES PARLEMENTAIRES, f frimaire an II 1 J (14 décembre 1�93 Insertion au « Bulletin » (1). Suit la lettre des commissaires de la commune d'Attainvitte (2). « Citoyen, « La commune d’Attain ville, département de Seine-et-Oise, district de Gonesse, disposée à se conformer en tout au dieu [vœu] de la Répu¬ blique, s’est fait un devoir de remettre ès mains du citoyen Clémence, commissaire sans-culotte au bourg de Luzarcbes, l’argenterie, cuivre et fer de sa ci-devant église. Invitée par ledit citoyen de nommer des commissaires à l’efEet d’en faire conjointement l’offrande au centre ( sic ) de la Convention, ladite commune nous avait nommés pour vous témoigner toute sa satisfaction de pouvoir être utiles en quelque chose à la chose publique elle -même, et sa satisfaction devenait plus complète si des affaires essentielles nous eussent permis de rester plus longtemps à Paris où nous nous étions rendus en attendant ledit citoyeD Clé¬ mence, auquel nous aurions rendu la justice la plus complète de mettre le bon ordre et de porter tous les citoyens aux vertus réelle¬ ment républicaines. « Salut et fraternité. « Citoyen, tes concitoyens, « Lucy ; Lemot, commissaires . « Ce 7 frimaire 1793, l’an II de la Républi¬ que française une et indivisible-» Extrait du registre de la municipalité d’ Attainvitte (3). Ce jonrd’hui, sixième jour de frimaire mil sept cent quatre-vingt-treize, l’an second de la République une et indivisible. Nous, maire et officiers municipaux, membres du conseil général de la commune, séance publique tenant en la salle commune, peuT répondre à l’invitation par lettre du citoyen Clémence, commissaire en date du 4 frimaire, pour offrir à la Convention nationale l’ argen¬ terie, cuivre et fer provenant de ladite com¬ mune d’Attainville. Nous maire, officiers muni¬ cipaux membres du conseil général de la commune et président et membres du comité de surveillance, avons élu pour les commis¬ saires de la commune les citoyens Lucy, cul¬ tivateur audit lieu, et Lemot notable en ladite commune, lesquels ont accepté et signé avec nous lesdits jour, mois et an que dessus. Ainsi signé au registre; Meunier, maire; Protais, procureur de la commune; Le Mot, notable; Lucy, François Bourgeois, officiers municipaux; Dior, président du comité de surveillance; M. Tiphaine, Etienne Hude; E. Richer, Pierre -Laurent Hanot. Délivré par moi secréteà/re-greffier soussigné Saulnier, secrétaire-greffier. Le citoyen Jean-Jacques Ponce t, de la section du Bonnet-Rouge, dépose sur l’autel de la patrie le brevet d’une pension de 650 livres réduite à 552 livres 10 sols, ainsi que ies arrérages dus; il les consacre au secours des enfants des défen¬ seurs de la patrie. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (1). Les officiers municipaux de la commune do Vesoul invitent la Convention nationale à rester à son poste, et lui font part qu’ils déposent sur l’autel de la patrie 132 marcs 1 once 1 gros d’ar¬ genterie, y compris 4 marcs 4 onces 1 gros de vermeil formant l’argenterie de leur église. Mention honorable de l’offrande, insertion de l’adresse au « Bulletin », et sur le vœu émis que la Convention reste à son poste, renvoyé à la commission chargée de recevoir les vœux (2). Suit l'adresse des officiers municipaux de la commune de Vesoul (3). Les maire, officiers mtmicipaux et procureur de la commune de Vesoul, au Président de la Convention nationale. « Vesoul, 7 frimaire 3e mois de Pan II de la République française une et indi¬ visible. « Citoyen Président, « La commune de Vesoul connaît les besoins de la République, elle est persuadée que désor¬ mais les matières précieuses ne doivent plu» avoir d’autre usage que eelui d’aider à anéantir les ennemis de la Mberté. Convaincue qu’il faut battre les tyrans avec les choses mêmes dont ils faisaient parade et avec les instruments que la superstition avait créés pour éblouir et séduire les peuples ; convaincue que la divinité, exempte des faiblesses humaines se conten¬ tera d’un culte simple exercé par des adora¬ teurs libres et patriotes; elle dépose sur l’autel de la patrie 132 marcs 1 once 1 gros d’argenterie y compris 4 marcs 4 onces 1 gros de vermeil, le tout formant le restant de l’argenterie pom¬ peuse qui décorait ci-devant son église parois¬ siale; il y a déjà eu un envoi pour le moins aussi considérable. Dis à la Convention, citoyen Président, que cela ira, et que ça va; dis lui que son énergie a sauvé la chose publique, que nous lui en rendons grâce, que jamais nous ne formâmes de vœu plus sincère que de la voir rester à son poste jusqu’à ce que la liberté soit consolidée sur des bases inébrarlables , dis¬ lui encore que nous voyons avec plaisir la raison succéder au fanatisme et que nous sommes garants que les citoyens de notre commune seront toujours jaloux de ne le céder à personne en patriotisme; qu’ils s’efforceront par tous les sacrifices qui seront en leur pou¬ voir de montrer qu’ils sont à la hauteur des circonstances et qu’ils ont jour et nuit l'œil (1; Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 175. (2 1 Archives nationales, carton C 284, dossier 815. (3; Ibid. ( 1 Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 175. (2' Ibid. (3} Archives nationales, carton C 284, dossier 185.