[Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. { ‘ 431 tairie Duplessis -Grénédan, que tous les enseignes devaient aller, chacun à leur tour, à bord du commandant. Je dirai aussi que j’ai vu une partie des si¬ gnaux que l’on a marqués dans les registres qui ont été faits à bord du commandant, auxquels nous n’avons pu rien comprendre, ce qui m’a fait penser qu’ü y avait des signaux particuliers entre quelqu’un d’à bord du commandant, et d’autres à bord des autres vaisseaux. Ceci est relevé du registre des signaux faits à bord du commandant. Le 22 septembre, à 6 heures du matin, deux flammes rouges au grand mât. Le 23, à 9 heures et demie du matin, une flamme rouge. Le 25, à 9 heures, pavillon damier, sans avoir vu aucuns bâtiments de l’armée faire des signaux. Le 27, à 3 heures et demie, pavillon œil de perdrix seul. Idem, le pavillon yack au mât de misaine. Idem, pavillon bleu au mât de misaine (ce pavillon n’est pas dans la série). Le 28, à 8 heures et demie, flamme rouge. J’observerai de plus que si, à bord d’un com¬ mandant, on voulait empêcher que les trois co¬ lonnes se formassent telles qu’elles doivent être, il serait facile de le faire, et il n’y aurait que la colonne du commandant qui pourrait immédia¬ tement le suivre, et ceux qui pourraient être avertis par des signaux particuliers; ce qui est facile à démontrer. Au bas du mémoire original : Signé : Landais, contre-amiral. .ANNEXE N° ♦» A la séance de la Convention nationale du 15 brumaire an II. (Mardi, 5 novembre 1593.) Compte rendu du rapport de Barère sur la Wendée (1) d’après le Journal des Débats et des Décrets (2) . Barère, au nom du comité de Salut public, fait un rapport dont nous allons offrir l’extrait. Je viens vous rendre compte de ce qui s’est passé dans la Vendée depuis le 1er du second mois. Après les succès de Mortagne et de Cho-let, vous apprîtes la fuite des rebelles. Le comité ne vous en parlait plus que comme des révoltés de Lyon. Nous avions sur eux les avantages de la terreur que nous leur avions inspirée. Nous leur avions tué des chefs, et nous les avions jetés dans un pays dévasté, où ils ne pouvaient plus subsister. C’eût été un moment parfaitement heureux, si les postes que nous avions sur la Loire eussent agi comme ils le devaient et comme ils le pouvaient. Depuis le 1er brumaire, le comité ne devait s’attendre à vous communiquer que des nou¬ velles satisfaisantes. Le défaut d’intelligence et d’ensemble entre les chefs, le mauvais esprit de quelques admi¬ nistrations et le fanatisme du pays, ont, pour quelques moments, transformé la Mayenne en une nouvelle Vendée; mais enfin, il approche le jour où nous découvrirons les menées inextri-(l)Voy. ci-dessus, même séance, p. 400, le compte rendu du rapport de Barère d’après le Moniteur , (2) Journal des Débats él des Décrets (brumaire an II, n° 413, p. 213). cables qui ont créé la guerre de la Vendée et où nous pourrons vous dévoiler tous les faits, par la connaissance que nous en aurons acquise : victoires colorées, succès exagérés, récits faux; tout aura sa place et la nation sera vengée. ?iêj Aujourd’hui, nous venons vous dire ce que sont devenus les brigands de la Vendée, ce que leurs débris doivent inspirer , de craintes à la République, et l’espérance qu’elle doit conce¬ voir de ses moyens. Nous pensons qu’il résul¬ tera pour vous de ce rapport, comme nous nous en sommes convaincus, une vérité démontrée : c’est que les brigands sont affaiblis par leur dé¬ faite; qu’ils le sont encore par leur fuite, qu’ils cherchent un refuge et non pas un établissement. Voici les faits : | La prise de Châtillon, Mortagne et Cholet avait déplacé les brigands; les républicains les harcelaient fortement sur les rives de la Loire. Les rebelles traversent la rivière à Valade; plu¬ sieurs se noient; d’autres périssent par le feu de nos troupes. Une horde s’enfuit : le nombre de ceux qui la composent varie d’abord et est enfin fixé à 25 ou 30,000, en y comprenant les nou¬ velles recrues et tous ceux que la crainte atta¬ chait au sort des fuyards. Cette troupe va d’abord à Condé; mais, effrayée, elle se rend à Laval; notre armée accourt, et prend des dis¬ positions à sa poursuite. Le 4, les troupes de la République se sont bien battues contre les brigands. Le 5, les rebelles manquant de munitions par¬ tent de Château-Go ntier et attaquent notre avant-garde. L’armée n’avait pas eu le temps de se développer sur le grand chemin où elle était; l’avant-garde est forcée de se replier, et l’effroi se communique à l’armée. Ici, vous re¬ marquerez que toutes les fois que les rebelles ont manqué de munitions, il y a eu une déroute de la part des nôtres. Barère ht un grand nombre de lettres dont nous ne pouvons rapporter qu’un extrait très abrégé, pour ne point commettre d’erreurs. Le 6 et le 8, on donnait des nouvelles rassu¬ rantes; depuis, on a écrit que Laval était pris et que la trahison ne resterait pas longtemps im¬ punie. On annonçait que bientôt encore, la famine détacherait les brigands du territoire qu’ils occupaient, et l’on présumait qu’ils iraient chercher des secours dans la ci-devant Bretagne. Une lettre plus détaillée porte que pendant que l’on prend des mesures pour cerner et atta¬ quer les brigands, Craon et Château-Gontier sont évacués, qu’une colonne de rebelles est partie de Laval pour Mayenne, que les brigands sont partagés : que les uns voulaient marcher sur Rennes et que les autres prenant la route de Paris ont l’intention de marcher sur Alençon ; que peut-être ce n’est qu’une ruse; qu’il est pro¬ bable, au moment où l’on écrit, que les rebelles sont à Mayenne, que, dans ce cas, on ne voit pas les moyens de les empêcher de se répandre sur les côtes, jusque vis-à-vis Jersey; que la guerre de la Vendée a changé de nature; et qu’elle deviendra moins dangereuse, quand elle se confondra avec la guerre étrangère, et quand les brigands seront sous le commandement des Anglais. Thirion écrit le 12 que Laval est évacué; que les brigands se sont portés sur Mayenne; que pendant quelques moments on avait craint leur retour; qu’ils ne paraissent pas et que l’on forme une armée de 30,000 hommes. Le 15, Lètourneur écrit que le département 432 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. Novembre îm de l’Orne a invité tons les citoyens à venir au secours d’Alençon; qu’il va rassembler des hommes solides et qu’il marchera vers cette ville. Hier, Lindet est arrivé du Calvados. Il a coo¬ péré aux mesures qui ont été prises. Il rapporte que la Sarthe est bien bonne et entièrement bonne; elle fournit 25,000 hommes qui sont con¬ duits par l’instinct de la liberté et qui mènent avec eux les grains et les bestiaux qui leur sont nécessaires. Dans toutes les parties qui envi¬ ronnent les brigands, nous sommes en mesure; on dit qu’ils sont maintenant à Domfront. Barère reprend : Que présentent à vos esprits ces correspondances vagues et variées? Nous pensons que vous y aurez vu, comme nous, une armée de fugitifs, poursuivie par la terreur, et par les défenseurs de la liberté. Le comité a pris diverses mesures depuis huit jours soit pour empêcher les brigands de repas¬ ser la Loire et de se rejeter dans la Vendée, soit pour faire mouvoir nos armées, indépendam¬ ment des mouvements que pourront produire la Sarthe et l’Orne. Le ministre de la guerre a déjà donné des ordres pour effectuer une attaque qui doit exterminer les brigands dans leur fuite ; nous avons reçu ce matin la nouvelle que tout était disposé pour cela. Merlin et Chou dieu reviennent; le comité attend leur arrivée et les détails qu’ils donne¬ ront pour préparer son rapport définitif sur la Vendée. Les dernières dépêches qui nous ont été adres¬ sées portent ces mots : « Vous pouvez être tran¬ quille, nous ne voyons plus devant nous que des fuyards qui tentent d’échapper à la ven¬ geance nationale : c’est une humeur dont le corps politique tend à se dégager. » Ce n’est pas au moment où ü va s’opérer une attaque générale que nous pouvons vous offrir «des détails; il suffit de vous dire que cette nou¬ velle Vendée, tant grossie par les oisifs, par les malveillants et par les nouvellistes à la journée n’est que le débris de l’ancienne Vendée dé¬ truite. Aujourd’hui, parmi les lettres qui sont arri¬ vées, il y en a une des représentants du peuple qui sont à Coutances ; elle porte qu’on est debout pour marcher à l’ennemi; que le désarmement des hommes suspects à Caen a servi pour armer de bons républicains; qu’il est parti des batail¬ lons pour remplacer la garnison de Cherbourg; qu’il y a une armée à Avranches; que tout est en réquisition, que tout le monde a obéi. « Nous n’entendons, disent les représentants commissaires, que des éloges sur notre activité et sur les ressources que nous mettons en usage. Nos braves défenseurs ont juré, en partant, de ne revenir qu’après avoir exterminé jusqu’au dernier des brigands. » Nous attendons le résultat des mouvements qui vont s’opérer. ANNEXE N° 3 A la séance de la Convention nationale du 1 5 brumaire an II. (Mardi, 5 novembre 1993.) Lettres (1) des représentants du peuple en mission à l'armée des Cotes de (1) Toutes ces lettres sont mentionnées dans le l’Onest, à l’armée des Cotes de Cher¬ bourg et en d’antres lieux pouvant ser¬ vir de pièces justificatives au rapport sur la Vendée fait par ISarère (B) dans la séance du fl 5 brumaire an II. I. Jean-Baptiste Le Carpentier, représentant du peuple délégué par la Convention nationale dans le département de la Manche, au comité de Salut publie (2). « Valognes, le 1er jour de la lre décade du 2e mois de l’an II de la République. « Le courrier extraordinaire que je vous ai dépêché hier vous aura informé des mesures ra¬ pides et assurées que j’ai prises aussitôt après la réception de la dépêche de Pocholle, pour porter dans l’Ille-et-Vilaine le renfort qu’il de¬ mandait d’une manière si pressante. Après avoir été remplacés dans leurs postes, les deux ba¬ taillons de la Côte-d’Or et de la Réunion étaient en marche, le premier depuis hier, et le second depuis ce matin, lorsqu’un courrier est venu me remettre un arrêté de mon collègue Garnier, qui est à Coutances, d’après lequel la marche de ces troupes avait été suspendue. Étonné de ce contre-ordre, je me suis empressé d’ouvrir la lettre qui y était jointe, dans l’espoir qu’elle contiendrait des motifs péremptoires, maik j’ai vu avec non moins de surprise que ce contre - ordre n’était fondé que sur l’opinion où était mon collègue que la garnison de Cherbourg se trouvait dénuée, et que par là la sûreté de nos côtes serait compromise. « Certes, cette considération était d’une im¬ portance trop majeure pour que je l’eusse né¬ gligée, et mon arrêté, dont vous avez eu commu¬ nication, et que j’avais envoyé de suite à mon collègue, ne m’a laissé qu’un regret, celui de voir que Garnier n’en avait pas saisi les dispo¬ sitions et avait confondu un arrêté du district de Cherbourg avec mon arrêté même, ce qui l’avait induit en erreur sur le nombre des troupes dont je disposais et avait faussé son opinion sur la prudence et l’efficacité de mes mesures. « En effet, citoyens, les trois bataillons que j’ai mis en mouvement ne produisent aucun vide, ainsi que vous avez déjà pu le voir : par suite des ordres du ministre pour un déplace¬ ment de troupes sur divers points de ce dépar¬ tement, le bataillon de la Côte-d’Or venait d’être remplacé à Cherbourg par le 6e bataillon de la Manche et il l’est à Valognes, où il était envoyé en garnison, par le contingent du district qui avait été levé en vertu de la proclamation de nos collègues Le Cointre et Prieur, pour l’armée des Côtes de Cherbourg, ce contingent était formé en bataillon mais ü n’avait pas d’armes : je lui ai donné les fusils de la garde nationale; Recueil des actes et de la correspondance du comité de Salut public de M. Aulard; mais M. Aulard n’ayant donné de la plupart d’entre elles qu’une simple analyse, nous avons cru devoir en reproduire le texte exact. (1) Voy. ci-dessus, même séance, p. 403, le compte rendu du rapport de Barère d’après le Moniteur. (2) Archives nationales, carton AFii 275, pla¬ quette 2304, pièce 26,