374 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE 26 La société populaire de Mont-Hippolyte [ci-devant Saint-Hippolyte] a et [celle] de Val-borgne [ci-devant Saint-André-de-Valborgne] b, département du Gard, et les administrateurs du district de Carpentras [Vaucluse], remercient la Convention d’avoir envoyé dans le Midi des représentans dont l’infatigable surveillance y sauve la chose publique. Mention honorable, insertion au bulletin (81). a [La société populaire épurée de Mont-Hippolyte à la Convention nationale, du 10 vendémiaire an III] (82) Législateurs, Tallien démasque Robespierre et Tallien est assassiné. Nous nous demandons qui a comis ce crime? et nous répondons ce ne peut être qu’un esclave du tyran démasqué... Que le glève national nous en fasse bientôt justice, qu’un exemple salutaire intimide ou desille les yeux des lâches qui n’osent crier mais qui croient méchamment à l’assassinat de Robespierre. Grâces vous soient rendues ! Perrin et Gou-pilleau remplissent dignement vos vues, et leur mission honorable. Ce sont des anges tutélaires que vous nous avés envoyés pour sécher nos larmes et cicatriser nos blessures. Que la patrie sourie à leurs travaux par vos applaudissements. Ces témoignages publics leur sont dus, vous atteindrés le double but de remplir les devoirs de la reconnoissance, et de fixer les opinions et les esprits ; vous prou-verés que les principes de vos délégués sont ceux de la Convention, vous raménerés par là les égarés et vous otterés tout espoir aux coupables. Méprisés les veines clameurs de ceux qui crient, l’aristocratie lève la tête ! ne vous y trompés pas, Législateurs; c’est l’innocence pros-critte qui ose se réjouir et lever la tête pour contempler loin d’elle le glève que le crime lui préparait. Telle qu’une plante que les frimats ont flétrie et presque déséchée, s’anime et se dilatte aux premiers rayons du soleil du printems : tels nos coeurs comprimés, resserés par le sistème sanguinaire qui opprimoit ce département, par les listes de proscription qui couroient et le sang innocent qui couloit sous nos yeux, se sont ouverts au bonheur et vous jurent que nous sommes prêts à verser pour la liberté un sang, dont l’usurpateur voulait se servir pour cimenter sa puissance. Restés à vos postes, et ne (81) P.-V., XL VIII, 14. (82) C 325, pl. 1402, p. 17. cédés vos places qu’après avoir donné des lois à nos ennemis, la paix et le bonheur à vos concitoyens. Vive la République, vive la Convention, vive la Montagne. Chabal, président, Bonhomme, Eimos, secrétaires. b [La société populaire de Valborgne à la Convention nationale, du 1er vendémiaire an III] (83) Citoyens représentans, Le département gémissait sous le joug des assassins ; un tribunal dont les membres avoient été choisis par les coopérateurs de Robespierre, faisait couler à flots le sang des patriotes. Ce tribunal sanguinaire dévoué au nouveau Cromwell, ne déployait son authorité que contre les bons citoyens, le deuil couvrait toutes les familles. Telle était représentans notre situation déplorable lorsque la nouvelle de la chute du tiran vint porter l’espérance dans nos coeurs abattus. Enfin a paru parmi nous, un de vos dignes collègues, qui alliant l’autorité des principes républicains, avec la justice et l’humanité, s’est montré le consolateur des opprimés, et le libérateur des infortunés jusqu’à ce moment échappés au fer fratricide des assassins, que le Catilina moderne avait disséminé dans toute la république. Nous vous remercions, citoyens représentants, d’avoir envoyé parmi nous le sage et vertueux Perrin, il se félicitera sans doute d’avoir été chargé de cette importante mission, car en examinant les causes de déttention, il a rendu à la liberté une foule d’excellents citoyens que les agens du tiran avoient entassés dans les cachots. Maintenés courageusement, citoyens représentants, la justice à l’ordre du jour, comprimés ce sistème de terreur qu’avait répandu l’émule des Tibère et des Caligula. Placés loin du théâtre des événements et des intrigues, nous ignorons s’il existe encore des continuateurs de Robespierre; votre active surveillance ne se laissera point surprendre, et s’il en existait vous saurés déjouer leurs plans liberticides. Vous ajouterez à la somme de reconnaissance que vous doivent les hommes libres, vous maintiendrez la libre manifestation de leurs opinions lorsque leur but sera uniquement dirigé vers le bonheur du peuple, et l’affermissement des bases immuables de la justice. Lorsque vous entendrez le rapport du vertueux Perrin, vous verrez sages représentans, à quel point la corruption et l’audace étoient portés dans notre département. Vous frémirez de l’horrible plan de contre révolution dont le foyer vous approchait, et dont les ramifications (83) C 325, pl. 1402, p. 19. SÉANCE DU 2 BRUMAIRE AN III (23 OCTOBRE 1794) - N° 27 375 s’étendoient jusqu’aux extrémités de la République; vous avez déjoué cette trame et sauvé encore une fois la Patrie. C’est en vain que l’hypocrisie s’agite, pour rendre suspects ceux qui invoquent la justice contre la tirannie, tous ceux qui regrettent l’empire de la loi aspirent au despotisme. Que la justice soit sévère envers les coupables, mais que la loi seule punisse, que son glaive ne soit plus dans la main du méchant, une arme meurtrière, un instrument de vengeance... Nous pouvons élever la voix contre les faux amis du peuple. Nous qui les avons vus sous le masque du patriotisme immoler nos pères, nos enfans, nos frères, nos amis, nous qui avons vu périr sur l’échafaud une foule d’ex-cellens citoyens de ce département, qui n’ont pas voulu transiger avec la tirannie, et qu’on n’a pu séduire ni tromper. Tels sont, vertueux représentans, les maux qui ont affligé cette contrée, dont les habitans sont résolus à périr, plutôt que de souffrir que des nouveaux tirans portent atteinte à la liberté. Bousquet, président, Deleuze, vice-président, Manoel, Delon, secrétaires. 27 Les administrateurs du district du Puy [Haute-Loire] réclament contre les calomnies répandues par la malveillance pour diffamer leurs concitoyens, et font passer un bordereau des adjudications prononcées pendant les trois décades de fructidor dernier. Mention honorable, insertion au bulletin (84). Les administrateurs du district du Puy annoncent à la Convention que des biens, estimés 8853 L, ont été vendus 403270 L (85). [Les administrateurs du district du Puy, département de la Haute-Loire, à la Convention nationale, du 18 vendémiaire an III] (86) Citoyens représentans, Le département de la Haute-Loire, la commune du Puy osoient se flater de jouir d’une réputation que leur civisme, leur amour pour notre sublime constitution, et un attachement inviolable à la République une et indivisible sembloient leur avoir acquise. Par quelle fatalité, la calomnie, ce monstre ennemi de toute vertu et de toute justice veut-elle leur ravir un bien si précieux! par quelle étrange bisarrerie, de vils délateurs ont eu l’audace de les peindre (84) P.V., XL VIII, 14. (85) Bull., 6 brum. (suppl. 2). (86) C 323, pl. 1384, p. 21. Bull., 5 brum. sous les couleurs les plus odieuses, et la témérité d’avancer que les aristocrates y dominent, que le fanatisme les dévore, que l’esprit public y est perverti, que les haines, les dissentions et les divisions y reignent, et que bientôt on y sera en insurrection. Représentans, des impostures si grossières doivent sans doute être méprisées, et de bons citoyens, de vrais sans-culottes bien loin d’en être affectés et d’y être sensibles, doivent les ensevelir dans l’oubli le plus profond, pour penser uniquement à la chose publique. Mais qu’il nous soit permis pour fermer la bouche à ces calomniateurs, et les couvrir de l’opprobre et de l’infamie qu’ils méritent à tant de titres; qu’il nous soit permis de vous rap-peller la conduite et les sentimens de nos concitoyens ? fermes et invariables dans leurs principes depuis le commencement de la révolution, notre garde nationale a donné des marques éclatantes d’une bravoure et d’un courage, qui soutenus par le civisme le plus pur, ont fait échouer les projets liberticides des mal-veillans? point de fatigues qui ayent arrêtés nos braves sansculotes, point de dangers, qui les ayent intimidés; quitter leurs foyers, s’arracher d’entre les bras de leurs épouses et de leurs enfants, mépriser la rigueur des saisons, franchir les colines, grâvir sur les montagnes, pour dissiper et exterminer les rebelles, les fanatiques, les aristocrates et les ennemis de la révolution, a été pour eux un devoir sacré, et dans toutes les occasions, où la voix de la Patrie, par l’organe des autorités constituées, les a appellés, ils sont rentrés dans nos murs et dans le sein de leurs familles couvert de lauriers, et ont eu la satisfaction d’apprendre qu’ils avoient mérité la mention honorable de la part de la Convention nationale. Il seroit inutile d’entrer dans le détail des sacrifices qu’ils ont fait généreusement pour le maintien de la liberté et de l’égalité, les papiers publics les ont annoncés, et si les montagnes de la Lozère, celles de l’Ardêche, si les forêts circonvoisines ont été purgées des brigands, auxquels elles servoient de repaire, c’est principalement aux braves citoyens de notre département qu’on le doit : et à la surveillance active des corps administratifs. Le fédéralisme lui même, ce monstre odieux, a succombé en partie sur leurs coups, et la rebelle Lyon a vu camper auprès de ses murs nos frères d’armes, nos gardes nationaux, pour y faire triompher l’unité et l’indivisibilité de la République. Représentans tels sont encore les sentimens de nos concitoyens, l’esprit public se fortifie de plus en plus, l’union et la concorde enchaine tous les coeurs, à un petit orage, causé par un mal entendu, a succédé le calme le plus parfait, les patriotes se rallient, se resserrent de plus fort. L’intrigue est surveillée, l’aristocratie abattue, on est élevé à la hauteur des circonstances, la probité et la vérité sont à l’ordre du jour dans les sociétés populaires, qui se font un plaisir d’accueillir dans leurs seins les patriotes reconnus. Sous de tels auspices, nous osons vous l’assurer, citoyens représentans, et en dépit des calomniateurs, l’égalité, la liberté,